C’est la chancelière allemande Angela Merkel qui a invité Barack Obama, Matteo Renzi ainsi que François Hollande pour participer à une réunion hier à Hanovre. Officiellement il s’agissait de parler des « grands sujets internationaux » : mais derrière cet intitulé très vague se cache sans doute l’existence de sujets qui fâchent à l’instar des négociations de TAFTA.
Comment Obama compte t il défendre ce traité très impopulaire ?
Comme nos camarades le disaient dans le bulletin d’hier matin : le président américain n’a pas manqué d’insister sur les bienfaits de ce traité. Il permettrait de créer la plus importante zone de libre échange de l’histoire couvrant 50 % du PIB mondial. Il a aussi rappelé l’évolution positive que subiraient les variables macro économiques : selon lui TAFTA, c’est une augmentation de 6 % des exportations européennes, 2 millions d’emplois en plus et un surcroit de 119 milliards d’euros dans l’économie européenne.
A en croire la couleur de ces variables il s’agit d’un accord gagnant gagnant
Dans une perspective ultralibérale où le marché doit faire la loi, oui c’est le cas. En revanche beaucoup de points noirs persistent… Déjà, des responsables politiques dénoncent le manque de transparence des négociations qui se déroulent à huis clos et dont les négociateurs sont issues à 90 % du privé. D’autre part, ce traité permettrait la création d’une justice parallèle à sens unique qui permettrait aux entreprises d’attaquer les Etats par l’intermédiaire des tribunaux arbitraux.
Qui seraient ces arbitres ?
Encore une fois il s’agirait de gens issus du privé comme des avocats d’affaires habitués des intérêts industriels et des lobbyistes. D’ailleurs, ces tribunaux existent déjà et ont permis à Philipp Morris d’attaquer l’Uruguay et l’Australie pour des campagnes anti tabac qu’ils considéraient comme discriminatoires. Ces deux pays pourront écoper d’une amende de plusieurs milliards de dollars.
Il n’est donc pas étonnant que cette réunion entre les 5 chefs d’Etat se déroulent à huis clos
En effet, en l’état défendre un traité qui ferait primer le contrat commercial sur le contrat social et les tribunaux arbitraux sur les lois nationales n’est pas le meilleur calcul pour des hommes politiques. En Allemagne seuls 17 % de la population considèrent que TAFTA est une bonne chose. Mais, ce qui inquiètent le plus les Européens sont les dérives induites par l’harmonisation des normes commerciales : qui feraient circuler les poulets lavés à l’eau de javel ou les bœufs aux hormones sur le vieux continent… Mais après tout quand des sociétés deviennent des supermarchés, les lois ne deviennent elles pas des étiquettes ?