Délinquance : la « Stratégie nationale de prévention de la délinquance »

Thierry-Ferjeux MICHAUD-NERARD
Médecin, Pédopsychiatre

Dans La doctrine et l'art de la guerre, Sun Tzu traite des Plans stratégiques : "La guerre est une affaire sérieuse. On doit redouter que les hommes ne s'y engagent sans réflexion. Le premier point essentiel est l'appréciation globale de la situation". On comprend la nécessité impérieuse de l'appréciation globale de la situation de la délinquance en France, si le Comité interministériel de prévention de la délinquance veut pouvoir réellement légitimer une "Stratégie nationale de prévention de la délinquance". Malgré cela, le Comité juge absolument inutile de commencer son rapport par une "définition précise de la délinquance" et par un exposé précis de la situation réelle de la délinquance. Mais cette connaissance précise est impossible tant qu'on n'a pas "défini précisément le contenu et les contours de cette abstraction de la délinquance". De même, on ignore tout de la "théorie du Comité concernant la délinquance" et des "présupposés idéologiques" qui justifient la soi-disant "Stratégie" supposée comme un remède à une maladie qui reste inconnue.

Chacun peut comprendre que cette terminologie guerrière de la "Stratégie nationale de prévention de la délinquance" n'est qu'un faux-semblant destiné à tromper les gens et à masquer la réalité, qui est bien une absence totale de "plans stratégiques de lutte contre la délinquance".

Sun Tzu précise que si l'on veut lutter contre un ennemi, il faut d'abord "le connaître et se connaître soi-même", c'est-à-dire savoir sur quelles forces et sur quelle "conception stratégique" de la politique publique de prévention de la délinquance les acteurs de la prévention peuvent compter. C'est pourquoi Sun Tzu ajoute : "Être à la fois ignorant de l'ennemi et de soi-même, c'est être sûr de se mettre en danger… À quoi peuvent-ils s'attendre sinon à la défaite ?" On comprend que la "théorie du Comité concernant la délinquance" ne concerne pas la lutte contre un ennemi de l'intérieur. Ainsi, la stratégie supposée n'ambitionne en aucun cas une quelconque victoire dans les cas précis où la délinquance est avérée et connue.

Le rapport du Comité interministériel de prévention de la délinquance indique que "le bilan de ce plan national (précédent) montre un niveau d'exécution globalement satisfaisant". Ce bilan globalement positif n'est pas sans rappeler la langue de bois du PCF. "Ce plan et sa mise en œuvre comportent certaines limites et révèlent des difficultés persistantes. Les maires se sont inégalement emparés des possibilités de la loi du 5 mars 2007 et/ou n'ont pas trouvé un engagement adéquat des services de l'État". On ne nous dit pas en quoi ni pourquoi les maires devraient assurer la mise en œuvre d'un plan national de prévention de la délinquance.

Le rapport du Comité met en cause "la cohérence des pratiques locales en matière de prévention de la délinquance, menées par des acteurs différents (collectivités territoriales, opérateurs publics ou associatifs) (qui) a souvent fait défaut". Comment peut-on envisager sérieusement la cohérence des pratiques locales en matière de prévention de la délinquance quand la cohérence du rapport sur le plan national de prévention de la délinquance est elle-même inexistante ? C'est pourquoi toutes les "chances de la défaite" sont inscrites dans l'absence de cohérence du plan national de la "politique publique de prévention de la délinquance".

Et Sun Tzu de conclure : "Si un général a bien compris et retenu la stratégie, il est certain de vaincre. Si un général refuse de porter attention à la stratégie, il est certain d'être vaincu. Il faut donc le révoquer !" C'est pourquoi nous pouvons rejeter sans regret toute la phraséologie moraliste, creuse et anti-scientifique, du rapport national où l'on se propose d'analyser des données stratégiques de la politique publique de prévention de la délinquance qui justifient les moyens financiers allégués concernant la réalisation d'une politique sociale qui ignore tout de ce qui concerne les problèmes réels et concrets de la délinquance.

La délinquance s'inscrit "dans un contexte politique et social nouveau" (2014-2020). C'est pourquoi "la définition d'une nouvelle stratégie de prévention de la délinquance s'impose". Comme chacun sait que les prévisions de la météo n'ont aucune influence sur le temps qu'il fait, la définition d'une stratégie thérapeutique n'a aucune influence sur le diagnostic et sur la connaissance du problème. Comment peut-on vouloir atteindre une cible dont on ignore où elle se situe et quand on nie même jusqu'à son existence concrète.

Le discours politique est la seule réalité contenue dans ce rapport où l'on veut analyser les données de la nouvelle politique de prévention de la délinquance : "Cette nouvelle (politique) trouve pleinement sa place dans les engagements pris par le Président de la République en faveur de la jeunesse, en matière d’éducation (lutte contre le décrochage scolaire), d'emploi (développement des emplois (aidés)), de sécurité (lutte contre la délinquance et les troubles publics), de justice (diversification des orientations pénales, développement des aménagements de peine…), de promotion des droits des femmes… et de politique de la ville (mobilisation des moyens de l'État et des collectivités territoriales vers les quartiers les plus en difficulté).

Au total, la nouvelle politique du Président de la République en faveur de la jeunesse et des quartiers les plus en difficulté tient lieu de "Stratégie nationale de prévention de la délinquance". Voilà pourquoi le nouveau Président de la République "du changement" applique la méthode aujourd'hui célèbre si bien décrite par Paul WATZLAWICK : "Comment réussir à échouer". Il s'agit, comme le prestigieux père Ubu, d'inventer la solution extrême et définitive à un problème dont on ignore tout, en faisant toujours plus de la même chose qui ne fonctionne pas, et en croyant pouvoir faire toujours mieux ! II existe aussi un autre type de solution qui consiste à nier le problème de la délinquance en se débarrassent non seulement des données concrètes du problème, mais aussi de toutes les autres conséquences. C'est la solution extrême et définitive qui jette le bébé avec l'eau du bain ! Le problème de la délinquance n'existe pas, c'est la société qui crée la délinquance. Il faut donc changer la société et la délinquance disparaîtra d'elle-même, comme par enchantement.

On peut utilement relire Lewis Carroll : "Et Alice ne trouva pas non plus tellement bizarre d'entendre le Lapin blanc se dire à mi-voix : « Oh, mon Dieu ! Oh, mon Dieu ! Je vais être en retard ! »… Et, pensait Alice, à quoi peut bien servir un livre où il n'y a ni images ni textes ?" La même question se pose à nous à propos de la "Stratégie nationale de prévention de la délinquance" : à quoi peut servir un plan national de prévention de la délinquance où il n'y a aucune définition du problème, ni aucune recherche de solution.

Dr Thierry MICHAUD-NÉRARD – Association de Criminologie et de Médecine légale de la Réunion (ACMLR), 22 janvier 2015

3 commentaires

  1. Posté par Leb le

    Nous sommes foutus!
    Une équipe de Canal+ tente de faire un reportage sur une école coranique située sur la Commune de Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne, canton de Brie-Comte-Robert). Les journalistes sont alors attaqués et roués de coups.
    Mis en ligne le 20 janv. 2009, ce reportage a été interdit d’antenne pour ne pas « blesser » les musulmans… « Padamalgame !», on vous dit…¢
    732

    http://www.francepresseinfos.com/2015/01/cest-ca-lislam-modere.html

  2. Posté par Sancenay le

    Installation de fortune devant plusieurs écrans , mon commentaire m’a encore échappé.
    je voulais dire : « parce que la chrétienté- non dévoyée- reconnaît chacune des,communautés les respecte et par là-même et par la-même seulement elle est, par nature respectable.
    Il faut donc d’urgence révoquer, comme le suggère Sun Tsu tout ceux que leur sectarisme a conduit à ignorer quand ce n’est pas mépriser l’autre quel qu’il soit. pour être clair , celui qui n’est pas conforme à la religion du Progrès contre l’humanité prônée par le système et en particulier la rééducation nationale. On ne révoquera pas le rusé Peillon pourtant aussi responsable que coupable: il s’est réfugié chez vous,amis Suisses à Neufchâtel.
    Par contre on devrait prendre soin de le faire d’urgence à l’égard de Madame Belkacem qui rêve tout haut de convertir les banlieues au racisme correct de Voltaire et qui va accabler les professeurs d’une mission non seulement impossible , mais exactement contraire de celle qui leur avait été vendue- à peu de frais certes- depuis des décennies : « accueillir béatement la « différence » au nom d’un prétendu « ‘anti-racisme ». Tout cela est d’une effroyable logique parfaitement cohérente avec ce qui tint lieu de philosophie au temps des obscures Lumières: cela relève de l’utilitarisme le plus mercantile et le plus cynique, dont la finalité est de faire de l’homme, qu’il soit chrétien, juif ou musulman , un matériau.
    On a créé des désoeuvrés , des révoltés et des monstres de toute pièce et pour rassurer les » Charlies » revenus à leur quotidien, on annonce à grands frais une intensification du bourrage de crâne laïciste mâtiné de sentimentalisme faux-cul et d’anti-racisme de façade parfaitement cynique.
    Halte au feu de la connerie bobo post -soixante-huitarde socialo-libérale si propice pour quelques uns au dépeçage de notre Patrie.

  3. Posté par Sancenay le

    Cette analyse est criante de vérité et l’on peut même constater que la réalité dépasse les hypothèses de Sun Tsu en particulier celle-ci : non seulement la « France abîmée » ne se connaît pas, mais sur ordre des  » terroristes rangés » parvenus au pouvoir – madame Taubira ne brûlait-elle pas en son temps le drapeau français pour exiger l’indépendance des Dom-Tom ?- la France a appris à se détester elle-même , à renier ses racines chrétiennes pourtant seules propres à garantir l’harmonie entre les communautés

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