L'analyse de Jean Raspail
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L'inconscience ou l'irresponsabilité de nos gouvernants est qu'ils ne se projettent pas dans le long terme. Quand on accueille 1 000 migrants, il faut, en réalité, multiplier ce chiffre par trois ou quatre, compte tenu de leur taux de natalité, dans les décennies à venir. Autrement dit, le chiffre annoncé de 500 000 réfugiés pour les prochaines années signifiera 1,5 à 2 millions dans une ou deux générations. C'est au tournant des années 2050 que l'on jugera les effets réels de ce phénomène et d'une politique guidée par la veulerie, l'inconscience et une sorte d'angélisme obligatoire, inoculé, paralysant, orchestré par quelques belles consciences idéalistes et naïves. Au bout du compte, quelles que soient les mesures prises par l'Union européenne, faibles ou énergiques, la charité occidentale aura tout à y perdre.
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Dans les mesures préconisées par la Commission européenne (c'est à dire agir avec détermination au moment où nous pouvons encore endiguer cet envahissement), je ne vois pas le moindre frémissement de volonté dans cette direction. Nos politiciens ne sont pas des Romains, mais des Byzantins qui discutent du sexe des anges quand la catastrophe est en chemin. Je ne sais si André Gide avait raison en prétendant que les bons sentiments font de la mauvaise littérature ; mais je suis convaincu qu'ils sont à la source de la pire des politiques.