Les gauchistes moralisateurs se veulent rois, mais sont irresponsables.
Amnesty international et ses indignations à géométrie variable se commettent dans une campagne d'un suivisme confondant. Le storyboard fleure bon les évidences naïves telles qu'on les aime de l'autre bord de la Sarine: S'ils se réincarnaient en réfugiés, les politiciens de droite auraient à souffrir de leur propre politique. Et de broder sur la vacuité du thème en figurant deux conseillers fédéraux UDC - ô surprise et comble d'originalité critique - faisant bouillir le bouc Zottel, mascotte de leur parti, pour se nourrir.
Outre que l'impossibilité du postulat de base, la réincarnation, retire tout ressort comique mais, surtout, toute pertinence au propos, la virulence de cette attaque ad personam cache des aspects plus pernicieux. Dans le film publicitaire, les deux personnages souffrent du froid et de la faim alors qu'ils sont déjà dans un centre de requérants en Suisse. Le message est clair, les politiciens, dont les noms sont jetés en pâture à un public cible, sont opposés à ce que les réfugiés soient chauffés et nourris convenablement; ce que nous savons être faux. Ce qui gêne encore, devant la pauvre facture de cette blague potache, c'est que l'on imagine trop bien les idéologues de l'ONG ricanant d'aise devant leur trouvaille, persuadés de l'adaptabilité de leurs oeillères à toutes les intelligences auxquelles ils s'adresseraient. Et c'est cela qui est effrayant, non seulement les leaders de la bien-pensance sont convaincus de trouver une référence à leur pauvre logique implantée dans chaque cervelle, mais cette conviction supprime toute capacité critique et jusqu'au droit de s'interroger sur la vraie nature de l'asile et de la nécessité de protéger une structure fragile devant des abus que personne ne peut nier. Une vraie campagne eût défini les enjeux et présenté une opinion à la lumière de ces éclaircissements. Or, Amnesty, qui se veut garant moral, n'avait, semble-t-il, rien d'autre à dire que cette rengaine anti-UDC et rien d'autre à servir que ce brouet d'amalgames sans le moindre sens ni profondeur. Alors qu'avec ces 150'000 francs de frais de campagne, des milliers de réfugiés auraient pu manger et se chauffer. Mais Amnesty est un organe politique et fait la morale, pas la charité.
Et vous, qu'en pensez vous ?