Staycation

Anne Lauwaert
Ecrivain belge

Comme à chaque (long) week-end et à chaque vacance, c’est le rush sur les autoroutes, les km de bouchons et tout ce qui va avec… 10km d’attente devant le tunnel du Gothard… et 10 km derrière… Mieux : au nom de ces jours de folies on veut exiger du contribuable suisse qu’il paye un deuxième tube sous la montagne… comme si on n’avait rien de plus important à financer.

Mais il y a depuis quelques années une nouvelle tendance: au lieu du va-cation, c’est le stay-cation c.-à-d. les vacances à la maison. Mais oui, rester à la maison au lieu de gaspiller son argent à des voyages, km, bouchons, canicules, abandons d’animaux domestiques et même  enfants morts car “oubliés” dans la voiture torride… et de plus en plus le risque de se faire mitrailler par des cinglés ou d’exploser dans des avions suicidaires… Sans parler des retours avec la diarrhée, des amibes  ou pire et plus fatigués qu’au départ. Cette nouvelle tendance stay-cation veut employer “l’argent des vacances” si éphémère, à rendre le domicile plus agréable durablement, y installer un rythme relax,  cool et zen et éventuellement faire des excursions tranquilles dans les alentours. Au lieu d’une bouchée précuite passée au micro-ondes en vitesse et sur le pouce, rendre le temps et l’espace au véritable cuisiner ensemble, préparer, mitonner, présenter, décorer, déguster, jouir des plaisirs simples de la vie qui sont fondamentaux pour l’équilibre et donc la santé. Mieux encore si on dispose d’un jardin et mieux encore d’un potager. C’est le retour au vrai sens des vacances : le repos, la détente, la reprise de contact avec les membres de la famille au lieu de courir autre part, déplacer les problèmes autre part, continuer à stresser autre part pendant qu’on gare les gosses dans une autre garderie.

Le slow living est une réaction semblable à celle du slow food contre le fast food, le “vivre lentement”  “Vivere con lentezza”,  vivre au rythme du temps.

« Slow art, slow management, slow money… De nouveaux concepts se développent à l’instar du mouvement Slow Food. Un but commun : lutter contre l’accélération générale en prenant du recul et le temps de vivre. »

http://www.cles.com/enquetes/article/slow-life-vers-de-beaux-lents-demains

Les journées rouges ou noires, les kilomètres de bouchons et tout le reste, “Chi me lo fa fare ?” qui nous y oblige ? On doit le faire parce qu’on nous dit que pendant les vacances on doit le faire ? Parce que tout le monde le fait ? Parce que si on ne le fait pas les gens vont penser qu’on est pauvre… alors que le vrai luxe aujourd’hui c’est de pouvoir s’offrir le calme et le silence…

Eh bien non, personne ne peut nous obliger à la frénésie de l’autoroute, personne ne peut nous empêcher de jouir de la tranquillité du home sweet home… évidemment à condition qu’on se sente bien chez soi… Si on ne se sent pas bien chez soi, c’est là qu’il faut commencer par les changements au lieu de fuir. Bref, semblablement à la dé-croissance, le stay-cation et le slow living qui va avec, c’est le dé-stressage. Enfin une mode utile.

Anne Lauwaert / 1er août 2015

2 commentaires

  1. Posté par fergile le

    Yeah Madelaine! La staycation c’est top, home sweet home c’est le best!
    Plus sérieusement, je pense que c’est une des raisons pour lesquelles il y a moins de patriotes en Suisse Romande qu’en Suisse Allemande: les premiers parlent français, les seconds suisse-allemand. Le fait d’avoir une langue propre les rend probablement plus proches de leur pays.

  2. Posté par Madelaine le

    C’est un art de vivre que je cultive depuis plusieurs décennies… Mais pourquoi tous ces mots anglais pour définir la simplicité, l’équilibre, la symbiose avec la nature, le laisser vivre ?
    Autrefois, on disait aussi la dolce vita… Tous ces anglicisme d’aujourd’hui m’horripilent. Ils nous poursuivent jusque dans les moindres recoins. Je m’applique à les fuir, assidûment.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.