La bien-pensance : du tac au tac (1). L’exemple de la psychologisation.

Uli Windisch
Rédacteur en chef

 

RSR la 1ère, En ligne directe, du 27 juin 2014.

La discussion tourne autour du livre d’Alain Valtério, Névrose psy. Les effets de la psychologisation sur les mentalités, Ed.Favre, 2014

valterioNévrosePsy

 

Les thèses sont anti-bienpensance  et ont de quoi faire bouillonner le monde psy. On lui oppose un pédopsychiatre, Ph. Stephan, et une  « déléguée à la politique familiale et à l’égalité » (NE), N. Baur, tout un programme, les deux contradicteurs étant évidemment du bord opposé et ne partageant guère les thèses de l’auteur invité. C'est peu dire.

Avec ces thèses on respire enfin et on sort du mainstream  «l’enfant est roi », et autre tendance à tout psychologiser, pour ne pas dire excuser, où il faut chercher à comprendre, sans bien sûr justifier. Le leitmotiv de ce politiquement correct éducatif c’est « éduquer un enfant c’est l’écouter ». En effet avec cette formule tout est dit, et entendu !

Quelques exemples des thèses avancées, de manière très simplifiée en un temps très court, le temps d'une l'émission,  par l’auteur et encore concentrées par moi-même.

L'auteur est lui-même psychologue actif, mais à contre-courant. Le genre un contre tous. Aperçu de ses critiques et mises en cause de la psychologisation ( en sociologie il y a la sociologisation : ici tout est de la faute de la Société ; la responsabilité des individus est gommée).

La psychologisation. Tout ce qui fait du Bien, c’est la thérapie. Un enfant autrefois insupportable devient un hyperactif. Les enfants ont des droits, on les respecte, face à l’ancienne autorité parentale unilatérale.

Très bien, mais les enfants ont besoin de limites.

Les parents reculent de peur de ne plus être aimés. Dans les médias, l’enfant est victime, non responsable. Imaginez ce que fera une enseignante agressée par un enfant. Chacun se souvient du cas de l’enseignant français qui avait reçu une gifle d’un élève. Sa réponse: cela m’a fait réfléchir. Ce n’est pas inventé.

La culture de la thérapie :  une dictature soft, aïe. De la pédolâtrie. Le père doit se faire aussi petit que l’enfant, donc plus d’envie de ressembler au père.

Réponse de la déléguée : le patriarcat c’est fini. C’est l’institution qui dit cela. Devinez les ravages. La maltraitance ? Beaucoup plus de la part des parents que des enfants.

Oui les femmes ont des droits. Qui dit le contraire. Relevez la formule. Ont-elles tous les droits et elles seules ? Et au détriment du père ?

Le résistant admet qu’il se fait traiter de tous les noms : passéiste, réac, et pendant qu’on y est, il fallait s’y attendre, de fasciste. L’arme ultime de la prétendue avant-garde progressiste, et cela est en fait le cas dans tous les domaines. Ah ! La reduction ad hitlerum, quand on est mis fondamentalement en cause et qu’on n’a plus d’arguments face à ceux qui osent démasquer les grandes supercheries devenues pensée dominante.

On demande au père de l’autorité et dès qu’il la prend on le critique..

A relever quand même la rhétorique bien rôdée, l’habileté discursive de ces dominants de la psychologisation. Ensuite le ton, ah ! le ton. Un terrorisme intellectuel, éducatif et politique soft, en quelque sorte. Mais le nombre des réacs augmente.

Oui, il faut bien écouter ; le ton est tellement suave que nombreux sont ceux qui doivent se laisser prendre et vouloir leur confier les enfants ! C’est ce qu’ils pensent, mais les choses changent et pas dans le sens de la psychologisation. Mais cette dernière est en place, et en force dans les institutions. Un pouvoir, même s’il crée des effets pervers massifs, ne vacille pas si vite.

Oui, j’insiste sur le ton de cette tendance psy : doucereux, pas agressif, p-é-d-a-g-o-g-i-q-u-e, jusqu’au moment où la mise en cause est radicale. Là vient l’insulte. Et, par exemple, l’appel à du renfort, à une « référence » extérieure, de France, voyons. La radio appelle Philippe Mérieux, le pape du pédagogisme qui dirige ou a dirigé un Institut en la matière comptant plusieurs centaines de chercheurs et de « spécialistes », avec comme résultat l’état de l’école aujourd’hui, étant entendu que le pédagogisme n’est pas seul responsable.

En bref, personne ne nie le rôle que peut jouer la psychologie et les disciplines apparentées, et l’auteur du « brûlot », en est la preuve, puisqu’il est psy lui-même, mais il pratique son métier différemment, parce qu’il sait que le psy « n’a pas toutes les clefs ». La nuance.

Il y a psychologie et psychologisation comme il y a sociologie et sociologisation, etc. Dans tous ces domaines, un retour sur terre et un grand tournant se fait ardemment attendre.

En n'oubliant pas des encouragements et des soutiens à ceux, encore trop rares, qui osent attaquer au pic ces milieux bétonnés et autres murs infranchissables, contre vents et marées bien-pensantes et encore bien installées.

Uli Windisch, 5 juillet 2014

Ecouter l'émission, c'est ici

 

 

 

 

 

 

2 commentaires

  1. Posté par LEB le

    Pour en revenir à la psychiatrisation de l’individu, j’ai pu constater, durant toutes les années durant lesquelles j’ai travaillé en psychiatrie, que :
    – La responsabilité individuelle est remplacée par l’accusation de la société pour expliquer les malheurs personnels (la faute à : la société de consommation, les capitalistes, l’individualisme, …).
    – Toute souffrance et frustration doivent être soignées (deuil, chagrin d’amour, échecs de toutes sortes, …).
    – La morale est totalement remplacée par la psychiatrie (tout délinquant est soignable, comportements abusifs=troubles de la personnalité.
    – Les patients seraient affectés par un contexte social, ethnique, une enfance difficile, un manque de confiance en soi, un manque d’encouragement, de dialogue, de soutien psy, etc… mais jamais de manques de volonté, de responsabilité, d’endurance, ou de self-control.
    – Les personnes qui « consomment » de la psychiatrie à haute dose perdent complètement leur intimité. Une famille, un couple ou une personne essayant de résoudre ses problèmes devant une tierce personne peut être certaine de perdre une grande partie de son intimité sans aucune garantie d’un bénéfice quelconque en retour. Cette déshumanisation à grande échelle n’est pas anodine.
    En Suisse Romande, la psychiatrie est utilisée à haute dose pour :
    – tenter d’obtenir une rente AI,
    – tenter d’obtenir un permis de séjour (requérants d’asile déboutés souffrants d’idées suicidaires, PTSD),
    – éviter la prison,
    – loger à l’œil durablement (SDF, PLAFA de la justice de Paix, abus de toxines de toutes sortes),
    – pratiquer du « tourisme psychiatrique » (idées suicidaires récurrentes, chagrins d’amour, crises existentielles, ……),
    – etc…

    Concernant la maltraitance de parents par leurs enfants, j’ai été frappée de voir combien d’enfants adoptés sont pris en charge par la psychiatrie.
    Souvent, à l’âge adulte, ces enfants maltraitent leurs parents adoptifs.
    Les parents adoptifs osent encore moins mettre de limites ; mai 68 oblige, les adoptés attendent sans fin une réparation, des parents, de la société.
    Que vont donner les générations de Conchita Wurst avec des pères asexués, des parents interchangeables?
    p.s. : Le record mondial du nombre de psychiatres par habitant est atteint en Suisse, en Suisse Romande particulièrement.

  2. Posté par LEB le

    Merci de ne pas passer sous silence le bombardement et la destruction totale des villes de Donbass, y compris les populations.
    http://www.lecourrierderussie.com/2014/06/ukraine-situation-humanitaire-critique/?utm_source=LCDR&utm_medium=relatedpost

    http://www.lecourrierderussie.com/2014/06/slaviansk-genocide/?utm_source=LCDR&utm_medium=relatedpost

    http://www.lecourrierderussie.com/2014/07/attaque-civils-lougansk/?utm_source=LCDR&utm_medium=relatedpost

    Population civile démunie bombardée. Aucune dénonciation (encore moins d’intervention) des organisations internationales, ni des ONG. Aucune présence du CICR ! Les journalistes russes ont été pris pour cible, massacrés.
    Le peuple et le gouvernement suisse qui ont versé des millions pour les victimes du tsunami, aide sans fin pour les kosovars, bosniaques, etc…. n’ont même pas daigné en parler !!!
    Les massacres de Maidan, d’Odessa, puis l’anéantissement de toute une région par un gouvernement criminel, bafouant tous les accords internationaux … et l’UE ne trouve rien de mieux que de signer des accords avec ce gouvernement criminel dont plus de 30% sont ouvertement nazis ???

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