...On s'éloigne doucement de la paix bénie et perpétuelle que nous promettent les adversaires du Gripen.
Le 29 mars de cette année, l'aviation russe simule l'attaque aérienne de bases militaires suédoises:
Peu après minuit, les radars suédois détectent deux bombardiers à capacité nucléaire Tu-22 M3 Backfire escortés par 4 chasseurs Su-27 Flanker, qui, venant de Saint-Petersbourg, survolent alors le golfe de Finlande. (...)
[Deux] heures plus tard, la tension monte brusquement d’un cran : les 6 avions russes pénétrent à l’intérieur de l’espace aérien suédois, après avoir suivi une ligne entre les îles d’Öland et de Gotland, dans la Baltique. Théoriquement, deux JAS Gripen maintenus en alerte auraient dû décoller pour intercepter ces appareils. Seulement, il n’en a rien été et l’aviation suédoise a totalement été prise au dépourvu.
Cet épisode n'a rien d'exceptionnel dans une région sous tension où la Russie s'intéresse de près aux capacités militaires de défense des uns et des autres. Le 20 avril, un avion russe de renseignement électromagnétique Iliouchine Il-20M "Coot" passait lui aussi dans l'espace aérien suédois au moment même où le pays menait d'importantes manœuvres militaires.
Si vous pensez que les Russes ne s'intéressent qu'à la Suède, vous vous trompez. L'OTAN est aussi concerné:
Mercredi [23 avril], deux bombardiers russes de type Tupolev TU-95 ont pénétré l’espace aérien de plusieurs Etats membres de l’OTAN. Aujourd’hui, la Royal Air Force a rendu public des photos de ces avions.
Le ministère néerlandais de la défense a été mis en état d’alerte après que deux avions étrangers eurent pénétré l’espace aérien de l’OTAN. Deux F-16 avaient alors décollé de la base aérienne de Volkel pour escorter, avec l'aide d'appareils danois et britanniques, ces deux bombardiers russes hors de l'espace aérien.
Comme vous voyez, tout va pour le mieux... Et comme le mentionne la conclusion du premier article au sujet de la Suède:
Après avoir baissé drastiquement ses dépenses militaires – en 20 ans, le nombre d’avions de combat est passé de 400 à moins de 150 – plusieurs voix politiques, de droite comme de gauche, se sont élevées, au début de cette année, pour réclamer une hausse de l’effort de défense.
On notera deux choses.
1. "De droite comme de gauche": il faut croire que la classe politique suédoise est un peu plus au courant des réalités que la nôtre.
2. La Suède a encore 150 avions de combat, ce qui n'empêche pas un général suédois de juger dérisoire la force militaire du pays. Les Suisses se battent comme des chiffonniers pour 22 appareils!
Tout ira bien sans Gripen, affirme-t-on, sans que personne ne cille devant l'absurdité de ces prédictions infaillibles...
En réalité, le 18 mai la Suisse pourrait commettre une erreur historique.
Stéphane Montabert - Sur le web
Afin de lever tout malentendu suite à mon précédent commentaire, je précise encore que je suis un fervent partisan de l’initiative de la Marche blanche contre les pédophiles, dénigrée par le Conseil fédéral, et que je l’ai défendue à plusieurs reprises sur ce site.
L’heure est grave en effet. A quelques jours de la votation du 18 mai, le “oui” au Gripen ne décolle toujours pas dans les sondages. Les grands moyens ont pourtant été déployés : un déluge de propagande sans précédent en faveur du “oui”, des affiches innombrables au format mondial avec la photo du zinc suédois qui tapissent les murs de nos villes et qui fleurissent partout dans les gares du pays, un tous-ménages (12 pages en couleurs) distribué à 3,1 millions d’exemplaires (petit calcul : 3,1 millions x 2 frs l’exemplaire = 6,2 millions de frs !), bref les partisans du Gripen ont déjà dépensé entre 15 et 20 millions (les contribuables apprécieront !) pour faire vendre au peuple suisse un nouvel avion de combat qui ne le séduit pas beaucoup visiblement. Qu’est-ce à dire ? Pourquoi ce ratage ? Les citoyens suisses sont-ils de parfaits crétins, “qui ne comprennent rien à la chose militaire” ? Eh oui, les temps changent, le citoyen lambda ne se laisse plus aussi docilement dicter sa volonté qu’autrefois : il exerce désormais son sens critique et se forge lui-même sa propre opinion, avec bon sens. Effectivement, c’est un peu contrariant pour les professionnels de la manipulation et de la désinformation des masses, mais il faudra faire avec… Et cela concerne aussi bien la votation sur l’initiative de la Marche blanche que la votation sur le Gripen.
Ben Palmer: dans le cas de la Suède et de cette crise particulière, non, il ne fallait pas plus d’avions, juste la volonté de les faire voler. On voit tout de même les limites de la dissuasion aérienne simple face à un adversaire décidé violant l’espace aérien en force : qu’auraient fait deux Gripen suédois de garde face à une escadre de deux bombardiers et quatre chasseurs vraiment hostiles?
Je pense d’ailleurs que les Russes avaient planifié leur opération justement pour voir quelles étaient les capacités de réaction suédoises de deuxième niveau. En réalisant qu’il n’y avait même pas de réaction du tout, ils ont dû bien rigoler au QG.
C’est ce genre d’opération, et non les rodomontades des politiques, qui permettent vraiment à un pays de se faire une idée de la capacité militaire et de la détermination d’un autre.
Il me paraît assez clairs que ces tests répétés sur l’Europe ont contribué à ouvrir certaines options russes pour s’emparer de la Crimée, par exemple ; des actes qu’ils ne se seraient peut-être pas permis s’ils avaient vu en face des pays militairement affûtés et vigilants.
Et dans ce cas, quel était ou aurait du être le rôle de l’aviation suédoise? Abattre les avions russes, les accompagner “à la maison”? 150 avions et aucun a empêché les russes à survoler leur territoire? Fallait-il plus d’avions?
Le premier article cité fait effectivement référence à un épisode survenu au-dessus de la Suède en 2013 – mea culpa – mais le second, où cette fois l’espace aérien danois a été violé, remonte bien à avril 2014.
Précisons que les incidents en question date de 2013. Aujourd’hui, avec la tension du a la guerre en Ukraine (quand des Mi-24 se font abattre et que des blindés combattent, c’est une guerre, non une crise), les défenses aériennes d’Europe doivent être en alerte. En temps que français, je n’est pas de leçons a donner au peuple suisse mais je rappelle qu’il faut d’abord compter sur ses propres forces avant de compter sur des amis qui seront peut être trop occuper pour vous aider. L’histoire du Boeing détourné sur Genève montre a quel point la défense aérienne helvétique manque de réactivité. Si il y a un “incident” la nuit et que les italiens, français et allemand sont prit dans des “problèmes”, la Suisse doit avoir un minimum de police du ciel.