La lame de fond des votations vient nettoyer les grands titres, exit Adeline, Lucie, Marie et autres victimes de l’incurie de nos administrations, les fonctionnaires de tout poil vont pouvoir souffler, ce qui est fort dommage, la discussion devenait intéressante.
Chaque fait divers tragique résonne d'appels toujours plus pressant à la loi du talion. Tandis que la gauche se rengorge, martelant un à un les articles d'une déclaration des droits de l'homme, qui sonnent toujours plus creux dans leur évidente incapacité à assurer les droits des victimes contre leurs agresseurs, d'autres, pour faire court, réclament la tête de ces derniers.
L'on n'est pas tout à fait certain que ces voix iconoclastes prennent toute la mesure de ce qu'elles font quand elle réclament un retour à la peine de mort, mais le simple fait de le faire comble tout à la fois un fantasme transgressif et la frustration de la domination idéologique de la gauche de cette dernière moitié de siècle. Le socialo-gauchisme a créé ses enfants capricieux et risque fort de rencontrer bientôt la virulence dont elle a accablé la génération précédente il y a quarante ou cinquante ans.
Indépendamment des conséquences, l'indignation de ces tombeurs d'idoles est tout à fait légitime, qui refuse avec colère la fatalité statistique voulant que de jeunes femmes violées et égorgées en série soient réduites au rang de "prix à payer" par un quarteron de fesses-mathieu incapables de réaliser la première tâche régalienne de l'Etat, l'ordre. Bien sûr, la presse impose le silence pour ne pas donner de mordant contre la main qui la nourrit - voire pire, sombrer dans des considérations thomistes qui diraient tellement plus que ce que l'on a entendu jusqu'ici - et rentre la tête dans les épaules le temps de laisser passer le grain jusqu'à la prochaine fois, et il y a toujours une prochaine fois.
Ces morts qui peinent
L'on prête à De Gaulle la reprise d'un mot d'Alphonse Karr en ces termes:
"La peine de mort ? je suis contre ! Messieurs les assassins, commencez les premiers !"
Auquel on pourrait ajouter, en l'accommodant un peu, celui du comte d'Anteroche à la bataille de Fontenoy:
"Messieurs (ou Mesdames) les victimes, tirez les premiers !"
Si le consensus sur un refus de la peine de mort ne semble guère compliqué à réaliser de nos jours, reste à étendre les conséquences de cet humanisme contemporain à toute l'humanité et à ne pas en réserver les effets aux seuls criminels. Ainsi pourrions-nous donc écrire:
"Refus de la peine de mort, Messieurs (ou Mesdames) les victimes, commencez les premiers !"
La peine de mort existe en droit suisse
Disons-le tout de go, la peine de mort figure toujours, de facto, au rang des mesures utiles prévues par notre ordre juridique, l'art. 15 du code pénal, celui sur la légitime défense, statuant en effet que:
"Quiconque, de manière contraire au droit, est attaqué ou menacé d'une attaque imminente a le droit de repousser l'attaque par des moyens proportionnés aux circonstances; le même droit appartient aux tiers."
Ce qui veut dire que chacun peut intervenir pour préserver le bien de la vie ou de l'intégrité physique, voire même matérielle, de quiconque. La seule condition à la pleine légitimité d'une réaction qui s'apparenterait à la peine de mort étant sujette à la nécessité de l'instant. S'il n'y a pas d'autres moyens pour sauver sa vie, alors la peine de mort est permise, elle en devient même un devoir.
Le principe de proportionnalité est d'ailleurs le meilleur, sinon le seul, argument des opposants à la peine de mort. Si le criminel est enfermé à double tour, la question de s'en prémunir par l'exécution capitale ne se pose même pas. Mais s'il en vient à être relâché, la question de la nécessité d'un recours à la peine de mort se pose derechef. Paradoxe s'il en est, la posture prétendument humaniste tendant à libérer quantité de prédateurs dans la nature est, le plus logiquement du monde, le premier combustible de la cause de la guillotine.
Ouvrir le droit à la légitime défense
De tradition, la Suisse a toujours tenu la préservation de son ordre public de l'action de sa population. L'armé de milice ne se présente plus, il fut même un temps, guère si lointain, dans quelques vallées alpines, où le service de police se faisait à tour de rôle; il en reste quelques traces aujourd'hui dans le service du feu. Cette façon de faire fondait la relation volontaire de la population envers l'Etat, relation d'égal à égal, libre et responsable.
Aujourd'hui, certains courants veulent éjecter le peuple des tâches pourtant éminemment sociales de la défense de la vie de ses membres et de leur patrimoine. Abolir l'armée, désarmer le citoyen, confier l'entier de l'appareil sécuritaire en mains de professionnels et donner la chasse aux parcmètres à fins de rééquilibrage des comptes publics. Outre le fait que cette façon de faire a pour première conséquence de monter le peuple contre ses gouvernants et de le faire sombrer dans une irréductible défiance, elle a pour effet de défaire irrémédiablement le citoyen de l'idée de son rôle dans la construction de la société et, partant, de disloquer les citoyens les uns des autres. L'homme n'est plus acteur du monde dans lequel il vit, il n'est plus libre, il le subit, avant de chercher à le combattre.
Rendre sa dignité à l'homme, c'est avant tout lui rendre les outils, les "moyens" dit l'article 15, de garantir sa liberté, le restaurer dans le sentiment que l'Etat lui fait confiance et le traite au rang de partenaire. Or l'Etat actuel, perclus d'une idéologie hégémonique et malsaine, s'est mis à craindre son propre peuple comme on ferait d'un chien battu qui tire sur sa chaîne et qui gronde. Ne reste, comme solution, que de le battre encore plus ou de fuir. Pour creuser le fossé de cette dépendance, l'Etat semble, parallèlement au désarmement du citoyen, oeuvrer à la précarisation de la sécurité pour que le peuple accepte toujours plus de réduction de ses droits en échange de sa survie. Il a relâché les pires prédateurs de l'homme pour que celui-ci se livre toujours plus corps et biens jusqu'à s'abandonner, lui, sa liberté, ses droits. Voilà comment la social-démocratie nous ramène tout lentement vers le servage, servage fiscal, moderne, mais servage tout de même.
Que faire ?
Silvio Berlusconi avait fait scandale, il y a quelques années, dans la presse romande, en autorisant tout honnête citoyen à ne pas s'interroger indéfiniment sur la raison de la présence de cambrioleurs à son domicile et à prendre, sur le champ, les mesures défensives qui s'imposent naturellement en pareille circonstance.
L'on sait aujourd'hui, à l'aune de la réponse que la Conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga vient de faire aux demandes de réformes du code pénal, que la gauche fera tout pour en empêcher la réalisation et rendre un semblant de sécurité à son peuple. Il en sera de même, nous le verrons très prochainement, pour la réforme tant attendue des jours-amende. La population se retrouve donc seule.
Puisque le gouvernement a fait la preuve, en de multiples occasions, de sa volonté avérée de ne pas garantir la sécurité du citoyen, il doit au moins lui concéder deux choses: Garantir le droit des victimes de ne pas mourir et leur donner, en conséquence, les moyens de défendre leurs propres dignité et intégrité.
Puisque l'Etat ne s'interpose plus, victimes et bourreaux doivent au moins pouvoir lutter à armes égales. Ainsi, la question d'un plus large accès à un armement défensif efficace se pose avec la plus extrême urgence.
Or, nous l'avons dit, le régime actuel craint un peuple trop libre et se défie de lui. Un peuple rendu capable de se défendre représenterait un danger pour lui au même titre que pour son agresseur. Un refus est à ce point certain que personne n'ose même formuler la demande d'un accès élargi aux conditions de la légitime défense. Mais est-ce alors convenir que l'un et l'autre ne font qu'un ?
Rien que de se poser cette question est faire le constat de l’échec des autorités à qui la population délègue le mandat de la protéger (et pour lequel elle paye des impôts).
Le laxisme croissant des derniers 40 ans, les idéologies gauchisantes considérant toujour l’agresseur comme “la victime de la société” et donc jusifié de ses actes, ont complêtement paralisé l’autorité de nos forces de poloce et judiciaires. Pas complètement, pourtant. Leur autorité est déployée avec force, à la limite de la violence sur cette partie de la population qui ne se révolte pas. Pensez aux infractions du code de la route. La criminalisation du citoyen est immédiate: sanction pénale, administrative, inscription au casier judiciaire d’infractions qui souvent, n’ont materiellement mis en danger direct personne. Soyons honnêtes, n’avez-vous jamais croisé un panneau 80 km/h sur un tronçon d’autoroute avec 2 voies dégagées et droit comme la piste d’un aéroport?
En même temps, ce citoyen, se fait cambrioler dans la voiture (en plein centre ville), apprend que dans son quartier, 2/3 des voisins se sont fait “visiter”, n’ose pas laisser sortir ses adoléscent en ville car ce serait les exposer aux vendeurs de mort ou à des bagarres de rue.
Et s’il lève un doit accusateur à l’intention des potentiels responsables de cette insécurité réelle, il est accusé de fermeture d’esprit, de racisme, d’intolerance, voir de fascisme.
Il y en a marre.
Je ne souhaite pas que nos enfants, un jour, révendiquent la charia comme seul cadre pouvant leur donner un sentiment de sécurité!