De quoi souffrent les djihadistes du terroir?

Mireille Vallette: Temps présent ne se la conte pas: les djihadistes, tranche-t-il, ne sont pas des malades mentaux. Mais encore?

(Temps Présent, 55 minutes)

Temps présent du 13 mai dernier, fort intéressant, retrace le parcours de deux djihadistes suisses.

En fait, il sont trois. Le 12 septembre 2020, un Turco-Suisse qui veut «venger le Prophète» poignarde au hasard un Portugais qui y laisse la vie. Quelques semaines plus tard au Tessin, une femme fichée pour radicalisation blesse au couteau deux clientes dans un magasin.

Et en janvier dernier, un Vaudois converti à l’islam est condamné en France à 15 ans de prison pour «association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme».

La Suisse est confrontée pour la première fois au terrorisme islamiste sur son territoire.

L’émission retrace le parcours chaotique des deux hommes: délinquants, «en manque d’amour»,  mal à l’aise avec la sexualité, etc. Soit une situation que rencontrent d’innombrables jeunes non-musulmans.

Mais dans l’émission, nous avons changé de monde. Nous sommes dans celui de l’islam, où les jeunes musulmans qui vivent des difficultés risquent de tomber dans le radicalisme, voire le djihadisme. Cette dérive finit par paraitre naturelle.

Les autres jeunes en difficulté, non-musulmans, ne se radicalisent pas, ne tuent pas. Pourquoi alors des musulmans? Quel lien avec leur religion? Le sujet est trop brûlant, trop compliqué, il ne sera donc pas traité.

Temps présent a décidé de se centrer sur une autre question:

Ces djihadistes sont-ils «des malades mentaux?»

Et la journaliste a placé son audace dans la réponse:

«Ce ne sont pas des malades mentaux comme d’ailleurs la plupart des djihadistes. Leur discernement est intact. Leur contact avec la réalité inaltéré.»

Elle nous apprend alors ce qui explique «pour une large part leur radicalisation et parfois le passage à l’acte»:

«…leurs failles, leur instabilité» 

C'est la conclusion d'un voyage de 50 minutes «dans le cerveau des djihadistes» (sous-titre de l’émission). Un cerveau finalement si simple à comprendre.

Source: https://boulevarddelislamisme.blog.tdg.ch

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Sur le thème de la radicalisation, dans le même blog:

Bienvenue dans le monde foisonnant de la radicalisation.  Les initiatives destinées à dissuader d'emprunter des chemins sanglants se multiplient. Les méthodes varient, mais ont un interdit commun: l'islam.

La mascarade de «l’extrémisme violent» est en plein essor Cette année, la Police fédérale finance seize programmes de prévention de la radicalisation. Le nôtre a été recalé.

Radicalisation islamique: 85 cas sur 100, mais chut!

Pour prévenir la radicalisation, finançons les mosquées!

Radicalisme islamique à Genève: le grand secret préservé 

Tribune de Genève: un morceau d’anthologie de l’enfumage médiatique

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Cenator: La voix de Sofia Pekmez, remplie de pathos et d’assurance, est spécialement énervante.
Mais avant même de consacrer 51 minutes à écouter cette émission, avec son défilé de psychiatres et d’autres spécialistes, nous savions déjà, connaissant l’orientation idéologique de notre service public, que la question de l’islam ne serait pas abordée, ou que si elle l’était tout de même, ce serait d’une manière biaisée de
façon à disculper l’islam.

L’emprise du politiquement correct masque toutes ces questions, de fait « interdites d’antenne », et encore moins sujettes à débat pour nos médias – qu’il s’agisse des crimes d’honneur, comme la jeune fille défigurée à Yverdon par un Afghan éconduit, ou du vivre-ensemble avec l’islam dans des sociétés multiculturelles.

Alors que partout où l’islam n’a pas encore pris le pouvoir, d’énormes problèmes insolubles pèsent déjà sur le quotidien des non-musulmans.

Ces questions devraient être la préoccupation N° 1 des Suisses. Or non seulement tout débat franc est absent, mais bien au contraire, le problème s’aggrave de plus en plus avec des initiatives comme le Pacte mondial sur la migration, que le Conseil fédéral n’a pas le courage d’affronter franchement et de refuser catégoriquement, comme il se doit pour tout peuple tenant à sa liberté et à son histoire.

 

Temps présent du 7 septembre : “Quand je serai vieux, je serai pauvre”

69 ans après la création de l’AVS et 32 ans après celle du 2ème pilier, le problème de la pauvreté des personnes à la retraite n’est toujours pas réglé. Pire, il s’aggrave. Selon certaines estimations, un retraité sur cinq se débrouille aujourd'hui comme il peut pour ne pas sombrer en dessous du minimum vital. Leur quotidien est fait de petites et grosses batailles pour boucler les fins de mois. Ils ont surmonté un tabou typiquement helvétique, la stigmatisation de la pauvreté, pour témoigner face à la caméra.

Au milieu du mois, Renée n’a plus que 100 francs pour le terminer. Comment fait-elle? Elle vit d’expédients, notamment en vendant des appareils ménagers ou d’autres objets de valeur, dont elle se prive de plus en plus. Son AVS et sa caisse de pension lui assurent un revenu mensuel de 2'570 francs. Ce n’est pas assez pour subvenir à ses besoins. La moindre dépense imprévue déséquilibre son budget.

Ils et elles sont des centaines de milliers à vivre de cette manière, parce que beaucoup touchent des rentes vieillesse trop faibles pour faire face au coût de la vie en Suisse. La hausse des loyers et celle des primes maladie est passée par là. Et les prestations complémentaires ne parviennent plus à boucher tous les trous.

Cette pauvreté est d’abord féminine. Un demi-million de femmes n’ont que l’AVS pour vivre. En moyenne, leurs rentes sont inférieures de 37% de celles des hommes. Une inégalité frappante à cause du 2ème pilier, qui les pénalise particulièrement. Cette précarité des aînés risque d’augmenter, car les fins de carrière professionnelle sont désormais de plus en plus difficiles, en raison du chômage de longue durée, entre autres. La conséquence: des caisses de pension insuffisantes pour compléter l’AVS..

Générique

Un reportage de Pietro Boschetti et Xavier Nicol
Image : Alain Pentucci Son : Benedikt Fruttiger Montage : Chantal Dall'Aglio

Source RTS

Le jour où mon voisin a voté UDC [vidéo]

Des lecteurs, furieux nous écrivent au sujet du Temps Présent d'hier soir :

1) Témoignage de Eyeswideopen : Alors que les votations (par correspondance) battent leur plein, voici un type de reportage politique extrêmement PERVERS : "Comment peut-on voter UDC ?"  Temps Présent du 06.02.16  On nous présente l'UDC via quelques portraits soigneusement choisis, au discours primitif, puis on propose à un socialiste expérimenté (leader syndicaliste p. ex. de commenter). Avez-vous déjà vu un reportage consacré au PS ou aux Verts sur le même schéma, c'est-à-dire où chaque point de vue est commenté par un UDC ? Très vicieux, pervers !

2) Témoignage de Cenator :  sur le fait que de plus en plus de gens votent UDC, depuis 30 mn 00.  A devenir fou de voir à  quel point le journalope est un manipulateur, salissant l'UDC.
Des interviews qui ne visent qu’à renforcer l'idée que les gens qui votent UDC sont stupides, infréquentables, et se trompent. Le reportage insiste sur les vrais gauchistes qui ne tomberont jamais aussi bas que voter UDC.
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Temps Présent, chronique d’un dénigrement ordinaire

Sous le titre "Y a-t-il un Suisse pour lancer sa boîte?" le magazine télévisé Temps Présent lança jeudi 28 janvier un sujet bien polémique sur la relation entre les Suisses et les étrangers établis en Suisse, attaquant selon l'angle de la création d'entreprises:

Les immigrés en Suisse sont deux fois plus entreprenants que les Suisses de souche. C’est le constat surprenant fait par une étude de référence. On sait que la Suisse est l’un des pays d’Europe où le taux de chômage est le plus bas. On sait aussi que les créations d’entreprises, et le tissu de PME qui en résulte, explique en bonne partie cette belle santé du marché de l’emploi.

On sait ceci. On sait cela. De ces affirmations sur lesquelles j'aurai l'occasion de revenir, la présentation se permet ensuite de livrer son verdict avec la subtilité du rouleau-compresseur:

C’est un fait : les immigrés sont plus audacieux, plus créatifs, et plus prompts à passer à l’acte que les Suisses.

Dont acte. La supériorité est gravée dans le marbre. Les Suisses, tellement inférieurs aux immigrés! Le tout étant présenté comme un fait absolument indiscutable. Voudrait-on encore nous faire avaler les innombrables avantages de l'arrivée d'étrangers de toute sorte, des faux migrants aux criminels? À quelques semaines des votations du 28 février, difficile de penser autrement. Mais l'entame du reportage donne l'explication: il s'agit seulement d'une campagne de propagande à posteriori visant à culpabiliser le bon peuple contre l'Initiative contre l'Immigration de Masse qu'il a eu le malheur d'approuver.

"Il y a près de deux ans, le 9 février 2014, le peuple suisse votait contre l'immigration de masse, avec l'espoir notamment de protéger ses emplois contre la concurrence étrangère. Il ne devait pas avoir toute l'histoire en tête."

Qu'il est benêt ce peuple! Mais réjouissez-vous, la leçon de morale est payée avec votre redevance...

Le prochain Steve Jobs sera migrant syrien ou ne sera pas

Le reportage entier fait reposer son postulat sur une étude du Global Entrepreneurship Monitor de 2012, partiellement réalisée par sondage et présentée comme une étude de référence, pour lui faire résumer la chose ainsi:

Sur cent Suisses, il y a exactement cinq créateurs d’entreprise. Alors que sur cent immigrés de première génération, il y en a 9,1 : presque le double. Pour cent immigrés de deuxième génération, il y en a huit. Autrement dit, plus on est Suisse, moins on est entreprenant.

Même en cherchant dans la base de statistiques du site, impossible de trouver des données pour des immigrés de première ou deuxième génération. Mais acceptons l'idée: les immigrés créent plus d'entreprises en Suisse que les Suisses eux-mêmes. Est-ce vraiment parce que, comme l'affirment les journalistes de Temps Présent dans un raccourci volontairement insultant, "plus on est Suisse, moins on est entreprenant"?

L'étude comparative de la population suisse avec celle des pays voisins ne montre pas vraiment cela. En prenant une statistique vraiment significative comme le pourcentage de personnes de 18-64 ans vivant de leurs entreprises depuis 3 mois mais moins de 3 ans et demi (indicateur "KN.A7"), soit les gérants de jeunes pousses, on voit que la Suisse s'en sort plutôt bien:

jeunes_entreprises_KN.A7.png

Taux de propriétaires de jeunes entreprises en % de la population

Mais en y réfléchissant, le graphique introduit un problème curieux: les pays frontaliers de la Suisse, fournisseurs des plus gros contingents d'immigrés présents dans le pays, montrent moins de jeunes entrepreneurs qu'en Suisse. Non seulement c'est contrairement à l'affirmation réductrice de Temps Présent, mais cela nous amène à un paradoxe apparent: comment des gens issus de population plutôt moins tournées vers la création d'entreprise deviendraient subitement des entrepreneurs féconds une fois arrivés ici?

Se pourrait-il que la Suisse suscite la vocation des nouveaux venus? Ou que les immigrés aient une nature différente de leur population d'origine? Et si la vérité tenait un peu des deux?

La Suisse, favorable aux entrepreneurs de toutes origines...

La Suisse constitue depuis des siècles un terreau favorable aux entrepreneurs. La tradition helvétique du droit de propriété et sa démocratie directe contrecarrent les volontés de spoliation les plus excessives de la frange jalouse de sa classe politique. Malgré des dérives récentes, elle se situe encore dans les premières places des classements internationaux de liberté économique. Elle reste l'un des pays les plus industrialisés du monde.

Ce terreau favorable suscite depuis longtemps les vocations. Sachant qu'ils pourront compter sur une main-d’œuvre de qualité et un cadre législatif favorable, de nombreux immigrés fondent leur entreprise dans le pays, générant dans leur sillage la prospérité pour tous. De Nicolas Hayek, fondateur de Swatch Group, à Stefan Kudelski, fondateur de Nagra Kudelski Group, bien des grands noms d'origine étrangère méritent tous les lauriers. Le reportage de Temps Présent fait d'ailleurs la part belle à ces entrepreneurs étrangers en donnant la parole à quelques-uns de ces précieux individus.

Reste que le cadre suisse n'explique pas la différence de comportement entre les autochtones et les immigrés. Selon moi, la raison se trouve ailleurs: de part leur nature, les immigrés sont des individus un peu plus entreprenants que la moyenne et transmettent dans une certaine mesure ce trait de caractère à leurs enfants. Pas dans des proportions incroyables, mais suffisantes pour être statistiquement significatives. Un individu capable de prendre la décision de quitter son pays aura probablement une attitude plus volontariste envers la vie en général, ce qui peut l'amener à tenter sa chance en fondant sa société un peu plus qu'un individu lambda.

Là encore l'affirmation doit être tempérée par un sérieux bémol, car mettre tous les étrangers dans le même panier est une grossière simplification. Les explications précédentes ne valent sans doute que pour des individus déjà capables de travailler dans un pays donné, par exemple. Si vous êtes illettré, débutant dans la langue locale, ou d'une culture radicalement différente du cru, vous aurez peu de chance d'être couronné de succès dans votre création d'entreprise - à supposer que vous parveniez à engager les démarches administratives pour la fonder. Les statistiques de création d'entreprise par la "manne" des migrants de Syrie ou d'Irak ces prochaines années seront certainement instructives.

Les étrangers en Suisse ne sont pas des individus supérieurs ; à la marge, face à la création d'entreprise, une petite partie d'entre eux est plus susceptible de passer à l'acte. Ce trait de caractère n'est pas lié à leur statut légal mais à leur état d'esprit, et cela affecte aussi... Les Suisses! Nous avons de sérieux indices de cette différence en contemplant, tout simplement, les expatriés helvétiques eux-mêmes.

...Et les Suisses, des entrepreneurs!

Si les individus qui changent de pays sont plus susceptibles de devenir des entrepreneurs, cela doit aussi être vrai des Suisses qui choisissent l'émigration. Y a-t-il des individus de la trempe d'un Louis Chevrolet de nos jours?

Il n'existe malheureusement pas de statistiques sur les entrepreneurs suisses de l'étranger. Ni le site des Suisses de l'étranger, ni le média public SwissInfo, ni l'Office Fédéral de la Statistique ne maintiennent ce genre d'information. Tout au plus l'OFS se contente-t-il d'agréger péniblement les chiffres de présence de ressortissants helvétiques dans chaque pays, mais même là, identifier correctement les émigrants s'avère une tâche difficile puisqu'on peut compter de nombreux cas de double-nationalité retournant dans leur pays d'origine.

immigration,mensonges,médias,temps présentEntre un Suisso-péruvien revenant dans son Pérou natal pour y couler une douce retraite ou une famille genevoise s'offrant une maisonnette en France voisine, il est difficile de tracer le véritable contour d'une émigration volontaire, miroir de l'immigration reçue par la Suisse ces dernières décennies.

Nous avons malgré tout de petits indices du comportement des Suisses à l'étranger, par exemple à travers la série documentaire "Bye-bye la Suisse" de la RTS. La série relate les péripéties de familles suisses quittant le pays pour une vie plus exotique. L'émission en est à sa cinquième saison et montre avant tout des entrepreneurs. D'un magasin de surf à l'hôtellerie en passant par la construction de bungalows, personne ne cherche un emploi salarié traditionnel.

Ailleurs, des paysans suisses lancent de vastes exploitations agricoles en profitant de terrains moins chers. Là encore, des entrepreneurs.

Quitter la Suisse implique de laisser derrière soi un pays à haut niveau de vie. Il y a énormément de raisons personnelles de le faire (l'appel de l'océan par exemple) mais pour la recherche d'un poste de salarié bien payé, cela n'a pas grand-sens. Si un jour des statistiques détaillées sont disponibles pour des Suisses émigrés et sans double nationalité au moment de leur départ, je mets ma main au feu que la proportion de créateurs d'entreprises parmi eux sera bien plus élevée que celle des immigrés arrivant en Suisse. Elle pourrait même être écrasante.

Faux procès en culpabilité

Temps Présent se garde bien d'évoquer les créations d'entreprise par des expatriés suisses ; cela contreviendrait au message si lourdement martelé. Mais l'émission s'éloigne encore d'un compte-rendu correct de la situation en évoquant les chiffres de l'École polytechnique de Lausanne sur la distribution de bourses Innogrant. Dévoilons le paragraphe en rapport:

[L'EPFL] essaye de favoriser le lancement de sociétés exploitant des découvertes issues de ses laboratoires. Un système de bourses, Innogrant, a été mis sur pied. Le système fonctionne, mais il n’est pas pris d’assaut, et, de manière plus nette encore, les Suisses se font tirer l’oreille. Sur 82 bourses accordées depuis 2005, seules 23% ont été attribuées à des autochtones. Les autres viennent du reste de l’Europe, pour 58% d’entre eux et de pays extra-européens pour 19%.

etudiants_EPFL_schema.pngLes proportions annoncées sont rigoureusement exactes, on les retrouve page 24 de la présentation du programme. Mais elles ne dévoilent pas toute la réalité. Pour la comprendre, il faut creuser dans les statistiques de l'EPFL elle-même. Prenant par exemple les chiffres 2015, ces derniers montrent que 42% des étudiants en Bachelor ou en Master sont étrangers. Mais pour les étudiants en fin d'études, les doctorants, la proportion d'étrangers monte à 80%. Cette proportion est stable.

Or, la création de start-up basée sur des résultats de recherche est typique de cette catégorie de personnes. Un ingénieur fraîchement diplômé se mettra probablement en quête d'un emploi. Un étudiant-chercheur, lui, effectuera des travaux en laboratoire jusqu'à trouver quelque chose d'exploitable, et se lancera peut-être ensuite dans la création d'une micro-entreprise pour faire fructifier ses découvertes. Ce genre de parcours est répandu et encouragé au sein de l'EPFL.

Il n'y a rien de honteux à voir les Helvètes ramasser 23% des bourses d'un programme d'aide lorsqu'ils constituent seulement 20% de la population susceptible de les recevoir.

Peut-être Temps Présent n'a-t-il pas cherché à creuser plus avant, l'analyse superficielle du programme Innogrant correspondant trop bien au message à faire passer. Mais la réalité est nettement plus nuancée que le portrait de Helvètes qui auraient "indubitablement plus de peine à se lancer que les immigrés," comme l'affirment les journalistes...

Les immigrés entreprenants, et les autres

Le postulat du documentaire de Temps Présent est que les Suisses ont eu tort d'approuver l'initiative UDC du 9 février 2014 contre l'Immigration de Masse sur le plan de l'emploi. Les immigrés qui ne viendront pas ne fonderont pas d'entreprises, forcément.

Reste à savoir de quelles entreprises l'on parle. L'imagination joue des tours. Selon les statistiques sur les entreprises, 92,3% des sociétés suisses sont des micro-entreprises avec moins de 10 employés. Ne serait-ce qu'à cause de leur jeunesse, la plupart des entités créées par les immigrés appartiennent à cette catégorie. Les exemples choisis par Temps Présent sont des exceptions, choisis à dessein pour renforcer le message.

Le procès du 9 février est particulièrement mauvais parce que l'intérêt économique de la Suisse était la seule notion préservée dans le cadre du contrôle migratoire. Par ailleurs, l'Initiative contre l'Immigration de Masse s'inscrivait dans un cadre beaucoup plus vaste. Elle concernait certes l'installation professionnelle, mais aussi les travailleurs frontaliers, les requérants d'asile, les immigrés venus en Suisse au nom du regroupement familial (dont beaucoup ne travailleront jamais), et enfin la volonté de reprendre une politique migratoire autonome face à l'Union Européenne - autant d'aspects évidemment éludés dans le documentaire.

La classe médiatique continuera encore longtemps à clamer que la Suisse a jeté le bébé avec l'eau du bain le 9 février ; mais sachant que la population étrangère souffre d'un taux de chômage double des autochtones, même le volet économique ne peut pas se réduire aux simples créations d'entreprise. Les entrepreneurs étrangers, toujours bienvenus, ne peuvent pas faire complètement ignorer les autres aspects d'une immigration incontrôlée, qu'il s'agisse des criminels, de la charge sur les mécanismes sociaux ou de la qualité de vie.

Reconnaissons à Temps Présent le mérite d'avoir fourni sur ce thème un angle d'attaque original. Sur le fond, en revanche, rien de nouveau.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch