Je suis devenu partisan de la peine de mort. Je jure que je ne sais pas comment c'est arrivé, mais c'est arrivé. Maintenant, je rase les murs tant j'ai honte. C'est tellement incorrect ! Comment est-ce que j'ai attrapé ce microbe ? Je voudrais m'en débarrasser. Je voudrais au moins avertir les gens autour de moi que j'ai été infecté, comme les lépreux, au moyen âge, avertissaient les villageois avec une petite clochette. J'aurais bien voulu acheter une petite clochette pour prévenir mes semblables qu'un pestiféré s'approchait d'eux, mais je n'en ai pas trouvé.
Je fais quotidiennement des efforts pour changer et redevenir ce que j'étais avant, gentil avec les chiens, même les chiens méchants, et trois bises sur les joues des gens que je rencontre. En plus, chaque matin, je récite le bréviaire des droits de l'homme. Ensuite, j'organise dans ma tête un petit procès où je suis l'accusé, comme à Moscou... non, pas comme à Moscou, qu’est-ce que je raconte ? Je dis n'importe quoi... Bref, j'ai beau faire, rien n'y fait. Comme si quelqu'un me susurrait que la peine de mort, c'est très bien. Je n'arrive pas à résister à ce susurrement.
Si au moins je pouvais organiser un débat citoyen sur la peine de mort. Même pas nécessairement citoyen d'ailleurs. Un débat tout court. Je ne demande tout de même pas la lune ! Eh bien, c'est impossible ! Personne ne veut débattre de la peine de mort. Pourtant les statistiques nous disent que plus de 50% de la population est en faveur de la peine de mort. Au début, je ne comprenais donc pas pourquoi elle avait été supprimée. La population n'est-elle pas souveraine ? Et puis des éthiciens m'ont expliqué qu'il y a des principes sacrés sur lesquels le peuple n'a pas prise. Si le peuple votait qu'il faut tuer les nouveaux nés ou ceux qui vont naître, ce serait inacceptable, m'ont-ils d'abord expliqué. J'ai protesté en disant que la légalisation de l'avortement est tout de même un acquis de la civilisation et le fruit de la démocratie. Que ces législateurs ne sont tout de même pas comme le roi Hérode qui, justement, avait ordonné que tous les nouveau-nés fussent massacrés ! Les éthiciens se sont tordus les mains dans tous les sens et m’ont donné de longues explications. Je n'ai rien compris et je me sens toujours pestiféré.
Le soir j'ai des crises de panique et j'appelle mon chat... non, pas mon chat, mon chien. Les chats, y viennent pas. Donc, j'appelle mon chien. Il vient et je lui demande si je suis méchant. Au lieu de me répondre, il se met à gronder. Pas étonnant, les chiens sentent, quand une personne est méchante, et moi je suis devenu méchant, très méchant. Je mérite la mort. Heureusement que je suis partisan de la peine de mort. Je pourrai voter ma propre mort.
Jan Marejko, 30 janvier 2014
Je suis très hésitant a la fois c’est une mesure définitive de mise hors d’état de nuire ( et uniquement ça sauf à réintroduire les supplices); Mais cela pose les questions des erreurs judiciaires et des risques d’instrumentalisation politique ou de lynchage judiciaire ( pour calmer la foule)…Je ne sais plus quoi en penser…
Et les erreurs juridiques?
Et si quelqu’un était éliminé puis on trouve que c’était un erreur juridique…La vie a quand^meme plus de valeur que ça, ou bien?
Un vent froid m’a soufflé que la peine de mort est justifiée pour le monstre, le tout autre que soi, et que ce monstre n’est pas moi.
Mais si je suis pour la peine de mort est-ce moi?
Le mieux serait que la peine de mort existe mais que je sois contre, ainsi je garderai les mains propres.
Vous n’êtes pas le seul ! Pourtant je résiste, je ne veux pas mourir et je vais vous dire pourquoi. Parce que je suis indécrotablement curieux !
Les adversaires de la peine de mort sont tellement remplis de haine qu’ils infligeraient volontiers la mort aux partisans de la peine de mort. Et ils diraient que c’est par humanisme.
Heureusement que vous avez été accouché, vous auriez pu légalement vous exécuter.