Par Anne Carron, Présidente de la section genevoise du Nouveau mouvement européen suisse:
Malgré de vives critiques sur son fonctionnement, l’Union européenne (UE) reste cependant une nécessité pour la paix et la prospérité du continent européen. Elle demeure le partenaire privilégié des grandes puissances mondiales, qui refusent de traiter dans la cacophonie des petits Etats européens.
En Suisse, loin de porter les fruits promis par l’UDC, les négociations autour de la mise en œuvre de l’initiative «Contre l’immigration de masse» menacent directement la prospérité apportée par les années de relations bilatérales avec l’UE. Face à cette débâcle, une option, taboue depuis 1992, ressort renforcée: l’adhésion.
Contrairement aux idées reçues, la Suisse n’arrive pas à défendre ses intérêts en restant seule face à l’UE. Le secret bancaire est à l’agonie suite à l’entrée en vigueur de l’échange automatique d’informations. Les jours du statut spécial accordé aux sociétés de domicile sont comptés dans le cadre de la réforme fiscale RIE III. Enfin, beaucoup d’entreprises se conforment déjà spontanément aux normes européennes par pragmatisme et par souci d’économie.
Reste le libre accès au marché unique, y compris bancaire, auquel la Suisse n’a pas droit; la reprise automatique du droit européen qui nous guette, alors que notre pays est exclu de son élaboration, même s’il pourrait en améliorer le contenu; le franc fort qui détruit l’industrie du pays, alors que la Banque nationale n’arrive plus à défendre notre monnaie face à la spéculation mondiale.
La souveraineté de la Suisse, seule contre tous, vantée par l’UDC est une chimère. Au contraire, notre pays ressortirait renforcé dans sa souveraineté à bénéficier d’un droit de veto au sein de l’UE, à faire des alliances avec les pays européens pour défendre sa prospérité et celle du continent. L’exemple du micro-Etat pourtant si puissant et riche qu’est le Luxembourg est éloquent.
Tout comme le bon sens en affaires invite à investir quand les actions sont au plus bas, il vaut mieux adhérer à l’UE tant qu’elle se montre conciliante et propose une adhésion à la carte. En revanche, l’obstination de l’UDC à lutter contre les grands mouvements de l’Histoire, notamment la nécessité d’un Etat fédéral européen pour défendre les valeurs de tout un continent dans la globalisation, peut conduire la Suisse à tout perdre: sa prospérité autant que sa souveraineté.