La République ? C’est ce qu’il reste quand on a plus d’idées

En France, il faut toujours rester très attentif aux manipulations entreprises sous le sceaux des «valeurs de la République». Or, ces dernières semaines, nous avons assisté à une propagande  immense et grotesque autour de la République, de ses valeurs et de la question ontologique de qui « est ou n’est pas » républicain.  Grotesque ? Évidemment ! Le « Je suis Républicain » a remplacé le « Je suis Charlie », en couvrant le même vide d’un manteau grossier.

La res publica est l’administration des affaires communes, le souci de ce que l’on a en partage, le fait que le collectif a en charge le commun. Le commun détermine ce qui ressortit à la communauté et, de manière implicite, ce qui en est exclu et n’a pas vocation à en faire partie. Comme le montre l’excellent travail de Jean de Viguerie sur L’histoire du citoyen (Via Romana), c’est là tout le drame de l’exclusion républicaine : qui n’est pas républicain ne fait pas partie de la communauté, ne peut gérer les affaires communes, n’est pas rentré dans la matrice, n’a pas été re-formé, régénéré, dirait Vincent Peillon, et ne peut donc pas devenir citoyen.

C’est pourquoi on assiste en France à une course grotesque à qui va être « le plus républicain », sport dans lequel la gauche excelle, mais que pratique dorénavant, et allègrement, les formations politiques de droite.

Ainsi l’UMP qui s'est renommé Les Républicains – en bafouant, au passage, l’histoire de la droite française, qui se définit justement « de droite » par sa position à l’assemblée lors du débat sur le droit de veto du roi. Ou encore le député RBM Gibert Collard a déposé le nom« Front National Républicain », et le tient à disposition de Marine le Pen.

Ce qu’il faut saisir, c’est qu’au fond, la devise « Nous sommes tous républicains » repose surle même mécanisme de manipulation psychologique que la devise « Je suis Charlie ». Il faut « traquer ceux qui ne sont pas Républicains », comme « il faut traquer ceux qui ne sont pas Charlie » (Nathalie Saint-Cricq).

Restituons le mécanisme républicain  de l’ « après Charlie » :

– Le 18 janvier 2015, Claude Bartolone réactive la religion de la République : « Intraitable sur les valeurs de la république. Intraitable. Le jour où l’on affaiblit ce socle, nous sommes renvoyés les uns et les autres à notre communauté ou à notre religion et c’est le vivre ensemble qui est menacé. (…) Regardez le temps qu’il a fallu pour faire accepter à la religion catholique le fait qu’il y a une religion suprême pour chacun d’entre nous : c’est la religion de la république. ». On est pas loin de ce qu’écrit Vincent Peillon, quand il affirme que « la République se construit dans la mort de Dieu » ; ou encore de Nicolas Weill, journaliste dans un grand quotidien, qui écrivait en 2004 : « L’édification de la République se confond avec une lutte à mort contre des adversaires implacables, comme furent en France la contre-révolution catholique ou le nationalisme ethnique » (Le Monde, 12 mars 2004).

– le 22 janvier 2015, sort un document intitulé « grande mobilisation pour les valeurs de la République ». On y découvre notamment que les « rites républicains doivent être revalorisés », que « le rétablissement de l’autorité des maîtres passe par la compréhension et la célébration des rites républicains. », que les « candidats au concours de professeur des écoles seront évalués sur leur capacité à faire partager les valeurs de la République » et que les « comportements mettant en cause les valeurs de la République seront traités ». Dans le document, je n’ai vu nulle part un embryon de définition des « valeurs de la République ». Il a du être avorté : tout embryon, même d’idée, n’a pas d’existence réelle pour eux.

– En mars 2015, le projet de loi sur le renseignement, qui permet de mettre sur écoute les personnes qui mettraient en doute « la forme républicaine des institutions ».

– En avril, on a le droit au plan antiracisme : « la République mobilisée contre le racisme et l’antisémitisme », qui débloque 100 millions d’euros parce que « Le racisme, l’antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, et l’homophobie augmentent de manière insupportable dans notre pays », nous dit Manuel Valls.

– Le 15 avril, Claude Bartolone rend au Président de République le document « libérer l’engagement des français et refonder le lien civique :  la république par tous et pour tous », produit avec la fondation Jean-Jaures et la fondation pour l’innovation politique (Fondapol). On y lit notamment que « nous devons prendre toutes les mesures qui permettront que chacun ait le sentiment que la République est présente partout », et qu’il faut mettre en place « des temps républicains, de rites et de rituels ». La « sacralisation laïque » des cérémonies au Panthéon en sont un exemple probant !

Il ne s’agit pas là d’en appeler à la royauté, ou de critiquer grassement la République, en faire le bouc-émissaire des maux de ce monde – ce serait rentrer dans leur dialectique perverse. Il s’agit de simplement de critiquer ce qu’ils en font. Et il s’agit également de rappeler :

– Que le souci de la chose commune n’est pas forcément opposée à la monarchie – Jean Bodin (Les VI livres de la République, 1576) a démontré que la République est l’affaire de tous sous un Roi.

– Que l’idéologie égalitariste n’est pas forcément une valeur fondamentale de la République – l’aristocrate romain Cicéron promeut une République de l’excellence.

– Et que la République ne se réduit même pas à la souveraineté nationale, comme on l’a entendu plusieurs amis ces derniers jours, parce que l’idée d’une république des lettres ou d’une république chrétienne (Respublica christiana), alliance des pays de chrétienté en Europe, est elle aussi une idée « républicaine ».

On ne lie pas un peuple sur du vide. Le fait que la République française a prié devant deux cercueils vides, il y a quelques jours, au Panthéon, n’est pas anodin. Le tour de vis totalitaire auquel on assiste en ce moment, sous l’égide des valeurs de la république, est du même acabit : on nous impose des valeurs mortes, dans un cercueil vide. Ne nous laissons pas enterrer !

4 commentaires

  1. Posté par Sire Lionel le

    Le seul régime naturel pour la France c’est la Monarchie! Car elle est le seul régime à être le vrai propriétaire des ses fondements depuis plus de 1500 ans. La république n’est qu’un caprice de notre histoire, un gosse mal élevé qui fait tourner ses parents en bourriques, Il devient urgent de lui mettre une bonne paire de gifles et de lui rappeler qui sont les boss ici et maintenant.

  2. Posté par Dominique le

    Excellent article ! Il y a trois sortes de régimes sains qui agissent pour le bien commun selon la classification d’Aristote : la Monarchie (en tête), l’aristocratie et la démocratie. Le problème, c’est que la république a tellement dévoyé le nom de « république » qu’il y a un rejet systématique de ce maudit régime qui nous fait tant souffrir, à tel point qu’il y a plusieurs années, j’ai fait le serment publiquement, sur les réseaux sociaux, de ne plus l’écrire avec une majuscule, parce qu’une majuscule à un régime, ça se mérite. Il m’est impossible de dire que je suis républicaine, ce mot me donne des nausées vu que la source de tous nos maux, c’est précisément la république franc-maçonne et anticatholique qui est en fait une tyrannie depuis le début. « Quand on hait les tyrans, il faut aimer les rois. » (Victor Hugo) Ce week-end, Louis XX est venu, avec son épouse, en Bretagne. J’ai quitté pendant trois jours, avec ceux qui ont vécu cette visite et entendu ses six discours http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/communication-des-princes/1382-discours-de-louis-xx-prononce-a-la-chambre-de-commerce-et-d-industrie-du-morbihan dont une interview par le « Télégramme », l’enfer de la république. J’étais au paradis avec mon Roi et ma Reine, les suivant du Vendômois sur le « Télégramme », le « Salon Beige » et « Vexilla Galliæ ». Merci à tous ceux qui en ont parlé. Tous ceux qui l’ont entendu, qui ont lu ses discours prononcés en Bretagne, savent que si l’Aîné des Capétiens était au pouvoir, il serait un grand Roi, avec toutes les qualités qui feraient rayonner l’image de la France : intelligent, charismatique, bon père et bon époux, marié à l’Église, polyglotte, titulaire d’un master en finances et en économie, ayant l’expérience d’un chef d’entreprise, parlant en authentique chef d’État, plein de diplomatie et de savoir-vivre, qui en plus a l’immense qualité de ne pas apostasier pour la « religion républicaine », aimant le Christ, la France et notre mémoire. Beaucoup de républicains sont tombés sous le charme et sont devenus, naturellement, royalistes. Ils ont découvert que le Roi, c’était un principe unitaire et identitaire, la continuité, la stabilité, la protection des catholiques et du patrimoine, la grandeur de la France. On se souvient de la destruction récente de la statue de Saint Louis à Poissy, sa ville natale, et l’on assiste à des profanations journalières de tombes chrétiennes, inimaginables en Monarchie. C’est l’école républicaine qui sème la haine des catholiques dans le cœur des enfants, et en fait des profanateurs une fois adultes.
    À bas la république des tyrans, du suicide français et de la haine de soi, de la violation des droits de l’homme et de toutes les libertés, notamment la liberté d’opinion ! Vive le Roi et la Reine de France, serviteurs du bien commun ! Au secours, la France coule ! Le Roi, tout de suite et pour toujours !

    Dominique Fitremann

  3. Posté par Sylvain le

    Bravo, Vivien Hoch. On nous vend des « valeurs républicaines » au kilo jusqu’à la nausée… C’est insupportable.

  4. Posté par patrick lévy le

    …, nous vivons sous une dictature, sous l’égide d’un monarque, dans son palais de l’Élysée aux soixante-dix cuisiniers, dénommé, François d’Arabie. Patrick Lévy.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.