Beznau devient un des feuilletons de l’été. Greenpeace a fait une conférence de presse hier pour dénoncer une sécurité insuffisante et demande la fermeture immédiate de Beznau. Avec le soutien du PS, du Conseiller national Roger Nordmann en particulier. Eclairage.
Beznau pour cible.
Il y a quelques jours, la demande de fermeture de Beznau était motivée par des « indications » identifiées par l’exploitant (Axpo) et l’Inspectorat fédéral de la sécurité nucléaire (IFSN) pouvant signifier des faiblesses de la cuve du réacteur. Voir sur ce site: http://www.lesobservateurs.ch/2015/08/13/nucleaire-securite-encore-jouer-avec-la-peur-plutot-quinformer/
Hier c’était Greenpeace, avec deux autres ONG antinucléaires, l'Association trinationale de protection nucléaire (ATPN) et la Fondation suisse de l'énergie (SES), qui accusaient l’IFSN de défaillance dans l’application des normes de sécurité pour situations extrêmes en exigeant la fermeture immédiate. Le PS, par la voix de Roger Nordmann, appuyait la demande avec l’argument que l’arrêt simultané de tous les réacteurs du pays montrait que cela pouvait se faire sans risque de black out.
L’IFSN récuse fermement les accusations de Greenpeace
Dans un communiqué du même jour, l’IFSN récuse les accusations de Greenpeace, et détaille de quelle manière les évènements de Fukushima ont été soigneusement analysés et pris en compte par l’exploitant et l’autorité. L’IFSN annonce par ailleurs que des investigations sont encore en cours et qu’elle informera des résultats.
Voir la prise de position de l’IFSN sur :
Message central de l’IFSN :
« Trois organisations de la mouvance anti-atomique accusent l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire, l’IFSN, de dénaturer la législation suisse. Cela est faux. L’action de l’autorité de surveillance du nucléaire reçoit le soutien de plusieurs organes fédéraux et diverses instances spécialisées. »
Attendre les résultats des investigations en cours
Constat : dans la plupart des quotidiens l’affaire est reprise en donnant (longuement) la parole à Greenpeace. Pas d’investigation auprès de l’exploitant ou de l’Inspectorat. Pas non plus auprès des chaires de génie nucléaire des EPF de Lausanne ou Zürich. Attendons donc les investigations et les explications des responsables.
Une vulnérabilité soudaine et nouvelle à des tremblements de terre semble peu probable. N’oublions pas que beaucoup de réacteurs japonais ont déjà plusieurs fois dans le passé subi des tremblements extrêmes, impossibles avec la même intensité chez nous. On se souvient de Kobé ou de celui de Sendai qui avait déclenché le fameux tsunami dévastateur de Fukushima. Le fait marquant : lors de tous ces séismes exceptionnels, les dégâts aux bâtiments, routes, ponts, etc… étaient considérables, mais tous les réacteurs s’étaient mis provisoirement quelques heures en stand by de sécurité et avaient redémarré ensuite sans dommage. Même si par contre certains manques d’équipements spécifiques de sécurité rendaient les réacteurs japonais au tsunami, ce qui a été à l’origine des évènements regrettables de Fukushima.
Nos réacteurs en Suisse sont dimensionnés pour résister intacts à des tremblements de terre qui détruiraient tout le reste des constructions et qui au surplus ne se produisent pas chez nous. Ils sont aussi dimensionnés pour résister à la rupture des barrages hydrauliques situés en amont.
Yaka importer !
Amusant ce nouvel argument. Il est brandi par ceux qui disent : on a la preuve ces jours passés que l’arrêt de tous les réacteurs du pays ne provoque pas de black out. Bien sûr que techniquement l’interconnexion électrique de la Suisse au centre de l’Europe permet d’importer de quoi assurer notre consommation sans que le ciel ne nous tombe sur la tête : il y a même des transferts d’électricité de la France et de l’Allemagne à travers la Suisse vers l’Italie (dont l’arrêt des centrales nucléaires est la cause d’une forte dépendance de ses centrales à mazout, très coûteuses que l’Italie essaie de compenser par des importations) d’une puissance telle qu’elle peut dépasser la puissance consommée en Suisse. La question n’est pas là. Nous n’avons pas intérêt à tout importer. C’était vrai dans le passé. Evidemment que si on décide de produire de manière non économique ou non écologique en Suisse, il se pourrait qu’importer devienne un moindre mal. Mais on n’en est pas encore là.
Ou alors pourquoi pas importer tout et n’importe quoi : les fromages, les vins, les montres, les médias, voire un gouvernement…
La notion d’expert indépendant : attention arnaque !
Le mot magique dans le jargon de Greenpeace, c’est le mot « expert indépendant ». Qui pourrait être contre ? Nous sommes tous pour des experts objectifs et compétents dont l’avis soit basé sur des connaissances scientifiques éprouvées, Et « indépendantes » des lobbies. Oui mais : voyez Yves Bréchet dans sa conférence intitulée : « La disqualification de l’expertise : un risque grave pour la rationalité des décisions politiques » (réf :http://www.asmp.fr/travaux/colloques/2011_11_28_brechet.pdf )
il montre que l’expert indépendant désigne aujourd’hui en fait un expert au service d’une ONG militante, engagé pour défendre les thèses de cette même ONG. L’indépendance est de façade.
Le profane n’est pas complètement démuni.
Même s’il en a l’impression, le profane n’est pas complètement sans possibilité de s’en sortir, même si les experts semblent se contredire (il y a toujours un physicien pour et un contre). D’abord informez-vous et regardez les expériences de vos informateurs. Consultez les sites spécialisés sur Internet.
Un conseil : le critère déterminant est de savoir ce que vous voulez vraiment. Posez-vous la question : vous voulez la sécurité du nucléaire, ou sa disparition ? Si vous voulez la sécurité, alors écoutez les professionnels des exploitants et de l’Inspectorat. Ils veulent sincèrement la sécurité des centrales, ne serait-ce que pour eux ou leur famille qui vit dans le voisinage. Par contre si vous voulez la disparition des centrales, alors suivez les opposants au nucléaire : leur volonté est tout aussi sincère, en faveur de la disparition des centrales. Observez leurs propositions concrètes : ils n’ont jamais demandé la sécurité des centrales.
Il faut bien voir que des centrales sûres, surtout des centrales reconnues comme telles, seraient catastrophiques pour eux. En effet comment récolter des cotisations pour les ONG, ou des voix pour les partis politiques antinucléaires, si les centrales sont sûres ? Leur existence même est liée à la peur du nucléaire qu’ils s’efforcent bien sûr de diaboliser par tous les moyens.
En attendant la suite du feuilleton, qui doit probablement un peu à l’été et aux perspectives électorales fédérales de cet automne, observez si des professionnels des centrales et de l’inspectorat sont interviewés. Ecoutez-les si c’est le cas, et demandez-vous, s’ils sont absents, pourquoi ?
Jean-François Dupont, 21 août 2015 (publié aussi sur www.Clubenergie2051.ch )
Greenpeace avec le soutien du PS, quelle blague ! Qui peut aller écouter une telle “cir-conférence” en faveur de l’idéologie de la peur, pour intimider les plu faibles ? Il faut dire : La propagande et les mensonges du PS avec le soutien des affabulations de Greenpeace. Aucun des deux n’a assez de consistance en soi pour exister isolément. C’est l’aveugle qui marche en prenant appui sur le paralytique. Tout ça ne va donc pas très loin ! Les mensonges des uns sont les fausse preuves des autres, comme avec le GIEC.
Yapuka y croire !
“Nos réacteurs en Suisse sont dimensionnés pour résister intacts à des tremblements de terre qui détruiraient tout le reste des constructions et qui au surplus ne se produisent pas chez nous. Ils sont aussi dimensionnés pour résister à la rupture des barrages hydrauliques situés en amont.”
Ils résistent même plus ou moins à une chute d’avion qui tomberait dessus !
http://www.contratom.ch/spip/IMG/pdf/dsn_chute_avion.pdf