Le billet de Marie-Hélène Miauton dans Le Temps du jour.
"Cela ne vous rappelle rien? Pourtant, l’affaire de la Lex USA reprend exactement le scénario de la crise des fonds en déshérence! Ainsi l’histoire recommence, à l’identique, sans que nous ayons rien appris! Copié-collé! A part le prétexte, rien ne diffère.
[...] Que va-t-il se passer si la loi est acceptée? Toutes les banques devront s’annoncer au Département américain de la justice (DoJ) comme ayant, ayant eu ou n’ayant jamais eu de clients américains, déclarés ou non, dans une période dont nous ignorons jusqu’où elle remonte puisque les Etats-Unis disent en substance s’intéresser particulièrement aux mouvements dès 2008. Ce «particulièrement» laisse bien entendre qu’ils peuvent remonter jusqu’où ils veulent. Pour les fonds en déshérence, ce furent 60 années de vie des banques qui furent passées au peigne fin!
[...] La solution proposée par les Américains (mais tenue secrète) n’est possible que «si les banques coopèrent largement avec les autorités américaines en fournissant notamment des données statistiques sur les comportements des clients et les flux financiers (clôtures et transferts de comptes) et les données relatives aux personnes qui, au sein de la banque, ont organisé, suivi ou surveillé les relations d’affaires impliquant des personnes américaines, de même que les données relatives à des tiers ayant un rapport avec ces relations d’affaires». Là encore, les mots «largement» et «notamment» laissent tout supposer du déshabillage intégral auquel les banques devront se soumettre. Si les Américains tiennent à ce que les termes de l’accord restent secrets, c’est bien pour quelque chose!
[...] L’ex-ambassadeur Jagmetti avait bien compris ce qui se tramait en écrivant, concernant l’affaire des fonds en déshérence: «On ne peut certainement pas ignorer que certaines autorités américaines voient dans la campagne contre la Suisse la possibilité de remettre, une fois de plus, le secret bancaire en question […], secret bancaire qui offre à la Suisse un avantage concurrentiel qui nuit aux banques américaines et ainsi à l’économie des Etats-Unis… Les Etats-Unis parviendront peut-être un jour à leurs fins sans que de grands efforts s’avèrent nécessaires de leur part.» Propos prémonitoires puisque la loi d’exception qui sera votée livre nos banques, pieds et poings liés, au coup de filet américain. En outre, si en 1997 ce furent les Américains qui nous poussèrent à mettre sur pied la Commission Bergier pour faire notre introspection et la rendre publique, c’est un de nos propres sénateurs qui eut l’idée ce mercredi d’une enquête spéciale de la Finma pour analyser l’historique des pratiques des banques quant à leur respect des lois américaines, ce que l’Assemblée a entériné. On n’arrête pas le progrès!"
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Curieux, cette couverture de livre sans mention de l’auteur…