Le journaliste du Temps, Yves Petignat s'est fendu d'un article assez répugnant, pour tenter de disqualifier la nouvelle vice-présidente de PROTELL, Olivia de Weck, article intitulé " ProTell, un faux nez".
Nous avons hésité à écrire une réponse, mais notre ton aurait été trop violent, devant la bassesse du Monsieur. Heureusement, l'un de nos correspondant a trouvé les mots justes :
Cher Monsieur Petignat,
J'ai lu avec intérêt votre article en référence.
Plusieurs choses m'étonnent :
1) Vous ne répondez pas à la question de fond, à savoir "Pourquoi ?"
Vous réfutez l'argument d'une tentation autoritariste de l'UE, parce que l'association d'idée avec les régimes totalitaires vous choque. Soit. Mais vous n'apportez pas d'explication alternative.
La question reste donc entière: "pourquoi ?"
Pourquoi l'UE a-t-elle décidé d'engager ce processus qui consiste non seulement à durcir dès aujourd'hui l'accès aux armes dans toute l'UE, mais également de prévoir un nouveau durcissement tous les 5 ans ? Officiellement, il s'agit de lutter contre le terrorisme. L'absurdité de l'argument est telle que le Conseil fédéral lui-même vient discrètement de le faire disparaître de sa communication, préférant soudain parler de "réduire l'utilisation frauduleuse des armes".
Quelle est donc votre explication ?
2) Vous associez étrangement la légitimité démocratique au taux de participation aux élections
L'absence de légitimité démocratique de l'Union européenne provient de tout autre chose : le peuple n'y est directement représenté qu'au Parlement, et le Parlement européen n'a, concrètement, aucun pouvoir. Il ne peut pas proposer une loi. Il ne peut que valider les lois imposées par la Commission européenne. Les parlementaires ne peuvent même pas voter des amendements, car seule la Commission a le pouvoir de les mettre au vote.
Or, la Commission elle-même, n'est pas élue mais nommée, ne rend de comptes à personne, et n'est pas révocable.Les deux instances qui possèdent la réalité du pouvoir en Europe sont le Conseil - donc les chefs de gouvernement des États membres - et la Commission. Donc des représentants de représentants, ou des représentants de représentants de représentants.
On est très, très loin d'une démocratie moderne selon le principe de Montesquieu (séparation des pouvoirs entre législatif, exécutif et judiciaire, et mécanismes d'équilibre entre les 3).
3) Enfin, vous semblez confondre totalitarisme et tyrannie
Avez-vous lu Tocqueville ? Ce brillant esprit du XIXe Siècle a très justement observé qu'il y a 2 manières de sombrer dans la tyrannie. Soit les épisodes violents que vous décrivez (les totalitarismes marxistes ou fascistes). Soit ce qu'il nomme le "despotisme mou" ou "despotisme démocratique". En gros, la confiscation progressive de la démocratie par un pouvoir technocratique et sans visage, qui profite de la montée des individualismes pour accroître insidieusement son pouvoir dans tous les domaines, jusqu'à disparition de toutes les libertés individuelles.
Tocqueville affirmait que cette seconde forme de despotisme était de loin la plus dangereuse. Car comment se révolter contre un système tentaculaire et sans visage? Et lorsqu'on relit Tocqueville, c'est l'Union européenne que l'on voit se dessiner à chaque page.
Vous écrivez: "L’UE est précisément née pour prévenir le retour de la tyrannie et du désastre sur notre continent." Et le paradoxe, c'est que c'est précisément ce qui explique cette dérive
supranationaliste et antidémocratique de l'UE.
Pour empêcher la guerre entre les nations, il suffit d'imbriquer fortement leurs économies. Et à l'origine, l'UE, c'était cela. Mais au projet économique s'est substitué un projet politique: le désastre ayant été associé au nationalisme, l'UE s'efforce de tuer la nation. Donc les peuples. Et ne s'embarrasse pas de démocratie pour y parvenir.
J'avoue que la fascination des journalistes de la presse romande pour l'UE me laisse perplexe. En Suisse, toute notre histoire, toute notre culture nous poussent à l'amour de la liberté et de la démocratie. Notre petit pays est justement né d'une révolte contre ces pouvoirs lointains,
ces oligarchies autoritaires et coercitives.
Peut-être la fréquentation des politiciens fait-elle naître chez les journalistes la tentation de faire partie un jour d'une confortable nomenklatura ?
Meilleures salutations,
Serge Vidal
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