Elle est malheureusement loin d'être la seule, le peuple égyptien nouveau, pourtant libéré des esclavagismes obscurantistes, transcendé par les lumières de la Révolution de ce Printemps arabe qui a su si bien fleurir en première page de nos titres occidentaux, semble toutefois incapable de s'abstenir de violer toute femme non voilée qui a le malheur de passer à sa portée.

Elle dira être parvenue à se réfugier dans un café, poursuivie par des dizaines d'hommes frappant sur les vitres pour pouvoir entrer; l'image est saisissante.

Le témoignage de Sonia Dridi ressemble comme deux larmes à celui de ses consoeurs qui l'ont précédée sur le front de l'information: « J’ai été agrippée de partout. J’ai réalisé (plus tard), quand quelqu’un a reboutonné ma chemise, qu’elle était ouverte, mais pas déchirée. J’ai évité le pire grâce à la ceinture solide (que je portais) », a-t-elle affirmé.

Dans un communiqué, la chaîne d'informations en continu France 24 a précisé les faits: « Alors qu’elle intervenait en direct depuis la capitale égyptienne », la journaliste « a été violemment prise à partie et sauvagement agressée par la foule à l’issue de ce duplex ». « Elle a été secourue par son collègue Ashraf Khalil, correspondant égyptien pour la chaîne en anglais de France 24 et par d’autres témoins. »

L'inévitable radicalisation, qui a suivi la flambée du Printemps arabe dans tout le croissant méditerranéen, semble s'accompagner d'un effondrement social et psychologique généralisé. Une sorte de mentalité de pillage, de non-droit intellectuel et moral, justifié sous le couvert de la reconquête religieuse et qui ne souffre aucune critique, aucune sanction pour autant que les conséquences n'en atteignent pas les « croyants », à savoir les musulmans, littéralement les « soumis » à cet ordre nouveau.

A la prière de vendredi dernier, le jour même de l'agression de Sonia Dridi, le président égyptien Mohamed Morsi a prié pour: « Qu'allah leur accorde la victoire sur les infidèles, qu'il détruise les Juifs et leurs suppôts, qu'il les disperse et les réduise en pièces, qu'il manifeste sa force et sa grandeur sur eux... » Comment s'étonner après cela.