On s’y attendait et c’est ce qui est arrivé: le gouvernement Couillard autorisera le port de symboles religieux chez tous les employés de l’État, même ceux qui sont en position d’autorité. C’est le projet de loi 62.
Il fallait le faire: il va même en deçà des attentes déjà minimalistes de la commission Bouchard-Taylor! Cette dernière s’attendait à ce que les policiers, les juges et les gardiens de prison n’affichent pas leurs convictions religieuses.
Mais c’était encore trop pour Philippe Couillard qui se fait une fierté de s’aveugler devant l’intégrisme religieux.
En matière identitaire, le PLQ est en dessous de tout.
Religion
Conséquence de cela: les enseignantes et les éducatrices en garderie pourront aussi porter le voile. Et c’est probablement ce qu’il y a de plus inquiétant. Car ces personnes incarnent une autorité symbolique immense: devant les enfants, elles représentent la société.
Quoi qu’on en dise, elles incarnent le monde adulte et ses normes.
Voulons-nous vraiment que des enfants apprennent à trouver normal le fait qu’une femme doive se voiler pour se montrer en société?
Dans une société qui croit à l’émancipation féminine, devons-nous normaliser, dès l’enfance, ce signe très problématique qu’est le voile islamique?
Le relativisme, ici, justifie la soumission féminine.
Prenons aussi la question sous un autre angle.
Ainsi, n’importe qui pourra porter un signe religieux ostentatoire.
Mais dans la mesure où l’État n’est pas théologien, comment peut-il distinguer un vrai symbole religieux d’un autre?
Poussons plus loin: au Canada, le critère pour justifier ou non un accommodement raisonnable, c’est celui de la croyance sincère et profonde. On accorde un grand crédit aux revendications religieuses parce qu’elles structureraient intimement l’être humain.
Mais que faire des gens qui vivent leurs convictions politiques à peu près religieusement? Ils sont nombreux.
Peuvent-ils arriver en classe en les affichant?
En gros, dans la mesure où c’est l’individu qui juge quelles sont les convictions qu’il doit afficher par un symbole ou un autre, pourquoi privilégier les convictions religieuses plutôt que les convictions politiques? Étrange discrimination.
Une enseignante peut se voiler? Alors est-ce qu’un enseignant, par ailleurs indépendantiste et militant péquiste, peut arriver en classe avec un t-shirt à la gloire de son parti?
Un enseignant favorable à Québec solidaire pourrait-il faire de même?
Et tant qu’à y être, est-ce qu’un policier pourra porter sur la tête une casquette avec un logo de la CAQ?
Nous dirions: c’est de la propagande. Du prosélytisme. Très juste. Même chose pour le voile.
Islamisme
Car tout ce débat porte en fait sur un enjeu central: l’exhibitionnisme identitaire au cœur de la stratégie de l’islam radical. L’objectif de l’islam radical, c’est de s’imposer en Occident à ses propres conditions sans avoir à faire la moindre concession. Et il instrumentalise le corps des femmes pour montrer sa puissance.
Nos sociétés ne devraient pas hésiter à lui tenir tête et faire de la laïcité un barrage.
Le gouvernement Couillard fait le contraire.