Huit ans pour ça ? Huit ans c’est long, l’équivalent de deux mandats complets d’un président américain. Huit ans, à cause du coup de force de quelques-uns, le pronunciamiento d’une poignée de chefs de parti, qui avaient ourdi, et d’ailleurs s’en étaient ouvertement vantés. Huit ans d’une anomalie dans la composition du notre Conseil fédéral. La formule du 17 décembre 1959, ce grand jour qui vit arriver Tschudi, c’est deux conseillers fédéraux pour les trois premiers partis, un seul pour le quatrième. C’est cela, et non la contorsion. Cela, et non l’atteinte à l’esprit.
Mme Widmer-Schlumpf fut-elle tout de même une bonne conseillère fédérale ? L’important n’est pas là. Il réside dans le parfum de trahison des origines, largement de quoi entacher d’un péché originel la légitimité de la Grisonne. Elle est la seule conseillère fédérale, depuis des décennies, que je ne connais pas. Je ne l’ai jamais rencontrée, jamais interviewée. Tous les autres, y compris les anciens, je les ai connus. Mémorable moment que ce jour de septembre 1998, celui du 150ème anniversaire de Suisse moderne, où nous avions reçu, en compagnie d’Uli Windisch (que j’avais invité dans cette émission un peu folle), en direct sur la Place fédérale, tout un après-midi, debout dans la foule, l’intégralité des conseillers fédéraux encore vivants (à part deux, trop malades pour venir), à la retraite ou en exercice. Eux, oui, je les ai tous approchés. Mme Widmer-Schlumpf, jamais.
Sur son œuvre ministérielle, je ne me prononce pas ici. Ce qui est sûr, c’est que dans les médias aussi, il y aura un avant et un après-EWS. L’arrivée aux affaires, dans les circonstances qu’on sait, de la parfaite inconnue (mais ô combien consentante) qu’était encore, au matin du 12 décembre 2007, la patronne des Finances grisonnes, a ouvert une ère, de huit ans, celle des journalistes EWS, en pâmoison devant elle. Toute une génération de confrères, principalement sous la Coupole, sanctifiant la ministre, au seul réel motif, non de ce qu’elle était, mais de ce qu’elle représentait : puisqu’elle incarnait la chute de l’homme tant haï, elle ne pouvait être qu’excellente. Reprenez Shakespeare, « Jules César », discours de Marc-Antoine sur Brutus et Cassius, juste après l’assassinat, pensez à Marlon Brando qui l’incarne dans le film inoubliable de Mankiewicz en 1953, vous aurez tout compris. Rien d’autre à dire.
Oui, il y a eu, pendant huit ans, toute une cour de journalistes dans la célébration sémantique et rhétorique de Mme EWS. Les mêmes, dans l’après-midi du 18 octobre, refusant de prendre la mesure du message du jour, l’incroyable percée de l’UDC, tellement riche pourtant d’enseignements sociologiques sur l’évolution de notre pays, n’avaient en tête que le destin d’Eveline Widmer-Schlumpf. Moi, je dis que cette génération des journalistes EWS, on en a maintenant soupé. Chez Ringier, c’était même devenu une religion que de défendre la Grisonne. Alors oui, maintenant, la récréation est finie. Il y a une révolution politique à faire au Conseil fédéral, en octroyant enfin à l’UDC les sièges qui sont les siens. Et puis, Mesdames et Messieurs, il y a une révolution médiatique à opérer, en laissant éclore de nouveaux espaces d’expression, où la Suisse conservatrice ne soit pas systématiquement bafouée.
Pascal Décaillet, Sur le Vif, 29 octobre 2015
Il est urgent de lancer une initiative pour la révocation du mandat de service public à la SSR pour que la manne des redevances puisse être redistribuée à des médias moins endoctrinants.
Monsieur Décaillet vous avez tout dit en quelque mots, bravo.
Oui les journaleux standards, des groupes milliardaires SRG, Ringier et Tamedia sont en deuil.
Le PS est sans voix, il a perdu son meilleur élément: EWS.
La BNS est le deuxième plus important actionnaire de VRX avec 1’276’960. Le cours de l’action a été divisé par deux depuis l’été.
http://www.nasdaq.com/symbol/vrx/institutional-holdings?page=4
La boite pharma est prise dans un scandale financier.
http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL8N12Q35D20151026
Félicitations M. Décaillet, voilà qui est dit et bien dit.
EWS pense avoir sécurisé le pays d’une potentielle crise financière, malheureusement pour elle la finance est plus créative que les politiques. On a dit souvent d’elle, qu’elle a travaillé les dossiers à fond, ce qui est à son honneur, mais la finance a toujours une longueur d’avance sur les politiques.
Elle n’a pas vu qu’en favorisant autant les entreprises, qui font de l’économie “réelle” elle a poussé les taux à 10 ans dans un territoire négatif, ce qui a poussé les ménages à s’endetter à outrance pour acquérir un bien immobilier. Avec le vote du 9 février et le vote UDC, elle fait courir un risque non négligeable en cas de remonté des taux et d’une baisse de l’économie. La hausse des taux se fera par contagion de l’augmentation des taux directeurs de la FED, si elle a lieu car les indicateur américain ne sont pas si bons que l’on pourrait l’espèrer.
Elle laisse aujourd’hui à gérer le bébé à l’UDC, qui va devoir récupérer un pays super boosté économiquement. Les valorisations vont devoir revenir sur un terrain plus proche de l’économie mondiale et des fondamentaux de la Suisse. Plus d’information:
https://www.static-ubs.com/global/fr/wealth_management/wealth_management_research/bubble_index/_jcr_content/par/columncontrol/col1/linklist/link_0.1046791849.file/bGluay9wYXRoPS9jb250ZW50L2RhbS91YnMvZ2xvYmFsL3dlYWx0aF9tYW5hZ2VtZW50L3dlYWx0aF9tYW5hZ2VtZW50X3Jlc2VhcmNoL2J1YmJsZV9pbmRleC8yMDE1L3EyL2J1YmJsZS1pbmRleC1xMi1mci5wZGY=/bubble-index-q2-fr.pdf
Excellent article. Comme quoi même une ancienne udc serait excellente, du moment qu elle trahi son parti (et les suisses), alors qu’on nous lave le cerveau quotidiennement que tous les politiciens udc sont par définition incompétents, c’est risible. En tout cas une belle claque ils se sont pris, ces chiens de garde du grand capital.