Noël – Entre sapins et kalachnikovs

Syrie-Chrétiens-3

   
Depuis mars 2014, la résistance chrétienne armée en Syrie et en Irak ne cesse de s'intensifier. En ce temps de Noël 2015, des Chrétiens d'Orient et d'Ocident vont sans doute verser leur sang et mourir en résistant aux djihadistes génocidaires, ils vont sans doute mourir en évitant que l'EI n'extermine des femmes et des enfants du seul fait qu'ils sont Chrétiens d'Orient en terre dite d'islam. Pendant ce temps, en France, de nombreuses mairies interdisent les crèches de la Nativité et même les sapins de Noël dans les lieux publics au nom de la "laïcité". Pendant ce temps, les "migrants" arrivés chez nous, ne veulent pas qu'il y ait des signes chrétiens dans les lieux d'hébergement, en Allemagne et ailleurs en Europe.
 
En septembre 2014, je signalais que, menacés d’extermination par l’avancée de l’Etat islamique (EI), des chrétiens d’Irak, commençaient à former leurs propres groupes de résistance armés, estimant que parfois, même les forces kurdes et irakiennes, ne suffisaisent pas à les protéger, face aux djihadistes qui avaient pris plusieurs villes et villages chrétiens, tel Sharafya, dans le nord de la plaine de Ninive, au nord. Les djihadistes qui avaient pris ce village en avaient été délogés mi-août 2014, mais un mois plus tard, ses rues étaient toujours vides.
 
Les combattants de l’EI n'étaient qu’à quelques kilomètres, dans le village de Tel Kef, et seuls quelques hommes en uniformes arpentaient  le secteur. A quelques kilomètres du village irakien de Sharafya se trouve la ville chrétienne d’Al-Qosh, posée à flanc de montagne, à l’ombre du monastère Rabban Hermizd. Aucun membre de l’EI n’avait posé un pied à Al-Qosh, mais la population avait fui début août 2014, quand les djihadistes s'étaient emparés de plusieurs villages en contrebas.
 
Au premier abord, les groupes armés chrétiens irakiens ressemblent aux peshmergas, les forces kurdes : uniforme kaki et kalachnikov en bandoulière. Mais brodé sur la manche ou porté fièrement sur la poitrine, un écusson les distingue : le drapeau chrétien assyrien, barré de deux fusils. Ces hommes appartiennent à une toute nouvelle brigade de protection des Assyriens, un peuple chrétien installé depuis deux mille ans dans la plaine de Ninive. Formée le 11 août 2014, la brigade a été baptisée Dwekh Nawsha dans la langue araméenne locale. Elle compte une centaine d’hommes, selon le lieutenant-colonel Odicho. Et 2’000 hommes se sont déjà portés volontaires pour organiser la résistance armée face aux mercenaires l’EI.
 
Afin de renforcer les rangs, une délégation de chrétiens assyriens irakiens s’est rendue au Liban pour rencontrer des membres du parti chrétien des Forces libanaises (FL), issu du principal groupe de résistance chrétienne aux Syriens durant la guerre au Liban de 1975 à 1990. La création de Dwekh Nawsha en Irak rappelle l’engagement des Assyriens en Syrie voisine, où ils ont formé le Conseil militaire syriaque, qui se bat activement aux côtés du parti YPG des Kurdes syriens.
 
Aujourd’hui, à Al-Qosh, au milieu des rues désertes, impossible de rater le bâtiment du Mouvement démocratique assyrien. Son violet – la couleur du parti – tranche avec la couche de sable qui recouvre une grande partie de la région. A l’intérieur d’un bâtiment, des hommes en uniformes, armes au pied, sont assis autour de thés fumants. Ils sont tous chrétiens, civils dans leur immense majorité, et ont décidé de rester pour défendre Al-Qosh. Une centaine de chrétiens en tout patrouillent de jour, et restent en alerte la nuit. Des peshmergas sont revenus, et gardent désormais l’entrée du village. « Peut-être qu’ils vont fuir à nouveau, alors on reste », dit Athra Kado, membre d’un groupe de résistance chrétien irakien.
 
A ce même propos, on peut lire, en décembre de cette année 2015, dans Christianophobie Hebdo (extraits adaptés) : En mai, une force de sécurité nommée Forces de Protection Gozarto (GPF) a été fondée en Syrie. Il est à signaler que les GPF arborent le même logo que les Unités de Protection de la plaine de Ninive (NPU), force de sécurité assyrienne du nord de l’Irak, bien que ces deux entités n’aient pas le même patronage politique.
 
Les GPF et la Sootoro, son unité de sécurité locale, ont immédiatement pris part à la défense d’Hassaké en mai et juin. Malgré les disparités d’état général entre l’Irak et la Syrie, on trouve des parallèles entre les NPU et les GPF. Ces deux forces cherchent à agir indépendamment du contrôle des nationalistes kurdes, et tentent d’obtenir reconnaissance et soutien des gouvernements centraux.
 
En novembre, les GPF ont été aéroportées par des avions russes pour participer à la défense de Sadad, ville syriaque orthodoxe au nord-est de Damas, qui avait été investie par le Front al-Nosra en octobre 2013. Le déploiement des GPF pour aider l’Armée Arabe Syrienne (AAS) indique la possibilité d’un plus large engagement avec le régime et traduit le problème en personnels de l’AAS. Les GPF ont reçu un accueil chaleureux lorsqu’ils sont rentrés de Sadad à Kameshli. Les forces locales de sécurité des Gardiens de Khabour et des Gardiens de Tel-Tamar viennent récemment d’annoncer leur fusion, conclut Christianophobie Hebdo.
 
En mars 2014 je signalais par ailleurs que des Occidentaux rejoignaient diverses milices chrétiennes pour combattre l’État islamique en Irak et en Syrie. Je signalais notamment que l’organisation armée « Dwekh Nawsha », expression araméenne qui signifie « futurs martyrs », compte dans ses rangs plusieurs combattants occidentaux, comme Tim Locks, 38 ans, cet Anglais qui a tout plaqué pour se battre contre l'EI. Sur le terrain, Dwekh Nawsha appuie l’armée kurde et défend les villages chrétiens menacés par l’État islamique. Sur les réseaux sociaux, le groupe attire des recrues venues du monde entier. Parmi eux, plusieurs Français se renseignent : «Comment fait-on pour rejoindre votre groupe ? », demande l’un d’eux. « Y a-t-il beaucoup de Français ? », interroge un autre. « Sur le départ oui ! Là-bas très peu pour l’instant mais beaucoup plus pour les mois à venir ! », répondait en mars 2014 le responsable de la page Facebook de Dwekh Nawsha.
 
Un autre Français, Christophe Cattier, a souhaité s’engager, en mars 2014, après avoir regardé plusieurs reportages sur ces volontaires qui partent combattre l'EI. « Je sais que je vais devoir payer l’armement et mon équipement, par contre, le logement et la nourriture sont pris en charge par l’organisation », expliquait le quadragénaire. Pour financer son engagement, il a compté sur ses petites économies. Combien de temps souhaite-t-il partir ? « Ça peut être 6 mois, un an, trois ans. Tant qu’il y aura de la résistance, je serai là », assurait-il. « Je le fais pour tous les chrétiens. Ma priorité est de faire cesser le massacre et je suis prêt à sacrifier ma vie pour ça », insistai-t-il.
    
Michel Garroté, 23 12.2015