Israël sous le feu de l’humanitaire

Le 31 juillet, le Huffington Post publiait un article de Jacques Tarnero intitulé La cécité de l'Occident devant le désastre arabe et islamique. L'auteur parlait d'un islamisme intolérant, devenu fou furieux. Il précisait que médias et politiciens ne veulent pas voir de face cette fureur meurtrière. Elle leur fait peur. A ce point, tout se complique dans les méandres d'un processus psychologique qui conduit finalement à la haine d'Israël qui, paradoxalement, est pourtant l'un des derniers remparts contre cet islamisme déchaîné.

 

L'islamisme fait peur par ses égorgements certes, mais aussi parce qu'il menace la machine électorale occidentale. Pour un politicien européen, dénoncer l'islamisme,  c'est perdre des électeurs musulmans, mais pas seulement. Israël a maintenant des ennemis dans toutes les couches de la population, surtout après Gaza, parfois décrit comme un nouveau ghetto de Varsovie.

 

Pourquoi ne pas prendre fermement parti pour Israël ? En fait, c’est culturellement impossible parce qu'aujourd'hui le climat est tel que s'engager pour l'un ou l'autre adversaire dans un conflit, c'est blasphémer contre la religion universaliste qui s’est imposée en Europe occidentale. Dès qu'il y a tension dans une partie du monde, il est hors de question de déclarer qu'un pays a raison contre un autre. C'est au nom de toute l'humanité qu'il faut se positionner et donc éviter soigneusement de prendre parti. Impossible de dire que cette partie de l'humanité qu'on appelle une nation, Israël par exemple,  puisse avoir tort ou raison. En effet, on cesserait de parler au nom de l'humanité. Tout ce qui reste à faire, c'est de parler de désescalade et de déplorer la mort des victimes civiles. Ces victimes sont d'ailleurs l'incarnation de l'humanité et leurs souffrances sont les nôtres, comme on nous l’explique jour après jour. Quant aux souffrances des soldats, elles ne méritent pas la moindre attention puisqu'ils n'ont pas pris parti pour l'humanité mais pour une communauté particulière.

 

Il y a quelques années, un professeur de Harvard, Samuel Huntington publiait un livre sur le choc des civilisations. Selon lui, les conflits à venir n'auraient pas des causes économiques, mais culturelles ou identitaires. Partout, des cris d'orfraie. Comment ose-t-il, ce professeur, suggérer de telles choses ? A l'époque, les puissances économiques étaient alléchées par la perspective d'une mondialisation où l'on communierait dans les douces lumières de supermarchés voués au culte de la consommation universelle. Des intellectuels, emmenés par BHL, réfutaient, hautains, les thèses de Huntington. Un marché planétaire était sur le point d'éclore. On n'allait pas s'arrêter sur le chemin de lendemains dorés par la croissance.

 

A partir de ces cris d'orfraie, toute prise de prise de position soit en faveur d'un pays, soit contre lui, conduisait à une condamnation urbi et orbi de celui qui osait émettre un tel jugement de valeur. Il passait immédiatement pour un fasciste. Son jugement sonnait très mal dans le règne de la tolérance universelle, confirmé hier par l'éminente Conchita Wurst et, avant hier dans le mariage gay béni par François Hollande. Il sonnait si mal que le profanateur n'était pas seulement rejeté hors de l'Église, comme jadis, mais hors de la communauté internationale. Personne ne veut être excommunié. Résultat : on a cessé de juger, de prendre parti, et l'on a basculé dans l'humanitaire. On déplore à grands cris ou à grandes larmes les victimes civiles de l'intervention israélienne et l'on s'abstient de prendre clairement parti pour un camp ou pour l'autre. C'est tout bénéfice, puisqu’alors on apparaît comme une âme élevée au-dessus des sordides conflits du monde, mais aussi comme une âme qui, par ses pleurs, se montre bouleversée par ce qui se passe, une âme sensible. A cet égard, les reportages de la RTS sur Gaza ont été un modèle de compassion larmoyante répandue sur tous, comme une aspersion d'encens à l'église.

 

En répandant ses larmes sur amis et ennemis, on se définit comme un Gandhi planétaire et l'on s'attire les faveurs des nouveaux satrapes de la bonté universelle. C'est à qui dénoncera avec le plus de pathos la méchanceté du monde et se définira ainsi comme un cœur parfaitement pur et tout entier consacré au bien de l’humanité.

 

Cette attitude ne va pas durer. S’il y avait de tels cœurs, parmi nous, ça se saurait. Même l'Église catholique qui, pendant des décennies, à docilement suivi le chemin de l'humanitaire, parle de la possibilité d'une intervention militaire pour sauver les réfugiés d'Irak. Elle en parle certes du bout des lèvres, mais elle en parle. C'est un signe.

 

Jan Marejko, 20 août 2014

2 commentaires

  1. Posté par Leon Rozenbaum le

    Article remarquable qui sonne comme un reveil d’une lethargie mortelle. J’en suis d’autant plus surpris de n’y pas trouver la moindre reference a l’enchainement des faits lors de la crise actuelle: un mouvement terroriste dont la charte genocidaire est averee, procede a des tirs de milliers de missiles et de roquettes sur les civils d’ un etat souverain qui, s’il n’avait pas invente in extremis un systeme de defense active unique au monde, aurait a deplorer des milliers de victimes, qui viole systematiquement tous les accords de cessez-le-feu , qui a utilise l’aide « humanitaire » pour creuser des dizaines de tunnels offensifs qui debouchent jusque sur le territoire de l’etat pacifique vise pour y lancer des attaques terroristes massives, et dont les plaintes dechirantes et mensongeres de »blocus » (deux cent camions nourissent quotidiennemt les Gazaouis depuis Israel, et le contribuable Israelien paie leur eau et leur electricite) visent uniquement la volonte de se procurer sans gene des armements encore plus offensifs pour tenter de mener a mal leurs plans genocidaires antijuifs. Vu d’Israel , il est incomprehensible que ces faits averes et verifiables ne soient meme pas rappeles dans le cadre d’une reflexion tant salutaire qui denonce l’angelisme mondialiste!

  2. Posté par Vautrin le

    Excellent article qui cerne très exactement les causes de la honteuse complaisance de l’Occident, et (en ce qui me concerne) de la caste politique française vis-à-vis des assassins islamistes. Une déliquescence totale de toutes les valeurs historiques, une trahison constante. Le pire est que ces idiots utiles – et tous ceux qui mangent aujourd’hui au râtelier du Qatar – ne se rendent même pas compte qu’une fois l’objectif atteint, l’ennemi civilisationnel en fera les dindons de Noël (si l’on peut dire) !

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