Un antidote passionnant au rapport Bergier

Suzette Sandoz
Suzette Sandoz
Prof. honoraire UNIL

« Eh bien, parlons-en du devoir de mémoire ! Il ne peut être que le résultat d’un bilan; sans cela, il ne peut être qu’au service d’une idéologie. Et le devoir de mémoire tel qu’il a été fait au sujet de notre histoire avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, n’a été qu’une pénible litanie d’interprétations, d’accusations, voire de mensonges…

 

Le journal  Le Temps du samedi 18 août a évoqué le discours de M. Villiger, le 7 mai 1995, devant les Chambres, où le conseiller fédéral s’était cru obligé, à propos du « J », de présenter les excuses du Conseil fédéral pour « l’erreur » (sic) commise pendant la dernière guerre. Et le Temps de rappeler les commentaires élogieux dans « Le Point », en France, et, naturellement, sous la plume de M. Jacques Pilet, dans le Nouveau Quotidien, puis de rappeler la suite donnée à cette époque, soit la constitution du groupe de travail du rapport Bergier et la création de la fondation humanitaire avec une grande partie du produit de la vente de l’or de la BNS.

On aurait pu profiter de ce rappel d’une page de notre histoire pour évoquer un petit ouvrage, paru en 2011, aux éditions Baudelaire, dû à la plume de M. Christian Favre et intitulé « La Suisse avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale ». Très richement documenté, agréablement écrit, ce livre retrace en moins de deux cents pages nombre d’événements de la dernière guerre qui n’ont en tous les cas jamais été évoqués par le rapport Bergier. L’auteur ne prétend pas du tout que notre Pays n’ait été que « parfait », ni ne cache les tensions et contradictions entre le monde politique du Conseil fédéral et celui, militaire, du Général Guisan, mais il replace les événements et actions dans le contexte de la dernière guerre  et met en évidence la difficulté qu’il pouvait y avoir, pour les autorités, à essayer de protéger la population suisse de la famine, du chômage, de la déferlante totalitaire, ce qui était leur première mission.

On aurait aimé que « Le Temps » de samedi, évoquant le « devoir de mémoire » incarné alors par le discours de M. Villiger, cite, comme conclusion, après le Nouveau Quotidien de l’époque, ce passage du livre de Christian Favre: « Eh bien, parlons-en du devoir de mémoire ! Il ne peut être que le résultat d’un bilan; sans cela, il ne peut être qu’au service d’une idéologie. Et le devoir de mémoire tel qu’il a été fait au sujet de notre histoire avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, n’a été qu’une pénible litanie d’interprétations, d’accusations, voire de mensonges, ceci pour d’une part calmer la fureur des Américains et d’autre part, pour satisfaire l’ego de certains professeurs en Suisse. Dans une guerre, le témoignage des responsables, directement confrontés aux réalités, est essentiel. » (p. 168).

Vous avez un cadeau à faire ? Offrez l’ouvrage de Christian Favre, y compris au département de votre canton chargé de l’instruction publique. Il pourrait être utile à des maîtres chargés d’enseigner l’histoire suisse.

Un commentaire

  1. Posté par Petit Guisan le

    “Cadeau à faire” . malheureusement l’histoire suisse n’est pas enseignée à l’école, tout du moins à l’école obligatoire genevoise… Cela est sûrement due au fait qu’il ne faut surtout pas insiter les suisses et confédérés de toute sorte à être fier notre nation, faute de quoi nos pauvres enfants seront traités de fascistes

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