France, qu’as-tu fait de ta Victoire ?

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

« France, qu’as tu fait des promesses de ton Baptême ? ». Ainsi résume-t-on la question posée naguère par Jean-Paul II à notre pays. La fille aînée de l’Eglise, première communauté chrétienne d’Occident, bras séculier du Pape, fer de lance des croisades, foyer rayonnant des Missions, couvertes d’abbayes et de cathédrales, en est arrivée à une laïcité d’effacement et de reniement. Cachez cette croix ou cette crèche que je ne saurais voir. Gommez les valeurs chrétiennes de l’Europe. Montrez-vous aux ruptures du jeûne du Ramadan mais évitez d’aller à la Messe. L’identité est le péché laïc absolu.

Faute de célébrations religieuses, le sacré s’est replié sur les commémorations nationales, histoire de permettre au Président de diffuser quelques messages politiques, en douce, et sans se faire huer. Mais cette pluie quotidienne de cérémonies finit par saturer. A force de rappeler l’héroïsme et les sacrifices des combattants de 14-18 ou ceux des résistants et des libérateurs de la seconde guerre mondiale, on finit par mesurer le gouffre qui les sépare de la médiocrité d’aujourd’hui. La France en a connu des batailles de la Marne ! Bouvines, Denain, qui avaient contenu l’envahisseur pendant près d’un siècle ou davantage ! Depuis Valmy, c’est plus court. Pour les deux derniers conflits, une question vient même à l’esprit : « France, qu’as-tu fait des promesses de tes « victoires » ? » Pour la première guerre, autant il est facile de saluer le courage des « poilus », autant il est amer de se souvenir que le Million et demi de morts français a été rendu inutile à peine une vingtaine d’années plus tard, non pas tant en raison du nazisme que de l’irresponsabilité criminelle de ceux qui ont dirigé la France civile et militaire de Versailles à Munich, favorisé la naissance du monstre et s’être privés des moyens de l’arrêter.

La première guerre a été gagnée par la France qui en est sortie épuisée et saignée. Le soutien décisif des Russes au début, des Américains à la fin, l’appui des Britanniques pouvaient être placés au second rang. Pour la dernière guerre mondiale, c’est évidemment l’inverse. C’est la résistance des Britanniques d’abord et des Russes ensuite, c’est l’engagement massif et principal des Etats-Unis qui ont assuré la victoire. Le génie du Général de Gaulle a consisté à tirer la France du néant dans lequel elle avait sombré pour qu’elle soit néanmoins au premier rang des vainqueurs, et qu’elle reprenne apparemment sa place avec, par exemple, son siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. Lorsqu’on lit Marc Bloch ou Bernanos, et davantage encore les écrivains de la collaboration, pour prendre conscience de l’étendue de la catastrophe de 1940,  on se dit qu’un tel redressement tenait du miracle. Malheureusement, une fois encore le capital sauvé ou restauré, a été dilapidé, et toujours en raison de la médiocrité de nos dirigeants. Contrairement à la formule ressassée sur la comparaison rassurante, c’est elle qui devient insupportable. Jusque dans les années 70, les 30 Glorieuses, son plein-emploi, son taux de croissance enviable, ont assuré à la France une image positive. En 1973, le Hudson Institute du futurologue Herman Kahn publiait « L’Envol de la France » qui prédisait que celle-ci doublerait l’Allemagne en 1985, et deviendrait la 3ème puissance économique derrière les USA et le Japon… La réalité s’est écartée quelque peu du pronostic… Le Président insiste sur la 5ème place d’un pays qui s’effondre, dont l’industrie a reculé plus que chez nos voisins, dont le commerce extérieur est déséquilibré gravement depuis une douzaine d’années, qui crève sous une dépense publique étouffante et des prélèvements obligatoires décourageants et qui connaît désormais un taux de chômage record lié à une absence de croissance. Un mauvais esprit serait enclin à penser que ce que l’Allemagne n’avait pu obtenir par la guerre, elle l’a conquis dans la paix, en réussissant sa réunification et en affichant des résultats économiques exemplaires, en Europe, qui lui confèrent une prééminence qui déborde visiblement sur le politique. Entre la coalition allemande qui donne le « la » à l’Europe, en lui imposant sa conception de la monnaie et de l’économie, et le gouvernement d’une gauche divisée, et idéologiquement archaïque, en France, la comparaison est humiliante. A ce niveau d’abaissement, la France n’est plus écoutée en Europe et ne parvient plus à se faire entendre dans le monde, dans les crises qui secouent l’Ukraine ou le Moyen-Orient. Il suffit de voir le champ de ruines qu’offre aujourd’hui le territoire de l’Union Pour la Méditerranée, cette idée que la France voulait opposer et imposer à l’Allemagne. L’exécutif désormais ne peut plus dépasser le cadre de la rue de Solférino. Le monde et même la France sont au-dessus de ses compétences.

Alors la question revient avec insistance. Deux guerres coloniales perdues, l’une militairement, l’autre politiquement, quand les Anglais ont su les éviter, les succès économiques effacés, l’Europe-levier pour la France devenue étouffoir où la compétitivité d’abord, l’identité ensuite sont en train de disparaître : le bilan est lourd ! « France, qu’as-tu fait de ta victoire ? » Comment peux-tu supporter encore les nains qui te dirigent ?

Christian Vanneste, 26 août 2014

Un commentaire

  1. Posté par Böse Birgitt le

    Elle s’est fait une crise de foie … à tellement bouffer du curé

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