La mort lente du nucléaire suisse

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énergie Les deux centrales de Beznau pourront être exploitées jusqu'en 2029 et 2031. Celles de Gösgen et Leibstadt échappent à une date butoir

Philippe Castella

Le Conseil national a entériné la fin du nucléaire en Suisse, mais il lui a prévu une mort lente. Plus lente en tout cas que ce qu'on imaginait après la catastrophe de Fukushima il y a trois ans et la décision de principe de sortir du nucléaire en Suisse.

Après quatre jours d'interminables débats, la chambre basse s'attaquait hier au coeur de la stratégie énergétique 2050, soit le concept de sortie du nucléaire. Selon les décisions qu'elle a prises, la durée de vie des trois plus vieilles centrales (Beznau I et II, Mühleberg) est limitée à 60 ans, sous certaines conditions. Celle des deux plus récents réacteurs (Gösgen et Leibstadt) pourra être prolongée de dix ans en dix ans, sans limite, dès leurs quarante ans, après adoption d'un concept d'exploitation à long terme. C'est-à-dire bien au-delà de l'horizon évoqué il y a trois ans de 2034, soit les 50 ans de Leibstadt.

Loin de l'initiative

Concrètement, Beznau I, la plus vieille centrale nucléaire encore en service au monde, qui fonctionne depuis 1969, pourra être exploitée jusqu'en 2029. Sa petite soeur de Beznau II, qui date de 1971, pourra l'être jusqu'en 2031. Quant à Mühleberg, son exploitant a déjà annoncé qu'il tirerait la prise en 2019, faute de rentabilité suffisante au vu des rénovations à entreprendre.

On est là très loin des exigences de l'initiative populaire "Sortir du nucléaire", qui sera débattue aujourd'hui et qui réclame une durée de vie maximale de 45 ans pour les cinq centrales nucléaires existantes, soit une sortie définitive en 2029.

Mais le National va plus loin que le Conseil fédéral, qui voulait poser pour seule limite d'exploitation la sécurité. Comme l'a expliqué le rapporteur de la commission Roger Nordmann (PS, VD), le concept d'exploitation à long terme exigé tous les dix ans durcit les conditions actuelles. En l'absence de concept, s'il est insuffisant ou pas respecté, l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) pourra prononcer l'arrêt provisoire d'exploitation d'une centrale, alors qu'il lui faut pour cela aujourd'hui une menace claire pour la sécurité.

Solution de compromis

C'est cette solution de compromis, fondé sur une alliance du centre (PDC, PBD et PVL) et de la gauche (PS et Verts), qui a fini par l'emporter. Pour Yannick Buttet (PDC, VS), tenant de cette ligne, cela doit
"permettre une sortie en douceur"
du nucléaire. Pour lui, le
"vrai courage"
consiste à en sortir
"à un rythme qui ne confonde pas dynamisme et précipitation".

Toutes les propositions plus restrictives de la gauche et des Vert'libéraux, visant à restreindre davantage la durée de vie des centrales, ont été rejetées.
"Arrêtons d'offrir des liftings au rabais à de vieilles casseroles nucléaires uniquement pour le rendement, en faisant fi de la sécurité et de l'environnement",
a plaidé en vain Manuel Tornare (PS, GE).

A l'inverse, l'UDC et le PLR ne voulaient d'aucune restriction supplémentaire à l'exploitation des centrales nucléaires.
"Le résultat des courses, c'est que nous importerons de l'électricité à base de nucléaire français ou de charbon allemand. Est-ce cela que nous voulons?"
, a interpellé Jacques Bourgeois (PLR, FR), sans non plus être entendu.

Avec cela, le Conseil national est arrivé au terme de l'examen de la stratégie énergétique 2050 et a approuvé sa version par 110 voix à 85 et 1 abstention. Toutes les options retenues devront être confirmées par le Conseil des Etats.

 

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Un commentaire

  1. Posté par colibri le

    Mort lente des centrales nucléaires à laquelle vous pourrez rajouter tous les impôts Cantonaux et Communaux qui ne pourront plus être payés par les citoyens déjà décédés à cette date. Les viennent ensuite sans le nucléaire auront des charges importantes sur leurs épaules et de moins en moins d’anciens pour les aider
    Il faudrait aussi y penser et quand on veut faire de la politique on ne montre pas sa peur aux autres. Premier signe d’un mental trop faible pour assumer des charges importantes et on ne peut faire confiance à qui utilise trop souvent les médias afin de nourrir de peurs non plus seulement page blanche mais un électorat jeune, il va de soi, car les plus âgés savent très bien que tout comme la météo, les infos sont cycliques et reviennent comme les pissenlits à dates presque aussi précises et ce depuis 1990, trop souvent des peurs pour attirer l’électorat.

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