Quelques considérations en marge du mariage gay.
Les chiffres de la démographie en Europe occidentale, depuis belle lurette en déclin continu, montrent qu’à ce rythme le renouvellement des générations est compromis. Les statistiques éliminent le plus petit des doutes. D’ailleurs, l’Europe inclut la baisse de la natalité dans toutes ses prévisions démographiques, économiques, de l’immigration etc. Elle le fait comme si cette baisse serait une fatalité, sans même imaginer que cette tendance pourrait être inversée. Touche pas à la famille et à la courbe démographique, elles sont, dans leur état actuel, écrites dans les étoiles. Autrement dit, il faut faire avec. Ne pas bouger c’est la plus facile des solutions. C’est vrai aussi qu’inverser la courbe de la natalité poserait d’immenses problèmes, parmi lesquelles l’opposition farouche de toute la gauche d’abord, y compris les écologistes qui ne sont pas contre la croissance zéro de l’économie et de la natalité. Comme ils n’ont pas de prise sur les vrais réservoirs démographiques du monde, ils s’exercent sur les pays européens éclairés par un tragique crépuscule démographique. Est-il déjà né l’homme politique (ou le parti) qui osera aborder le problème ? Espérons-le. Cela sera difficile, mais surtout indispensable pour la survie de l’Europe.
Silence assourdissant
Petite (fausse) exception, la France. La natalité de ce pays est, de très peu, au-dessus de celles de ses voisins européens. Cet avantage est du à une immigration massive, aujourd’hui subie par idéologie autant que pour des raisons politiques. Les records du chômage français font que les raisons économiques de cette politique ne peuvent plus être invoquées. Même situé à 2 - 2,1 enfants par femme, le taux actuel de fécondité en France est lui aussi peu suffisant au renouvellement des générations ou à une croissance démographique, fût-elle minime. (Pourtant des vuvuzelas de la gauche demandent à grands cris l’ouverture totale des frontières). L’autisme internationaliste des politiciens français, de gauche plus que de droite, son indifférence à l’égard du sort actuel des habitants, de souche ou déjà intégrés, ainsi que pour l’avenir de notre civilisation, y sont pour quelque chose.
Un des points faibles de la démocratie est la politique à court terme. Même dans ce qu’elle a de bon, ses avantages sont souvent absents. Il faut penser au grand nombre des nouveaux arrivants qui puisent dans la soupe commune, déjà dégraissée et insuffisante, à la pénurie de logement, au pouvoir d’achat en baisse constante, aux réactions populaires au trop plein de nouveaux venus. Plusieurs villes en France, comme en Europe, ont déjà des populations majoritairement musulmanes qui commencent avec beaucoup d’aplomb, à avoir des revendications d’ordre religieux, en fait politiques, les exigences du Coran étant en même temps politiques, sociales, et autres. Dans les rues de Londres des patrouilles islamiques « veillent » au respect de la Charia. Céder à toutes ces revendications communautaires, de plus en plus nombreuses et de plus en plus répandues, sans penser à l’avenir de notre civilisation, aura des conséquences qui donnent déjà la chair de poule, halal de préférence. Et pourtant, le silenzio stampa est assourdissant, côté politique comme du celui de la presse. Rappeler ces réalités, bien connues, mais superbement ignorées, tient, depuis longtemps déjà, plus du tabou que du lieu commun.
Un désastre démographique
Mai 68 est une des causes principales de la perte des valeurs morales traditionnelles. Dans son sillage, ont suivi la liberté sexuelle (je jouis, donc j’existe), la transgression des tabous de toute sorte (il est interdit d’interdire) y compris sexuels, le divorce, devenu (presque) l’égal du mariage, la contraception et l’avortement pour toutes (pilule et IVG) remboursés. Ces deux dernières « conquêtes sociales » sont des redoutables démophages, mais aussi des grandes dévoratrices de finances publiques. Autrement dit, la société contribue financièrement à son dépeuplement. Ne pas oublier la libération de la femme; bientôt il n’y aura plus que des femmes libérées, mais sans famille et sans enfants, ou avec si peu, que le déficit démographique n’arrêtera pas de suivre sa baisse. La famille tend à devenir un lieu d’affrontements et de controverses idéologiques, plus qu’un havre de paix, de solidarité et d’entendement. (Voir une des dernières performances des socialistes, suisses cette fois, le virage de Mme Roth-Bernasconi* vers le politiquement correct, elle a décidé de renoncer à son nom de famille, pour revenir à celui qu’elle portait comme jeune fille).
En Europe, la famille est aujourd’hui dans un état de déliquescence avancée. C’est une des causes principales de la dénatalité occidentale. Ainsi, on a recouru au « remplissage » du vide démographique par l’immigration, dont la conséquence, à moyen terme, sera la dégradation irréversible des civilisations européennes. Un des effets secondaires d’une immigration massive, qui compromet l’intégration des nouveaux arrivants, met en cause la tolérance aux étrangers, devenus trop nombreux, celle-ci ayant atteint ses limites. Personne ne s’en soucie, mais ceci est une autre histoire.
Les mesures d’encouragement de la famille, il y en aurait beaucoup, soient-elles morales, économiques ou sociales, venues de droite ou de gauche, sont quasiment inexistantes. D’où, une famille anémique, unijambiste (on dit monoparentale), mal-aimée sinon méprisée, gravement malade. Y a-t-il eu, autour de son berceau, parmi les fées présentes, celle de sa disparition ? On peut commencer à se poser la question. Pourtant, l’Histoire prend le sens que lui donnent les hommes, la société. La famille sera ce qu’on saura faire d’elle.
Rappelons que, à côté d’un niveau de vie jamais atteint auparavant, l’artisan principal de cette « réussite » démographique est la gauche avec son idéologie et sa fausse générosité. Mais elle n’est pas seule, la droite y est pour beaucoup aussi. Fausse générosité parce que ce qui compte pour la gauche c’est de soigner son image et ses slogans. Le nombre des immigrés, s’ajoutera aux listes électorales de la gauche. Ainsi, le sort des étrangers déjà sur place qui doivent partager des ressources de plus en plus maigres avec des nouveaux venus de plus en plus nombreux et affamés compte moins. D’où la pauvreté et tout ce qui vient avec, y compris le ras-le-bol des Français, de souche ou intégrés. Cela peut paraître généreux, mais l’est-il vraiment pour les Français ou immigrants dans le besoin ? Le socialiste Michel Rocard ne disait-il pas que la France ne peut pas porter toute la misère du monde ? Les sujets parmi les plus prisés par la presse sont le mal-logement - près d’un million d’habitants mal logés, le niveau de vie en dessous du seuil de la pauvreté pour des catégories et individus en nombre croissant, les sans abri et d’autres sortes d’exclusions. La pauvreté et la misère sont-elles vraiment des fatalités pour un pays avec les possibilités de la France ?
Le mariage et la famille sont, eux aussi, au centre du problème de la dénatalité. M. François Hollande vers la fin de sa liste de promesses électorales, a introduit le mariage pour tous, comme si le mariage pour les hétérosexuels était à inventer. Il s’agit d’une appellation qui trompe et qui fait diversion pour couvrir une réalité destructrice pour la société qui la votera.
Une loi contre nature
Cette loi est un nouvel avatar de la démographie. Accorder aux couples du même sexe le statut de procréateur, famille et procréation étant en relation tautologique, c’est un nouveau coup porté à la famille, à la croissance démographique et à l’unité nationale. C’est une fleur faite à la gauche, au lobby homo, mais aussi un rideau de fumée destiné à cacher les nombreuses gaffes du nouveau pouvoir, qui auront ainsi moins de visibilité. D’ailleurs, M. Hollande est en forte contradiction avec ses propositions. Il a cinq enfants de deux femmes qu’il n’a jamais épousées, et vit avec une troisième qui n’est pas divorcée. Il doit donc ne pas aimer la famille, le mariage encore moins. Ce qui ne l’empêche pas de prôner le mariage pour tous, en réalité pour les gays et les lesbiennes, comme on le sait, des catégories non-impliquées dans le renouvellement des générations. N’aurait-il mieux fait d’imaginer des moyens d’encourager les vraies familles à avoir plus d’enfants ? De toute façon, en tant que citoyens, les homosexuels des deux sexes ne sont ni persécutés, ni en manque de droits. Le PACS en est la preuve, ainsi que les mentalités, aujourd’hui tolérantes, ce qui d’ailleurs est normal. Mais une différence dans la sexualité, doit-elle générer de droits spéciaux ? Faudra-t-il imaginer aussi des droits pour les bisexuels ou les transsexuels ? Complétée par l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, cette loi contribuera, à court terme, à accélérer la dégradation de la société française, d’ailleurs déjà bien entamée. Plus de mère, plus de père, plus de repères parentaux et psychologiques, dans la famille, la médecine, l’éducation, dans les mentalités, donc dans la société. De quoi auront l’air Sigmund Freud et son complexe d’Oedipe, ou Claude Levi-Strauss, pour qui la famille normale (hétérosexuelle) est la base de la société humaine, dans tous ses compartiments ? La disparition du père et de la mère, la liquidation du couple parental traditionnel, pilier du développement de l’enfant et de la construction de sa personnalité, anéantissent une grande partie de notre tradition, finalement de notre civilisation. Claude Levi-Strauss a étudié les systèmes de parenté. Ceux-ci fonctionnent au niveau des relations entre époux, entre père et fils, entre frère et soeur etc. Comment les appliquer aux couples et familles homosexuelles, qui sont biologiquement stériles ? Les défenseurs du mariage gay et de l’adoption d’enfants par ces couples, trouvent quelques arguments dans l’oeuvre de Claude Levi-Strauss, ayant à la base des sociétés primitives, en oubliant que les civilisations européennes sont des sociétés chrétiennes, formées par les valeurs chrétiennes.
D’autres arguments sont tirés de l’Etude des genres, Gender studies, une nouvelle (pluri)discipline universitaire proche de la philosophie, née pendant les années `70. Elle essaie de nier les différences entre les hommes et les femmes, de « faire éclater les visions essentialistes » de la différence entre les sexes, mais en dehors des déterminants biologiques, ce qui donne à réfléchir. Le Gender studies est issu du mouvement politique féministe ultramilitant d’outre-Atlantique, bien représenté dans les Universités des Etats-Unis. Il est aussi très impliqué dans la lutte contre les rapports de pouvoir et de domination qui caractériseraient nos sociétés. On trouve des phrases comme : « il s’agit de la recherche moderne de l’égalité et de la parité par la lutte contre toute forme d’exclusion et de discrimination ». En arrière-plan on devine la lutte des classes.
La gauche n’est pas pour le redressement démographique, n’aime pas les valeurs de la famille traditionnelle, le mariage, le vrai, encore moins, mais le prône « pour tous ». Pour tous veut dire pour tous, mais cette loi est destinée uniquement aux homosexuels, mais la peur des mots tue leur sens et leur bon usage. Ca sonne comme si le mariage pour hétérosexuels était inconnu. Malgré son appellation, la nouvelle loi est en réalité un vrai non à la famille et à la natalité.
Stefan Racovitza
*Voir Les observateurs du 10 février 2013. Sur le vif, Féminisme et vieilles dentelles.
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