Tordez le cou à l’égalité qu’on puisse réfléchir !….

Suzette Sandoz
Suzette Sandoz
Prof. honoraire UNIL

Je crois personnellement à la valeur essentielle de l’éducation des enfants par les parents et non pas d’abord par les crèches. Je crois aussi que les parents doivent être capables de décider comment ils veulent éduquer leur(s) enfant(s) – même si je regrette parfois la manière de le faire – mais, pitié, ne confondons par ce choix et la technique fiscale bien connue de la déduction pour frais d’acquisition du revenu !
Si l’on veut réellement lutter contre l’étatisation des enfants alors sans doute faut-il d’abord éduquer les parents…

Ce qui nuit le plus à la réflexion politique c’est probablement le dogme de l’égalité. D’une égalité d’ailleurs qui n’est que de l’égalitarisme arithmétique ou qui sert parfois de couverture à des options philosophico-socio-moralo-quelque chose. L’« initiative pour les familles » n’a malheureusement pas résisté à ce désolant travers. Selon les initiants, il faudrait voter « OUI à l’égalité en matière de déductions fiscales », pour « réduire les impôts pour tout le monde », « s’opposer à l’étatisation des enfants », « encourager la diversité des modèles familiaux et la liberté de les choisir » (arguments du comité d’initiative dans la brochure du Conseil fédéral). Tous les arguments faux sont ici réunis. Sachant que les parents qui assument eux-mêmes la garde de leur enfant – ou la font assumer gratuitement par les grands-parents – n’ont pas de frais d’acquisition du revenu, il n’y a pas de raison de leur permettre de déduire des frais qu’ils n’ont pas. Quant à affirmer que c’est la déduction fiscale qui permet de «lutter contre l’étatisation » et d’« encourager la diversité des modèles familiaux et la liberté de choisir », cela équivaut à réduire la liberté de choix des parents et la valeur de ce choix à une philosophie purement vénale. C’est ignorer en outre que ce choix est dicté par des impératifs multiples où la petite réduction fiscale joue un rôle totalement accessoire. La preuve peut d’ailleurs en être faite a contrario, puisque de nombreux parents avaient décidé de mettre leur enfant à la crèche bien avant que la déduction fiscale soit accordée et que des parents renoncent à un double salaire aujourd’hui déjà malgré l’absence de déduction pour garde des enfants à la maison.

Je crois personnellement à la valeur essentielle de l’éducation des enfants par les parents et non pas d’abord par les crèches. Je crois aussi que les parents doivent être capables de décider comment ils veulent éduquer leur(s) enfant(s) – même si je regrette parfois la manière de le faire – mais, pitié, ne confondons par ce choix et la technique fiscale bien connue de la déduction pour frais d’acquisition du revenu !

Si l’on veut réellement lutter contre l’étatisation des enfants alors sans doute faut-il d’abord éduquer les parents – mais ce n’est pas à l’Etat de le faire et encore moins par l’attrape-mouches de l’argent.

Il en va de l’« initiative pour les familles » comme du congé parental (maternel ou/et paternel), ce sont des moyens de publicité politique et partisane dénués d’une vraie réflexion concernant le rôle parental dans l’éducation et le besoin réel de l’enfant. Il s’agit d’une des formes modernes de récupération de l’enfant, simple enjeu financier privé de tout droit au respect de sa personnalité.

Suzette Sandoz

 

3 commentaires

  1. Posté par Cain_Marchenoir le

    Décidément si même Mme Sandoz se met à défendre des positions absurdes, on n’est pas sorti de l’auberge….Est-ce vraiment important de savoir que les familles qui gardent elles-mêmes leurs enfants n’ont pas de frais d’acquisition de revenu? Il y a bon nombre de choses hormis des frais d’acquisition de revenu que l’on peut déduire (3ème pilier…) alors pourquoi pas le fait de s’investir dans une carrière de mère ou de père au foyer profitable à l’ensemble de la société (on peut jeter un oeil aux statistiques de délinquance des enfants gardés par leurs parents ou non quand vous voulez…) plutôt que dans une médiocre carrière professionnelle dont le seul et unique avantage pourrait être de permettre à un employeur d’engranger un peu plus de profit….
    Ensuite, si l’idée selon laquelle fournir un cadeau fiscal à ceux qui font l’effort de s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants consiste à réduire la liberté de choix des parents à une philosophie purement vénal, je retiens aisément cet argument pour la prochaine fois où deux trois zozos libéraux viendront pleurnicher pour avoir des avantages fiscaux pour leur entreprise…Après toi, l’entreprise n’a-t-elle pas un rôle sociétal plus important que celui pathétique de faire du fric pour du fric à n’importe quel prix? Pourquoi diable s’intéresser à la philosophie purement vénal de ces rigolos de libéraux????
    D’ailleurs, soit dit en passant, ne vouloir considérer que l’aspect des « frais d’acquisition de revenu » comme légitime pour obtenir des déductions fiscales c’est bien là que réside la philosophie purement vénal: n’y a t’il pas d’autres raisons que les frais pour avoir droit à un cadeau de l’état?
    Je serai curieux qu’on se livre à une petite étude sociologique en partant de l’hypothèse suivante: les femmes dites « de droite » qui s’opposent à cette initiative le font parce qu’elles ont elles-même mauvaises conscience d’avoir abandonner leur gamin pour privilégier le monde professionnel et cette mauvaise conscience les incite à s’opposer à ce texte. Après tout, ne pas être seul est bien la consolation des damnés… Bien entendu, il ne s’agit là que d’une hypothèse, mais celle-ci mériterait d’être étudiée…

  2. Posté par Migy bernard le

    04 11 2013 // Comme il est bon de lire Mme Suzette Sandoz. Ici, loin du bruit des médias en général et leur manichéisme en particulier. Non au  » binaire  » ambiant et tout dans cette dialectique subtile. Merci chère Madame. B.Migy

  3. Posté par Michel de Rougemont le

    BRAVO!
    Et félicitations à LesOservateurs de publier cet article qui ne va pas dans la ligne du oui défendue par ce site.

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