Le fossé entre médias, intellectuels et peuple : ça s’aggrave !

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Le 1er août : un révélateur privilégié.
Il est aussi l’occasion d’un regard rétrospectif-prospectif.
Faut-il s’étonner d’un fossé bien réel entre intellectuels, journalistes et la population si chercher à redonner confiance et envie de se battre le jour de la fête nationale n’est que du populisme, rhétorique pathétique, images éculées, etc ?

Au petit matin de ce jour férié, à 7h35, « notre » radio a comme invité un professeur d’histoire de l’Université de Genève : François Walter, qui enseigne notamment  l’histoire suisse. Le choix semble donc tout  indiqué.

La discussion va cependant très vite tourner autour du marathon des neuf discours que prononcera le Président de la Confédération dans toutes les régions du pays ( j’avais suggéré, il y a quelques années, une chose semblable en proposant que les sept conseillers fédéraux fassent une chose semblable au même moment dans sept lieux emblématiques de la diversité du pays). Cette année le Président de la Confédération, Ueli Maurer réalise un tel projet à lui tout seul, aidé par un hélicoptère de la Confédération, que l’on ne peut sans doute pas lui refuser en tant que primus inter pares et cela d’autant plus que ces heures sont prises sur celles  de l’entraînement obligatoire des pilotes.

Bref un tour de force et qui le réalise ? Ueli Maurer, le Conseiller fédéral tant critiqué pour ne pas dire détesté par les médias et les intellectuels. Et le succès est total, énorme même. Il parle en vrai patriote populaire, sans se forcer, puisque c’est ce qu’il est réellement. Partout il est applaudi, les gens se précipitent, veulent le voir de près, le féliciter. Plus de 10.000 personnes lors de son intervention dans la région bilingue de Bienne. Il est là, près des gens, on peut même lui serrer la main. Et on tient à le féliciter : « lui au moins ne baisse pas la culotte », entend-on. Il est là, quasiment sans gardes du corps. Dans quel autre pays verrait-on cela ?

Il tolère même, avec humour, la contestation des anti-militaristes qui viennent protester à ses pieds. Il se fait même applaudir par sa réponse drôle et du tact au tac à ces derniers. Ils étaient habillés en militaire…Lui est content de trouver des jeunes qui donnent de leur temps à l’armée et disent présents, même lors d’un jour de congé…

Neuf discours ! Les médias sont bien obligés d’en parler. Sans doute ne s’attendaient-ils pas à un succès pareil. Constat : Ueli Maurer, tant moqué et ridiculisé, et à qui on cherche noise pour un oui ou un  non, est populaire, très populaire et même aimé très largement. Sacrée tuile pour…

Alors, comment va-t-on aborder cette situation à la radio dans cette émission ? Tout de suite on oppose la nécessaire ouverture du pays au repli identitaire, incarné par… devinez qui, mais voyons, par UeliMaurer, qui vient pourtant de rentrer de Chine en ayant participé à l’ouverture encore plus grande de notre pays à cette grande puissance… Là encore on fait toute une histoire parce qu’il n’aurait pas suffisamment insisté sur le respect des droits de l’homme et « voulu tirer un trait sur le passé » pour aller de l’avant ensemble. N’avons-nous pas raison de chercher des relations avec d’autre pays que ceux qui nous guettent comme des vautours ?

Comme si on ne pouvait pas être à la fois fortement patriote et ouvert sur l’international. Pour certains journalistes et intellectuels cela doit être difficile à accepter, même s’ils répètent constamment qu’eux aussi sont patriotes, mais autrement, cela va de soi ! Avez-vous entendu beaucoup de journalistes et d’intellectuels tenir des propos patriotiques sans tout de suite devoir rajouter une couche de politiquement correct et autres propos bien-pensants ?

Quand on est attaqué comme la Suisse en ce moment, il faut redonner de l’énergie, de la fierté, l’envie de se battre au peuple et cela ne se fait pas au moyen de propos abstraits mais dans un langage concret, imagé et symbolique. D’où la métaphore de la lutte entre David et Goliath : ça parle, ça plaît et ça booste. Les gens aiment. C’est grave docteur ?

Cela ne peut être que « rengaine », pire,  ne cherchez pas : du  « populisme » que tout cela.

Le professeur vient reprocher à U. Maurer de n’avoir pas beaucoup de connaissances de l’histoire ! Rien que cela.

La « rhétorique de la petite suisse est une autre image éculée, pathétique ». Un petit pays ? quand nous sommes en fait une puissance économique : « un argument qu’on utilise quand ça arrange ».

Un nouveau diagnostic du professeur : le  populisme du Président frise la démagogie…et le populisme n’est pas une politique. Lui, le professeur sait ce qu’est une politique : du haut de son pupitre, même coupé de la révolte populaire devant tant d’inaction des autorités.

Prétentions hautaines : que des paroles ! disent ceux qui subissent et sentent les menaces de plus en plus nombreuses et vécues au quotidien.

Le professeur : « il ne faut pas faire le roquet contre le grand chien » !

Sa solution : présence plus forte à l’étranger. OK, en quoi y participe-t-il ? et ne voit-il pas tout ce qui se fait justement ? Lui sait mieux.

Le Conseil fédéral : « manque de réactivité, naïveté, on a sept ministres mais pas un gouvernement ». Il y en a pourtant quand même qui se battent, presque 24 h sur 24.

Que faire alors ?

Réponse : « Je suis seulement un pauvre historien ». Pauvre ?

Pas en vertu de son salaire en tout cas ! ( environ frs 200.000.- par an).

Le professeur finit par reconnaître de l’intelligence au Président : intelligence ? plutôt un « sens politique », donc de la démagogie ? Et, avertissement : « manger des saucisses et boire de la bière, cela ne suffit pas ». Et manger neuf saucisses et autant de bières, ça fait beaucoup, non ? Comme s’il ne pouvait manger et boire que cela pendant ces deux jours.

Encore une leçon  à propos des exigences en matière fiscale des pays étrangers : il faut voir que les règles du jeu changent, et l’abandon du secret bancaire est dans l’intérêt de tous, il faut contribuer activement à l’élaboration de nouvelles règles de fonctionnement, s’internationaliser. Alors, collaborer ?

Bref, on peut en déduire que c’est l’Eveline qui a raison et non l’Ueli.

Collaborer, ce n’est évidemment pas la même chose que résister et se battre et vouloir transmettre cette volonté à la population.

Après cela, faut-il s’étonner d’un fossé bien réel entre intellectuels, journalistes et la population ? Chercher à redonner confiance et envie de se battre le jour de la fête nationale n’est-ce vraiment que du populisme, de la rhétorique pathétique, des images éculées, etc ?

Il y a pire. Un autre professeur, Jacques Neyrinck, certes retraité depuis longtemps et cependant toujours conseiller national tire lui aussi à bout portant sur Ueli Maurer. Il faut dire que chez lui cela devient de l’acharnement. Il s’est dépassé tout récemment dans l’Hebdo du 25 juillet à propos du voyage en Chine de U. Maurer. Sans doute le professeur ne supporte-t-il pas le succès remporté par Maurer en Chine. Ce dernier aurait sans doute dû protester  pendant tout son voyage, heure par heure, sur le Tibet, Taiwan, alors qu’il n’aurait fait qu’absoudre. Subitement, le petit pays devrait faire ce qu’aucun grand n’a fait. Neyrinck cherche des explications à cette insuffisante protestation de la part du président: « serait-ce la séduction exercée par une dictature sur l’ancien chef de l’UDC ? ».

Tenez-vous bien, ce n’est pas tout. La suite :

« Un parti populaire flatte le peuple jusqu’à obtenir le pouvoir absolu pour s’y maintenir ensuite par la force et la terreur. L’extrême droite suisse( entendez l’UDC) n’est pas différente des partis identiques qui fleurissent à travers toute l’Europe. C’est la résurgence du fascisme après un siècle d’oubli. La Chine communiste constitue donc un exemple et un prototype du capitalisme  sans frein qui est l’idéal de l’extrême droite suisse. Ueli Maurer souriait car il avait trouvé une justification morale à son engagement politique ».

Neyrinck est coutumier de ce genre de propos. Le 1er ocotobre 2012, il voulait empêcher Ueli Maurer de devenir Président de la Confédération et tenait les propos suivants à Forum : « J’ai l’impression de me trouver devant un pauvre homme, totalement dépassé par sa tâche . Il n’est pas fait pour ça, il n’a pas d’ouverture, il n’a pas de culture, je dirais même, il n’a pas d’intelligence ».

On peut tout de même se demander de quel côté est le manque d’intelligence, la bêtise,  la haine et l’extrémisme idéologiques, cela davantage encore après avoir entendu les discours du 1er août de Ueli Maurer.

D’autre part, ces propos indignes, voire diffamatoires viennent  d’un membre du Parti démocrate chrétien. Il y a des dimensions du mot chrétien qui doivent échapper aux électeurs. Mais à propos d’électeurs, on peut s’étonner que certains parmi ces derniers puissent encore voter pour des personnes tenant ce genre de propos.

That’s the big question !

Uli Windisch

 

 

 

 

 

 

11 commentaires

  1. Posté par Eddie Mabillard le

    Quant à moi j’ai fait le déplacement à Nax pour écouter Oskar, il fut excellent, je suis surpris que les médias ne l’aie pas attaqué pour ses propos patriotiques et « comparatifs ». Ces vrais hommes et vrais patriotes défendant nos valeurs et remontant la pendule des citoyens qui sont démolis à longueur de temps par les médias et les partis gauchistes, cela met du baume au cœur.
    Bravo Ueli, bravo Oskar!

  2. Posté par philippe le

    Le vers et dans le fruit, europhiles et double nationaux comme ce monsieur neyrick.
    Intellectuel prétentieux et donneur de leçon, il ferait mieux de retourner dans son pays d’origine, ou de postuler dans le grand machin européen, mais l’exception Suisse est sûrement trop intéressante pour lui, sauf si un jour la situation se détériore en Suisse, là c’est des gens comme lui qui plieront bagages les premiers en dégainant plus vite que tout le monde leurs deuxième passeport.

  3. Posté par André Marcel George le

    Excellent article, malheureusement tellement vrai, tant la plupart des médias sont debout sur les pattes arrières pour pondérer tout élan d’attachement à notre patrie et à nos racines.

    Au nom du politiquement correct on a plus le droit d’accueillir un responsable politique, si près des aspirations du peuple, si près de notre simplicité. Et si celui-ci est un UDC, alors là tout est bon pour le dénigrer, voire pour l’abattre.

    Mais le peuple souverain de ce pays ne se laisse rien imposer, et il sait choisir ceux qui le représente le mieux.

  4. Posté par Ueli Davel le

    Neyrinck a été ne l’oublions pas un ex colon belge en Afrique. Fort de cette expérience, unique pour un conseillé nationa Suissel, il est un personage trés recherché par la RTS, c’est la doublure d’Andreas Gross,PS Juraso-zurichois-internationaliste. Selon l’expression »cela fait un Suisse de plus, mais pas un colon de moins » il a profité et profite toujours de nos impôts (EPFL, RTS, Conseil national,..). Il ne brille guerre par ses apports à la Suisse. Le ROI terme très prisé dans certains milieu est complètement nul (0). Cet ex colon Belge ne laissera guère autre chose que son nom sur les feuilles de paye de la confédération et de la RTS.

  5. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Cet article vient à point! Pour me rappeler de lire « les fonctionnaires de la vérité »!

  6. Posté par Jan Marejko le

    Les discours de nombre d’universitaires ne visent à rien d’autre qu’à leur permettre de garder leurs privilèges. A 200.000 Fr. par année pour quelques cours par semaine, on les comprend. On regrette qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes la vieille grille marxiste qui consiste à se demander quelles sont les raisons économiques de tel ou tel discours. La caste académique est en train de se bétonner derrière des propos délirants. En regard, un discours populiste paraît frappé au coin du bon sens.

  7. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Voici qui fait plaisir à lire, qui requinque et encourage. Qui rend joyeux! Merci Monsieur Windish.
    Ueli Maurer a évoqué David et Goliath, ce à quoi je donne écho, en le félicitant. Voici. Le combat dans la vallée s’éternisait. Une guerre d’usure. Au fond nul parti n’osait se lancer. C’est ainsi que le fier à bras fut envoyé pour lancer un défi, qu’il était sur de gagner. Le sang de David, dont la présence était fortuite, ne fit qu’un tour. Le Roi Saül est fort aise de cette opportunité. Il confie son armure et ses armes au jeune David, qui n’en a que faire, et qui s’avance. Arme de sa seule fronde. Qui est-tu, petit merdeux, pour oser t’avancer contre moi! « Je viens au nom de l’Eternel que tu as offensé »! Vous connaissez la suite. Mais, je veux ajouter que l’évocation du nom de l’Eternel n’a rien de religieux. Jugez-en!
    Qui offense Monsieur Neyrinck, du haut de sa superbe arrogance? Qui est offensé par ses railleries! Monsieur le Professeur juge de l’intelligence ou de son absence? Sait-il au moins ce qu’est l’intelligence?
    Il est affilié au PDC? Fort bien. J’y reviendrai.

  8. Posté par Et une moule-frite! le

    L’opinion du Belge-à-papiers-suisses-pochette-surprise Neyrinck ne m’intéresse guère, en fait je m’assois sur son avis.
    Des avis comme ceux du Belge Neyrinck on en lâche tous les matins… en les regardant disparaître après un coup de chasse d’eau.

    Et en fait, Monsieur Neyrinck, comment va le Bruxellistan?

  9. Posté par G. Vuilliomenet le

    jacques neyrinck est un islamophile convaincu!

    Lire l’enfumage écrit en co-auteur avec tariq ramadan intitulé « Peut-on vivre avec l’islam? »

    D’ailleurs lorsqu’on voit comment sont traités les minorités religieuses en pays musulmans, il est clair que c’est non sauf sous asservissement.

  10. Posté par G. Vuilliomenet le

    « Là encore on fait toute une histoire parce qu’il n’aurait pas suffisamment insisté sur le respect des droits de l’homme et « voulu tirer un trait sur le passé » pour aller de l’avant ensemble. N’avons-nous pas raison de chercher des relations avec d’autre pays que ceux qui nous guettent comme des vautours ? »

    Et ce sont les mêmes qui se taisent, comme des pleutres à moins qu’ils ne soient islamolâtres, devant les ignominies commises contre les minorités religieuses dans les pays musulmans et quand ils osent en parler, ils ne veulent surtout pas faire d’amalgames entre violences (musulmanes) et islam.

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