Au service des Maîtres!

Bruno Bertez
Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France

Dans un article précédent, nous avons analysé et expliqué les tenants et aboutissants de la grande campagne mondiale contre l’évasion fiscale. Vous savez que nous préférons le terme « arbitrage fiscal ». Les immigrés arbitrent, ils quittent leur pays d’accueil, où les temps sont durs, pour aller dans les pays plus accueillants, où les temps sont moins difficiles.

Eh bien, c’est exactement la même chose pour la fiscalité. On arbitre la fiscalité d’un pays prédateur qui confisque le produit du travail et de l'industrie pour celle d'un pays moins scandaleux, moins dispendieux, moins avide, qui laisse la récompense des efforts et des peines. On admet et encourage la concurrence des travailleurs entre eux pour faire baisser les salaires , mais on n'admet pas que le travailleur mette en concurrence les Etats pour faire baisser la fiscalité.

La libre circulation des hommes est imparfaite, celle des marchandises est plus facile; en revanche, celle des très gros capitaux est ultra facile. On admet la loi du marché, la loi du choix, dans certains cas, mais on veut le monopole dans d'autres; on veut même que les Etats se cartellisent, s'entendent , pour mieux tondre en chœur leurs citoyens. La contrepartie de la liberté des uns, les gros, semble être l'esclavage des petits. La libre circulation des petits capitaux est quasi impossible. Tout se passe comme si on évoluait vers une globalisation qui se réduit à l'exploitation des petits par les gros. Vers une globalisation dont le seul effet, sinon but, est de mettre en concurrence la main-d’œuvre afin de mieux peser sur les salaires directs et indirects. Dans les animaux de la ferme -voir Orwell- certains sont plus égaux que les autres. La dissymétrie dans le traitement du gros capital et celui du petit n'est ni fortuite, ni innocente, elle est voulue et structurelle. Elle est révélatrice de la fonction sous-jacente à la globalisation, l'asservissement des petits, la destruction des classes moyennes . On veut s'assurer qu'elles ne deviendront jamais supérieures.

Nous avons expliqué que, dans le cadre de la lutte contre l’arbitrage fiscal, les Pouvoirs procédaient comme s’ils salissaient les citoyens, comme s’ils les noircissaient et les abaissaient. La campagne actuelle, mondiale, est une campagne infecte de culpabilisation doublée d'une tentative de terroriser. Nous avons proclamé: ce n’est pas un mode de gouvernement que de salir son peuple.
En gros, les gouvernements déclarent la guerre à leur peuple pour servir les Maîtres de l’étranger. Evidemment, cela n’est pas net dans les pays comme la France puisque le processus n’en est qu’à ses débuts, d’une part, et que l’on couvre l’opération du voile de la morale et de l’intérêt général, d'autre part. Mais c’est net en Grèce et en Espagne. En Espagne, le joueur de football Messi, vient d’être inculpé pour fraude fiscale. Ce n'est pas un hasard si on s'attaque à de grands noms, il s'agit de frapper les citoyens de stupeur, de déclencher des émotions. Choquer et terroriser sont devenus des modes de gouvernement.

En Italie, on parle beaucoup, mais on agit peu. Il y a en Italie une sorte d’alliance entre les gouvernants et le peuple, surtout depuis le départ de Monti, une alliance pour faire semblant de se conformer, tout en ne le faisant pas trop. Néanmoins on fait des exemples et on pend haut et court les gens de Dolce & Gabbana pour le spectacle.

Tout cela a été parfaitement exposé, s’agissant de la Grèce, par la planquée fiscale Christine Lagarde. Elle a bien insisté sur le fait qu’il fallait faire rendre gorge aux Grecs pour payer les banques; elle n’a pas encore osé le dire s’agissant de la France, mais elle le suggère en termes généraux. Comment se fait-il que, dans l'ambiance actuelle, les planqués fiscaux des organisations internationales ne soient pas vilipendés? Réponse: parce que ce sont eux qui lancent les thèmes qui structurent les opinions publiques.

Le drame vient du fait que le voile de la fausse morale empêche les citoyens de se rendre compte qu’on les prend un par un, comme dans le cas des Horace et des Curiaces. La morale couvre le crime des princes qui ravagent les champs des manants et des serfs. La morale sert à tailler et remettre à la corvée.

En prenant une catégorie sociale après l’autre, on empêche la vision d’ensemble, et on empêche les solidarités. On désamorce les jacqueries. C’est pour cela que c’est abject, on monte sans cesse une partie des citoyens contre une autre, les uns contre les autres, on prend les uns pour taper sur les autres. On excite les bas instincts, l'envie, la jalousie.

On prend les pauvres pour taper sur les riches, on prend les vieux pour taper sur les jeunes, et les jeunes pour taper sur les vieux, les propriétaires pour taper sur les locataires etc. Ainsi, on peut confisquer tranquillement le fruit du travail, les retraites, les prestations familiales, les remboursements de sécurité sociale, etc. Il n’y a qu’une catégorie que l’on laisse indemne à ce jour, ce sont les clients politiques, la clientèle des fonctionnaires, car c’est le noyau dur, le marchepied des volontés de puissance des Maîtres.

Les Maîtres emploient la tactique mise au point par les Etats-Unis dans leur lutte contre leurs ennemis ; on les divise, on les fait s’entre-tuer. On monte les Chinois contre les Russes, les chiites contre les salafistes, les Frères musulmans contre les laïcs etc.

Il faut être dur avec les Droites qui ne dénoncent pas le procédé et s’en rendent complices par leur silence. Les Droites devraient se cliver au lieu de chercher leur unité, elles devraient se cliver entre ceux qui défendent leurs citoyens et ceux qui sont à la solde de l’étranger pour les pressurer.

Les Droites acceptent cette destruction des sociétés nationales au profit de l’étranger et des banques, elles sont trop contentes de laisser faire ce sale boulot, infamant, par les mieux placés pour le faire, les socialistes socio-démos, complices du gros argent. La sociale-démo est le fer de lance des maîtres du monde, c'est le rouleau compresseur du laminage des identités. La fiscalité, comme la monnaie, sont des vecteurs masqués de mondialisation. Ils forcent à la mise en ordre, mise au pas, voulues par ceux que l'existence des nations gêne.

Réfléchissez, décodez ce que vous voyez passer avec cette grille d’interprétation, vous verrez qu’elle est efficace, elle permet de comprendre. Elle permet de comprendre pourquoi les citoyens ne réagissent pas, ne se révoltent pas. "On" avance masqué, "on" les culpabilise, "on" les monte les uns contre les autres.

Le problème de l'évasion fiscale est un excellent exemple; ainsi, le thème a permis de passer un scalpel dans la société française, d’isoler les gens, de leur faire baisser la tête. Tous coupables! Car qui ne triche pas un peu sur la TVA, sur quelques travaux sans facture, sur le revenu de complément oublié. On menace d'écoutes téléphoniques avant d'encourager la délation. Le comble est que ceci a été opéré à l’occasion de la turpitude du flic fiscal en chef, Cahuzac!

Attendez-vous à ce que dans les modalités de lutte contre l’évasion fiscale, il y ait des astuces, des dispositifs pour donner aux politiques et leurs amis le temps de se blanchir.

Si les Suisses, que l'on traîne plus bas que terre, avaient un tant soit peu de c……s , ils balanceraient tout ce beau monde au lieu de simplement menacer de le faire, comme le fait le banquier Reyl. Comme on disait au temps de la Révolution, des têtes vont tomber, mais encore faut-il faut avoir le courage de dire lesquelles.

Bruno Bertez

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