“Contre l’immigration de masse” : info, désinfo et réinfo

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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Finalement, si les Suisses disent OUI à l’initiative populaire « Contre l’immigration de masse » elle ne fera que traduire, grâce à une vraie démocratie, ce que d’autres pays revendiquent de plus en plus.
Paradoxalement, nous participons au début de la création d’une nouvelle et vraie Europe, voulue par les peuples, et sans les graves et inacceptables attitudes et tentations d’une UE technocratique, autoritaire et antidémocratique.

 

A la fin de la semaine passée les médias, toujours au garde à vous, nous annonce que le Conseil fédéral (CF) a terminé sa campagne « d’information ». Vous vous souvenez ce CF qui voulait juste « informer » ! En aucun cas faire de la propagande et essayer de faire peur à la population. Beaucoup de citoyens n’ont pas aimé qu’on les prenne pour des idiots, taillables et influençables à merci. Nous dire qu’un OUI à l’initiative entraînerait des catastrophes de toutes sortes ce n’était que de l’information ! Evidemment ! Voyons !

Donc ça n’a pas marché ! Alors que faire ? Se taire ? Rendre l’espace public à la libre concurrence du marché non pas économique mais médiatique ? Mais que faire puisqu’il n’y a pas de véritable concurrence pour le Service dit public. Lui demandé d’être plus nuancé et de donner davantage la parole aux partisans ? Oui mais pas trop. Attention à un vrai retournement de situation. Ne quand même pas laisser les OUI envahir les médias. Le risque, il est vrai, est inexistant.

Montrer qu’on veut être objectif, même si c’est à un contre trois, cinq, dix parfois. Garder le monopole  tout en essayant de donner une image d’objectivité ? Mais les mensonges peuvent être tellement gros que l’on n’est pas sûr que cela va marcher.

Donc le Service  public annonce que dans la dernière semaine avant le vote d’autres acteurs vont « prendre le relais ». Qui ? Puisque tous ce sont déjà époumonés ? Peu importe, on va tabler sur ce que l’on considère comme les responsables des grands secteurs et acteurs de la société : les partis politiques et les grandes organisations économiques, syndicales et autres. Appel à leurs dirigeants et aux personnalités connues. Inviter aussi des regards extérieurs, par exemple des députés et responsables politiques européens. Là cela devient intéressant et significatif : après les menaces de l’inénarrable commissaire V. Reding, un député socialiste est appelé au secours le 25 janvier sur la RSR pour nous signifier que les accords bilatéraux sont un paquet, non négociable et que si la libre circulation tombe tous les autres accords vont tomber, dans une chute finale évidemment, et nouvelle fois dramatique pour la Suisse. On ne va tout de même pas faire une exception pour la Suisse, cela reviendrait à créer un précédent. Allez les Suisses, ça suffit, alignez-vous !

Mais voilà que le 3 février au matin, le journaliste insiste auprès de l’invité du jour pour qu'il dise son avis sur la votation, un autre député européen, mais non socialiste cette fois et qui semble très compétent et convaincant et qui répète qu’il faut dire la vérité. Incroyable mais vrai ! Et ça semble exister, à la surprise du média. Le député finit donc par dire ce qu’il pense être la vérité : NON l’UE ne cassera pas les accords bilatéraux avec la Suisse.  Ah ! Enfin, une voix discordante, aussi surprenante qu’inattendue.

Bien sûr que d’autres de ces députés européens aimeraient bien punir ces Suisses qui veulent rester maîtres chez eux, du moins dans ce qui leur paraît essentiel. Suite à une telle « vérité » notre média ne manquera certainement  pas d’inviter rapidement d’autres acteurs venant  corriger ce « dissident ».

On rameute maintenant  aussi les Suisses de l’étranger, la Cinquième Suisse, dont un responsable vient tenter de faire croire à leur profonde inquiétude. Une Division non négligeable cette  autre Suisse : 700.000. Bien essayé.

Les grands mensonges vont continuer. On va continuer à faire croire que des immigrés devront quitter le pays ; totalement faux. Il s’agit simplement de réguler et de contrôler les nouveaux flux migratoires et ce sera même très souple, ce que l’on ne veut pas non plus  admettre.

On tente encore le coup de la xénophobie. Mais ça marche de moins en moins. Pas de vagues racistes déferlantes sur la Suisse comme ces vagues monstrueuses qui viennent parfois de la mer.

Le Canada, l’Australie et nombre d’autres pays non seulement définissent de qui ils ont besoin ; ils osent même expulser les illégaux par milliers. En Suisse on refuse de le faire même avec les criminels, alors que la population a dit deux fois OUI, ce qui est non seulement scandaleux mais contre productif politiquement, et dont on récolte sans doute maintenant aussi quelques "fruits".

Des secteurs et entreprises à fort pourcentage de travailleurs étrangers vont à coup sûr aussi être mobilisés pour nous prévenir de la catastrophe que représenterait un OUI. Or là aussi personne ne sera licencié ou devra retourner au pays.

Il n’est nullement déraisonnable de vouloir donner la priorité aux résidents, suisses ou étrangers, et c’est bien de cela qu’il s’agit. C’est le contraire qui est un scandale car tous les nationaux et  résidents ont construit et travaillé pour le pays depuis de longues années. La révolte populaire contre la priorité donnée aux « travailleurs soldés », moins chers donc et qui acceptent des salaires moins élevés, est on ne peut plus normale. Qui donc a crée une telle révolte et qui manque d’un minimum de patriotisme ? Par pur appât du gain ?

Même les socialistes tentent de nous faire le coup des contrôles à intensifier, alors qu’ils savent parfaitement que cela n’est possible que dans une très faible mesure.

Le cas du Tessin, où les résidents bouillonnent et n’en peuvent plus lorsqu’on atteint le stade où l’on licencie des nationaux et des résidents au profit des « discountés », est certes un cas extrême mais totalement inacceptable au point où quasiment tous les partis, même de gauche, préconisent le OUI. Et si le Tessin n’était qu’un signe avant-coureur de ce qui pourrait advenir ailleurs, même si ce n’est pas de manière aussi extrême ?

Mais la plus grande escroquerie réside certainement dans le fait de vouloir nous vendre l’UE comme étant l’Europe. L’Europe est ancienne, historique, et nous en partageons les mêmes valeurs depuis des siècles. Sans des réformes profondes dans le sens d’une plus grande autonomie et souveraineté des pays en faisant partie et de la possibilité de rétablir en plus des frontières extérieures de l’UE des contrôles propres aux frontières nationales, les attitudes anti-européennes vont s’intensifier et se radicaliser comme le montreront les prochaines élections européennes.

Finalement, si les Suisses disent OUI à l’initiative populaire « Contre l’immigration de masse » elle ne fera que traduire, grâce à une vraie démocratie, ce que d’autres pays revendiquent de plus en plus.

Paradoxalement, nous participons au début de la création d’une nouvelle et vraie Europe, voulue par les peuples, et sans les graves et inacceptables attitudes et tentations d’une UE technocratique, autoritaire et antidémocratique.

Plus la Suisse sera elle-même et rappellera certaines de ses spécificités enviées, comme par exemple la démocratie directe et les qualités qui font son succès, plus elle sera respectée, écoutée, voire suivie par d’autres pays, ce qui est déjà le cas avec les protestations multiples et massives sur les aspects les plus inacceptables de l’UE.

Uli Windisch, 3 février 2014

 

9 commentaires

  1. Posté par Herbert le

    Possible, Lafayette, mais si on peut déjà faire quelque chose pour privilégier le chômeur suisse ou étranger résident, c’est un bon début.
    Le regroupement familial ne serait déjà plus un problème si cette toute petite ministre PS de Summuraga avait mis en vigueur l’initiative acceptée depuis 3 ans! sur les renvois….
    Elle qui parle respect et démocratie, elle fait tout le contraire dans les actes avec les électeurs. (Elle oublie sûrement que 54% des électeurs PS et 12% des Verts ont voter oui aussi, elle trahi même les électeurs de son propre parti ou orientation politique). Mais la presse, ne s’en offusque pas, jamais un mot là-dessus. Mais par contre une page plaine dans le torchon orange de gauche pour dire qu’elle n’est pas d’accords sur l’initiative du 9 février…….
    Espérons que si cette loi passe, elle soit appliquée correctement.
    J’ai voté non à l’initiative Weber, mais je trouve scandaleux de ne pas l’appliquer malgré le vote du peuple. Nos élites nous enfument oui, ça c’est sûr.
    Si le chômage en Suisse peut se stabiliser au lieu de progresser comme en ce moment, c’est un bon début et les quotas y contribueront quand même. Le recette miracle personne ne l’a.

  2. Posté par Lafayette le

    Que de l’info, le résultat des quotas ne changera pas le regroupement familial, ni le nombre croissant de suisse depuis 50 ans, malgré que l’on nous enfume avec des chiffres qui ne sont pas ceux de l’OFS. Et au final c’est quoi la prochaine étoile ? celle du berger ?

  3. Posté par Economico le

    @Herbert “Pas un parti suisse, du plus puissant au plus petit ne pourra se faire entendre.” Notre industrie doit rester forte avec de l’innovation pour que notre offre de produits et services soit attractif et compétitif. Pour le reste, il y a le WTO (OMC en français)! A en croire le CF et de nombreux journalistes, on a l’impression que la Suisse va faire l’objet d’un embargo en cas d’acceptation de l’initiative. Il faut mettre un terme à cette psychose, que l’on accepte ou non l’initiative la récession nous guette, alors concentrons nos ressources à rendre le Suisse plus compétent, plus innovant et surtout plus entreprenant. Nous devons stimuler une demande intérieure pérenne qui ne risque pas de faire “pschitt”, lorsque l’on aura concédé à tous les souhaits de l’UE, je peux vous annoncer qu’il ne restera pas beaucoup de d’européens qui voudront encore travailler en Suisse.

  4. Posté par Ueli Davel le

    J’ai eu de la peine à suivre Aura Mor. Donc seul le communisme peut sauver, la suisse, le monde semble t-il. Back to the Future. Le goulag, les camps de travails couvrent-ils la Suisse? Nous pratiquons le retrocolonialisme. Des profiteurs existent malheureusement ici comme ailleurs, mais souvent se ne sont pas toujours ceux que l’on crois.

    La célébrisime féministe allemande donneuse de leçons, vedette de tout nos medias, planquait ces millions chez nous! Voyez-vous ça, elle n’était pas capitaliste pour un sous elle!

    Soyez conséquant avec vous-même Il ne vous reste plus que l ‘exil. Oui nous sommes entouré de pays plus respectueux des travailleurs et un peu plus loin c’est le paradis, certains pays sont encore communiste, sans capitalismes exploiteurs et profiteurs.

  5. Posté par Herbert le

    Aur Mor : vous avez en partie raison. Mais avez-vous déjà une nation, un peuple, un gouvernement européen négocier quoi que ce soit avec les riches bureaucrates de Bruxelles ? Non.
    Ils imposent leur diktat et tous les peuples doivent se soumettre. Pas un parti suisse, du plus puissant au plus petit ne pourra se faire entendre.
    L’UE est une parodie de démocratie. La preuve: on fait revoter les Irlandais pour que le résultat plaisent aux ministres de l’UE!
    Non, croyez-moi, même un pays très puissant comme la Grande-Bretagne se fait menacer et remettre au pas car elle aspire à plus d’indépendance.
    Un oui ferait très peur à l’Europe, à voir les menaces de parts et d’autres, car tellement d’européens, les peuples donc, pas les élites, voudraient avoir notre chance, celle de pouvoir dire : oui ou non.
    Faîtes voter les Grecs, les Portugais, les Italiens, les Français, les Espagnols, je parle des peuples toujours, je reste dans l’optique qu’ils voteraient tous un grand oui, le 9 s’ils le pouvaient. Ils auraient encore plus de raisons que nous, vu notre taux de chômage, de le faire. Mais n’attendons pas d’en arriver là pour réagir.
    Là ou je vous rejoins, c’est cette gauche qui défend le patron et non plus le travailleur résident. Incompréhensible.

  6. Posté par Aur Mor le

    Ne nous laissons pas endormir et cloisonner dans un contexte 100% bourgeois! Les seuls discours audibles dans cette campagne auront été ceux de l’UDC et du patronat, opposés sur ce point, mais opposés seulement sur le point de mettre en place des contingents ou pas. Dans le fond les 2 parties sont 100% d’accord sur l’exploitation des salarié-e-s étrangers qui permettra ainsi toujours de faire du dumping salarial, pour le bien des capitalistes. L’initiative prévoit des contingents en fonction des “intérêts économiques” (ie des actionnaires / face aux salarié-e-s) de la Suisse : les contingents seront donc toujours très élevés en nombre vu que la Suisse fait tout pour maintenir une part d’universitaires assez basse et importer de la main-d’oeuvre formée dont on n’aura pas à payer les frais de formation. Tout bénéf pour les entreprises! Nous ne sommes pas à la merci de l’UE mais des capitalistes. L’UDC ne fait que scier la possibilité de réellement renégocier des accords au moment de l’acceptation de l’extension de l’ALCP à la Croatie, qui pourrait être l’occasion de mettre la pression sur le patronat, avec de vraies demandes nécessaires : de vraies mesures d’accompagnement pour supprimer le dumping salarial… L’UDC paraît presque “de gauche” dans le contexte alors qu’elle a voulu de cet accord de libre circulation, il faudrait le rappeler, qu’elle ne veut rien faire contre le dumping salarial (rien contre les patrons, mais tout contre leurs victimes : les exploité-e-s, étrangers en 1er lieu, Suisses dans un 2ème temps en prévoyant de limer les acquis sociaux pour les premiers en attendant de s’en prendre aux seconds)… l’UDC ne fait rien contre la spéculation immobilière mais fait tout pour les propriétaires qui dans le contexte ne sont pas les plus à plaindre (ils profitent de la hausse des loyers), rien contre la saturation des transports publics etc etc. Le PS ou les Verts dans tout cela suivent les patrons, et du coup il n’y a aucun discours de gauche! Ce n’est pas en mettant tous les étrangers (y compris permis C, y compris nés en Suisse) dans les contingents, en pouvant les expulser en cas de chômage par exemple, qu’on fera de ce pays un lieu où il fait bon vivre… le pays le plus riche de la planète qui refuserait de payer quoi que ce soit pour un bon quart de sa population qui aurait l’outrecuidance de tomber au chômage… la Suisse, comme tous les autres pays du monde, n’a qu’un but : celui de ses capitalistes. Exploiter, toujours, toujours plus. Il serait temps qu’un réveil des salariés d’ici et de partout commence à se faire!!

  7. Posté par Economico le

    Le CF se vante du succès de la Suisse sur le plan internationale, mais le Suisse salarié n’en profite que très peu. Il n’a souvent pas d’action en bourse hormis sa caisse de pension. Les poids lourds de l’économie Suisse préfèrent engager de la main d’œuvre étranger, ce qui met une pression à la hausse sur les prix.

    L’exemple de l’UBS ce matin est flagrant, qui annonce des entrées d’argent probablement des pays émergents. Il faut savoir que nos banques consentent à d’énorme rabais à la clientèle émergente. Les Suisses continuent de payer historiquement des frais bancaires historiquement élevés, suite à la longue période de secret bancaire. Cette situation était acceptable pour autant que le Suisse moyen trouvait un emploi dans ce secteur, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui alors qu’une grande partie des opérations ont été délocalisées. Les entreprises suisses font du dumping salarial en engageant de la main d’œuvre étrangère et du dumping lorsqu’elles exportent leurs bien/services.

    Vous avez donc deux solutions de bénéficier de l’immigration de masse. Si vous êtes fortunés, vous investissez dans les sociétés suisses qui offrent de jolis dividendes. Au cas où vous aspirations sont plus de gauche, vous trouver un poste dans une administration. Si vous êtes salariés pas de chance, ne comptez pas sur le PS pour

  8. Posté par Ueli Davel le

    Le canton de Vaud tire ses dernière cartouches. Le dernier communiqué de la chancellerie nous annonce qu’a son habitude tout va le mieux du monde chez lui. Si ca continue, on va devoir supprimer des postes de travail, car l’immigration est en voie de disparition dans Le cantonal. Tout les chiffres sont au vert en ce début février, que du bonheur. Y en a vraiment point comme eux. Mais pour plus de sûrter, allons voter OUI

  9. Posté par Kolly Gabriel le

    Monsieur Windisch,
    Comme toujours excellent.
    Avec Pascal Décaillet vous êtes les Winkelried du XXI siècle. Comme Winkelried en 1386 vous êtes en train d’ouvrir la brèche toute grande pour redonner à ce pays le droit de gérer lui-même l’immigration.
    Si le OUI l’emporte, ce qui est hautement souhaitable, cela constituera la plus grande claque de l’histoire à nos têtes de linotte du palais des bouffons de la capitale fédérale qui mentent depuis le début de la campagne.
    Avec mes encouragements et mes respectueuses salutations.

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