Affaire Giroud-vins. Une analyse, très libre et intéressante ! proposée par notre lecteur John Longeole

Posté par John Longeole le 28 janvier 2016 à 02h51

L' article  : "Médias. Affaire Giroud-vins : "Tous contre Giroud. Explosif ! " est très intéressant et bien document, ici
Depuis le début cette affaire Giroud a pué à plein nez le sale règlement de comptes à la valaisanne. L’implication du torchon Le Temps, ainsi que de la RTS a mis en évidence de façon perceptible pour le plus large public, le fait qu’il s’agissait d’une mise à mort. D’abord médiatique: ensuite judiciaire.
Je voudrais proposer une lecture de cet incident, en soi d’intérêt purement local, qui pourra surprendre certains, mais qui pour moi a été une évidence dès le début.
D’abord qui est le talentueux marchand de vin Giroud? Je ne le connais pas personnellement mais voici deux ou trois choses que nous savons de lui, du moins que toute personne peut savoir de lui en se renseignant un peu:
1. C’est un Valaisan typique, d’une bonne famille de notables conservateurs de Chamoson.
2. C’est le petit fils du colonel Giroud, bien connu et très respecté en Valais. Ce colonel, alors qu’il n’était encore que major, a joué un rôle, d’ailleurs honorable, dans un évènement fameux: la fusillade de la plaine de Plainpalais, à Genève, le 12 novembre 1932 pour être précis. Attention ce ne sont pas les soldats du major Giroud qui ont commis la bavure. Au contraire, on connait l’histoire : dans un contexte d’affrontements politiques très durs de la Genève des années 30, il y a eu une échauffourée entre supporters du socialiste rouge (stalinien) Léon Nicole et partisans, disons fascisants, de Georges Oltramare. On a appelé la troupe. Il y a eu une fusillade parce que c’étaient des recrues inexpérimentées et mal commandées, et ces militaires ont perdu les nerfs. Autrement, il n’y aurait jamais eu de morts. Sur quoi le conseil fédéral a appelé un bataillon valaisan, solide, commandé par le major Giroud pour rétablir l’ordre. Mais Giroud n’a fait tirer sur personne. Au contraire il a rétabli le calme. La seule chose qu’on puisse regretter c’est que ce ne soit pas ce bataillon 88, valaisan, qui soit intervenu dès le début auquel cas un drame eut été évité. Ceci juste pour situer le contexte. Ces choses ne sont pas connues de beaucoup de gens, mais tout de même. La notice bio du colonel Giroud (le grand père) peut être lue ici. http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F21271.php
3. En tant que marchand de vin Dominique Giroud a démontré un grand talent et a su monter tout seul, avec un remarquable esprit d’entreprise, une très grosse maison de vins. Forcément ça a causé des jalousies.
4. L’homme avait tout pour déplaire dans certains milieux, en effet :
– il est « écônard » comme on dit en Valais. Mais ceci est son droit, et parfaitement respectable.
– il s’était opposé bruyamment à la gay pride de Sion, payant même de ses deniers une pleine page dans Le Nouvelliste pour protester contre cet évènement.
– enfin, il est suspecté d’avoir eu des sympathies pour l’UDC et même d’avoir un peu aidé financièrement Oskar Freysinger. Là encore, rien de plus légitime.
Dans ce contexte on comprend que le pauvre Dominique Giroud s’était fait assez remarquer pour rameuter contre lui une coalition hétéroclite et haineuse de gens qui voulaient sa peau:
1. certains PDC craignant d’être battus par l’UDC de Freysinger
2. Le négoce de vin, valaisan et romand, dans lequel il n’y a pas que des enfants de coeur, mais pour qui Giroud devenait un sérieux concurrent.
3. Le lobby LGBT, il parait qu’il faut dire maintenant LGBTQ, dont on sait à quel point il est vindicatif.
4. La gauche en général, pour laquelle Giroud était l’épouvantail parfait.
5. Last but not least: les francs maçons, du moins les francs maçons valaisans. Là je sais que ça peut étonner, ou choquer, mais il faut pourtant bien le dire. Parce que c’est un fait. Et j’explique pourquoi:
Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles Giroud ne pouvait pas ne pas être dans le collimateur de la loge, (je répète, du moins de la loge valaisanne).
A. Il était écônard, comme mentionné plus haut. Or Ecône est le seul mouvement catholique qui résiste encore un peu au noyautage maçonnique de l’Eglise catholique. Tout le monde le sait, à commencer par le pape, les cardinaux, les évêques, et… les loges.
B. En Suisse romande le négoce de vin, il faut le savoir, est une chasse gardée des francs maçons. Ceux qui ne savaient pas peuvent se renseigner sur les (més)aventures de la Société Vinicole de Perroy et autres sociétés de vins de chez nous, qui auraient pu mal finir mais toute ces affaires a été soigneusement étouffées. Je ne veux pas entrer dans trop de détails. Mais on pourrait citer beaucoup de cas. Et je suis sur que pas mal de gens sont au courant.
C. Au plan politique valaisan, il faut le savoir aussi, la loge a une hantise: le retour des « noirs »: les conservateurs. Comme le PDC n’est plus conservateur il n’est plus dangereux pour personne, ces gens craignent donc avant tout l’UDC.
Il y a donc eu, selon moi, une sorte d’hallucination collective des francs maçons valaisans qui ont eu peur de Giroud à la fois comme concurrent de leurs frangins du commerce de vins, qui ont certainement demandé de l’aide, comme supporter de l’UDC, et comme écônard. Ils en ont eu peur comme ils ont eu peur de Freysinger. Ces gens dérangent leurs projets, marchent sur leurs platebandes. Ils ont du se réunir entre frères trois points valaisans et ils ont décidé de « lever la matze » contre le gêneur qui prenait trop d’importance.
Pour se débarrasser de lui ils ont réussi à entraîner dans leur combat les grands médias: Le Temps, mais aussi la TSR. On a parlé de Giroud dans toute la Suisse, alors que l’enquête n’avait même pas commencé.
Là ils ont très mal joué. Giroud a été condamné par le tribunal des médias, avant d’être jugé par la justice. Cela, manifestement, lui a causé un préjudice incalculable puisque ça a mis par terre son entreprise (30 millions parait une estimation très prudente du dommage subi).
Je pense qu’une quantité de téléspectateurs et auditeurs radio ainsi que lecteurs des journaux ont fait la même réflexion: chacun a pu constater qu’il s’est agi d’une exécution médiatique.
Seulement le Giroud ne s’est pas laissé faire: il a contre attaqué, il a fait feu de tous les fers, il s’est défendu comme un beau diable. Il a même failli découvrir toute la magouille grâce éà un détective. Cela nous a valu ce feuilleton palpitant digne des Pieds Nickelés.
Apparemment ses ennemis ont pris peur. Ils ont craint qu’à la fin l’affaire ne se règle à la valaisanne par un arrangement entre amis, et soit enterrée, car sans doute Giroud avait beaucoup de gens dans sa poche.
C’est alors que s’est produit l’évènement le plus stupéfiant de toute cette affaire rocambolesque du folklore politico économique valaisan, qui restera longtemps dans les annales. Craignant que Giroud et ses amis parviennent à s’en sortir, les frères ont imaginé de recourir aux grands moyens. Ils ont réussi à obtenir que le Grand Conseil du Valais désigne un « procureur extraordinaire » extérieur au canton, payé à prix d’or, dans l’espoir que cet expert ne serait pas influencé par les arrangements entre amis valaisans. http://www.hebdo.ch/news/politique/affaire-giroud-dick-marty-élu-procureur-extraordinaire
Et pour cela on a choisi du très gros calibre: Dick Marty, pas moins. Or, les gens informés savent que Dick Marty, lui aussi, est un frère, et de haut rang même.
A ce moment de l’affaire j’ai été scandalisé car il me semblait qu’on employait l’artillerie lourde pour se débarrasser d’un simple particulier. Quasiment un procès politique. C’est effrayant d’avoir l’impression qu’on n’est plus dans un état de droit mais que si vous marchez sur les platebandes de certaines confréries puissantes vous risquez d’être éliminé par une véritable conspiration.
Mais c’est alors qu’est survenu ce qui m’apparaît le « turning point » de toute cette affaire. Je pensais que le rapport Marty accablerait Dominique Giroud et son agent fiduciaire le politicien Maurice Tornay. Ainsi le coup monté aurait été parfait puisque la loge aurait même réussi à faire d’une pierre deux coups, en se débarrassant en plus d’un des derniers représentants du parti conservateur valaisan. Mais les choses ont tourné tout autrement de ce qu’on aurait pu craindre. Tout au contraire, le procureur extraordinaire Dick Marty a complètement blanchi Maurice Tornay, et il n’a pas accablé Giroud.
On verra comment les choses se termineront quand toutes les procédures seront arrivées à leur terme. Mais à ce stade mon impression est la suivante: c’était un faux calcul de s’adresser à Dick Marty dans l’espoir qu’il s’empresserait de couler l’horrible catholique écônard Giroud, comme s’il était lui-même un de ces conspirateurs de carnotzet. Dick Marty est un homme honnête. Ca, visiblement, les conjurés n’y avaient pas pensé. Dick Marty a une conscience et c’est un vrai magistrat, impartial, intégre. Donc, il a constaté que les griefs n’étaient pas ce que les médias nous avaient raconté. Patatras, tout le complot s’est écroulé d’un seul coup.
Je peux me tromper mais c’est ainsi que je vois les choses.
J’ai l’impression que dans cette affaire deux niveaux très différents se sont collisionés: d’un côté des petits notables locaux, cherchant à assouvir des rancunes, antipathies et jalousies claniques: les ennemis de Giroud. Et de l’autre côté une maçonnerie de haut niveau, international, qui voit beaucoup plus loin et ne s’excite pas pour des intérêts locaux, incarnée par Dick Marty.
A la limite, vu de la perspective d’un Dick Marty peu importe les intérêts de ses frères de loge valaisans. Il importe plus de rendre une justice sereine. A long terme cela vaut mieux pour la « Grande Maison Eclairée ».
Je ne sais pas ce que penseront de mon raisonnement ceux qui le liront. Mais je suis convaincu que c’est bien ça qui s’est passé. Dick Marty ne s’est pas laissé instrumentaliser.
J’avais une certaine admiration pour lui depuis son fameux rapport sur les prisons secrètes de la CIA et sur le trafic d’organes au Kosovo. Il fallait vraiment du courage pour rendre ces rapports. Mais son rapport dans l’affaire Giroud, une affaire pourtant beaucoup moins importante, le rehausse encore d’un cran dans mon estime.
A partir de là c’est vrai que de grands espoirs sont permis à Giroud, me semble-t-il. Car il est impossible de nier que la manière dont il a été condamné sans jugement par les médias était scandaleuse. Il est évident que la responsabilité des organes de presse comme Le Temps, L’Hebdo ainsi que de la RTS, est engagée pour le dommage subi. On a le droit de ne pas aimer les écônards UDC ni les oposants à la gay pride. Mais on n’a pas le droit de ruiner quelqu’un en lançant contre lui une campagne de diffamation massive, simplement parce qu’on ne partage pas la même vision du monde que lui.
L’exemple de Dick Marty nous permet de reprendre confiance en la justice helvétique. Il est bien possible qu’à la fin d’une longue procédure le tribunal fédéral donne entièrement raison à Dominique Giroud dont l’entreprise a été coulée par une campagne de dénigrement médiatique inouïe. Vu l’importance de l’entreprise Giroud, le préjudice se chiffe sans doute en dizaines de millions au bas mot.
Donc, s’il y a une justice en Suisse, Le Temps, LHebdo et la RTS devraient payer très cher leur tentative de mise à mort d’un honorable entrepreneur qui leur déplaisait.
En ce qui concerne la moralité en affaires, encore une fois je ne connais pas le dossier. La presse nous a présenté Dominique Giroud comme un escroc pur et simple. Ca c’est un fait. Je ne jurerais pas qu’il n’ait pas eu, à l’occasion, des pratiques commerciales un peu olé olé. A vrai dire je n’en sais rien. Il faudrait d’abord que tout cela soit prouvé. La seule chose que je sais et de source sure, c’est que les pratiques reprochées : optimisation fiscale, transactions sans factures, coupage excessif, assemblages millésimes, etc. sont peut-être un peu limite mais TOUTES LES GRANDES MAISONS DE VIN FAISAIENT LA MÊME CHOSE SYSTEMATIQUEMENT DEPUIS DES GENERATIONS ET CA NE GENAIT ABSOLUMENT PERSONNE. Ca il faut quand même le savoir. Il faut arrêter d’être naïfs, ou hypocrites comme ces représentants du commerce de vins qui viennent tous la bouche en cul de poule et la main sur le coeur, blâmer à la télé ce tondu ce pelé de Giroud, qui a nui à la réputation de leur métier. Ils font tout ce dsont ils accusent Giroud. Ils l’ont tous fait. Mais, une main lave l’autre, n’est-ce pas? Le seul tort qu’a eu Dominique Giroud, ce n’est pas d’avoir fait ce qui était pratique courante dans sa profession, c’est uniquement d’avoir été un outsider et d’avoir marché sur les platebandes de trop de gens qui ont voulu se venger de lui en l’éliminant.
Cette affaire laissera des traces et on espère surtout que cette fois le crime de mise à mort médiatique ne restera pas impuni.

John Longeole, 28.1.2016

7 commentaires

  1. Posté par Michel Mottet le

    M. Jean : les FM ont beaucoup de pouvoir en France. Or l’état de la France est désastreux. Qu’attendent-ils pour le redresser et transformer le pays en paradis terrestre ?

  2. Posté par Jules le

    Une fois de plus que du blabla d’un mec qui “analyse” pour ne rien dire.

  3. Posté par Jean le Valaisan le

    Toutes ces lignes pour réussir à ne pas écrire “fraude fiscale”? Chapeau bas.

    Un avis personnel : si les francs-maçons avaient du pouvoir en Valais, le canton ne serait pas dans un état aussi désastreux.

  4. Posté par Dominique Schwander le

    A la retraite et habitant le Valais depuis 2008, je crois l’analyse de John Longeole et j’ai honte de subventionner au travers de Bilag une TV qui est devenue le ministère de la propagande d’élus plus corrompus que clairevoyants.

  5. Posté par Michel Mottet le

    Très intéressante analyse qui a le grand mérite de souligner le rôle de la FM. Mais il est dommage que l’auteur ne fasse pas la différence entre les journaux que chacun est libre d’acheter et ce qui passe pour un service public comme la TSR ou la RSR dont les employés sont payés par les auditeurs passibles de poursuites et de saisies s’ils ne paient pas les personnes qui leur mentent, les tournent en ridicule, leur crache à la figure leur mépris. Il est urgent de désinfecter ce service et de le doter d’un code de déontologie avec sanctions de toute dérogation.

  6. Posté par Sancenay le

    Charpenté comme un Pommard! la preuve par le Kosovo est des plus percutante. Sans connaître cette affaire interne suisse on peut en tout cas apprécier l’esprit de résistance intelligente qui se dégage de l’analyse.
    Sombres nuages sur l’horizon des lyncheurs.Il est temps d’arrêter la réinformation : la vie était tellement plus tranquille avant !

  7. Posté par pierre steiner le

    Excellente analyse. Merci.

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