Pour le patron de l’agence Engel & Völkers pour la Suisse, le Zougois Peter Frigo, un oui dans les urnes, le 11 mars prochain, va faire grimper le prix de l’immobilier dans les stations et sites touristiques suisses.
Venue d’Allemagne, votre agence monte en puissance en Suisse et cherche à s’implanter davantage sur le marché romand…
Engel & Völkers a été fondé en 1972 à Hambourg par deux partenaires allemands. Suite au décès prématuré de M. Engel, Christian Völkers a continué à gérer seul comme CEO depuis 1976. Présent en Suisse depuis 2004 grâce à des bureaux de représentation franchisés en région zurichoise et tessinoise, le groupe prévoit d'ouvrir un pôle romand à Genève dans le courant de l'année pour étendre son réseau. En Suisse romande, l’agence est déjà présente à Genève et Montreux. En Suisse alémanique, nous couvrons toutes les régions. Nous voulons une couverture complète de la Suisse : Valais (Crans-Montana), lac Léman (Lausanne, Nyon, Rolle), Fribourg, etc. Mais nous voulons aussi plus de bureaux à Genève.
Nous avons divisé la Suisse en territoires de licence de 150'000 habitants. Cela donne 50 à 55 bureaux, nous en avons 44 actuellement. Notre chiffre d’affaire mondial du courtage se monte à 205 millions d’euros. Pour la Suisse, le chiffre se monte à 22,5 millions de francs. L’important est le volume des transactions. Dans cette optique, la Suisse est le deuxième marché au niveau mondial. La création d'une franchise principale à Genève est une progression logique de la stratégie d'expansion. A terme, le pôle lémanique emploiera une soixantaine de personnes
Avec une présence active sur des sites prestigieux comme la Côte d’Azur ou Gstaad, votre image repose sur l’immobilier de luxe ?
Christian Völkers a créé cette image d’immobilier de luxe. Il a fait un excellent marketing de sorte que les gens qui possèdent des biens d’un certain standing viennent chez nous. Mais nous voulons vendre tout l’éventail de biens immobiliers : de 1 à 100 millions, même si en moyenne suisse, nos ventes tournent autour d’un prix moyen de 1,5 million. En Allemagne, nous sommes de loin le No 1 des courtiers indépendants des sociétés comme assurances et banques. L'Allemagne demeure pour l'instant le pays où le volume des transactions est le plus haut. Engel & Völkers est responsable de 500 bureaux de représentation qui détiennent 3% du marché immobilier total dans 36 pays, notamment en Autriche, en Italie, en Espagne (avec 50 bureaux et aussi à Majorque), en Afrique du sud. Nous avons récemment attaqué le marché américain dans trois Etats (en Floride, en Californie et à New York). Aux USA, les biens ont chuté de prix avec la crise des subprimes, mais aussi avec le dollar. Il est devenu très intéressant pour les Européens d’acquérir un bien immobilier avec des prix qui ont baissé de 50%. Pour 2 millions de dollars, vous achetez une très belle villa près de New York.
Vous cherchez aussi à développer en Suisse un réseau de franchises…
Engel & Völkers mise sur le développement des franchises ces cinq prochaines années. Le concept de «Master Licence» a été introduit en 2002. L’objectif est d'atteindre le seuil des 2000 bureaux de représentation dans la zone pan-européenne d'ici 2017. La franchise principale prend 12,5% annuels en royalties sur le volume total des transactions auprès des bureaux de représentation. Ceux-ci demandent généralement entre 2 et 5% de commission sur chaque transaction. Pour ouvrir un bureau, il faut pouvoir débourser 250.000 Francs Suisse, formation obligatoire incluse. La licence elle-même coûte 40'000 francs. Les activités du groupe ne se limitent pas à l'immobilier de luxe, sous la forme d'achat/vente de résidences (75%) mais ainsi d'espaces en immobilier commercial (25%) et en location de yachts
Un oui à l’initiative Franz Weber vous fait-il peur ?
En premier lieu, cela me fait soucis, car je pense que l’Etat ne devrait pas intervenir partout avec la méthode du rasoir. On aurait dû intervenir avant que M. Weber s’en occupe, et au niveau municipal. Avoir dans une commune 40 à 50% de résidence secondaire occupées que quelques semaines par an, ce n’est évidemment pas recommandable.
Faut-il obliger les propriétaires à louer leur bien ?
Obliger c’est difficile, inciter c’est mieux.
Le oui risque-t-il de passer?
Il y a un certain risque au niveau du peuple, ce sera plus dur au niveau des cantons. Si le oui passe, la conséquence première sera une augmentation de prix des chalets et appartements existants.
Les banques vont-elles réévaluer la valeur des maisons et exiger une couverture plus importante de leurs crédits immobiliers?
Je ne le pense pas. On constatera tout de suite une montée des prix, car la demande va augmenter, faute de nouveaux biens constructibles. Il est évident que dans les communes où le seuil de 20% de résidences secondaires est déjà atteint, on ne pourra plus construire de biens de ce type, donc les prix vont augmenter. C’est ce qui arrive quand un bien devient limité.
Vous devriez être content ?
Nous ne pensons pas qu’on devrait profiter d’un système qui n’est pas bon pour la Suisse. Nous sommes pour une croissance harmonieuse du volume des biens immobiliers.
Les milieux de la construction parlent de catastrophe en cas de oui. Le syndic de Château-d’Oex évoque la perte de 1000 emplois dans le Pays d’Enhaut…
Il y a un double effet, c’est sûr avec une réduction du nombre d’emplois dans la construction. C’est souvent le cas si l’Etat applique des mesures trop drastiques. Mais il ne me paraît pas possible d’évaluer le nombre exact d’emplois menacés.
Le même week-end, le peuple suisse votera sur l’encouragement de l’épargne-logement…
Là il s’agit de résidences principales. A mon avis, c’est quelque chose qui n’est pas nécessaire, même si beaucoup de partis politiques y sont favorables. Dans les faits, je pense qu’il n y’ aura pas de grandes demandes. L’influence étatique n’est pas nécessaire. Le rôle du franc suisse est bien plus important. Mieux vaut réduire les prix de façon générale sur le plan suisse.
Enfin un nouveau journal qui lui, permet de s’exprimer! Bravo pour cette courageuse initiative. Evidemment combattue par tous ceux que la libre expression dérange ou par ceux qui vendent les journaux soporifiques auxquels on nous a habitués. Concernant l’initiative Weber elle aurait dûnfaire l’objet d’un débat politique aux Chambres, car tant sa question que la décision qu’elle comporte devraient être des domaines cantonaux et communaux et non d’ordre national: une preuve de plus que Berne veut tout prendre en mains, se moquant du rôle des Cantons,mal défendu par ceux censés le défendre: députés, conférences intercantonales sur divers sujets, hauts fonctionnaires chargés de défendre nos droits au sein des commissions fédérales etc. triste, alors que nous essayons de défendre un type spécifique de démocratie basée sur la défense et la représentativité des droits populaires et le respect du rôle des entités composant une Confédération qui bientôt se transformera en état centralisé à la “française”ou à la “russe”.Et là où seront mes droits? Licorne.Jean-Antoine Cramer,Chambésy.