Le «prétendu chaos de l’asile» (NZZ) est, hélas, bien réel. Quand le Conseil fédéral s’en apercevra-t-il?

Des politiciens du sud de l'Italie et de Sicile se plaignent depuis des mois du manque de soutien. En Hongrie, ils construisent des murs contre l'immigration de masse illégale. À la frontière sud-est de l'Europe, le nombre d'entrées illégales a doublé en juillet. Les Autrichiens ne traitent plus aucune nouvelle demande d'asile et le ministre britannique des Affaires étrangères, le conservateur Philip Hammond, qui n'est pas membre de l'UDC zurichoise, considère que la «priorité numéro un» est de renvoyer dans leur «pays d'origine» les «migrants en maraude» pour éviter à l'Europe une «perte de prospérité insupportable».

Alors qu'au moins certains politiciens européens regardent en face les réalités amères, le Neue Zürcher Zeitung, proche du PLR, nous amadoue en nous faisant savoir que les problèmes de l'asile ne seraient qu'un «prétendu chaos de l'asile». La belle affaire! Notre ministre de la Justice, Simonetta Sommaruga, riposte au malaise depuis longtemps manifeste en faisant doctement la leçon à des conseillers d'État préoccupés, qui veulent refuser d'intégrer directement dans l'État providence suisse des objecteurs de conscience érythréens. Voilà qui est rassurant!

Quand, par ignorance, des conseillers fédéraux disent et font des choses erronées, c'est regrettable. Quand ils le font de mauvaise foi, c'est condamnable.

Les termes employés sont, pour commencer, inexacts. L'Europe est actuellement envahie non pas par des réfugiés, mais par des migrants sociaux africains à la recherche de travail et qui, n'ayant pas de permis de travail, optent pour la voie plus prometteuse de l'asile. L'usage abusif du droit d'asile à grande échelle est principalement dû au fait que les autorités tolèrent, voire ne luttent pas aussi vigoureusement contre cet abus que contre la fraude à la législation fiscale ou les excès de vitesse sur la route. L'argument des passeurs ne vaut pas grand-chose. Bien sûr, ces convoyeurs d'êtres humains sont des criminels, mais leur crime n'est que le résultat des faiblesses européennes. Si l'UE agissait résolument contre la migration illégale, les passeurs seraient au chômage.

L'UE n'est ni un État fédéral ni une fédération d'États. C'est la raison profonde du désastre de la migration. La sécurité des frontières est une fonction régalienne essentielle, le cas échéant en mobilisant des forces armées. L'UE a aboli ses frontières internes, sans défendre efficacement ses frontières extérieures contre les franchissements illégaux. L'Italie, la Grèce et la Hongrie ont d'ores et déjà cessé d'elles-mêmes d’appliquer le Règlement de Dublin sur les réfugiés. Les accords de Schengen permettent à l'UE d'ouvrir des couloirs de passage vers le nord aux candidats à l'immigration. Le problème des réfugiés est un symptôme de ces erreurs de construction institutionnelle qui donnent aussi bien du fil à retordre à l'UE dans le domaine monétaire.

La Suisse se trouve aussi directement affectée par ce chaos de l'asile européen, qui n'est hélas pas «prétendu», mais très réel. Dublin ne marche pas. Au lieu d'avoir, comme promis, moins de demandes d'asile, la Suisse en a de plus en plus, bien qu'entourée de pays tiers sûrs. La Suisse compte environ 50 000 personnes en cours de procédure, tendance en forte progression, dont 30 000 sont des «admissions provisoires», donc des personnes déboutées, néanmoins autorisées à rester. Plus de la moitié réside déjà depuis plus de cinq ans en Suisse. «Prétendu chaos de l'asile»? Si seulement c'était vrai!

Les premiers cantons protestent, la présidente de la Confédération travaille avec des informations fallacieuses et le nombre de tous les requérants d'asile, justifiés ou non, qui restent en Suisse ne fait qu'augmenter. En 2013, 30% d’entre eux pouvaient encore compter rester en Suisse. En 2014, ils étaient déjà 58%. Désormais, ils sont environ 70%.

La présidente de la Confédération Sommaruga déplore à la télévision le sort des Syriens martyrisés par la guerre civile. Le fait est que les Syriens ne constituent en Suisse que le troisième groupe de requérants en termes de nombre. Les Érythréens objecteurs de conscience continuent d'affluer en masse et de rester, même si le refus de faire le service militaire n'est plus depuis longtemps un motif d'asile d’après la loi. Arrivent également devant les Syriens les «réfugiés» du Sri Lanka, une destination de vacances très prisée des Suisses.

La plupart des conseillers fédéraux, des journaux et des partis minimisent et dédramatisent. Ils ne trouvent pas si grave que des migrants illégaux viennent en Suisse. Ils ne sont pas prêts à prendre au sérieux leur propre droit d'asile. Là aussi, ça cafouille au niveau des termes. Ils parlent de «réfugiés», bien que nous ayons très majoritairement affaire à des migrants économiques illégaux. Ils parlent de victimes de la guerre civile, tandis qu'en Suisse ce sont principalement des Erythréens et des Sri-Lankais en mal d'essor économique et d'accès facile aux systèmes sociaux.

Préserver le droit d'asile signifie lutter contre les abus dans ce domaine. Les autorités font le contraire. Elles s'emploient à fournir encore plus de centres d'hébergement pour requérants d'asile et à épuiser encore plus de cantons et de communes en leur imposant d'en haut une répartition des «réfugiés». Les oppositions et protestations émanant des premiers cantons ne sont pas, comme l'a critiqué de façon péremptoire la ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf durant ses vacances d'été, le vacarme de la campagne électorale. Ce sont des signaux d'alarme envoyés par le terrain.

Nous devrions arrêter de regarder la situation avec des yeux naïfs et coupés de la réalité. L'écart de prospérité entre l'Afrique et l'Europe est énorme. Des millions de jeunes Africains vont mettre à profit les opportunités de mobilité devenue plus facile, si on ne les en empêche pas. Les gens viennent parce qu'ils cherchent une vie meilleure. Ils sont prêts à payer très cher et, parfois même, à risquer leur vie. Ils ne prennent toutefois ce risque que parce que nous leur donnons des espoirs, parce que nous tolérons les abus en matière d'asile. Un État de droit qui accepte qu'on abuse de lui abdique.

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6 commentaires

  1. Posté par Jeferson le

    Et Stalinovna Sommaruga, prétendue conseillère fédérale et ectoplasme de présidente de la Confédération en 2015? On rappellera que cette menteuse pathologique a refusé de prêter serment lors de son élection, et qu’elle n’a ne serait-ce qu’à ce titre pas la moindre légitimité.
    Tout ça se payera un jour. Fasse le ciel que la démocratie suisse nous permette à temps de reprendre le contrôle de nos frontières, de renvoyer tous les réfugiés économiques et les terroristes qui se glissent dans cette invasion, et que les salopards prêts à vendre leur pays soient un jour jugés comme ils le méritent. Pour haute-trahison.
    J’espère de tout coeur qu’il sera possible de rétablir notre souveraineté, de garantir l’avenir de nos enfants et petits-enfants, de manière pacifique et dans le respect du droit. Mais face au mensonge, aux dénis de réalité, à la propagande dégueulasse et sordide qui ne nous renvoie qu’un seul discours, il n’est hélas pas certain que les citoyens ne doivent un jour prochain prendre les armes pour faire le ménage. Face à l’assaut de courbettes complices de ces lèche-babouches, il se trouvera bien quelques esprits libres, quelques citoyens responsables, quelques hommes de devoir pour refuser de courber l’échine, refuser d’être “purifiés” par les tenants de cette religion de paix et de liberté (mon cul!), des Suisses dignes qui se lèveront et feront leur devoir.
    Ce jour là, les théoriciens marxistes, les Levrat, Sommaruga, Ada, Cesla, tous ceux qui riment avec Judas(!) pourront afficher leur remarquable solidarité avec les migrants. On leur permettra de prendre les chemins de l’exil, libre à eux d’aller demander l’asile politique, à Bruxelles par exemple,

  2. Posté par Pierre H. le

    La présidente de la Confédération Sommaruga déplore à la télévision le sort des Syriens martyrisés par la guerre civile.

    Et quand grâce à elle ils porteront la guerre civile chez nous, déplorera-t-elle aussi les pauvres Suisses martyrisés par la guerre ?

  3. Posté par Le pragmatique le

    De la vermine ce CF

  4. Posté par G. Vuilliomenet le

    “regarder la situation avec des yeux naïfs et coupés de la réalité” c’est surtout avoir un COMPORTEMENT CRIMINEL. Malheureusement les désagréments mortels ne paraîtront dans toute leur splendeur que lorsque ces vieux c*** auront un pied dans la tombe et que cela deviendra inutile des les traîner devant des tribunaux genre Nuremberg.

  5. Posté par Chouette le

    Le Conseil Fédéral applique une gestion déloyale envers son propre peuple.

  6. Posté par Pierre H. le

    Quand le Conseil fédéral s’en apercevra-t-il?

    Quand il y aura 1000 migrants devant le Palais Fédéral !

Et vous, qu'en pensez vous ?

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