Hans Püttgen, directeur du centre de l’énergie de l’EPFL, donne une vision pragmatique et sans excès de la situation énergétique de notre pays. « Situation très favorable », oui mais. Interview.
« Nous allons vers un monde plus électrique ». Pour le directeur du centre de l'énergie de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, un abandon progressif des énergies fossiles paraît inéluctable.
Pompes à chaleur, voitures électriques, entraînements à vitesse variable pour l'industrie, solaire thermique plutôt que chauffe-eaux pour les ménages, la migration est possible. Hans Püttgen est en revanche sans illusion sur la réaction du consommateur: « Dans un monde industrialisé tel que le nôtre, il serait très difficile de réellement forcer les gens à réduire leur niveau de confort. On ne va pas, tout à coup, encourager tous les habitants suisses à acheter caleçons longs pour l'hiver. Il faudra donc encourager, éduquer, former les gens à ce qu'ils consomment souvent différemment ».
Dangers pour l'industrie ?
La conséquence directe de l'abandon du nucléaire sur les coûts de l'électricité pourrait poser un sérieux problème à l'industrie helvétique: « Si la Suisse, par des décisions qu'elle prendrait, ferait que l'énergie électrique deviendrait comparativement plus chère en Suisse par rapport au pays voisins, là nous aurions un problème », assure le scientifique. Le risque de délocalisation est bien réel.
Quelles solutions ?
Le pompage-turbinage en serait une, à condition que l'opération puisse s'avérer rentable, ce qui n'est pas garanti, surtout l'été, devant la concurrence du photovoltaïque allemand lourdement subventionné.
Le nucléaire, lui aussi, est appelé à évoluer, à court et moyen terme. En conséquence, un abandon prématuré de la solution nucléaire semble devoir plonger la Suisse, et l'Europe, dans la surenchère d'énergies, certes propres, mais hors de prix.
Pour Hans Püttgen, les décisions sont politiques. Va pour Beznau I et II et Mühleberg, en revanche, « ce qui est peut-être regrettable, c'est d'avoir déjà maintenant décidé l'arrêt des deux autres, Gösgen et Leibstadt, à un horizon de cinquante ans de durée de vie, sans laisser la possibilité ouverte, éventuellement, de les garder en fonctionnement plus longtemps. Ce qui demanderait un programme de maintenance différent de ce qu'il serait si on restait sur cet arrêt forcé de cinquante ans ».
Interview du Pr. Hans Püttgen
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