Le dialogue reste fraternel mais la rupture n’en paraît pas moins essentielle. Suite au synode de Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) qui décidait, au mois de novembre dernier de l’établissement d’un rite de célébration des unions homosexuelles, une minorité déposait une pétition, la déclaration de Cugy, munie de près de 3’000 signatures. Deux tendances et une division qui pourrait bien sonner le glas de la forme actuelle de l’Eglise vaudoise.
D'une part la branche majoritaire, qui pense que l'offre doit s'adapter aux demandes du monde, d'autre part, une plus minoritaire qui croit sans le moindre doute que, dans les cas de morale, la vox populi ne saurait en aucun cas se substituer à la Vox Dei. « La démocratie a ses limites pour gérer certains thèmes sensibles de la vie de l'Eglise » peut-on lire sur le site de l'EERV. Une souveraineté démocratique qui ne saurait l'emporter sur celle de l'unique émetteur de la Révélation (cf. Lesobservateurs du 10 novembre 2012).
La discussion continuera certainement sur la forme exacte à donner à ce fameux "rite", mais, sur le fond, pour la majorité, le synode a parlé; emballé c'est pesé. Dans une interview à la Radio Romande, datée du 19 février dernier, la pasteur Line Dépraz va même jusqu'à annoncer, certes à long terme et au titre d'éventualité, la conséquence logique d'une admission de fait du "mariage" homosexuel, soit la reconnaissance de l'adoption d'enfants par des homosexuels et de tout ce qui pourra s'ensuivre (dès 04:45). Pour Line Dépraz, les Ecritures sont toutes de contradictions que le chrétien doit démêler à la lumière des modes et des ambiances présentes. Pour cette tendance « l'Evangile n'est pas un code moral » (dès 09:03), il est « beaucoup plus que cela », mais ce qu'il n'est pas, c'est un code, une règle de vie; une interprétation, mais pas de règle.
Tache aveugle
La tache aveugle de la modernité en matière de foi et la facilité avec laquelle le synode de l'Eglise vaudoise semble s'y être rangée contrevient à cette tendance minoritaire qui prétend tenir ses enseignements de plus haut que les assemblées synodales. Pour les pétitionnaires, Gérard Pella, pasteur à Vevey a bien voulu répondre à nos questions sans en éviter aucune.
Pour Gérard Pella, toute une partie des paroissiens et des pasteurs se trouve gênée par la décision du synode du 3 novembre: lors d'une consultation en 2004, une grande majorité des communautés interrogée s'était prononcée en faveur de l'accueil des homosexuels mais contre un rite de "mariage" homosexuel. L'abandon de l'idée d'une bénédiction mais le maintien de celle d'une reconnaissance par l'intermédiaire d'un rite continue de poser problème, même huit ans plus tard. « Pour les opposants, au fond, le fait même d'offrir un rite à un couple est une façon de valider le couple homosexuel, de lui donner une caution spirituelle », les risques d'être entraîné plus loin encore existent réellement, l'ensemble est « trop résolument contraire à certains passages bibliques », « cela met en question l'identité réformée qui dit vraiment reconnaître l'Ecriture Sainte comme seule autorité », « la réponse adoptée par le Synode va trop loin », , conclut Gérard Pella, « l'Evangile n'est pas à bien plaire ».
Entretien exclusif.
MERCI pour cet Interview retransmis!
Dans ces problématiques il y a une grande tendance médiatique à vouloir mépriser la conscience personnelle de la personne. Les Droits de l’homme doivent respecter la liberté de conscience. Il doit rester interdit de “forcer” un pasteur, un maire, une infirmière, un infirmier, un médecin etc… à pratiquer un acte qui va à l’encontre de sa conscience. Dans ce domaine il y a de graves “transgressions” au niveau de la liberté de conscience! Fort heureusement certaines voix de nos responsables politiques commencent à réagir!
Roland Hirschler, pasteur
Line Depraz peut dire ce qu’elle veut, en matière d’homosexualité il n’y a strictement aucune contradiction dans la Bible et par conséquent pas de réelle divergence d’interprétation possible….