Ils n’aiment guère s’étendre sur le sujet avec qui n’est pas du métier. Mais, entre eux, ils l’évoquent souvent. Menaces verbales, intimidations physiques, pressions, agressions plus ou moins graves, nombreux sont les avocats pénalistes à avoir vécu, au fil de leur carrière, des moments difficiles dans leurs relations avec les voyous qu’ils défendent.
Le procès des six hommes accusés d’avoir tenté d’assassiner Karim Achoui, et ce qu’il révèle du climat inquiétant que ses clients faisaient régner sur son cabinet, délie un peu les langues, même si les avocats ne veulent surtout pas qu’on les identifie à leur ancien confrère – il a été radié du barreau – et à l’exercice dévoyé qu’il faisait de son métier.
Tous l’admettent, les situations de violence se sont accrues depuis quelques années. « Il y a un vrai changement dans la relation entre avocat et client. Elle suit l’évolution de la société, confie Me Jean-Yves Liénard, qui a bâti sa réputation de pénaliste en défendant bon nombre de figures du grand banditisme. Nous travaillons avec une couche de la société où la violence a explosé. Il suffit de regarder le nombre de morts dans les règlements de comptes entre bandes. »
Pour les petits caïds de cités, souvent très jeunes, qui veillent sur leur part de marché dans le trafic de stupéfiants, « seul compte le rapport de force. Ce rapport se prolonge désormais avec l’avocat, comme avec le médecin ou le prof »,
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