Jamais sans doute la phrase de Franklin Delano Roosevelt » la seule chose dont nous devons avoir peur, c’est de la peur elle-même » n’a été davantage d’actualité. La peur a envahi, inondé notre société. Loin de se retirer, elle en mine l’édifice. La peur des attentats est aussitôt rejointe par la peur de l’amalgame, de l’islamophobie. La peur des agressions a peur de tomber dans la xénophobie. Le terrorisme est en passe de réussir. La terreur, l’effroi massif et volontaire, qui touche les foules et ne recule devant aucun moyen est le pire ennemi de la démocratie. Il tue la liberté deux fois : d’abord, il engendre une restriction de la liberté par prudence ; ensuite il suscite une réponse politique qui, pour accroître la sécurité, limite nécessairement les libertés individuelles. A Marseille, le Président du Consistoire a demandé aux Juifs de ne plus arborer leur kippa. La fierté du jeune fanatique musulman qui a agressé un enseignant juif se trouve ainsi récompensée par une soumission certes raisonnable, mais qui est un recul de la liberté inacceptable devant la peur. Paradoxalement, il y a comme une parenté effrayante entre l’obligation de porter l’étoile jaune hier et le danger de se coiffer d’une kippa aujourd’hui. Dans les deux cas, c’est la peur qui impose des comportements aux personnes, même si ceux-ci, afficher ou non sa différence, sont opposés. De même, lorsque la Maire de Cologne demande aux Allemandes de ne pas approcher les migrants, ou que les autorités consulaires conseillent aux touristes d’éviter les sites touristiques, on mesure combien la liberté d’aller et de venir se restreint chez soi et de par le monde.
En raison des failles béantes dans la protection des citoyens, les Etats se voient obligés de renforcer la surveillance et les contrôles dont on apprend chaque jour la déficience. Le rétablissement des frontières est une nécessité. La saisie des données personnelles ou les écoutes intempestives de conversations privées et anodines sont des atteintes évidentes au champ des libertés individuelles. Il y a quelque chose de choquant à ce qu’une personne innocente et donc peu prémunie contre ces risques soit doublement victime des malfaisants, qui savent brouiller les pistes : être exposé à l’attentat et à la surveillance, double peine, en somme !
Comme si le terrorisme ne suffisait pas, une seconde menace pèse sur notre démocratie, une autre peur qui paralyse leur résistance, une peur au carré, la peur des « phobies ». Ce mot est un virus. Il atteint les défenses immunitaires d’une société démocratique. Beaucoup pensent qu’il signifie la haine, de l’étranger par exemple, lorsqu’on évoque la xénophobie. Non, il veut dire la frayeur, maladive, irrationnelle, par exemple de la foule, et est employé pour tuer dans l’oeuf l’expression d’un soupçon parfaitement justifié à l’encontre d’un danger ressenti. On va donc ignorer la loi qui impose de verbaliser les porteuses de niqab par hantise de l’islamophobie. On va se censurer sur le retrait de nationalité des double-nationaux qui trahissent la France, par peur de la xénophobie. On va même avoir peur de virer Taubira, pour je ne sais quelle raison douteuse.
Descartes, « notre » philosophe du bon sens disait justement : « Il y a plus de sécurité et plus d’honneur dans la résistance que dans la fuite ». La résistance ne consiste pas à protéger. Les lignes Maginot occupées par des troupes qui ont peur d’utiliser leurs armes, comme y invite l’exemple de ce policier aux Assises pour avoir abattu un malfrat en cavale, n’ont jamais gagné les guerres. Les offensives seules remportent les victoires décisives. Anéantir l’Etat islamique et ses alliés, ramener l’islam à sa réalité et les musulmans à une conception plus modeste et pacifique de leur foi, au lieu d’exalter par notre passivité l’esprit de conquête de certains, retrouver notre pleine souveraineté et limiter l’accueil d’étrangers qui ne pourront pas être assimilés : tels sont les impératifs d’une résistance authentique. L’appel du Grand Rabbin Haïm Korsia à ce que tous les supporters marseillais se rendent au stade coiffés d’une kippa est un excellent exemple de cette résistance. Les commémorations, les pleurs et les peurs valent moins que cette digne bravade.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?