A de rares exceptions près, toutes les marques du Salon de Genève présentent cette année sur leur stand une voiture hybride, un modèle tout-électrique, au gaz naturel biogaz ou au bioéthanol: «Du jamais vu auparavant», commente René Bautz, président de Gazmobile et membre du comité du Salon.
Diesel : Fr 1.95, Sans plomb Fr 1.87, Biogaz Fr 1.13… La panneau affiché au stand de Gazmobile est très parlant : un plein de biogaz coûte presque la moitié du prix d’un plein de diesel ou d’essence sans plomb 98: «Quand j’effectue le plein de biogaz - il se mesure en kg - de ma berline Mercedes 200 NGT, cela me coûte moins de 25 francs, calcule René Bautz. La taxe sur le carburant ne représente en effet que la moitié de celle d’un véhicule à essence, soit environ 40 cts. Avec le réservoir du moteur à essence complémentaire qui équipe ma voiture et qui contient 80 l, j’arrive à une autonomie de 1'200 km. De quoi effectuer un aller-et-retour jusqu’à Marseille,» complète le directeur de Gaznat, à Vevey, qui préside aussi aux destinées de Gazmobile, la marque qui «roule» au gaz.
Gaz : des «trous » dans le réseau en France
S’il cite cet exemple français, ce n’est pas un hasard, car on trouve des bornes de remplissage de biogaz un peu partout en Europe, mais assez peu en France, un pays qui a davantage misé sur le diesel et dont les gaziers ont tablé plutôt sur des stations de remplissage à domicile. En Suisse, le réseau de stations au gaz naturel s’est beaucoup développé depuis la création de Gazmobile en Suisse, il y a sept ans. Son réseau totalise aujourd’hui 132 stations service grâce à des accords conclus avec les pétroliers; elles sont desservies par des gazoducs transitant par nos quatre pays voisins.
Avantage écologique ? Le gaz représente jusqu’à 40% de réduction des émissions de CO2, un avantage non-négligeable si l’on songe que la Suisse va introduire en juillet 2012 de nouvelles prescriptions applicables aux voitures neuves, en même temps que l’Union européenne. Les importateurs suisses seront tenus de réduire à 130 grammes par km en moyenne les émissions de CO2 des voitures de tourisme immatriculées pour la première fois en Suisse (réd: ce ne sera pas le cas des véhicules d’occasion). Faute de quoi, une sanction sera appliquée, avec des exceptions pour les petits constructeurs : «Que vous achetiez une voiture chez un concessionnaire d’une grande ou d’une petite marque, il faudra vous assurer qu’une éventuelle sanction est bien comprise dans le prix d’achat et qu’elle a déjà été payée lors de la livraison du véhicule, conseille l’Office fédéral de l’énergie. Si vous importez vous-même une voiture de l’étranger, il vous faudra demander une attestation à l’Office fédéral des routes (OFROU) pour son immatriculation».
Jusqu’en 2018, les montants de la sanction s’élèveront à Frs 7.50 pour le premier gramme au-dessus de 130, Frs 22.50 pour le deuxième et Fr 37.50 pour le troisième. Pour chaque gramme supplémentaire, la sanction sera de Frs 142.50. L’objectif assigné à chaque importateur vise une part de 65% de son parc de véhicules jusqu’en 2012, de 75% jusqu’en 2013 et de 80% jusqu’en 2014. Ah la bureaucratie… !
Avec un prix moyen de Fr 1.16 le litre équivalent essence, le gaz représente une économie de plus de 30% par rapport aux voitures à moteur standard. Gazmobile compte lancer une campagne de promotion du gaz auprès des concessionnaires de toute la Suisse en 2012, en mettant à disposition des véhicules d’essai pendant quelques semaines. Pour l’heure, La Poste, le CERN, DHL, les services industriels et les réseaux de transports publics de plusieurs cantons sont les principaux clients. Aux Etats-Unis, les constructeurs américains misent beaucoup sur le gaz et comptent mettre en service 15 millions de voitures dans les années à venir. La Suisse mise sur 1% de son parc automobile jusqu’en 2020, prédit René Bautz, soit 40'000 véhicules.
Electriques : un usage plus urbain
Voitures à gaz et voitures électriques ne correspondant pas au même usage et ne sont pas en concurrence directe, estime Gazmobile. L’autonomie des voitures électriques est réduite (de 200 à 100 km suivant les conditions atmosphériques) et correspond mieux à un usage exclusivement urbain.
En Suisse romande, plusieurs start-up se sont créées en vue de développer un réseau de bornes de recharge. C’est le cas de Green-Motion à Bussigny-près-Lausanne. Alpiq E-Mobility planifie pour sa part un réseau de 80 sites en Suisse et un partenariat avec Toyota. L’idée est d’offrir la possibilité d’installer une borne électrique à installer chez soi, incluse lors de l’achat de la voiture électrique. Pour permettre une charge rapide en 20 ou 30 minutes, au lieu d’une nuit entière sur le réseau électrique de la maison, certains fournisseurs proposent la borne de charge ultra-rapide, un «remède de cheval» qui n’est pas recommandé de pratiquer trop souvent si l’on souhaite longue vie à son pack de batteries. L’avantage du tout-électrique est le coût d’un «plein», qui s’avère pratiquement gratuit (entre 1 et 2 francs) et qui compense le prix de vente plus élevé du véhicule.
Mais qu’arrivera-t-il si les 4 millions de voitures roulant à l’essence ou au diesel sur les routes suisses sont remplacées par des modèles électriques. La consommation électrique augmenterait d’un cinquième, soit de 20%, à l’heure même où les juges du Tribunal fédéral administratif veulent imposer la fermeture de la centrale nucléaire de Mühleberg, qui produit à elle-seule 5% de l’électricité du pays… Plus plausible, un parc de voitures électriques ne dépassant pas les 15% du total : il augmenterait la production électrique suisse de 2% seulement.
Mais il faudrait pour cela instaurer un système d’incitation compensant les désavantages. L’usage quotidien devrait s’en contenter : l’automobiliste suisse ne parcourt en moyenne que 37 km par jour.
Les très grandes questions sociéto-environnementales reposent sur des expertises sanctionnées par des contre-expertises. Le médiateur est la “crise” qui se moque royalement de la pollution, du CO2, du réchauffement et autres constats scientifiques voire pseudo politico-scientifiques. Que ce soit du pétrole, de l’atome, du vent, du soleil, de l’eau, la civilisation a besoin d’énergie et cette énergie doit être produite ou soutirée. Par analogie, tout forme de vie exige de l’énergie; c’est une constante que l’on peut assimiler aux lois fondamentales de la thermodynamique.
Notre vrai problème du 21e siècle relève pourtant bien plus de considérations bassement économiques avec un but unique de résultat, d’enrichissement, de capitalisation, de pouvoir, de domination. Pour ne rester que sur la thématique de la mobilité, donc du transport, les grands “crimes” résident dans les délocalisations de proximité, proches et lointaines. Cette société a une bougeotte scandaleuse qui met à rude épreuve l’Homme, son organisme, son psychisme. “Quatre roues collées au derrière” sont devenus le fondement vital, le fondement de survie pour s’alimenter, pour travailler. La mobilité a pris des dimensions orgiaques, entraînant des consommations énergétiques astronomiques, particulièrement inutiles, polluantes tous azimuts.
L’Etat, l’industrie, la finance ont repéré la mine d’or qu’est le citoyen migrateur qui croit vivre le bonheur avec sa voiture, sa liberté, alors que de manière raffinée et occulte, il est devenu le prisonnier enchaîné, matraqué d’un système piégeur. A quoi sert la voiture, dans un environnement violemment codifié ? Aller au travail à ses frais, faire ses courses dans les périphéries encombrées, mener la progéniture à l’école. Quant à la liberté des grands espaces, elle est drastiquement comprimée par les bouchons programmés des week-ends et des grandes manifestations. Où est passé le rêve du déplacement touristique au sens premier du terme?
En 2011, la Suisse a connu 300’000 nouvelles immatriculations. En admettant une longueur moyenne de 3 m de chaque véhicule, une mise bout à bout de cette tôlerie moderne tout confort correspond à 900 km! Etonnons-nous des bouchons routiers …
Le transport privé est devenu un réel enfer. Mais il y a pire encore … le transport public cher, aux limites de l’inefficacité. Il convient d’en tirer LA CONCLUSION implacable, à savoir que cette société de la mobilité est une faillite magistrale consommant scandaleusement l’énergie d’une part et ruinant la vitalité humaine d’autre part, sans compter les victimes physiques d’un système devenu tout simplement débile.
En ce sens, les salons de l’Automobile sont l’illustration d’une profonde schyzophrénie entre le discours environnemental et le discours économique. Entre-temps la galerie a de quoi sourire.
L’effort pour réduire la consommation d’énergie est une excellente chose, par contre, mesurer son efficacité en terme de production de CO2 est une parfaite idiotie. Le CO2 ne porte aucun préjudice connu à l’environnement, bien au contraire. L’arnaque du réchauffement climatique anthropique va encore nous encombrer un moment en gênant les réels progrès tant énergétiques qu’environnementaux.