Ce qui sélectionne ce ne sont pas les notes, la vraie exclusion est celle de jeunes sortis de l’école qui n’ont pas les connaissances suffisantes pour trouver un apprentissage, pour poursuivre leurs études et appréhender le monde en citoyens libres
Il n’aura pas fallu bien longtemps à la gauche française au pouvoir pour se lancer dans ses traditionnelles énormités scolaires! En effet, Vincent Peillon, ministre de l’Education, veut « faire évoluer la notation pour qu’elle ne soit pas perçue comme une sanction. » Faire évoluer ! on se délecte de l’expression. En fait, l’Education Nationale envisage de supprimer le traditionnel livret scolaire (celui que tout le monde connaît, où il y a des notes et des commentaires) pour le remplacer par un « livret de compétences », sorte d’O.V.N.I. à usage des pédagogistes. Ce qu’il y a de plaisant dans la sottise c’est son aspect cyclique : on la reconnaît avant même qu’elle achève sa venue.
Certes, la note chiffrée et certificative des connaissances acquises, qui indique à quelle distance l’élève se trouve des savoirs transmis pas à pas, cette note n’est pas essentielle. Entendons par là que l’essence de l’école républicaine n’est pas de noter les élèves, mais bien de transmettre des connaissances. On ne va pas à l’école pour être classé, mais on va en classe pour apprendre; et c’est le savoir qui compte.
Casser le thermomètre
Or les élèves actuels veulent bien savoir, mais ils ne veulent plus apprendre, ni se plier à l’exercice répétitif qui consiste à se former pour intégrer des connaissances. Devant ce phénomène, évidemment, la note met assez vite en lumière l’ampleur des lacunes monumentales des élèves dans les disciplines de base. Elle a un effet de loupe. Ainsi, périodiquement comme la grippe, germe l’idée de supprimer ces notes trop claires: puisque le patient est malade on va casser le thermomètre qui indique la fièvre. Cette année, après la Suisse Romande et Genève (on se rappelle l’Initiative de l’Arle et son succès en votations populaires: 76 pour cent du peuple voulut le maintien des notes à l’école primaire), c’est la France qui organise la grippe. Puisque l’école est profondément malade, le Dr Peillon va la soigner par la politique de l’autruche: cachons l’ampleur du mal en supprimant les notes, le tout derrière l’habituel jargon pédagogo qui organise le vide.
Injustice sociale
Mais enfin, entend-on, les notes excluent parce qu’elles classent! C’est une injustice sociale! Voilà la scie traditionnelle des tenants des méthodes socio-constructivistes. Si on remplace ces notes par un «livret de compétences» c’est pour évacuer les connaissances et pouvoir ainsi s’intéresser aux attitudes. Ah! le fameux « savoir-être », pris en relais par le « savoir-devenir ». On pourra donc évaluer à peu près n’importe quoi, valider ce qu’on veut, arbitrairement, parce que cela dépendra de tel ou tel professeur et non plus de la matière enseignée elle-même. Ainsi, les élèves libérés de la contrainte d’étudier seront encore plus systématiquement promus d’une année à l’autre grâce aux « projets collectifs » et autres farines du même tonneau.
Libres
Mais ce qui sélectionne ce ne sont pas les notes, la vraie exclusion est celle de jeunes sortis de l’école qui n’ont pas les connaissances suffisantes pour trouver un apprentissage, pour poursuivre leurs études et appréhender le monde en citoyens libres. Les notes certificatives, les moyennes, les précisions, valorisent l’effort dans la durée. Le seul savoir élitaire est celui qu’on ne veut pas transmettre et qu’on remplace par de problématiques « compétences », toujours floues, jamais testables. Bref, détestables! Les notes, à elles seules, ne sont pas capables de remettre l’école sur un chemin satisfaisant, celui de la transmission de notre culture; mais elles apportent une logique, celle du mérite, celle du travail, celle du cumul, et en ce sens on comprend qu’elles indisposent les socialistes.
Cet après-midi, après avoir été émerveillé par l’accostage d’une unité de la CGN, j’ai pris conscience d’une chose étonnante. Que j’ai pu partager avec le Capitaine! “le talent que vous manifestez témoigne d’une relation d’amour entre vous et le bateau”! Son regard, pénétrant, m’a confirmé que j’avais vu juste! J’y pense en relisant les mots de Jean Romain, car j’ai reçu la même certitude en. Qui concerne l’enseignement! C’est une histoire d’amour! Dont je ne vois aucune trace dans les contradicteurs, quelle que soit la sagesse qui fonde leurs opinions. Mais alors, qu’est-ce que l’amour?
C’est toujours un plaisir de lire Jean-Romain. Ses remarques de bon sens devraient convaincre les gens sincères. Que la lutte continue, car la mauvaise foi est omniprésente.