Après avoir usé et abusé de la taxation, émus par la grogne, les politiciens reconnaissent qu’il y a, comme ils disent vulgairement -mais ils sont vulgaires-, un ras-le-bol fiscal. De Cahuzac en son temps, à Moscovici, Le Roux et Sapin, c’est à qui répétera que l’on a trop demandé à l’impôt. Ce n’est même pas l’hommage du vice à la vertu, c’est pire, c’est une manipulation de l’opinion publique destinée à faire passer ce que demande Olli Roehn, le Maître européen, des coupes dans les dépenses.
Nous ne sommes absolument pas contre les impôts. Nous faisons un effort considérable pour être pour le financement des dépenses publiques. Cela nous coûte, car au fond de nous, nous récusons à quiconque le droit de confisquer une partie du produit de l'activité des autres, que ce soit pour les dépenses souveraines régaliennes ou pour un minimum de répartition. Mais la société civile, qui, dans notre optique, est le seul guide, la société civile demande un minimum d’assistance, de sécurité et d'égalité. Donc nous nous inclinons, c'est le prix à payer pour vivre en société. En attendant que le balancier social s'inverse et refasse la part belle à l'individu, nous admettons qu'il existe une tendance à toujours demander plus à l'Etat et cette demande doit être financée. Bref il existe une tendance au socialisme, à la socialisation. Nous le précisons et répétons, en attendant que, les excès étant devenus insupportables, un mouvement de ré-émancipation de l'individu se dessine.
Nos différentes Constitutions reconnaissent à l'unanimité, avec des variantes de formulation, quatre droits imprescriptibles, ce sont l'Egalité, la Liberté, la Sureté, la Propriété. En particulier, la plus radicale d'entre elles, celle de 1793. Si la propriété est un droit imprescriptible, cela veut dire que lorsque vous êtes taxé, on vous prend votre bien, le vôtre, celui qui vous appartient. Toute argutie qui consiste à dire mais ce bien ne vous appartient pas vraiment, c'est grâce à la société que vous l'avez, est nulle et non avenue. Les constitutions reconnaissent le droit de propriété, ce qui est à vous est à vous et non pas à l'Etat ou à la Société en général. Nous ne sommes pas dans le cadre marxiste où l'on considère comme Obama ou les socialistes que ce que vous avez, vous ne l'avez pas gagné, c'est la société qui vous l'a octroyé et donc que cette société peut aussi vous le reprendre.
Non, nous sommes encore dans le cadre bourgeois.
L'impôt est une atteinte au droit de propriété sauf s’il est accepté. C'est le sens de toutes les contorsions intellectuelles qui justifient les pouvoirs de l'Etat par une sorte de contrat social. Il s'agit d'inventer une fiction, le contrat social, pour donner une apparence de consentement à ce qui est une extorsion. Pourquoi pas? Il faut bien des mythes, des croyances ou des illusions communes, pour vivre ensemble. Mais au moins entretenons la fiction, faisons comme si nous n'étions pas dans le règne de la force et de l'abus de pouvoir, jouons le jeu de la fiscalité participative, équilibrée.
L’Etat n'existe pas. Personnellement je ne l'ai jamais rencontré: Tout ce que je connais, ce sont des hommes comme vous et moi. Même chose pour le gouvernement, ce sont des hommes. Même chose pour les fonctionnaires, ce sont des hommes. Et tout est à l'avenant. La vie en société est un ensemble de rapports entre les hommes et non pas un rapport entre les hommes et des abstractions.
De même que la vie économique et financière est un ensemble de rapports entre les hommes et non entre les choses, entre les hommes et non entre des produits et des artéfacts. Quand je me fais taxer pour rembourser les dettes des banques et celles des gouvernements, je me fais taxer par des hommes qui ont un train de vie, qui jouissent, qui paradent. Même chose quand je me fais tondre par les marchés, derrière l'ordre de Bourse, il y a une institution et derrière cette institution, il y a des gens qui gagnent beaucoup d'argent, qui ont des voitures avec chauffeurs, qui touchent des bonus et qui paient peu d'impôts en général.
Lorsqu'un Sarkozy, un Cahuzac, un Woerth, un Hollande, un Moscovici, un DSK, une Lagarde commettent une bêtise, alors émerge la vérité, on s'aperçoit que, derrière, il y a toujours des individus en chair et en os avec leurs faiblesses, leurs insuffisances. On prend conscience de la réalité: nous sommes conduits par des gens comme nous, souvent pire que nous, puisqu'ils ont dû déployer plus de vilenies, plus d'efforts douteux, pour parvenir là où ils sont. Plus le singe monte haut et plus on voit son c.l et il n'est jamais propre.
Ces gens se permettent de vous confisquer une partie de votre propriété, de vous culpabiliser, de vous contrôler, de vous épier, de vous faire passer pour des voleurs, pour de mauvais citoyens. Ils utilisent la force, la violence, la propagande, la manipulation, le bouc émissaire, pour parvenir à leurs fins. Ils mentent, truquent les chiffres, tordent la vérité. Ils ne rendent pas de comptes, voilà le grand mot. Les Chambres sont Chambres de copains et de coquins, Chambres d'enregistrement, nommés par le Parti en vogue ou mieux, le Président quand ils sont parachutés, suivez mon regard. Le Conseil Constitutionnel, c'est eux, cooptés. La Cour des Comptes, c'est encore eux. Le Conseil Economique et Social, ce sont les anciens, mais toujours dévoués larbins. La Presse, ce sont les obligés réunis des subventions, de la publicité des grandes firmes, des banques. La Presse est tenue par l'accès aux sources, l'accès à sa matière première.
Rien.
Personne ne contrôle ces gens, ne pointe leurs erreurs, leurs fautes et surtout leurs dépenses.
Les leurs et celles, bien plus colossales, qu'ils engagent. Nous réclamons sur eux, un droit symétrique de celui qu'ils ont sur nous. Après tout, le souverain, c'est nous, n'est-ce pas!
Ils ont décidé, car ils ont vidé les caisses au fil des décennies et accumulé les dettes, que vous deviez payer plus, que vous deviez être transparent, mettre tout à disposition. Ne serait-il pas normal qu'un nouveau contrat soit signé et que, solennellement, il soit dit: les citoyens doivent avoir la possibilité de contrôler directement, de vérifier, d'apprécier l'usage qui est fait de la propriété qu'on leur demande d'abandonner. Ne serait-il pas normal de compléter les institutions, comme on complète le corps des contrôleurs fiscaux, de compléter le corps des contrôleurs du peuple sur le gouvernement, l'Etat, les fonctionnaires, sur tout ce qui a le pouvoir de dépenser l'argent des autres, votre argent? Une instance nommée par personne d'autre que le peuple souverain, sans intermédiaire, autorisée à assigner les pouvoirs, à les forcer au débat, à fouiller dans leurs comptes, s'assurer que les dépenses sont justifiées, efficaces.
Redevenu partenaire de l'impôt et de la dépense, garant rigoureux du bon usage de ce qui est prélevé, le peuple souverain, n'en doutons pas, se réconcilierait avec la fiscalité, on ferait un pas vers, cette fois, un vrai contrat social.
Nous terminerons par cet extrait du Contrat Social de Rousseau, le Maitre-à-ne-pas-penser des socialistes, lisez-le, dégustez- le, tournez le dans tous les sens, il est riche:
« Celui qui ose entreprendre d'instituer un peuple doit se sentir en état de changer pour ainsi dire, la nature humaine, de transformer chaque individu, qui par lui-même est un tout parfait et solidaire, en partie d'un plus grand tout dont cet individu reçoive en quelque sorte, sa vie et son être, de substituer une existence partielle et morale à l'existence physique et indépendante. Il faut qu'il ôte à l'homme ses forces propres pour lui en donner qui lui soient étrangères et dont il ne puisse faire usage sans le secours d'autrui. Contrat Social Livre II. »
Toute similitude avec le Projet Socialiste de créer une société nouvelle par l'impôt ne peut être que fortuite.
Bruno Bertez
Et vous, qu'en pensez vous ?