La chronique de Myret Zaki dans Bilan.
"Rejeter d’emblée l’élection du Conseil fédéral par le peuple, qui sera votée le 9 juin, c’est céder aux arguments convenus de ceux qui s’accrochent aux mythes de la Suisse plutôt qu’à la Suisse. C’est se limiter à balayer d’un revers de main suspicieux une bonne idée sous prétexte que, de par ses origines, elle provient d’une UDC frustrée de n’avoir pas vu Christoph Blocher dominer plus longtemps le Conseil fédéral.
Or il y a d’autres raisons, sérieuses, de considérer l’idée d’une élection populaire du gouvernement national. Et en particulier, le constat suivant : depuis 2008, la donne géopolitique a changé. La Suisse, attaquée de l’extérieur pour son secret bancaire et plus généralement pour l’ensemble de ses avantages compétitifs en matière fiscale, n’a pas trouvé le leadership fort derrière lequel se ranger pour défendre ses intérêts économiques d’un front uni.
En ces temps de crise, le Conseil fédéral a révélé ses faiblesses indubitables en termes de capacité d’action. La stabilité institutionnelle, si prisée en temps de paix, a montré ses effets paralysants. Les détracteurs de l’initiative sont dans le déni de cet échec. Les difficultés de la Suisse à défendre efficacement ses intérêts face à ses adversaires internationaux imposent pourtant un diagnostic sans complaisance et une réflexion quant à l’opportunité de voir des représentants de fortes majorités du peuple diriger le pays.
[...] Le Collège des sept conseillers fédéraux, issu d’un système qui favorise la représentation des petits partis et des petites régions linguistiques aux côtés des grands partis et régions dominantes, résulte de l’élection par le Parlement de dirigeants de faible stature, ayant dû plaire au plus grand nombre au sein de leur parti pour accéder à Berne. Dès lors, la gouvernance fédérale tend davantage à élimer toute substance guerrière du pays plutôt qu’à l’aiguiser.
[...] Quelle Suisse voulons-nous réellement? Celle de 1848? Non. Celle de l’avenir devra pouvoir s’imposer face à des puissances économiques offensives. Le système de beau temps doit donc être remis en question aujourd’hui même."
La suite
En plus du problème soulevé par M. Clerc, je me permets ici d’apporter quelques critiques supplémentaires :
– “le leadership fort derrière lequel se ranger”.
Ah, cette prétendue “liberté” offerte par l’élection, qui ne s’appliquera qu’un jour tous les quatre ans… L’élection par le peuple ne suffira pas à amener un leadership fort, bien au contraire. La gouvernance ira dans le sens des intérêts économiques qui auront payé les campagnes électorales.
– “le Conseil fédéral a révélé ses faiblesses indubitables en termes de capacité d’action”.
L’élection par le peuple n’augmentera pas la capacité d’action du CF, pour la même raison qu’évoqué plus haut. Dans votre phrase vous pointez très justement le noeud du problème. C’est sur la capacité d’action qu’il faut travailler. L’élection n’amènera aucune solution pratique à nos problèmes.
– “La stabilité institutionnelle, si prisée en temps de paix, a montré ses effets paralysants”.
Que penser alors de l’effet du parlement européen sur les gouvernements nationaux ?
– “Les détracteurs de l’initiative sont dans le déni de cet échec”.
De là à dire que les esprits critiques ne sont que des imbéciles, il n’y a qu’un pas ! Faut-il être aveugle pour ne pas voir à quel point les dirigeants élus ne sont que de vulgaires béats attendant bien sagement que le tout puissant Empire leur donne la becquée ? le peuple SOUVERAIN est-il à vos yeux si stupide qu’il faille lui proposer un outil qui ne fera qu’accroître le fossé entre lui-même et ses représentants ?
J’ai la prétention de croire qu’il serait sage de traduire un refus de cette initiative par : “le problème est connu, vous ne proposez pas de solutions concrètes”.
– “l’opportunité de voir des représentants de fortes majorités du peuple diriger le pays.”
S’il vous plait, restons sérieux un moment ! Citez moi donc la dernière votation qui aurait rassemblé ne serait-ce que la majorité du CORPS ELECTORAL !
Pour conclure, je dirais que pour tenter d’émanciper la Suisse de la toute puissance de l’oligarchie mondialiste, ce qui est une cause noble dans le fond que je soutiens également, vous proposez des mécanismes qui ont justement permis l’avènement de cette caste fondamentalement antidémocratique.
Cordialement.
Ne craignez-vous pas qu’une élection du CF par le peuple devienne un immense ”shobiz” à la française où seuls les plus grandes gueules et les plus argentés s’en sortiront? Je ne demande qu’à voir mais je doute. Ne voit-on pas déjà, depuis quelques années, de plus en plus d’émissions politiques à la tv où ce sont toujours les mêmes têtes qui reviennent?