Raphaël Baeriswyl, avocat au barreau de Genève, se fait un nom avec un petit fascicule, le Pacte des idoles.
Extraits:
"2 Idoles
2.1 La notion d’idole
2.1.1 Les idoles sont les valeurs auxquelles une société sacrifie des vies humaines (13). Cette définition n’est pas imagée, et elle ne tire rien de l’hyperbole. Le sacrifice est réel et sanglant. Il est total. Il affecte toutes les valeurs qu’une société déclare pourtant inviolables, et il n’épargne jamais ses enfants. On croit souvent qu’Abraham fut exceptionnel pour avoir été prêt à sacrifier son fils, alors que l’histoire enseigne qu’en réalité, sacrifier ses enfants à une idole est d’une triste banalité. Au contraire, ce qui fait d’Abraham un homme d’exception, c’est d’avoir été touché par la grâce de comprendre que contrairement aux idoles, Dieu ne demande pas de sacrifice humain.
2.1.2 Toute société humaine sacrifie réellement des vies humaines. En fonction des époques, les idoles changent. Et il serait plus juste d’ailleurs de dire que ce sont les époques qui changent en fonction des idoles qu’elles se donnent.
2.1.3 Toute société humaine cherche à dissimuler sa propre violence, et y parvient si bien qu’elle est persuadée de ne pas avoir d’idole et qu’elle ignore toujours le nom de son idole.
2.1.4 En dépit de la prodigieuse capacité de dissimulation des sociétés humaines, cette ignorance n’est plus possible dès que le culte de l’idole (et la violence perpétrée en son honneur) sont devenus trop visibles et qu’ils sont pratiqués à trop grande échelle. Arrive alors le moment où l’idole se noie dans le sang des victimes qui lui ont été sacrifiées. Dans l’écœurement et la nausée que produit l’abus de sang versé, la société assiste alors à la mort de son idole.
2.2 Le Pacte des Idoles
2.2.1 Dès qu’une idole est déchue, la société se rend compte des crimes qu’elle a commis en son nom. Elle peut commencer, sans risque, à s’opposer dans un combat chimérique au règne qui a déjà pris fin. Mais loin de favoriser l’avènement d’un monde meilleur, cette focalisation sur l’idole déchue facilite l’accession au trône de la nouvelle idole régnante, qui peut avoir lieu dans une parfaite indifférence.
2.2.2 A sa mort, l’idole déchue prend sur elle les reproches qu’elle aurait dû recevoir durant son règne, ou qui devraient s’adresser, au moment où ils sont formulés, à la nouvelle idole régnante. Car les idoles ne sont jamais blâmées pour leurs crimes en temps utile. L’idole déchue accepte de couvrir l’idole régnante, à la manière d’un père mourant qui se ferait passer pour l’auteur des crimes de son fils.
2.2.3 Ainsi, aucune idole régnante n’est appelée à répondre de ses crimes. C’est seulement une fois qu’elle est déchue que l’on s’en prend à elle, et qu’elle accepte de cumuler sur elle tous les torts, alors que la nouvelle idole régnante, elle, échappe pour l’heure à tout reproche. Le règne paisible des idoles est possible grâce à ce Pacte des Idoles, selon lequel la succession est assurée par la transposition des reproches d’une idole à l’autre, ce dont résulte qu’aucune idole régnante n’a, de son vivant, à répondre de ses méfaits, et des crimes qui sont commis en son nom.
2.3 Le "politiquement correct" comme dépositaire du Pacte des Idoles
2.3.1 Le "politiquement correct" est l’expression même, la réalisation même du combat chimérique qu’une société mène contre son idole déchue. En effet, le "politiquement correct" ne s’attaque jamais à l’idole régnante, mais il s’attaque toujours à l’idole déchue. Il ne s’agit pas de nier le danger que pourrait représenter l’idole déchue, seulement de mettre en lumière la prodigieuse disproportion entre l’horreur qu’inspire l’idole déchue, morte, par rapport à l’indifférence dont bénéficie l’idole régnante, qui, elle, est bien vivante et reçoit, encore, des sacrifices humains.
2.3.2 Le "politiquement correct" tire sa force du décalage entre le culte et le reniement de l’idole. Il joue le jeu des idoles en brouillant les cartes. Il est en fait le dépositaire du Pacte des Idoles, l’exécuteur testamentaire des idoles déchues. Il n’y aurait pas d’idoles sans le "politiquement correct", ce mécanisme qui garantit la continuité du règne des idoles en assurant à la nouvelle idole régnante la paix et l’indifférence dont elle a besoin pour régner.
2.3.3 Surtout, le "politiquement correct" occupe tout le terrain de la conscience d’une époque pour que personne, à cette époque, ne puisse soupçonner l’existence de l’idole régnante. Le combat du "politiquement correct" n’est pas un combat honnête, mais une simple diversion, un alibi. C’est pour cela que les combats du "politiquement correct" sonnent toujours un peu faux et que ses champions manquent si souvent de crédibilité.
2.3.4 Selon le Grand Inquisiteur de Dostoïevski, "seul peut s’emparer de la liberté d’un homme celui qui donne la paix à sa conscience". Le "politiquement correct" a réellement pour fonction de donner la paix à notre conscience. Il anesthésie nos consciences en se focalisant, et en nous flattant, sur notre résistance à des idoles qui n’ont plus la capacité de nuire. Ainsi nous pouvons croire que nous n’aurions jamais commis les crimes de nos pères, et nous complaire dans l’idée que nous sommes d’incorruptibles gens de bien.
Note:
(13) Une valeur est un critère de décision, selon la définition (axiologique, et non morale) proposée dans Use and Perception of Violence (accessible sous http://www.anthropoetics.ucla.edu/ap1303/1303baeriswyl.htm). Doit donc être admis au rang d’idole tout critère dont le poids, dans une prise de décision, dépasse celui d’une vie humaine. Dans le système axiologique d’une société, une idole est une valeur à laquelle ladite société sacrifie des vies humaines.
[...]
3.5.4.2 Les autorités morales sont donc pleines de courage pour dénoncer les crimes commis au nom de l’idole déchue. Elles sont muettes lorsqu’il s’agit de combattre les sacrifices offerts à l’idole régnante. Le meilleur moyen d’éviter que le pire se reproduise ne peut pas être de s’émouvoir des crimes d’une idole déchue. Ce serait, davantage, d’avoir le courage de dénoncer l’idole régnante d’aujourd’hui.
3.5.4.3 Lorsque l’horreur est évoquée a posteriori, tout le monde souligne sa banalité. Mais c’est toujours pour s’étonner que d’autres, dans d’autres circonstances que les nôtres, aient commis des crimes collectifs ou en aient toléré la commission. Les nombreuses études qui ont été faites sur les individus impliqués dans les crimes du nazisme, ou dans le génocide rwandais, relèvent systématiquement leur caractère normal et banal. On aimerait imaginer des monstres, et l’on est choqué de voir que les gens qui ont participé au massacre, et même ceux qui s’y sont distingués, sont tout à fait normaux. Mais il ne vient à personne l’idée que notre société – toute normale qu’elle soit – puisse précisément, elle aussi, se rendre coupable de crimes collectifs.
3.5.4.4 Pourtant, comme l’idole nationaliste avant elle, l’idole individualiste tombera. Il est même probable que le degré d’horreur devienne visible dans un avenir relativement proche.
[...]
4.2 L’Eglise catholique comme force anti-mimétique
4.2.1 Les thèses de René Girard permettent de comprendre que l’Eglise catholique est une force anti-mimétique. La révélation chrétienne est d’essence anti-mimétique. En sus de l’enseignement qu’elle diffuse, l’Eglise catholique est anti-mimétique par la conception même qu’elle a de sa propre existence et de sa propre identité, qui s’inscrivent dans la tradition. Par tradition, je n’entends pas un ensemble de règles ou de pratiques (qui seraient le résultat d’un processus), mais, au contraire, le processus lui-même, le cheminement qui assure la permanence de l’identité de l’Eglise catholique dans l’histoire.
4.2.2 L’Eglise catholique a de sa propre existence, et de sa propre identité, une compréhension qui n’est pas celle qu’ont d’elles-mêmes les autres églises, ou d’eux-mêmes les Etats. L’Eglise catholique se conçoit comme une personne en l’existence surnaturelle de laquelle ses fidèles sont censés croire. Les autres églises relèvent de la catégorie des agrégats, c’est-à-dire des ensembles spatio-temporels (par exemple l’ensemble des membres de l’Eglise protestante de Genève au 1er janvier 2012). Il ne s’agit pas d’établir de hiérarchie, mais seulement de prendre acte de ce que chaque église dit à son propre sujet.
4.2.3 La permanence de son identité à travers les siècles conditionne la manière dont l’Eglise catholique peut considérer sa propre histoire, histoire dont elle ne peut jamais se délester du fardeau. Elle ne peut pas se renier elle-même, ni répondre à de vieux reproches en se défaussant sur les circonstances ou les standards de l’époque. Lorsque se lève une tempête liée à une responsabilité historique, les Etats présentent des excuses symboliques (c’est-à-dire de fausses excuses) au nom d’un gouvernement qui n’existe plus et qui n’est plus légitime aujourd’hui, les églises réformées sont dans une position similaire, dépourvues d’un organe qui puisse endosser valablement la responsabilité du passé. L’Eglise catholique, en revanche, ne peut se désolidariser d’elle-même. Elle est là pour recevoir des coups qui n’ont rien de symbolique, ce qui est sans doute un signe de son existence particulière – ubicumque fuerit corpus illuc congregabuntur aquilae, en quelque sorte.
4.2.4 Cette existence particulière hausse le niveau des exigences auxquelles l’Eglise catholique doit satisfaire. Elle conditionne la manière dont elle peut agir. Tel gouvernement, ou telle église réformée peuvent bien se plier à la dernière mode – rien dans leur nature ne les en empêche et, de surcroît, ils ne seront plus là pour rendre des comptes quand, dans trois siècles, aura tourné le vent de la mode. Mais ce constat – qui pourrait servir de base à une sorte de "calcul" stratégique s’il s’agissait d’atteindre un succès terrestre – n’est pas la cause de l’attitude de l’Eglise catholique. Il est seulement la manifestation d’une particularité dans la nature de l’institution qu’est L’Eglise catholique. Elle ne peut se complaire dans la légèreté ou la frivolité du monde car elle ne vit pas que pour l’instant – elle chemine dans le monde et se sait, en tant que personne appelée à une existence
éternelle, spirituellement engagée dans une autre vocation. Son action dans le monde est soumise à la réfraction que subit un bâton plongé dans l’eau. De part et d’autre de la surface, elle semble toujours en décalage, et quelque peu égarée. C’est que sa nature la place sur un autre plan que les institutions humaines.
4.2.5 Située sur un autre plan, l’Eglise catholique ne se voit comme la rivale d’aucune autre église (avec laquelle on voudrait la placer en compétition), et elle n’entre jamais en rivalité avec elle-même (tel pape acceptant telle nouveauté sous prétexte que son prédécesseur en aurait accepté une autre) dans une logique humaine de progrès temporel qui obéirait nécessairement à un agenda civil. Les commentateurs qui s’imaginent que l’Eglise
catholique devrait (et même pourrait) évoluer en phase avec la société se fourvoient totalement sur son identité. L’Eglise catholique ne serait pas à sa place, elle ne serait pas elle-même, si elle prenait part au tourbillon du monde. C’est pourquoi elle se tient toujours en retrait et s’oppose à tout emballement. C’est une attitude qui participe nécessairement de son identité.
4.2.6 Parmi les particularités anti-mimétiques évidentes de l’Eglise catholique, on peut citer les suivantes :
(i) Le célibat des prêtres, et de la plupart des religieux et religieuses, assure que ceux-ci ne soient jamais dans une position de rivalité légitime avec d’autres hommes ou femmes.
(ii) Les communautés monastiques (grâce aux règles monastiques qui ont consacré les vœux de stabilité, de pauvreté, et d’obéissance) se placent à l’écart du tourbillon mimétique du monde, en particulier en ce qui concerne les habitudes de consommation et l’idée d’une conformité nécessaire à tout nouveau modèle proposé
par les évolutions sociales.
(iii) Le respect de la hiérarchie, l’humilité et l’obéissance interdisent qu’une charge ne se conçoive comme une prérogative individuelle. La personne, homme ou femme, qui se croit par exemple titulaire du droit subjectif privé de devenir prêtre, s’inscrit dans la logique de l’assouvissement d’un désir qui est contraire au message évangélique.
(iv) Par l’indissolubilité du mariage, elle rend illégitime tout désir en dehors du mariage et limite ainsi le cercle des rivalités légitimes tout autant qu’elle protège la personne mariée.
4.2.7 Est-ce un hasard si toutes les propositions "modernes" tendant à réformer l’Eglise catholique cherchent à la soumettre à davantage de rivalité, et à mieux l’exposer aux forces du désir mimétique ? Abandon du célibat des prêtres, possibilité d’ordonner des femmes, négation de l’indissolubilité du mariage, contestation de la primauté du pape, sape de l’idée d’obéissance librement consentie à une autorité, ridiculisation de l’état monastique : de toute évidence, ces menées "modernes" s’en prennent, précisément, aux caractéristiques anti-mimétiques de l’Eglise catholique et elles portent, on ne peut plus visiblement, le sceau de l’idole individualiste contre laquelle la société et les forces du "politiquement correct" souhaitent que l’Eglise catholique abandonne son combat. Si
l’Eglise catholique entend rester fidèle à sa mission, elle a donc raison de décliner ces propositions.
4.2.8 Cette fidélité à la mission est le seul critère valide, et le seul pertinent sous l’angle spirituel. Mais – c’est un comble – même l’application des critères inopérants avancés par les "modernes" ne peut que conforter l’Eglise catholique dans sa position. En effet, si l’on se place sur le plan social et terrestre (qui est celui sur lequel les "modernes" prétendent faire la leçon à l’Eglise catholique), il faut bien admettre qu’aucune des propositions
"modernes" n’a produit, dans les églises qui les ont expérimentées, les retombées sociales que les "modernes" lui font miroiter. Les temples réformés de Suisse ou d’Allemagne et les églises de la Church of England sont encore moins fréquentés que les églises des catholiques. Les églises réformées, il est vrai, subissent moins d’attaques que l’Eglise catholique. Mais l’indifférence dans laquelle elles sont tombées est-elle préférable
à ces attaques ? Et ces attaques ne sont-elles pas la conséquence de l’insigne courage dont l’Eglise catholique fait preuve dans son combat contre les idoles ?
4.3 Relation entre l’Eglise catholique et le "politiquement correct"
4.3.1 Peu portée sur le subjectivisme, le relativisme et le positivisme qui sont les moteurs de la modernité occidentale, consciente, comme aucune autre entité, des dangers du mimétisme, l’Eglise catholique a peu de chances de commettre les mêmes erreurs que la société occidentale. Instinctivement, elle se comporte de façon anti-mimétique et se tient en retrait. On raille son incapacité à s’adapter. A y regarder de plus près, on constate
qu’elle tient tête aux idoles.
4.3.2 L’Eglise catholique est toujours seule face à l’idole régnante. En cela, son action se situe à l’exact opposé du "politiquement correct" : alors que le "politiquement correct" concentre ses reproches sur l’idole déchue, permettant ainsi à l’idole régnante de se gorger paisiblement du sang de ses victimes, l’Eglise catholique a le courage, elle, de s’élever contre l’idole régnante.
4.3.3 Dès lors, logiquement, le rapport entre la société et l’Eglise catholique s’inscrit dans le schéma suivant :
(i) la société s’oppose à l’Eglise catholique lorsque celle-ci s’élève contre l’idole régnante, car aucune société ne tolère que l’on désigne son idole (c’est l’habituel reproche selon lequel l’Eglise catholique ne serait "pas en phase" avec son époque, ou qu’elle serait "déconnectée de la réalité"),
(ii) dès que l’idole régnante est déchue, le "politiquement correct" ose enfin mener campagne contre l’idole déchue, alors que de son côté l’Eglise catholique se désintéresse de l’idole déchue et a déjà tourné son attention vers la nouvelle idole régnante,
(iii) fâchée que l’Eglise catholique s’en prenne de nouveau à son idole régnante, la société s’oppose derechef à l’Eglise catholique, dont elle cherche à décrédibiliser le combat en lui reprochant cette fois, en sus d’une prétendue déconnexion de la réalité, de ne pas avoir suffisamment combattu la première idole, aujourd’hui déchue.
4.3.4 C’est à la lumière de ce schéma que l’on comprend pourquoi – parmi les croyants de toutes les dénominations – seuls les catholiques peuvent être attaqués sans que le "politiquement correct" ne les protège. A mon sens, le "politiquement correct" est ainsi démasqué comme l’allié des idoles, puisqu’il refuse sa protection – précisément – à la seule entité qui ose combattre l’idole régnante."
Source
Cet article est ancien mais je rajoute tout de même une observation.
Le sacrifice est sanglant aujourd’hui encore : on oublie les victimes de l’avortement au nom du bien être de la mère qui devient à son tour victime
Les idoles sont effectivement très puissantes, même si, aujourd’hui, elles ne demandent pas du sang. Elles se contentent de tuer les esprits.
Le point 2.1.1 mentionne Abraham! Waow! Superbe! Les uns voient en Abraham la foi manifestée par une obéissance aveugle. Et les autres un salaud de Dieu et un salaud de père! Mais qui voit l’invitation à renoncer au fils? À le désinvestir? Ce qui est tout le contraire de l’éducation de merde! Qui ne fabrique que des révoltés et des fuyards! Des mecs qui ignorent tuer leur père! Des orphelins, et apatrides qui plus est. Ce qui revient au même! Ou alors des idolatres! J’ajoute que cette histoire, figée dans le texte et sacralisée dans le religieux, ils nous est offert à tous de la vivre! Mais qui nous met sur la piste de l’intelligence de ce texte? Ni Billy Graham, ni Paul VI, ni personne. Sauf Marie Balmary! Et c’est un cadeau d’avoir reçu de la lire! Je vous y invite! N’importe lequel de ses livres vous mettra en bouche! Et vous ne regretterez pas les autres!
Le développement de Rapahël Baeriswyl est bien ficelé. Toutefois un pont me chiffonne! C’est le côté “sanglant” de son observation! En effet, dans le point 2.1.1 il écrit “le sacrifice est réel et sanglant”. Donc, au point 2.3.4, dans la note, quand il écrit: “dans le système axiologique d’une société, une idole est une valeur à laquelle ladite société sacrifie des vies humaines” nous devrions en inférer que le sang a coulé! Or, pour le moment, la bien pensance n’a pas fait couler de sang, dans nos sociétés! Le sang est démonstratif. Il se voit! La foule assiste à la mise à mort! Mais voici où je veux en venir! Le sang ne coule pas mais le sacrifice n’en est pas moins réel! Ce qui signifie, à mes yeux, que lorsque on dédaigne une parole sage, avec suffisance, on tue le sage! Considérez la joyeuse arrogance des ministres français, leur suffisante assurance, leurs opposants ne sont-ils pas déjà morts? Nuls et non avenus!
Tout d’abord, en cherchant Baeriswyl sur Google, je trouve un blog de la TdG, Civitas, qui commente le texte de Rapahël! Brillant. Je vous le recommande.
Ceci écrit, voici ce que m’inspire le titre et les premières lignes.
Les idoles renvoient à l’histoire de Gédéon! Cette espèce de macaque asocial qui souilla les poteaux sacrés, tout ce que vénérait la société! Tout ce qui représentait Dieu pour cette société! Un tagueur? Je ne sais. Mais il avait foulé au pied ce que tous vénéraient. Or son père était un notable. Dont les pères lui reprochèrent les actions de son fils! Fut-il le premier a exiger une loi ferme pour sanctionner les actions de son rejeton? Non! Étonnement! Voici ce qu’il dit! Si Dieu est offensé, laissez le punir le fautif! Je dois citer ici le psychiatre zurichois, Von Orelli, qui a désigné en ce père un modèle de non-investissement narcissique! Ce qui nous ramène à l’idole!
Cette statue d’airain pleine de chabon incandescent dans la gueule béante de laquelle on jette les enfants, les premiers-nés. Ici j’ouvre une parenthèse questionnante: pourquoi les premiers-nés? Ce sont eux que pharaon extermine, et eux encore que la dixième plaie frappe. La question étant ouverte je referme la parenthèse.
Pourquoi le peuple sacrifie-t-il ses enfants, ses premiers nés? Pour obtenir les faveurs du Dieu, de bonnes récoltes et…. des lendemains qui chantent! Or, j’ai lu, il y a quelques années et aujourd’hui, que nos enfants sont notre avenir! Donc, un investissement! Quoi d’autre? L’idole est donc représentative du désir, et dispensatrice de l’objet du désir. Désir bien légitime pourtant. Qui contestera le désir de paix? Et le besoin de se nourir dans le désert, justifie-t-il la contestation et la révolte? C’est bien là le point crucial du problème! La paix! À n’importe quel prix? Au prix même de la vérité! La paix dont les enfants sont investis, gavés dès la crèche!
Ne faites pas passer vos enfants par le feu, dit l’Écriture! Nous ne faisons pas cela! Il n’y a pas de statue d’airain dans notre belle civilisation! Mais qu’est donc ce feu? Sinon un faisceau d’exigences qu’aucun de ceux qui les louent, chantent et professent ne sont capables de mettre en pratique! Aucun!
Il est écrit: “malheur à celui qui se condamne dans ce qu’il approuve”. Pourquoi diable pense-je soudain à BHL?
Dès les premières lignes je chante: génial! Hors du lot! J’y reviens sans tarder.