Michel Garroté -- Le "dialogue avec les musulmans" serait donc, à lire les "vaticanistes" -- des gens qui se considèrent comme des "experts" de ce qui se déroule au Vatican -- le "dialogue avec les musulmans", écrivais-je, serait donc "au cœur" du voyage du pape François en Egypte. Dialogue avec notamment Ahmed Al-Tayeb (photo ci-dessus), le grand imam de l'Université d’Al-Azhar au Caire.
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Pour ceux qui l'ignorent, rappelons que l’imam Al-Tayeb considère comme "anachronique" la notion, pourtant bien réelle, de dhimmitude, cette base d’une inégalité entre musulmans et non-musulmans. « Tous les citoyens sont égaux et les chrétiens ne peuvent être considérés comme une minorité, un terme chargé de connotations négatives », allègue, en outre, Ahmed Al-Tayeb, grand imam de l'Université d’Al-Azhar.
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Et pour ceux qui l'ignorent, "Al-Azhar n’est pas une université au sens occidental du terme car sa tâche consiste à former des imams. Fondamentalement, c’est une grosse faculté de théologie islamique. L’aspect le plus problématique et le plus grave, c’est que depuis des années le matériel pédagogique n’a pas changé : les livres sont les mêmes manuels qu’il y a sept siècles" (Source : le Père Samir Khalil Samir, enseignant à l’Institut Pontifical Oriental de Rome et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth au Liban).
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Mais alors, à quoi bon ce "dialogue avec les musulmans" ? Un dialogue n'implique-t-il pas que l'on aborde, aussi, les questions qui fâchent, telle la dhimmitude des chrétiens en terre d'islam, ou encore, les déportations, les enlèvements, les assassinats, l'application stricte de la charia, le soutien au terrorisme islamique et son financement ?
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Trois semaines après les épouvantables attentats islamiques contre les chrétiens coptes du pays -- 46 chrétiens coptes assassinés le 9 avril dans deux églises d’Alexandrie et de Tanta, en pleine célébration de la fête des Rameaux ; sans oublier un autre attentat islamique, en pleine messe, le 11 décembre 2016, avec 29 chrétiens coptes assassinés -- le chef de l’Eglise catholique est donc au Caire, vendredi 28 et samedi 29 avril 2017.
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Dans un message vidéo qu’il a diffusé avant sa venue, le chef de l’Eglise catholique présente l'Egypte comme un pays "où Dieu, clément et miséricordieux, le Tout-Puissant et l’Unique, a fait entendre sa voix", adjectifs choisis "parce qu’ils parlent directement aux croyants musulmans", nous explique-t-on.
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Voilà donc le but du voyage du pape François en Egypte tel qu'expliqué par lui-même et par nos fameux "vaticanistes". Il s'agirait donc d'un dialogue qui parle directement aux croyants musulmans sans les froisser (unité, fraternité, tolérance, peace and love). Et avec les dix millions de chrétiens coptes qui vivent en Egypte, y aura-t-il aussi quelque chose comme un dialogue ?
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A lire les médias -- y compris catholiques -- en ce vendredi 28 avril 2017, le principal motif (le seul motif ?), de ce voyage papal en terre d'islam, c'est de ne rien dire qui puisse "heurter" les musulmans. Les chrétiens, eux, n'ont qu'à continuer de survivre, sous la menace permanente d'attentats islamiques.
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Michel Garroté pour Les Observateurs
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