Suisse: Un imam conservateur… pour bénir le tunnel du Gothard

La représentation des religions lors de la bénédiction du Gothard fait couler beaucoup d'encre.

(...) Saïda Keller-Messahli, la présidente du Forum pour un islam progressiste a fait part de réserves dans le Journal du matin jeudi. "Les médias au Tessin ont écrit pas mal de choses sur le choix de cet imam qui n’est pas du tout modéré comme le pensent la plupart des gens, Mais qui a des contacts en Albanie et ailleurs avec des prédicateurs extrêmement radicaux. Plusieurs gens me disent qu'ils ne se sentent pas représentés par cet imam", a-t-elle indiqué.

Or ce qui apparaît clairement au sujet de Bekim Alimi, imam basé à Wil et président de l'organisation faîtière des communautés islamiques de Suisse orientale, c'est en premier lieu un discours modéré dans les médias alémaniques.

Cet homme religieux paraît donc bien sous tout rapport et des voix respectées dans les rangs des musulmans romands estiment que s'il prône à la rigueur un islam plus conservateur, il n'est certainement pas radical.

En revanche Bekim Alimi, d'origine macédonienne, ne fait pas l'unanimité au sein de sa communauté: les musulmans albanophones. Selon l'un d'eux, l'imam de Wil serait un manipulateur, assoiffé de pouvoir. Tandis qu'une autre source l'aurait vu sur des vidéos en compagnie de prédicateurs extrémistes. Mais ces affirmations sont impossibles à vérifier.

Source

2ème tunnel au Gothard : un outil d’invasion ?

Un lecteur nous fait part de sa réflexion

ON S'EST BIEN FAIT ROULER !

L'Europe n'a JAMAIS eu sérieusement l'intention de transférer son ruban de camions de 60 tonnes de leurs routes vers nos rails.

La preuve: le nouveau tunnel à 3 milliards sera plus large et plus haut, pour permettre justement au ruban de hauts camions de 60 tonnes européens de déferler sur nos route.
Question: Mais alors pourquoi a-t-on construit 2 tunnels ferroviaires à 20 milliards? Pas pour les camions?
Bien sûr que non: ils sont prévus pour amener en Europe les centaines de millions d'envahisseurs mahométans que les rois mahométans nous envoient.
Ils ont déjà acheté nos hôtels de luxe pour en faire leur châteaux, quand ils seront les maîtres de l'Europe!
Les socialistes, nos idiots utiles, s'imaginent qu'ils seront toujours ré-élus grâce à aux futurs mahométans, qui sont les profiteurs à sens unique des chrétiens stupides.
Mais dès que les mahométans seront majoritaires (et il y a déjà 40% d'étrangers qui votent à Lausanne!), ils imposeront leur charia satanique à la place de notre code pénal.
Et nos bobo socialistes leur diront: mais nous vous avons aidé, soyez donc un peu reconnaissants!
Alors ils sortiront leurs AK47, et tueront tous simplement tous les chrétiens mâles, comme ils l'ont toujours annoncé.
Car pour avoir 4 milliards d'esclaves sexuelles pour 1 milliard de mahométans, il leur faudra, et leur victoire est annoncée dans le Coran, tuer 3 milliards de mécréants mâles.
Lisez l'histoire de Mahomet, résumée sur Internet, et vous comprendrez que les 2 sabres, c'est bien pour tuer les chrétiens et les juifs, pour voler le fric, pour violer les femmes.
Les mahométans ont déjà assassiné *590 million non-muslims* (Googlez!), et vous croyez qu'ils vont s'arrêter en si bon chemin?
Il y a quelques jour, les mahométans ont massacré un village de mille chrétiens de plus, et violé les chrétiennes.
Vous avez lu quelque chose dans les journaux?
Plus rien: les journaux sont déjà totalement soumis à l'islam triomphant.
Chrétiens, réveillez-vous!
Votez NON au tunnel à 3 milliard!
Jean (nom connu de la rédaction)

Méditation au sujet du tunnel

Un des sujets du prochain vote concerne un deuxième tunnel sous le Gothard.

Tous ceux qui ont dû poiroter des heures sous un soleil implacable et avec des enfants ou des chiens dans la voiture rêvent d’un boulevard style celui sous le Seelisberg. J’en sais quelque chose: depuis 1980 je vis à Locarno et j’ai fait la route Tessin - Bruxelles un nombre incalculable de fois, par tous les temps, jusqu’au décès de mes parents en 2013.

Cependant, un deuxième tube m’interpelle. Moralement ça m’embête de continuer à exécuter le Plan  “Das Neue Europa” que Hallstein rédigeât pour Hitler en 1938 dans le but,  non pas du bonheur du peuple, mais d’imposer plus facilement la dictature. Oui, ça m’embête.

Ensuite parce que ces autoroutes ne servent pas tellement aux Suisses qu’aux pays de l’UE pour qu’ils puissent transiter le plus rapidement possible sans même s’y arrêter pour boire un café. Peut-être bien pour y faire pipi puisque nulle part ailleurs on ne trouve des toilettes aussi propres…

Bien sûr les entreprises de creusement de tunnels et de constructions d’autoroutes son parties prenantes, mais est-ce à l’avantage des Suisses ou d’entreprises étrangères sous-traitées ? Roumains? Bulgares ? ouvriers sous-payés?

Bien sûr les associations de protection de la nature sont contre car plus la route est attrayante plus elle entraine de circulation et de pollutions. Et oui il serait nettement plus rationnel de transporter les marchandises sur rail.

Les Tessinois qu’en disent-ils ? Le secteur de l’hôtellerie et du tourisme sont pour le tunnel. Mais en réalité plus le parcours tessinois est facilité plus on traverse vite le Tessin pour aller boire, manger, loger et faire ses courses en Italie qui coûte moins cher. Pour le tourisme du Tessin il faudrait fermer le tunnel du Gothard de façon à ce que les touristes fatigués s’arrêtent, cherchent un hôtel, y séjournent et en profitent pour visiter  l’intérieur du pays. Sur l’autoroute ils ne sont pas attirés par l’image des zonings industriel qui ressemblent de plus en plus aux banlieues françaises (ceci n’est pas un compliment).

Le Tessin est-il encore un canton touristique? L’industrie, les technologies de pointe n’ont rien de romantique mais rapportent plus que le folklore bucolique. Les buildings standardisés à appartements en verre et acier rapportent plus que le charme désuet de l’architecture traditionnelle… La nostalgie ne paye pas…

En plus, il faut bien le dire, la météo n’est plus ce qu’elle était…

De nombreux Tessinois sont contre ce tunnel car plus il y a de vacanciers, plus il y a de nuisances, bruit, routes encombrées, parkings occupés, infrastructures débordées. Il y a conflit d’intérêts entre les indigènes qui espèrent que les touristes laissent le plus d’argent possible et les touristes qui veulent dépenser le moins possible.

Pour l’économie tessinoise, ce n’est pas l’augmentation hypothétique de touristes qui ferait la différence mais le fait que les Tessinois eux-mêmes arrêtent d’aller faire leurs achats à l’étranger et surtout en Italie.

En voyant l’augmentation des embouteillages, il convient de se demander si les déplacements physiques, par exemple en voiture, qui prennent du temps et coûtent cher, vont continuer ou bien être remplacés par les nouvelles technologies via Internet, satellites, vidéoconférences, travail à domicile ?

Il y a un peu de tout cela mais il y autre chose.

Depuis plusieurs années nous subissons des caprices météorologiques avec des périodes de sècheresse  alternées à des périodes de fortes intempéries au point de se demander si nous allons vers un régime de moussons. L’an dernier nous avons affronté des température anormalement hautes et passé quatre mois pratiquement sans une  goutte de pluie… On survit aux stations de ski sans neige et les barrages hydroélectriques finissent par se remplir quand ils en ont l’occasion. Mais qu’en est-il des  sources, bassins et aqueducs qui assurent l’eau potable dans nos habitations? Et les cultures des maraichers? Et le foin pour les paysans? Et l’herbe sur les alpages? Et l’eau pour le bétail? Sans même oser évoquer les incendies en montagne.

Régulièrement, en été,  notre consommation d’eau est rationnée et alors il faut récupérer l’eau de la douche,  vaisselle et lessive  pour arroser le potager… aussi longtemps que nous aurons de l’eau pour la douche… Les habitants des villes ne s’en rendent pas autant compte, que dans les vallées. La situation empire encore si pendant l’été les vacanciers augmentent la consommation d’eau sans mesurer la gravité de la situation.

Au début des années 80 des scientifiques de l’Institut Max Planck de Hambourg annonçaient que en 15-20 ans il n’y aurait plus eu de neige en-dessous des 1500m. J’avais écrit un article pour demander si dans ces conditions il était raisonnable de continuer à investir dans les remontées mécaniques des pistes de ski ou s’il ne convenait pas de réorienter l’offre touristique surtout vers le tourisme écologique, pédestre et estival. Olala le tollé … “mais qu’est ce que vous croyez ma p’tite dame, s’il n’y a pas de neige on la fera avec des canons”… Et s’il n’y a pas d’eau? Ou s’il ne gèle pas? Et si les barrages sont vides et le prix de l’électricité devient  inabordable?

Semblablement, aujourd’hui, concernant le creusement d’un deuxième tube sous le Gothard j’ose dire : bien sûr un tunnel à 4 voies serait un rêve, mais … n’y a-t-il pas plus indispensable, je dirais même vital?

N’est-il pas plus utile de consacrer cet argent à prévoir les problèmes de l’eau que les scientifiques nous annoncent depuis des années et que nous voyons déjà. En quel sens? Tout d’abord lutter contre le gaspillage de l’eau de pluie qui actuellement va à l’égout avec les eaux usées et encombre les dépurateurs. Ensuite la dépuration et le recyclage de toutes les eaux usées. Cela signifie le remplacement de beaucoup d’aqueducs, canalisations et bassins, la construction de stations de pompage, l’étude des nappes phréatiques et cours d’eau souterrains,  etc.… Sait-on quelles conséquences la fonte des glaciers va avoir sur l’approvisionnentment des sources? Les spécialistes ont certainement une vue plus vaste que la mienne mais donne-t-on assez d’importance à ce secteur de la recherche et des travaux publics? Ce sont des travaux pharaoniques qui vont couter des sommes folles. Un jour ou l’autre nous allons être aculés à les affronter. Ne vaut-il pas mieux le faire dans le calme au lieu de devoir le faire dans l’urgence? (Sans parler des éboulements prévus par la fonte du permafrost et contre lesquels il va falloir construire des pare-avalanches – ça aussi on le voit déjà)

Ce serait aussi de la création d’emplois.

L’argent d’un tunnel pour permettre aux pays voisins de travers la Suisse ne serait-il pas plus opportun de le consacrer aux intérêts des citoyens suisses?  Qu’en disent les spécialistes, je ne le suis pas, je ne puis parler que de mon expérience dont la visite de Fatehpur Sikri: ville magnifique qui a dû être abandonnée car l’eau a manqué…

A la rigueur nous pouvons vivre sans tunnel sous le Gothard, même sans pistes de ski et même sans tourisme, on peut éliminer beaucoup de choses et vivre bien quand même mais nous n’allons jamais savoir vivre sans eau.

Bien sûr, Lombardi est enthousiaste du tunnel. Comment ne pas le comprendre puisque son père, le mythique « Ingegner Lombardi » est un génie de la construction d’œuvres  audacieuses et grandioses dont tous les Tessinois sont fiers. Cependant, aujourd’hui, devant les défis futurs, ne serait-il pas opportun d’orienter ce savoir faire, mondialement reconnu, vers l’avant-garde dont, d’ici peu, dépendront des solutions vitales ? Les tunnels et barrages, c’est de la compétence acquise. Les défis du futur sont des challenges nouveaux non seulement pour enthousiasmer les ingénieurs les plus téméraires, mais surtout pour garantir la sécurité des populations qui vont dépendre de solutions révolutionnaires.

Anne Lauwaert

Le Gothard à pleins tubes

Parmi les objets en votation le 28 février, le percement d'un second tube pour le tunnel routier du Gothard est un des sujets les plus discutés. Mais le volume des discussions ne parvient pas à masquer la pauvreté du débat.

Deux tubes pour un tunnel fiable et sécurisé

Le projet d'un second tube routier au Gothard n'est pas venu naturellement, loin s'en faut. En 2010, lorsque Doris Leuthard vient mettre en consultation son projet initial d'une fermeture totale du tunnel du Gothard pendant trois ans pour des travaux d'entretien, elle ne s'attend sûrement pas au tollé qui suit. Elle eut la stupeur de découvrir que dans les Chambre fédérales tout le monde ne considérait pas le Tessin comme quantité négligeable, et que non, on ne pouvait pas "sans autre" fermer cet axe majeur de transport comme si de rien n'était.

L'hostilité des Chambres amena le Conseil Fédéral à revoir sa copie. L'Office Fédéral des Routes (OFROU) étudia plus de 200 variantes avant de venir avec un plan finalement approuvé par les parlementaires. Le projet vise à percer un second tube à côté du premier dans une réalisation en trois phases:

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Cette façon de faire permettrait de garder le Tessin en contact routier avec le reste de la Suisse pendant l'entier des travaux de réfection, mais aussi lors de toute opération de maintenance ultérieure. De plus, au lieu d'avoir deux voies de circulation en sens opposé dans une seule galerie, ce qui est dangereux, chaque voie de circulation serait au bout du compte dans son tube propre. Non seulement il n'y aurait plus aucun risque d'accident frontal mais la voie d'arrêt d'urgence associée permettrait à des conducteurs de contourner un éventuel obstacle sans impact sur la circulation en sens opposé.

La variante finalement approuvée par le Parlement fait sens pour cet axe routier crucial à travers les Alpes. Même si tous les projets étatiques (y compris les alternatives des opposants) ont tendance à coûter plus cher que prévu, les incertitudes liées à ce second tube sont plutôt faibles: la Suisse a une vaste expérience dans le percement de tunnels et la géologie de l'endroit est parfaitement connue depuis le percement du premier tube.

Jamais à court d'idée

La perspective d'un second tube routier au Gothard suscita immédiatement une levée de bouclier de la gauche pour des raisons expliquées plus loin. Les adversaires du projet utilisèrent toute une ribambelle d'arguments successifs alors que chaque nouvelle justification se faisait balayer, trahissant une certaine fébrilité dans leur argumentaire.

Dans un premier temps, les adversaires du second tube utilisèrent un argument-choc, l'illégalité du projet de loi, invoquant l'Initiative des Alpes de 1994 visant à limiter le trafic de transit. L'approche était déjà quelque peu maladroite pour un projet déjà approuvé par tout ce que le pays compte d'autorités politiques, mais leur argument, tournant en boucle, était que les autorités suisses "ne pourraient pas résister" à faire du Gothard une véritable autoroute lorsque les deux tubes seraient disponibles.

Pourtant, cet argument tient du fantasme et Mme Leuthard a sans doute passé l'essentiel de son temps à le répéter. La limite actuelle de capacité du tunnel est inscrite dans la loi. L'augmentation de la capacité totale du tunnel - même aux pics d'affluence saisonniers, etc. - n'a jamais été considérée autrement que par les adversaires du second tube. Outre qu'elle péjorerait la sécurité du nouvel ouvrage en supprimant les bandes d'arrêt d'urgence, l'éventuelle augmentation de la capacité routière du Gothard ne pourrait se faire sans une modification de la Constitution, donc une nouvelle votation populaire.

Vint ensuite l'argument du manque de moyens pour des projets routiers romands, partant du principe que le second tunnel du Gothard "siphonnerait" tout l'argent disponible. Et le citoyen dû se pincer pour voir des écologistes et des socialistes plaider sérieusement que le second tube retarderait des projets qui leur tiennent à cœur, allant jusqu'à citer le passage d'autoroute à trois voies de l'autoroute Lausanne-Genève contre lequel ces mêmes personnes s'opposent de toutes leurs forces depuis des décennies...

Là encore, il suffit de s'intéresser aux affaires fédérales pour comprendre qu'il n'en est rien, ce qui rend d'autant plus piquants les mensonges distillés par des politiciens expérimentés à Berne. Des projets comme le contournement de Morges, le carrefour autoroutier de Crissier ou l'élargissement de la ceinture autoroutière de Genève à six pistes sont approuvés et seront financées par un Fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FORTA) que personne ne conteste. Le percement du second tube du Gothard est quant à lui un projet d'entretien. Tous ces aménagements ne seront pas gratuits, c'est certain, mais les financements viennent de budgets différents qui ne sont pas opposés les uns aux autres.

Une fois le pseudo-argument des aménagements routiers romands balayé, le comité des opposants arriva avec toute une ribambelle de solutions alternatives. Et quelle brochette! Ferroutage dans le tunnel de base du Lötschberg, réaménagement d'une galerie d'entretien du Gothard, toutes les idées jaillirent soudainement dans la nature, associées à des estimations budgétaires non vérifiées. La tactique consiste à noyer le citoyen dans une confusion ambiante visant à lui faire croire que toutes les alternatives n'ont pas été convenablement étudiées, qu'on est passé "un peu vite" à l'idée du second tube.

Ce n'est évidemment pas vrai, l'OFROU ayant travaillé sur ce dossier pendant des années pour peser ces alternatives. Si elles furent écartées, ce fut moins par idéologie que parce qu'elles ne fonctionnent pas.

Par exemple, prenons simplement l'idée générale du ferroutage. Le Gothard actuel voit passer 25 millions de voitures et 900'000 camions par année - soit respectivement 68'000 véhicules et 2'400 poids lourds quotidiens en moyenne - ce qui permet au passage de tordre le cou à la thèse d'un trafic international, l'essentiel des véhicules circulant au Gothard appartenant à des Tessinois et des Uranais.

Où que ce soit dans le monde, il n'existe absolument aucun mécanisme de ferroutage capable de gérer un tel trafic. Même Eurotunnel transporte moins de véhicules à travers la Manche: une fois et demie le volume de camions, mais dix fois moins de voitures individuelles. Si le ferroutage passait par le nouveau tunnel de base du Lötschberg, il saturerait complètement l'infrastructure dès le premier jour, rendant impossible le transport de passagers et de marchandises. Et s'il fallait utiliser la galerie ferroviaire d'entretien du tube actuel du Gothard, où placer les dizaines d'hectares des monstrueux terminaux requis à chaque extrémité du voyage pour faire attendre, embarquer et débarquer ces millions de véhicules?

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Un des terminaux d'Eurotunnel. Bientôt à Uri et au Tessin?

L'idée d'un ferroutage est lancée à la va-vite pour semer la confusion mais ne tient absolument pas debout. L'essentiel du trafic du Gothard étant régional, elle ne réduirait même pas la circulation routière.

Derrière l'opposition de principe, des raisons inavouables

La combativité de la gauche contre le second tube du Gothard surprend. Ce projet d'infrastructure mérite-t-il que tant de politiciens s'impliquent et montent au front pour couler un simple projet de tunnel comme il y en a des centaines en Suisse? Les budgets sont conséquents, certes, mais ne suffisent pas à tout expliquer. D'autres tunnels plus grands ont été percés récemment. Non seulement tous les scénarios alternatifs sont largement dans la même échelle de prix, mais l'argument financier vient d'individus habituellement fort enthousiastes lorsqu'il s'agit de dépenser de gros montants pour des causes floues au possible (fonds de cohésion de l'Union Européenne, aide au développement, politique d'asile, etc.).

Les raisons officielles des opposants semblent changeantes et peu sincères, ce qui explique sans doute pourquoi les sondages ne décollent pas.

Pour connaître les vraies raisons derrière la mobilisation de la gauche, il faut creuser un peu. Essayez de coincer entre quatre yeux quelques socialistes ou écologistes de votre entourage et peut-être entendrez-vous finalement, vous aussi, les véritables raisons derrière cette croisade anti-Gothard. Il n'y en a que deux, mais personne n'osera les articuler aux heures de grande écoute...

1. La guerre contre la circulation routière. Voiture, camion, autocar, tout ce qui s'apparente de près ou de loin à la mobilité individuelle est voué aux gémonies par les collectivistes de tout poil. Ils combattront avec la dernière énergie le moindre franc d'argent public dépensé en faveur de la route. La différence d'attitude est spectaculaire. Les cordons de la bourse ne sont jamais assez ouverts lorsqu'il s'agit de transport collectif, train, bus, tram, métro et tutti quanti. La mobilité individuelle, elle, reste tabou.

Rappelons pour mémoire que la version ferroviaire du Gothard, via le tunnel de base du Lötschberg, coûte 10 milliards! Mais qu'on évoque le moindre ouvrage destiné à l'horrible voiture et les couteaux sont tirés. De l'argent public, oui, mais jamais, ô grand jamais, pour la circulation routière.

2. La guerre contre les Tessinois. Il suffit d'assister à l'ahurissante offensive de la gauche romande contre la continuité territoriale avec le Tessin pendant les travaux de réfection du Gothard pour comprendre que le fameux concept de "Suisse latine" n'existe que lorsqu'il a une quelconque utilité auprès de ceux qui le brandissent.

Ce n'est pas que socialistes et écologistes ignorent les Tessinois ; c'est pire. Il faut les punir.

Quels crimes horribles ont-ils commis? Voyons voir... Quel canton helvétique a massivement soutenu l'initiative de l'UDC pour le renvoi des criminels étrangers? Voté contre les minarets? Contre l'immigration de masse? Soutenu la Lega, encore plus infréquentable que l'UDC aux yeux de certains, au point d'en envoyer des élus à Berne? Se plaint régulièrement de la concurrence étrangère déloyale et de la sous-enchère salariale des frontaliers? Le Tessin, le Tessin, le Tessin.

Le Tessin est encore plus à droite que la Suisse centrale pourtant tant décriée en Romandie. Norman Gobbi, Lega pur sucre et membre du gouvernement tessinois, a été promu candidat officiel de l'UDC pour la course au Conseil Fédéral. Son parcours est un affront pour la classe politique de Berne, qui entend bien le faire payer.

Voilà les deux raisons de l'étonnante mobilisation de la gauche. Elle ne lésine sur aucune campagne d'affichage, aucune distribution de tract pour parvenir à ses fins.

La question d'un deuxième tube pour le tunnel du Gothard est une conjonction unique permettant de faire d'une pierre deux coups: couler un projet routier d'importance, les prétendues alternatives n'étant là que pour donner le change face à l'objectif de fermer l'unique tube pendant trois ans ; et jouer un bon tour à ces sales Tessinois qui ne votent pas convenablement aux côtés des forces de progrès.

Ce n'est pas tous les jours que la gauche est en position de gagner sur tant de tableaux à la fois, alors la motivation est au rendez-vous. Les citoyens suivront-ils?

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 5 février 2016