Entre les poupées russes et les poupées Barbie, y’a pas photo !

Vendedi dernier (24 octobre 2014), Vladimir Poutine présidait à Sotchi une conférence internationale où il n’a pas mâché ses mots. Visiblement mécontent et frustré de la situation politique internationale, il s’en est surtout pris à Barack Hussein Obama, président des Etats-Unis et accessoirement -ce qui peut faire pisser de rire- ex-lauréat du prix Nobel de la paix.

Aux yeux de Poutine, les autorités états-uniennes, de par leur unilatéralisme impénitent et franchement obsolète, déstabilisent la planète entière au moyen du chantage, de la peur et d’une surveillance tous azimuts (cf. affaire Snowden). Leur position par rapport au terrorisme djihadiste relève d’un amateurisme et d’un aventurisme dangereux à l’extrême. Et de citer l’exemple tragique de la Syrie où, en premier lieu, Obama a armé les opposants d’Assad et à présent, vu les conséquences désastreuses et barbares de cette politique cafouilleuse et irréfléchie, est obligé de les combattre.

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Poutine avertit de “risques de conflits majeurs entre grandes puissances” [vidéo]

Vladimir Poutine est sorti de sa réserve, lors du sommet annuel de Valdai à Sotchi durant lequel le président russe a fait le point sur la situation internationale. Le chef de l’état a averti de “risques de plus en plus importants” d’assister à des “conflits majeurs entre grandes puissances”. Après avoir reçu une série de princes du Moyen-Orient, Poutine a souligné la défiance grandissante dans l’ordre économique et financier international édifié en 1944 à Bretton Woods :

  • “Le dollar perd de sa crédibilité comme monnaie de réserve mondiale”
  • “Un monde sans règles est une possibilité, l’anarchie croît”

 

Pour choisir le thème traité par Poutine qui vous intéresse, voir le résumé de son intervention sur breizatao

Vidéo (en anglais) :

« La patience de Poutine aura une fin »

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Par Pierre-Yves Rougeyron (photo)

Pierre-Yves Rougeyron est spécialiste en intelligence économique. Il dirige le Cercle Aristote ainsi que la maison d’édition Perspectives Libres.

 

 

Alors qu’un avion de ligne aurait été abattu au-dessus de l’Ukraine, de forts soupçons pèsent sur le gouvernement de Kiev. D’après vous, à qui profite le crime et qui en est l’instigateur ?

Pierre-Yves Rougeyron : Il est beaucoup trop tôt pour désigner des responsabilités précises, même si l’hypothèse de l’erreur de tir s’amenuise.

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Crash/Ukraine: l’avion de Poutine aurait pu être visé par le missile

Ci-dessus, similitude entre les 2 avions......

 

Le Boeing 777 de Malaysia Airlines détruit jeudi par un missile dans le ciel ukrainien pourrait avoir été confondu avec l'avion du président russe Vladimir Poutine, rapporte la chaîne de télévision russe Pervy Kanal, se référant à une source au sein de l'Agence fédérale russe des transports aériens (Rosaviatsia).

L'avion qui ramenait Vladimir Poutine d'Amérique latine a croisé le Boeing malaisien dans le ciel de Varsovie à une altitude de 10.100 m. L'avion présidentiel y est passé à 16h21 heure de Moscou et le Boeing à 15 h 44 heure de Moscou.

L'aspect des deux avions aurait pu être confondu et les couleurs étaient pratiquement identiques à grande distance, a expliqué la source ayant requis l'anonymat.

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Article en Russe

Cette Russie qui aime tant Poutine

Ils sont chefs d’entreprise, retraités, prêtres, médecins, intellectuels ou artistes et ils défendent leur Président envers et contre tous. Mais qui sont ces Russes qui plébiscitent Vladimir Poutine?

N’en déplaise à ses ­détracteurs qui le décrivent comme botoxé, ringardisé, agrippé au pouvoir malgré une contestation croissante de sa légitimité, Vladimir Poutine a toujours le vent en poupe. L’année 2013 a été bonne pour le président russe, qui a enregistré un certain nombre de victoires, nationales et internationales, symboliques ou réelles. ­Sa cote de popularité reste au beau fixe, malgré les signes d’une économie en stagnation, un mécontentement croissant des élites et un divorce définitif avec la partie «libérale» de la société russe.

Mais qui compose cette majorité qui soutient, sans faillir, le locataire du Kremlin? Nombreux sont ceux pour qui Vladimir Poutine symbolise avant tout la victoire sur le chaos des «folles années 90», celles d’un capitalisme sauvage sans foi ni loi, ­synonyme de détresse matérielle et d’insécurité. Arrivé au pouvoir en 2000, Poutine a repris le pays en main et commencé à rendre aux Russes ce qu’ils avaient perdu les années précédentes:la sécurité, la stabilité, une fierté nationale. Mais ce qui leur manquait surtout, c’était une figure capable d’incarner le pouvoir. Depuis quatorze ans qu’il gouverne le pays, Poutine se manifeste comme l’homme du pouvoir absolu, l’autocrate, le tsar que les Russes postsoviétiques se sont mis à regretter…

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Article d'origine

Ukraine – Analyse

L'avenir sombre que je prédisais à l'Ukraine il y a quelques jours s'est précipité. Sur la base  d'une liste de questions-réponses, voilà mon analyse de la situation et de la stratégie de Vladimir Poutine.

La Russie a-t-elle déclaré la guerre à l'Ukraine?

Soldats sans marquage national

Soldats sans marquage national

Officiellement, non, pour le peu d'importance que cela peut avoir. A mon sens, la ligne a été franchie quand 6'000 soldats des forces militaires russes sans marquage d'uniforme sont entrés sur le territoire ukrainien de Crimée pour prendre le contrôle des points névralgiques.

La Russie a-t-elle le droit de s'inviter en Crimée ou ailleurs en Ukraine?

La Crimée était un territoire russe dont la gestion administrative a été assignée à l'Ukraine en 1954 sous Khrouchtchev, alors que l'Ukraine et la Russie étaient quasiment fusionnées dans l'URSS. La région s'est retrouvée par le hasard de l'histoire du côté urkainien lorsque l'URSS s'est effondrée. Il n'existe pas de frontière parfaite en ce bas-monde mais clamer que la Crimée "fait naturellement partie" de l'Ukraine est aussi faux que de clamer que la Crimée "fait naturellement partie" de la Russie: ce sont de grossières approximations. Les deux parties en présence ont des arguments défendables.

Sur le strict plan du "droit d'ingérence international" défendu par certains politiciens, les troubles ayant eu lieu en Crimée sont évidemment dérisoires comparé à une occupation militaire. Il n'y a pas eu de massacre de masse, d'attentats, de guerre civile ni même de problèmes sérieux justifiant une intervention urgente pour préserver l'ordre public. La Russie n'avait donc pas un droit particulièrement solide à s'inviter en Crimée, ce qui ne l'a pas gênée outre mesure.

L'Ukraine est-elle condamnée à la partition?

Avec le contrôle russe de la Crimée, la partition est une réalité. L'Ukraine a perdu la Crimée. La question ouverte concerne destin des provinces de l'est de l'Ukraine. Tout n'est pas joué mais ces territoires pourraient suivre le même chemin.

En Crimée vivent 12% de Tartares farouchement anti-russes, survivance historique de la population de la péninsule ayant échappé aux déportations de Staline. Cette minorité est la plus susceptible de provoquer des troubles, mais ceux-ci auront pour seul effet de légitimer l'intervention russe puisque Poutine se présentera en gardien de l'ordre face au chaos si ses forces armées venaient à quitter le territoire.

Le destin des régions à forte majorité russophone de l'est de l'Ukraine est plus délicat. Dans ces zones, des habitants pro-russes ont "spontanément" manifesté pour demander leur rattachement à la Russie, mais les ethnies sont plus mélangées qu'en Crimée et la majorité n'est pas aussi nettement pro-russe. Les régions sont aussi plus facilement atteignables par des forces militaires venues de Kiev.

Le risque d'embrasement régional n'est pas nul, mais se limiterait pour l'instant à un affrontement ukraino-russe.

Les Européens et les USA vont-ils agir?

Pour l'instant la riposte occidentale se limite à ne plus inviter la Russie au G8. On imagine mal pareilles mesures de rétorsion faire reculer Poutine.

Sur le plan militaire, les options sont maigres. Les Européens n'ont ni les moyens financiers, ni les moyens militaires, ni même une volonté politique suffisante pour s'opposer aux forces russes. Les USA ont des moyens militaires, mais ceux-ci sont déployés sur bien d'autres théâtres d'opération. Impliquer l'OTAN aurait de toute façon des répercussions incalculables. Après la révolution de février, l'Etat ukrainien est paralysé, au moins jusqu'aux élections prévues en mai. L'armée ukrainienne est en déshérence depuis des décennies. L'Etat n'a plus un sou en caisse. Les défenseurs de l'Ukraine dans ses frontières récentes n'ont donc guère d'arguments militaires à faire valoir.

De leur côté, les Russes sont financièrement en difficulté eux aussi mais leur armée a été moins négligée, ils disposent de bases sur place et enfin ils tiennent la Crimée. Plus le temps passe, plus la Russie est en position de force pour entériner une annexion de fait.

Le point central de toute opération de ce type est l'acceptation de la nouvelle situation par les populations locales. De ce point de vue, pour les Russes l'opération est un succès. Le sentiment national est faible en Ukraine, la faute à des gouvernements successifs avivant les tensions ethniques alors qu'ils faisaient monter les enchères entre l'Union Européenne et la Russie pour mieux continuer leurs détournements. Les militants de la place Maïdan à Kiev ont beau s’époumoner "Ukraine Unie", les russophones de Crimée ne l'entendent pas de cette oreille. Ils sont bien contents d'être passés sous le contrôle de Moscou.

Jusqu'où ira la Russie?

L'Ukraine étant en faillite, Poutine a dû faire la part des choses. Quitte à faire une croix sur des milliards d'arriérés de paiement de l'Ukraine envers la Russie - selon les contrats gaziers léonins signés par la "passionaria de la révolution" Ioulia Timochenko! - s'emparer de la Crimée était pour Poutine une simple façon de s'indemniser en se payant sur la bête. L'Ukraine ne s'en sort d'ailleurs pas si mal puisqu'elle a désormais une excuse parfaite pour renoncer à payer sa dette.

Héritier de l'époque soviétique (il était agent du KGB) Poutine raisonne en termes de frontières, de rapport de force, et d'image. Il a estimé que les Occidentaux étaient faibles, divisés et réticents à réagir, et donc qu'il n'encourrait pas grand-chose à impliquer militairement la Russie sur des territoires limitrophes. C'est un jeu dangereux mais jusqu'ici il s'est avéré payant. Je doute fort que Poutine rapatrie ses soldats sans avoir reçu des milliards de dollars au titre des arriérés de paiement ukrainiens, il pourrait même pousser le bouchon jusqu'à réclamer une indemnité pour avoir maintenu la paix en Crimée! Mais l'avenir des bases militaires russes en Ukraine serait définitivement compromis, donc je n'y crois guère.

Il faut surtout espérer que Poutine s'arrêtera là. Sinon, les dirigeants d'autres régions russophones ou à forte minorité russophone hors de Russie (je pense par exemple aux pays baltes) peuvent s'inquiéter...

Quelle sortie de crise possible?

Dans le meilleur des cas, la Russie aura gagné la Crimée et l'Ukraine soldé sa dette d'une façon peu enviable. Quelques régions limitrophes pourraient changer de main pacifiquement à l'issue de référendums régionaux d'autodétermination. Il faut espérer que les exactions des majorités sur les minorités (Russes contre Ukrainiens à l'est, Ukrainiens contre Russes à l'ouest) et les déplacements de population seront réduits au minimum.

Dans le pire des cas, Kiev tentera de défendre l'intégrité du territoire ukrainien - au mépris du désir des populations régionales concernées, j'insiste - et l'est de l'Ukraine sombrera dans la guerre conventionnelle et la guerre civile, avec un niveau d'implication indéterminé de l'Union Européenne et des Etats-Unis sous l'égide de l'OTAN. L'Ukraine étant un pays en sous-développement et dotée d'un gouvernement à la très faible légitimité au sortir d'une révolution, cette hypothèse est heureusement peu probable, malgré les rodomontades des manifestants de Kiev.

La Russie occupe depuis six ans le territoire de l'Ossétie du Sud après avoir agressé unilatéralement la Géorgie sous des prétextes cousus de fil blanc, sans subir aucune forme de sanction internationale. Poutine a simplement adapté ce scénario à l'Ukraine.

Stéphane Montabert - sur le web