FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour la philosophe Renée Fregosi, la réponse au nouveau totalitarisme islamiste passe par le réarmement tant idéologique que militaire. Il faut en finir avec la mentalité pacifiste, prétexte à tous les renoncements.
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Hitler et Staline montent en ballon.
C’est le titre d’un livre de Gérard Guicheteau trouvé dans un vide grenier à la campagne. Un de ces livres qui n’a pas eu beaucoup de succès j’imagine.
Dans ce livre, il y est décrit toutes les négociations du roublard Staline et de son complice hypocrite Hitler. De ces négociations naîtra le pacte de non agression entre l’Allemagne Nazi et l’Union Soviétique en 1939. De ce fait, le Parti Communiste Français entra dans la collaboration ouverte, et dans l’opposition au gouvernement du Front Populaire, au point qu’il fût interdit par celui-ci.
Les nazis et les communistes main dans la main
En 1939, le PCF, égal à lui-même mena une guerre de désobéissance envers les intérêts Français. Maurice Thorez, grand patron du PCF, déserta de son unité et vint à Moscou. Le PCF en France collabora avec les nazis jusqu’en juin 1941. Il négocia avec la Kommandatur, la réapparution du journal l’Humanité interdit par le Front Populaire. Il entra en Résistance juste après avoir reçu l’ordre de Staline suite à l’envahissement de l’Union Soviétique par les troupes d’Hitler. Leur patrie n’était pas la France, mais l’Union Soviétique. Certains à titre personnel avait rejoint Londres. D’autres furent liquidés par le PCF parce que trop critiques.
Ce point d’histoire est nécessaire pour comprendre que les liens entre socialistes sont plus profond qu’on le dit et que ce qui sépare le totalitarisme soviétique avec le totalitarisme nazi n’est en fait, qu’une feuille de papier. Leur origines se trouvant dans le socialisme au même titre que le fascisme inventé par l’ex socialiste Mussolini. La volonté de créer un homme nouveau étant la base, et celle de faire table rase du passé également.
Nous retrouvons ces racines socialistes et cette volonté de tout raser pour « reconstruire » une société nouvelle ou l’homme, ne serait plus qu’un être obéissant au chef, au Furher, au Duce, au secrétaire du parti, comme à l’Imam et à l’Ayatollah suprême. Ces liens ne sont pas nouveaux puisque nous savons l’admiration que portait Hitler pour l’Islam. Il vantait l’esprit de sacrifice des soldats musulmans, l’obéissance à un dieu, et l’idée de mourir pour lui. Le grand mufti de Jérusalem en a profité pour lui glisser dans l’oreille que le four crématoire était la seule place à donner aux juifs. Il y eut 3 division de WaffenSS musulmans. Aujourd’hui, Mein Kampf est best-seller dans les pays musulmans y compris au Maroc.
Loin de moi d’affirmer que l’extrême gauche emmené par Mélenchon est un copie collé d’Hitler, mais il faut bien souligner le discours de l’un, par rapport à l’autre. De même sa gestuelle sur les estrades qui me fait penser à ces dictateurs qui ont fait régner la terreur en Russie, en Allemagne et en Italie, dans une moindre mesure.
Quand j’entend les « nouveaux » communistes nous expliquer que le communisme ce n’est pas Staline, il faudrait leur rappeler les pendus de Lénine et la terreur rouge exigée par lui. Le relativisme des faits et l’excuse des lâches qui refusent la chronologie de l’histoire et la réalité en picorant uniquement les faits qui les fortifient dans leurs « culture » en chocolatine.
L’homme n’invente rien. Il recycle son histoire et c’est bien pour ça que l’histoire ne doit jamais être une matière négligeable, même si nous savons bien que l’expérience est une bougie qui n’éclaire que soi-même disait Confucius.
Il n’en reste pas moins qu’à l’époque d’internet, nous avons des images, des déclarations, des volontés et des désirs qui nous rappelle les « heures les plus sombres » et que celles-ci doivent être remises sous l’éclairage des faits et des discours. C’est une grave erreur historique, une manipulation de faire porter aux uns, ce qui ne leur appartient pas. Comme l’a fait l’inculte Anne Hidalgo, née Ana María Hidalgo Aleu le 19 juin 1959 à San Fernando (Espagne) qui a confondu le Front National communiste des années de guerre, avec le Front National créé en 1972. Pourtant, arrivée en France à 2 ans, elle a connu les bancs de nos écoles !
La complicité de Staline, du Parti Communiste Français et de Hitler est un fait. Les trahisons multiples de ce parti en 1939-41, les sabotages pendant la guerre d’Indochine et celle de l’Algérie en sont d’autres. Pour ce faire une idée des hommes politiques, il serait bon tout de même que les électeurs sachent qu’elles sont leur affiliations profondes.
Le système totalitaire islamique, la gauche et l’extrême gauche ont des complicités, eux aussi montent en ballon 78 ans après Staline et Hitler.
Gérard Brazon
Le Pape: “Du populisme au nazisme, il n’y a qu’un pas”
Le chef de l'église catholique a fait part de ses inquiétudes quant à la montée de la droite en Europe. Il attend Trump au tournant.
Le pape François a appelé dimanche à la patience avant de juger Donald Trump sur ses actes. Le Saint-Père avait déjà réagi vendredi à l'investiture du nouveau président américain en espérant que ses décisions soient guidées par des «valeurs spirituelles et éthiques».
Le chef de l'Eglise catholique met également les Européens en garde contre le populisme, leur enjoignant de ne pas reproduire les erreurs des années 1930 en se tournant vers de prétendus «sauveurs».
Source et article complet Via le Facebook du PNS
Le choc entre nazisme et catholicisme
Événement à la faculté de lettres de Brest où, à partir de jeudi 4 juin 2015, des historiens vont débattre autour d'une encyclique papale du 14 mars 1937 qui condamne violemment le national-socialisme. Le colloque dure jusqu'à samedi 6 juin 2015 et propose une lecture des rapports entre catholicisme et nazisme. Fabrice Bouthillon, professeur à la faculté de lettres de Brest, et Marie Levant, qui s'apprête à publier une thèse sur la diplomatie du Saint-Siège entre 1920 et 1934, ont réuni, pour ces jours, un plateau où historiens italiens, allemands, israéliens et français vont se pencher sur un sujet resté sulfureux au fil des ans.
Il y sera question des rapports entre l'Eglise et le régime nazi, via une encyclique papale publiée par Pie XI en mars 1937 appelée « Mit brennender Sorge ». Spécialiste renommé de ce pan de l'histoire, Fabrice Bouthillon précède la question béotienne. « Le grand public connaît le silence du Vatican lors de la Seconde Guerre mondiale et il a raison. Le Saint-Siège n'a rien dit ni rien fait, même s'il a aidé des Juifs au cas par cas ». Mais cette politique conduite par Pie XII n'est sans doute pas celle qu'aurait adoptée son prédécesseur, Pie XI, mort avant le début de la guerre et lui ayant laissé le Saint-Siè ge aux premiers mois de 1939.
« En 1933 pourtant, explique Fabrice Bouthillon, le Vatican ne voit pas d'un mauvais oeil l'arrivée de Hitler au pouvoir, parce qu'il le sait hostile au communisme qui prône l'éradication du christianisme. Et puis, le nazisme a deux versants, l'un totalitaire et l'autre conservateur. Pie XI espère que le versant conservateur prendra le dessus ». Les espoirs sont vite douchés et le pape va réagir par le biais de ce texte, qui va voyager, en valise diplomatique, pour être lue le jour des Rameaux, dans toutes les églises catholiques allemandes. « Le régime n'a rien vu venir. Dans la terrifiante machine de propagande, la lecture de cette encyclique est l'une des rares défaites de Goebbels ».
Le texte est important. Il rappelle notamment que « c'est la croix du Christ qui sauve et pas la croix gammée » et, qu'au plan politique, le régime nazi a trompé le christianisme en menant une guerre d'extermination. « La réponse est immédiate. D'abord traité par le mépris, le clergé allemand est déporté à Dachau, appelé le camp des prêtres. Tout, dans l'attitude nazie, n'est que mépris et représailles ». Reste que cette encyclique va dépasser de beaucoup les frontières allemandes et se distiller dans l'Europe entière.
Lors du colloque, des historiens diront comment les catholiques Espagnols ou Italiens ont réagi, face à ce texte qui ne laisse pas le choix entre l'un et l'autre. L'historien du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) Sébastien Carney dira, pour sa part, comment le mouvement nationaliste breton a accueilli « Mit brennender Sorge ». Fabrice Bouthillon, qui compte parmi ses invités Alberto Melloni, directeur de la fondation des sciences religieuses de Bologne, se réjouit d'avance. Et notamment de mettre un peu de lumière sur ce pape « qui a refusé de choisir entre nazisme et communisme quand toute l'Europe le faisait », un pape qui, le jour du voyage de Hitler à Rome, a refusé de voir l'apothéose de la croix ennemie. « Il a fini par considérer que le plus solide ennemi du catholicisme, c'était le nazisme ».
Programme :
Jeudi 4 juin
14h : Accueil / Allocutions d’ouverture.
14h15 : Yvon Tranvouez, CRBC : Introduction.
Origines (session 1)
Modérateur : Frédéric Le Moigne.
14h40 : Bernard Bruneteau, Université de Rennes : L’antitotalitarisme chrétien à l’arrière-plan de Mit brennender Sorge.
15h : Marie Levant, Fondazione per le Scienze religiose Giovanni XXIII / CRBC : Le Reichskonkordat, compromis ou carte forcée ?
15h20 : Alessandro Bellino, Università Cattolica di Milano : La situazione cattolica nella Germania nazista : i processi contro il clero.
Débat / Pause.
Origines (session 2)
Modérateur : Tommaso Dell’Era.
16h30 : Filippo Frangioni, Florence : Il papato, il comunismo e la Divini Redemptoris.
16h50 : Peter Rohrbacher, Universität Wien : The race debate in the context of Mit brennender Sorge.
17h10 : Philippe Chenaux, Pontificia Università Lateranense : Aux origines de Mit brennender Sorge. Les tentatives avortées de condamnation papale du nazisme (1933-1937).
Débat.
Vendredi 5 juin
Doctrine (session 1)
Modérateur : Gianmaria Zamagni.
9h : Fabrice Bouthillon, Université de Bretagne Occidentale / CRBC : Au-delà, en-deçà. Mit brennender Sorge et le consalvisme.
9h20 : Christophe Chalamet, Université de Genève : Karl Barth devant Mit brennender Sorge.
9h40 : Paul Airiau, Paris : La dimension apocalyptique de l’encyclique et du dernier Pie XI.
Débat/Pause.
- Doctrine (session 2)
Modérateur : Philippe Chenaux.
10h40 : Raffaella Perin, Università Ca’Foscari Venezia : L’antisémitisme : une question absente dans Mit brennender Sorge.
11h : Tommaso Dell’Era, Università di Viterbo : The Totalitarian Issue in Divini Redemptoris and Mit brennender Sorge.
11h20 : Paolo Valvo, Università Cattolica di Milano : Il Messico nella Pasqua delle tre encicliche.
Débat.
Réception (session 1)
Modérateur : Alberto Melloni.
14h : Gerhard Besier, Sigmund-Neumann-Institut Dresden : The reception in Germany, in Kirchenkampf and in Nazism.
14h20 : Lucia Ceci, Università di Roma Tor Vergata : La ricezione in Italia e nel fascismo.
14h40 : Gianmaria Zamagni, Westfälische Wilhelms-Universität Münster : La réception en Espagne et dans le franquisme.
Débat / Pause.
Réception (session 2)
Modérateur : Marie Levant.
16h : Michel Fourcade, Université Paul Valéry-Montpellier 3 : La réception en France et dans la résistance.
16h20 : Sébastien Carney, Université de Bretagne Occidentale / CRBC : Mit brennender Sorge et le mouvement nationaliste breton.
16h40 : Lorenzo Botrugno, Università Cattolica di Milano : La diplomazia britannica e la Mit brennender Sorge.
Débat.
Samedi 6 juin
Postérité ?
Modérateur : Lucia Ceci.
9h : Emma Fattorini, Università di Roma La Sapienza : Della Mit brennender Sorge ai silenzi di Pio XII.
9h20 : Jean-Luc Evard, BDIC-Paris : Jules Isaac, Jean XXIII et Nostra Aetate.
9h40 : Alberto Guasco, Unilink Campus University-Roma : Il Papa Paolo VI, la questione ebraica e Israele.
Débat / Pause.
10h50 : Karma Ben-Johanan, Tel-Aviv University : Christianity, Racism and Antisemitism in the Israeli Discourse.
11h10 : Alberto Melloni, Fondazione per le Scienze religiose Giovanni XXIII : Conclusions.
Les séances auront lieu dans l’amphithéâtre n°3, faculté Victor Segalen (20 rue Duquesne, Brest).
Contact / organisateurs :
Marie Levant ([email protected])
Fabrice Bouthillon ([email protected]).
Source :
Est-ce qu’on va bientôt nous foutre la paix avec le nazisme ?
Je n'en puis plus, vraiment. Notre époque est obsédée par le nazisme – et sa variante méridionale, le fascisme – à un point qui tourne à la maladie mentale. Chaque matin on voit se lever une nouvelle moisson de valeureux combattants qui appelle à la résistance contre des choses mortes depuis bientôt un siècle. (Pour ce qui est des menaces réelles, ne comptez pas sur eux : on ne peut pas être partout.)
Le Pape Argentin et l’Evêque Nazi
Hier soir, mercredi 29 avril 2015, sur D8, j’ai regardé « Histoire interdite : Seconde Guerre mondiale, les derniers secrets des nazis ». Ce documentaire relate, entre autre, comment un évêque catholique autrichien basé à Rome, Mgr Alois Hudal, évêque totalement acquis au national-socialisme, a exfiltré des nazis dès 1945 vers l’Amérique du Sud, notamment l’Argentine. J’ai cherché à en savoir plus aujourd’hui jeudi. Et j’ai découvert avec stupéfaction qu’il existe aujourd’hui en Argentine une congrégation catholique traditionaliste portant le nom Alois Hudal.
Venons-en aux faits. La Fraternité Sacerdotale St-Pie X (FSSPX), une communauté de prêtres traditionalistes fondée par l’évêque français Marcel Lefebvre, dispose de maisons et séminaires dans divers pays du monde, y compris en Argentine, où officiait l’évêque négationniste Williamson avant d’être écarté de ladite FSSPX. En Argentine, la FSSPX entretient des relations amicales avec l’organe d’information traditionaliste Sursum Corda, lui-même très ami avec la Congregacion Obispo Alois Hudal et les intégristes sédévacantistes de Crux et Gladius (voir liens vers sources en bas de page).
Le cas de l’Argentine est intéressant pour deux raisons. La première, c’est que le pape actuel est Argentin. La deuxième, c’est que l’évêque Alois Hudal mentionné plus haut était un évêque acquis au nazisme qui a fait passer des milliers de SS en Argentine lorsque celle-ci était dirigée par Peron, grand admirateur du nazisme et du fascisme. Cette même Argentine où sévissait, jusqu’à il y a quelques années, l’évêque négationniste Williamson, lorsqu’il était encore membre de la FSSPX. Cette même FSSPX qui fraternise avec Sursum Corda et la Congregacion Obispo Alois Hudal. Cette Congrégation qui, aujourd’hui, au 21e siècle, n’hésite pas à prendre le nom de l’évêque Alois Hudal acquis au nazisme il y a plus d’un demi-siècle.
Qui était Monseigneur Alois Hudal
Alois Hudal, né à Graz le 31 mai 1885 et mort à Rome le 13 mai 1963, était un évêque catholique autrichien, surtout connu pour avoir jusqu'au bout défendu une synthèse entre catholicisme et national-socialisme et pour avoir facilité la fuite de criminels nazis vers l'Amérique du Sud, notamment l’Argentine péroniste.
Cependant, les relations entre Monseigneur Hudal et le Vatican n’étaient pas bonnes. En effet, quand Hudal publia en 1937 son livre sur les fondements du national-socialisme, les autorités du Vatican se fâchèrent à cause de son éloignement radical des enseignements de l'Église.
Hudal remettait ouvertement en question la politique du Pape Pie XI et d'Eugène Pacelli, le futur Pape Pie XII, envers le national-socialisme, remise en question qui culmine avec l'encyclique « Mit brennender Sorge » dans laquelle le Vatican attaque ouvertement le national-socialisme. Cela dit, Mgr Alois Hudal n’a été ni démissionné, ni excommunié.
Après 1945, Alois Hudal devient l'un des principaux organisateurs de la filière d'exfiltrations des criminels nazis, avec passeport ou laissez-passer de la Croix Rouge Internationale, qui pouvaient ensuite être utilisés pour obtenir des visas, notamment pour l'Amérique du Sud. Alois Hudal était, à l’époque, actif dans le service pontifical des prisonniers de guerre (Commissione Pontificia d’Assistenza).
C'est grâce à cette filière qu’Adolf Eichmann (kidnappé en Argentine par le Mossad), Gustav Wagner, Erich Priebke, Eduard Roschmann, Franz Stangl, Walter Rauff, Klaus Barbie et Joseph Mengele ont pu échapper aux poursuites judiciaires. De même, certains nazis, comme l'autrichien Otto Wächter ont pu vivre à Rome après la guerre en toute impunité grâce à la protection d’Alois Hudal. Ces activités finissent par causer un scandale révélé en 1947 par un journal allemand.
A noter que la CEANA, la commission d'enquête historique sur les activités du nazisme en Argentine, conclut que les dignitaires du Vatican n'ont jamais encouragé ces exfiltrations. La CEANA a produit une lettre de Montini, le futur pape Paul VI, se montrant scandalisé par la suggestion de l'évêque Hudal d'accorder refuge aux SS. Selon les travaux de la CEANA, l'Église catholique aurait simplement été, comme la Croix-Rouge Internationale, tellement submergée par les flux massifs de réfugiés, qu'elle n'aurait pu procéder qu'à des enquêtes sommaires, aisément contournées par les anciens dignitaires nazis.
Encore aujourd’hui, cette question fait débat parmi les historiens. L’autre question qui se pose est de savoir si le pape argentin François, va réintégrer dans l’Eglise, la FSSPX, dont la Maison générale en Argentine semble entretenir d’amicales relations avec la Congregacion Obispo Alois Hudal (voir liens vers sources en bas de page).
Michel Garroté
Sources :
http://www.fsspx-sudamerica.org/fraternidad/prioratoargentina.php
http://sursumcordablog.blogspot.ch/2009/03/blog-de-la-congregacion-obispo-alois.html
http://congregacionobispoaloishudal.blogspot.ch/
http://cruxetgladius.blogspot.ch/
Umberto Eco : “Nous sommes en guerre jusqu’au cou. Isis est une nouvelle forme de nazisme”
Umberto Eco, l'homme qui a écrit "Le pendule de Foucault", "Le Nom de la rose" et bien d'autres romans et essais a donné ses impressions au journalisme Paolo Di Stefano sur les évènements actuels à Paris et sur les défis de notre civilisation
Propos recueillis par Paolo Di Stefano
[...]
En tout premier lieu, Umberto Eco tient à préciser qu'il n'a pas encore lu "Soumission", le roman de Michel Houellbecq et qu'il ne peut donc pas en parler :
"Le monde est rempli de gens qui parlent de livres qu'ils n'ont pas lu, y compris ceux qui prétendent connaître le coran sans ne l'avoir jamais ouvert."
Par contre, au sujet des massacres de Paris, il a quelque chose à dire, et comment ! :
"Ce qui est certain, c'est que les modalités de la guerre ont changé; une guerre est en cours et nous y sommes plongés jusqu'au cou, comme quand j'étais petit et que je vivais mes journées sous la menace de bombardements qui pouvaient, à mon insu, arriver à n'importe quel moment. Avec ce genre de terrorisme, la situation est exactement celle que nous avons vécu pendant la guerre".
Le nouveau roman d'Eco, "Numero zero", qui sort aujourd'hui (9.01.15), peut être mis dans la catégorie de politique fiction, même si l'histoire se passe dans un passé récent (à l'époque de l'opération Mains Propres) et non dans un futur proche comme imaginé par Houellbecq. Et l'on n'y trouve pas les journalistes courageux de l'hebdomadaire satirique "Charlie Hebdo", mais un autre type de chroniqueurs bien peu honorables. Et la fureur que déchaine un livre, comme dans le cas de "Soumission", n'est certes pas inédite.
"Cela s'est vérifié abondamment dans l'histoire de l'humanité. La fatwa contre Salman Rushdie pour ses Versets Sataniques, était liée à un roman....Et ça n'était certes pas une nouveauté. Les hommes se sont toujours entre-tués pour un livre : la bible contre le Coran, l'Evangile contre la Bible, etc... Les grandes guerres ont été déclenchées par les religions monothéistes au sujet d'un livre. Avez-vous déjà vu des animistes essayer de conquérir le monde avec les armes ? Les guerres païennes, toutes additionnées, ne furent toujours que locales. Peut-être un peu chez les Romains....Mais les Carthaginois se sont battus pour des raisons commerciales et non pas pour imposer le culte d'Astarté".
Umberto Eco a écrit des romans et des essais, du "Nom de la rose" au plus récent "Histoire des terres et des lieux légendaires", avec pour centre, les récits pervers (et violents) que l'on trouve dans certaines oeuvres, littéraires ou non, et qui, probablement, n'aspiraient pas à devenir des vérités absolues :
"Il y a deux milles ans que nous prenons au sérieux l'Enéide : Auguste y avait fondé des prétentions plutôt importantes. Il y a des centaines de textes qui sont devenu des fantômes dangereux, surtout grâce à ceux qui ne les ont pas lus".
Peut-on partager l'analogie entrevue par Emmanuel Carrère, auteur du roman "Le Royaume" (qui se situe dans les premières années du Christianisme), entre notre temps et l'époque qui a conduit la civilisation gréco-romaine à la civilisation judéo-chrétienne ?
"Cela me semble acceptable, il arrive ce qui s'est toujours produit, mais la différence, c'est que c'est nous qui y sommes plongés en plein dedans......Il y a trente ans, j'ai écrit un article pour "La Repubblica" où je disais que nous n'étions plus face à une émigration comme celle des Italiens vers l'Amérique ou la Suisse, mais à une migration, et les migrations sont globales, d'une ampleur spatiale énorme et elles durent longtemps. Déjà à l'époque, j'écrivais qu'avant que nous ne trouvions un nouvel équilibre, beaucoup de sang serait versé. La civilisation occidentale, qu'elle ait ou non la force de résister, est devant un processus colossal de migration, un peu comme ce qui est arrivé à l'empire romain".
Le paradoxe dont parle Houellbecq est que le monde musulman d'un point de vue social est plus proche de cette extrême droite qui veux le repousser de toute ses forces.
"Il ne me semble pas juste que l'on dise les musulman en général, comme il ne serait pas juste de juger le christianisme sur la base des méthodes utilisées par César Borgia. Mais on peut dire avec certitude d'Isis que c'est une nouvelle forme de nazisme, avec ses méthodes d'extermination et sa volonté apocalyptique de vouloir s'approprier le monde entier"
Existe-t-il une perspective pour que la civilisation occidentale en crise, héritière déchue des Lumières, puisse un jour s'allier avec les pays arabes, et nous montrer donc tout autre chose que les visions politiques imaginaires contenue dans les roman ?
"La fusion des civilisations est une possibilité qui peut se vérifier grâce aux migrations. Quand il y aura en Italie 50 millions d'extracommunautaires et seulement 10 millions d'Italiens, se produira probablement ce qui est arrivé il y a deux mille ans. D'ailleurs, cela est déjà arrivé de nombreuses fois, en Asie ou ailleurs : les Mongols en Chine etc....."
On ne peut nier que ces prévisions font peur, quand on y pense aujourd'hui :
"Il est clair que tous les grands changements nous terrorisent. Vous savez, il ne me reste plus beaucoup de temps, mais j'ai des petits-enfants, et j'espère qu'ils pourront apprendre à vivre avec cette nouvelle situation. Et puis, au fond, il serait aussi paniquant d'imaginer un supermarché à la place du Dôme".
Cela, en effet, est une vision qui pourrait bien se matérialiser un jour :
"Bien sûr, et il y aurait très certainement des gens qui seraient contents".