Quand le héros est discrédité, on se réfugie dans le compte en banque. De Gaulle pouvait vivre de façon austère parce qu’il avait d’autres satisfactions, dans l’ordre de la grandeur…
« Le socialisme n’est pas une politique, c’est une morale. Ce sont eux-mêmes qui le disent. Ils ne sont pas un courant politique parce que leur programme est inapplicable : politiquement, il leur faut ou bien tomber dans le totalitarisme ( ce qu’ils ne veulent à aucun prix), ou bien tomber dans la social-démocratie( ce qui est leur destin). Le socialisme comme politique est un produit chimiquement instable, il n’existe pas. Ce qui reste, c’est un discours moral égalitaire. Et un sermon permanent servi à l’extérieur. Cette corruption que nous avons sous les yeux aurait pu arriver partout ; mais elle est plus grave ici, parce que les socialistes n’ont que cela : la morale- en fait, ils feraient mieux de créer une Eglise, cela fonctionnerait mieux…
… Les hommes d’Etat étaient-ils plus vertueux avant ?
Je crois que oui. Les Trente Glorieuses ont déployé l’attrait pour l’argent, développé la société « frime et fric », et les gouvernants ont plus de possibilités que les autres pour en profiter. De plus, la seconde moitié du XXe siècle a laissé se développer cette idée selon laquelle le héros, celui qui se sacrifie au service du pays ou de la société, est un salaud : de Gaulle n’avait plus d’avenir. Quand le héros est discrédité, on se réfugie dans le compte en banque. De Gaulle pouvait vivre de façon austère parce qu’il avait d’autres satisfactions, dans l’ordre de la grandeur…
…On n’imagine pas la fascination qu’exerce un ministre dans l’imaginaire même des élites – c’est grotesque….Le phénomène de cour, hérité de la monarchie, est profondément corrupteur
…Le cas (Cahuzac) n’est certainement pas unique. Ce qui est unique, en revanche, c’est qu’on a eu les moyens de le démasquer et que cela a provoqué des aveux… »
Extraits d’une interview de Chantal Delsol, philosophe, Valeurs Actuelles, 11 avril 2013.
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