Lutte contre les délinquants ou les automobilistes: le Gouvernement a fait son choix

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Cet été, depuis le 1er et 2 juillet 2015 exactement, certaines infractions au stationnement et concernant les 2 roues motorisés ont été modifiées.

Ces modifications vont toutes dans le sens d’un alourdissement des amendes et des mesures de contrainte : 135 euros pour les stationnements sur trottoir, sur les bandes cyclables, sur ou devant les passages piétons, devant les bandes de vigilances à destination des mal voyants… Cela peut monter à 1500 euros, retrait de 6 points, suspension du permis de conduire et confiscation du véhicule si la plaque d’immatriculation d’une moto est inclinée au-delà de 30° (très dangereux la plaque trop inclinée…). Les raisons invoquées sont toujours louables : faire baisser le nombre de morts sur la route, facilité l’usage et la sécurité de la voie publique aux piétons et aux vélos.

Le problème est que la mise en parallèle de ses mesures avec l’état de la lutte contre la petite et moyenne délinquance laisse dubitatif.

Prenons le stationnement sur trottoir, il vous en coûtera donc 135 euros depuis le 2 juillet, une belle somme et une possible mise en fourrière (vous pouvez rajouter 150 euros environ pour celle-ci). Prenons l’auteur de violences volontaires légères il devrait lui en coûter jusqu’à 750 euros plus d’éventuelles peines complémentaires. Cette gradation des peines semble juste et équilibrée, en théorie du moins, car dans la réalité, l’automobiliste indélicat aura à payer 135 euros minimum, c’est une amende forfaitaire et de plus en plus automatisée, qui sera gérée par un centre national de traitement des infractions basé à Rennes. La sanction est implacable, même pas besoin de tribunal. Tous ceux déjà gêné par un véhicule encombrant un trottoir trouveront la sanction juste. Le problème est que la seconde infraction prise en exemple ne jouit pas d’un traitement aussi systématique. Il faudra que la victime dépose une plainte, que l’auteur soit identifié, qu’il y ait une preuve ou un témoin fiable de l’agression, que le parquet juge utile de poursuivre, que ce dernier accepte de mettre la peine maximale… Bref, dans les faits, l’auteur de l’agression, quelque soit le traumatisme psychologique de la victime, restera au pire impuni, au mieux il écopera d’un rappel à la loi (qui ne lui coûtera pas un centime).

Nous pourrions multiplier les exemples de ce genre de dissensions et trouver surprenant que des CRS jouissent d’une prime de 600 euros pour ceux qui verbalisent le plus d’automobilistes alors que rien n’est annoncé pour ceux qui arrêteraient le plus de voleurs à l’arrachée ou interpelleraient le plus de clandestins en situation irrégulière.

« le nombre de viols « déclarés » est de un toutes les 40 minutes en France on apprend dans le même temps que la population carcérale a baissé de 2,1 % »

On peut s’étonner de la position martiale du gouvernement envers les « délinquants de la route » illustrée à grand renfort de chiffres, comparée avec la discrétion du même gouvernement quand aux chiffres de la délinquance. Cette discrétion confine même à la censure puisque le site www.cartocrime.net, le portail officiel géostatistique des crimes et délits sur le territoire national, est en maintenance depuis des mois, donc inaccessible… Et alors que le Figaro annonce dans une édition du 12 juillet que le nombre de viols « déclarés » est de un toutes les 40 minutes en France on apprend dans le même temps que la population carcérale a baissé de 2,1 %.

Dans un sondage SOFRES qui date du 15 avril 1993 deux reproches principaux sont régulièrement adressés à la police. Outre leur inaptitude à traiter la délinquance des mineurs, les policiers sont accusés d’accorder une plus grande importance aux simples contraventions qu’à la lutte contre la délinquance dans les quartiers. Il semblerait que plus de 20 ans après, ce constat fait par les français soit devenu un mode opératoire validé par le gouvernement.

 

Rédaction de Nord Actu

 

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