La Commission européenne a proposé un paquet économique de 3 milliardsd'euros pour "soutenir la transition démocratique" en Biélorussie, a annoncé la Commission vendredi.
Elle a souligné que le plan de 3 milliards d'euros reflète l'engagement de l'Union européenne à soutenir le désir du peuple biélorusse d'une transition pacifique et démocratique exprimé lors de l'élection présidentielle en août dernier. L'élection présidentielle en Biélorussie n'a été ni libre ni équitable, a déclaré la Commission.
Dès que la Biélorussie entamera la transition démocratique, l'Union européenne activera le plan d'aide, ajoute le communiqué.
Bref, l'UE soutiendra la Biélorussie si Loukachenko n'est plus là...
Le communiqué cite Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, disant que l'UE envoie par là un message aux citoyens du pays: Nous voyons et et entendons votre désir de changement, de démocratie et d'un avenir meilleur.
Elle envoie également un message aux autorités biélorusses : Aucune forme de répression, de brutalité ou de coercition ne peut légitimer le régime autoritaire.
Jusqu'à présent, Minsk a ignoré la décision démocratique du peuple biélorusse. Il est temps de changer de direction,
dit le texte. Von der Leyen a ajouté que lorsque la Biélorussie entamera une transition démocratique pacifique, l'UE sera là pour l'accompagner dans cette voie.
La Commission européenne précise que le plan de soutien comprend de nombreuses mesures de relance économique pour promouvoir le développement de la Biélorussie.
Il s'agit notamment de soutenir les réformes structurelles les plus importantes, d'aider à investir dans des infrastructures durables et de faciliter la transformation verte et numérique.
Le plan contribuera également à stimuler l'innovation, l'action climatique et la démocratie, la transparence et la responsabilité. Outre le paquet économique, la proposition envisage également la conclusion d'un accord-cadre bilatéral pour renforcer les relations à long terme entre l'UE et une Biélorussie démocratique, ont-ils ajouté.
Alors que le délai de l’ultimatum qu’elle avait lancé aux autorités arrive à expiration, l’opposante biélorusse Tikhanovskaïa a appelé à la grève générale, dès le 26 octobre.
L’ancienne candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa a annoncé le début de la grève générale dans le pays pour le 26 octobre, sur son compte Telegram.
Mme Tikhanovskaïa avait déclaré que si les demandes de l’opposition n’étaient pas satisfaites au 25 octobre 23h59, toutes les entreprises du pays se mettraient en grève. Position qu’elle a répétée sur Telegram en commentant la dispersion d’une manifestation à Minsk.
«Le régime a de nouveau montré aux Biélorusses aujourd'hui que la violence est la seule chose dont il est capable […] Le régime n'est pas prêt à dire la vérité, à tenir sa parole et à répondre aux demandes du peuple […] Par conséquent, demain, le 26 octobre, commencera la grève générale», a écrit l’opposante sur Telegram.
Auparavant, le Bureau du procureur général et le Comité d’enquête de Biélorussie avait déclaré vouloir se pencher sur la légalité de la demande.
Des fonds provenant de l’Union européenne?
Plus tôt, Mme Tikhanovskaïa avait indiqué que l’Union européenne pourrait fournir une assistance financière à la Biélorussie en cas de changement de régime. Cette aide, destinée à soutenir les futures réformes, pourrait se chiffrer en «milliards de dollars», avait affirmé l’opposante sur une chaîne YouTube consacrée à «l’ultimatum du peuple».
«De nombreux pays de l'UE, en particulier la Pologne, la Roumanie et la Lituanie, ont préparé un projet d'assistance sur les réformes futures. On parle de milliards de dollars. De nombreuses entreprises privées sont prêtes à fournir un plan d'investissement pour la future Biélorussie», a-t-elle déclaré.
Les manifestations continuent
Les manifestations se succèdent à Minsk depuis l’élection du 9 août, qui a vu la victoire d’Alexandre Loukachenko, réélu pour un sixième mandat avec 80,1% des voix. L’opposition estime au contraire que Svetlana Tikhanovskaïa a remporté le scrutin.
Celle-ci a créé un Conseil de coordination pour organiser la transition du pouvoir. Ses membres demandent notamment la tenue de nouvelles élections.
Après une accalmie ces 3-4 derniers week-ends, les manifestations anti-gouvernementales à Minsk, en Biélorussie, ont repris de plus belle aujourd’hui. Cela fait suite à trois choses.
Premièrement, certains signes commencent à montrer que Moscou se sent frustré du fait que le Président biélorusse Alexandre Loukachenko se soit rétracté par rapport aux assurances qu’il avait données au Président Vladimir Poutine lors de leur réunion à Sotchi le 14 septembre, à savoir qu’il lancerait une réforme constitutionnelle et un processus politique inclusif, puis organiserait de nouvelles élections et accepterait un verdict démocratique.
Deuxièmement, un appel téléphonique du Secrétaire d’État américain Mike Pompeo à Loukachenko le 23 octobre a remonté le moral de l’opposition biélorusse. Troisièmement, la candidate de l’opposition aux dernières élections d’août et « leader national » autoproclamé de la Biélorussie, Svetlana Tikhanovskaya, a appelé à des grèves nationales le 26 octobre, ce qui a créé une atmosphère d’apothéose imminente, réelle ou surréelle.
Lors d’un événement public à Moscou le 22 octobre, Poutine s’est étendu sur la situation difficile de la Russie dans « l’espace post-soviétique », apparemment avec un sentiment de découragement et de résignation. En ce qui concerne la Biélorussie, il a déploré que la « communauté d’intérêts » qui lie les anciennes républiques soviétiques ne soit pas suffisamment appréciée. Comme il l’a dit, « une infrastructure commune, un système de transport et d’énergie commun et une langue commune qui nous unit plutôt que de nous diviser, etc. constituent notre avantage concurrentiel distinct ».
Poutine a souligné comment la révolution de couleur en Ukraine a détruit un pays qui était « peut-être la république soviétique la plus industrialisée, et pas seulement l’une d’entre elles ». Poutine a déclaré : « Lisez les statistiques publiées par les services statistiques ukrainiens : la production diminue, comme s’il y avait plusieurs pandémies. Certaines des industries locales, celles dont l’Union Soviétique et l’Ukraine elle-même étaient fières – l’industrie aéronautique, la construction navale, la construction de fusées – développées par des générations de Soviétiques, de toutes les républiques soviétiques, un héritage dont l’Ukraine, elle aussi, pouvait et devait être fière – ont presque disparu. L’Ukraine est en train de se désindustrialiser ».
En référence directe à la situation en Biélorussie, Poutine a signalé que la Russie n’a pas l’intention de s’ingérer dans ce pays. Il a suggéré que l’Occident devrait également donner au peuple biélorusse « la possibilité de gérer calmement sa situation et de prendre les décisions appropriées ».
« Les décisions qu’ils prendront pourraient ouvrir la voie à l’amendement de la Constitution du pays ou à l’adoption d’une nouvelle Constitution… rien de ce qui sera introduit de l’extérieur sans tenir compte des particularités, de la culture et de l’histoire du peuple ne travaillera jamais pour cette culture, ce peuple », a-t-il déclaré.
À première vue, on peut considérer qu’il s’agit d’un revirement spectaculaire par rapport à la position russe antérieure, qui indiquait que Moscou était déterminé à maintenir la Biélorussie dans l’orbite russe, quoi qu’il en coûte.
Les médias russes ont rapporté la semaine dernière que le chef des services de renseignement Sergey Naryshkin était à Minsk pour une visite inopinée. Selon le journal Nezavisimaya Gazeta, Loukachenko est devenu « trop toxique » pour le Kremlin, qui fait donc pression pour une réforme constitutionnelle et un probable successeur à Minsk.
L’appel de Pompeo à Loukachenko le jour suivant suggère que Washington est en train de tester l’eau. Washington n’est pas sûr : a) si le Kremlin mène une « guerre psychologique » avec Loukachenko pour le rendre réceptif aux exigences russes ; b) si la Russie pourrait accepter comme fait accompli un changement de régime en Biélorussie et l’émergence d’un régime successeur pro-occidental à Minsk ; ou c) si Moscou et Minsk ne font qu’organiser une mascarade élaborée pour tromper les États-Unis.
Bien entendu, il est probable que les trois possibilités ci-dessus existent dans une situation caractérisée par un manque de transparence abyssal à tous les niveaux. Les chances que Pompeo accepte l’offre de Poutine de promouvoir conjointement une transition démocratique ordonnée en Biélorussie doivent être totalement écartées dans le climat actuel des relations américano-russes. Moscou ne peut pas non plus s’attendre à un public réceptif dans l’Union Européenne.
D’autre part, le fait que les manifestations du week-end à Minsk aient été dynamisées indiquerait que Washington fait avancer à plein régime la révolution de couleur.
En effet, si l’appel à la grève de Tikhanovskaya mobilise demain un soutien important des travailleurs des usines industrielles d’État biélorusses, cela pourrait être un tournant. L’État contrôle 80% de l’économie planifiée de la Biélorussie, et si la chaîne de commandement s’affaiblit, les vannes seront ouvertes.
Au contraire, si l’appel à la grève échoue, cela signifiera la mort soudaine des protestations de l’opposition qui seront exposées comme manquant de soutien de la population. La semaine prochaine, le retour du pendule peut être crucial pour la fin du jeu en Biélorussie. Les chances semblent toujours être en faveur de Loukachenko. Il est possible que Moscou parie également sur ce point.
Le site états-unien Crimethinc s’est entretenu avec plusieurs personnes biélorusses se définissant comme anarchistes. Nous proposons ici une traduction de cet entretien.
Dans la nuit du dimanche 9 août, en réponse à une élection largement considérée comme truquée, un mouvement de protestation massif a éclaté en Biélorussie contre Alexandre Loukachenko, l’homme fort qui dirige le pays depuis plus d’un quart de siècle. La police a arrêté des milliers de personnes, tiré à balles réelles et assassiné des manifestant.es. De dimanche à mardi, le gouvernement de Loukachenko a apparemment fermé l’internet et les téléphones fixes dans l’espoir d’étouffer les manifestations, tout en affirmant que le black-out était l’œuvre de forces extérieures à la Biélorussie. La candidate de l’opposition biélorusse, Svetlana Tikhanouskaya, a été arrêtée et apparemment forcée à lire un script déclarant que Loukachenko avait gagné les élections et exhortant les gens à "respecter la loi" et à se tenir à l’écart des manifestations de rue avant de fuir en Lituanie. Malgré cela, le soulèvement continue. Dans un contexte où l’État a réprimé toute forme d’opposition politique, les anarchistes sont parmi les seuls groupes organisés encore capables de participer à des manifestations de rue. Pour comprendre les événements qui se déroulent, nous avons interrogé de nombreux.ses anarchistes du pays.
Ce n’est pas la première fois que nous avons des raisons de correspondre avec les anarchistes biélorusses. En 2017, les anarchistes de Biélorussie ont participé en première ligne à une vague de protestation contre une loi obligeant les chômeur.ses à payer une taxe spéciale supplémentaire au gouvernement. Bien que certain.es décrivent la Biélorussie comme la dernière résistance socialiste de l’ère soviétique, la classe dirigeante y est engagée dans le même processus d’accumulation de richesses et de suppression de la dissidence que nous voyons aux États-Unis, dans l’Union européenne, en Chine et ailleurs. Nous ne considérons pas le mouvement de protestation en Biélorussie comme une réaction à un régime "arriéré" qui peut être résolu simplement en introduisant la démocratie, mais plutôt comme un énième point chaud aux côtés de Portland et Belgrade dans une lutte mondiale contre les conséquences du capitalisme et de l’autoritarisme.
Par nécessité, la nouvelle vague de manifestations en Biélorussie est décentralisée et largement sans leader, adhérant à des tactiques sinon des principes anarchistes. Nous craignons que même dans le meilleur des cas, cette horizontalité actuelle ne garantisse pas un résultat positif. Des mouvements de résistance largement horizontaux ont été à plusieurs reprises cooptés et canalisés pour réinventer les mêmes structures d’État autoritaires - y compris les mouvements qui ont provoqué l’effondrement de l’Union soviétique il y a trois décennies. De notre point de vue, la chose la plus importante qui puisse se produire dans des moments tumultueux comme celui-ci est que les gens développent une analyse plus approfondie des structures du pouvoir et de ce qu’il faudra pour apporter une véritable libération.
Pour comprendre les développements spécifiques qui ont conduit à cette crise en Biélorussie, nous recommandons cet article de Pramen, le collectif anarchiste que nous avons interviewé. Il est également important de lire leur analyse des raisons pour lesquelles une démocratie électorale plus crédible est insuffisante pour résoudre les problèmes auxquels la population est confrontée en Biélorussie :
« Nous ne devons pas oublier que les anarchistes ne sont pas seulement contre cette élection présidentielle, mais contre tout président en général. Le peuple biélorusse sait depuis longtemps que le pouvoir corrompt tout le monde. Loukachenko pourrait être remplacé par un homme politique de l’opposition, qui gardera le pouvoir dans le pays et continuera la répression contre sa propre population. Nous devons nous lever non pas pour avoir un nouveau président, mais pour vivre sans président. La décentralisation du pouvoir devrait être un facteur clé dans la transition de la dictature à une société libre. »
Les gauchistes autoritaires ont recherché les machinations des acteurs étatiques occidentaux dans ces événements, cherchant - comme d’autres théoriciens de la conspiration - à les expliquer comme étant les rouages malveillants d’une seule et même entité obscure toute-puissante comme la CIA. Pourtant, le soulèvement en Biélorussie n’est pas particulièrement commode pour les acteurs géopolitiques impliqués. Bien qu’il donne à Poutine l’occasion de faire pression sur Loukachenko pour obtenir davantage de concessions, il pourrait également déstabiliser la Russie. Il interrompt les tentatives des États-Unis de gagner plus de poids dans la région en établissant une relation plus amicale avec Loukachenko. À une époque où la violence d’État, la crise économique et une pandémie catastrophique ont discrédité les gouvernements du monde entier, elle menace de créer un précédent pour une révolte de masse qui pourrait s’étendre. De nombreux commentateur.rices ont noté que les événements en Biélorussie pourraient servir de modèle pour ce qui pourrait se passer aux États-Unis si les élections de 2020 sont contestées.
Partout dans le monde, les structures de l’État laissent tomber les gens et provoquent des mouvements sociaux rebelles. Les courants politiques qui deviennent influents dans ces mouvements détermineront ce qui est possible dans la prochaine génération de luttes. S’il n’y a pas de puissants courants anarchistes impliqués - ou si nous passons immédiatement par pertes et profits des mouvements entiers en raison de la participation de certains éléments réactionnaires - nous rendrons inévitable qu’un plus grand nombre de personnes privées de leurs droits et désespérées soient entraînées dans des ersatzs de mouvements organisés par des nationalistes, des néolibéraux et d’autres autoritaires, avec des conséquences désastreuses. Dans le mouvement des Gilets Jaunes en France, il était très important que les anarchistes s’impliquent et se battent pour marginaliser les éléments fascistes et nationalistes qui tentaient de populariser leur modèle de résistance contre le gouvernement centriste de Macron. De même, nous devrions canaliser les ressources et la solidarité vers les éléments anarchistes dans la lutte en Biélorussie.
Toute activité révolutionnaire n’est pas positive. Lorsque les fascistes ont pris le dessus dans la révolution ukrainienne, il était important de comprendre comment cela s’est passé et de déterminer que la victoire de la révolution ne représentait pas un pas vers la libération. Mais l’avenir du soulèvement en Biélorussie n’est pas encore écrit - il pourrait être réprimé, il pourrait être coopté par les démocrates néolibéraux ou les nationalistes, ou il pourrait devenir un point de référence pour la révolte populaire. La suite des événements sera déterminée sur la scène mondiale, à mesure que des luttes comme celle-ci se dérouleront sur les six continents. Nous appelons tou.tes celles et ceux qui se préoccupent de l’avenir de l’humanité à approfondir les liens internationaux de solidarité, à échanger des tactiques et des ressources, et à comprendre ces luttes dans un contexte mondial.
Pour une mise à jour des actions de protestation du 11 août, lisez ceci. Le 14 août, un appel à des actions de solidarité est lancé dans le monde entier pour soutenir le soulèvement.
Nous avons interviewé des membres du collectif d’édition anarchiste biélorusse Pramen et, pour nous assurer d’obtenir une perspective bien équilibrée, nous avons également demandé des réponses à un.e autre anarchiste biélorusse de longue date, qui s’est exprimé.e sous couvert d’anonymat. Dans la discussion qui suit, ils et elles explorent le contexte de la crise actuelle, décrivent comment s’organiser sous une dictature répressive et réfléchissent aux conséquences potentielles du soulèvement.
Interview
Donnez-nous un bref aperçu de l’histoire du mouvement anarchiste contemporain en Biélorussie.
Pramen : Comme certain.es d’entre vous l’ont peut-être entendu, le mouvement anarchiste a été détruit en Union soviétique. La renaissance du mouvement a eu lieu à la fin de l’ère soviétique. Dans les années 1990, les anarchistes ont joué un rôle important dans certains mouvements de base autour de l’écologie, des luttes ouvrières et d’autres questions. Depuis lors, les anarchistes se sont organisé.es en Biélorussie avec des hauts et des bas divers. Il existe au moins cinq collectifs anarchistes organisés : la Croix noire anarchiste, Pramen, Food Not Bombs, la bibliothèque Volnaya Dumka et l’initiative "Really Free Market". Tous s’occupent de différentes tâches au sein du mouvement, du travail antirépressif à l’organisation d’actions dans les rues. En dehors de ces groupes organisés, il existe plusieurs blogs très connus qui soutiennent le mouvement anarchiste. En outre, un petit groupe d’activistes a organisé une coopérative d’imprimerie qui existe depuis trois ans maintenant.
Il y a eu beaucoup de déceptions depuis 2017. À l’époque, les attentes étaient grandes car l’élan contre Loukachenko se renforçait. Mais ensuite, le soulèvement a été écrasé et tout le monde est retourné à la normale. Beaucoup de gens qui avaient fait de la prison en sont sortis brisé.es ; pour beaucoup d’anarchistes, la normalité n’était pas possible, car les raids, les détentions et la pression psychologique continuaient. Certaines personnes actives ont dû quitter le pays en raison de problèmes avec l’appareil d’État.
Cependant, malgré la déception et ces coups durs, les anarchistes ont continué à s’organiser. Le mouvement n’est pas massif dans tout le pays, il pourrait y avoir plus ou moins 100 anarchistes organisé.es. Ajoutez quelques centaines de personnes de plus qui sont des sympathisant.es et c’est tout pour un pays de 10 millions d’habitant.es. Cependant, les événements de 2017 ont également porté un coup aux groupes libéraux et nationalistes organisés ; ils n’étaient pas forts avant et après, la plupart des partis d’opposition ont cessé toute activité de rue. Depuis 2017, les anarchistes sont très probablement la seule force active qui continue à s’agiter dans les rues.
Dans notre collectif, nous faisions un travail médiatique et d’agitation. D’autres groupes organisaient des événements publics ayant une orientation anticapitaliste et anti-autoritaire.
Il est également important de mentionner qu’en termes de classe, le mouvement anarchiste biélorusse ne comprend pas beaucoup d’étudiant.es. Il est principalement composé de différentes parties de la classe ouvrière.
Comment les anarchistes ont-ils et elles continué à s’organiser en Biélorussie malgré la répression ? Avez-vous des conseils à donner aux anarchistes d’autres régions du monde qui n’ont pas encore connu le même type de répression - mais qui pourraient en faire l’expérience dans les années à venir ?
Pramen : Les anarchistes en Biélorussie ont utilisé beaucoup de tactiques intéressantes ces dernières années. Tout d’abord, la plupart des collectifs radicaux sont devenus complètement clandestins. Personne n’est autorisé à savoir qui fait partie de notre collectif, par exemple. La même règle existe dans d’autres groupes. Nous organisons certaines actions communes ensemble - les manifestations en ce moment, par exemple - mais tout le monde participe dans la rue en tant qu’individu.es ou groupes affinitaires, et non dans une structure organisationnelle. Cela complique la coopération entre les groupes, mais cela nous évite de nous retrouver dans une situation où un mouchard d’un groupe connaît l’infrastructure de l’ensemble du mouvement.
Les actions de rue anarchistes ont une limite de temps - le temps maximum dont nous disposons avant l’arrivée de la police est généralement d’environ 10 à 15 minutes.
Travailler dans la clandestinité rend difficile l’intégration de nouvelles personnes au sein du mouvement. C’est pourquoi certains groupes servent de points d’entrée pour les anarchistes - par exemple, tout le monde peut assister à un concert punk et, grâce à cela, apprendre à connaître les moyens d’entrer dans le mouvement anarchiste organisé, étape par étape.
Cependant, il est également important de mentionner que certaines personnes sont sorties de la clandestinité pour devenir des personnalités publiques. Ils et elles donnent des interviews, parlent aux médias et réalisent des vidéos Youtube sur différents sujets. Cela entraîne parfois des problèmes avec la police, mais il semble qu’il y ait certaines choses que vous pouvez encore exprimer. Appeler à la révolution peut être problématique, mais appeler à la démocratie directe et à la décentralisation du pouvoir semble être une bonne chose.
La longue existence de la Croix noire anarchiste en Biélorussie a mis en évidence un point important : vous pouvez compter sur vos camarades non seulement lorsque vous faites des actions directes ou que vous participez à des manifestations, mais aussi lorsque vous vous retrouvez derrière les barreaux. C’est un facteur psychologique important qui rend le mouvement fort.
Bien sûr, celles et ceux qui rejoignent les anarchistes sont conscient.es de la possibilité de répression dès le premier jour. Ce ne sont donc pas seulement des étudiant.es moyen.nes qui ont décidé de s’engager dans la politique quand ils en ont le temps. Les participant.es sont conscient.es de risquer d’aller en prison même pour de petites choses. Et vous organisez votre vie en conséquence :
* Vous apprenez à garder votre appartement propre, afin que rien ne puisse être utilisé contre vous. * Vous enseignez et apprenez la culture de la sécurité - tant physique que virtuelle. * Vous apprenez à connaître vos camarades dans des situations difficiles et cela crée des liens plus forts que l’acier.
More molotov cocktails used in clashes in #Minsk#Belarus. People are fighting dictator Lukashenko rulling the country for the last 26 years. pic.twitter.com/9nYFqM8zCT
Quelle est la composition du mouvement autour des élections d’août en Biélorussie ? Quelles sont les aspirations politiques des participant.es ? Quel est le rapport de force entre eux ?
Pramen : Ce tour de scrutin est sacrément merdique. De nombreux.ses politicien.nes de l’opposition se sont en fait opposé.es au plan principal des manifestations en appelant les gens à rester chez eux et à attendre un meilleur moment pour se soulever. De nombreux.ses membres des générations précédentes ont reçu l’instruction de rester chez elles et eux et de ne pas suivre les provocations.
De l’autre côté, le vide créé par cette décision politique s’est rempli de blogueur.ses, de petits groupes et de channels Telegram. Par conséquent, la prise de décision est passée des partis politiques au peuple. Cet été, le mouvement contre Loukachenko est devenu si massif que les anarchistes ne représentaient qu’une infime partie de tout ce qui se passait.
Et ce qui se passait n’était pas lié à des revendications politiques claires. Il n’y avait aucune plate-forme politique ou économique construite autour des élections appelant à la privatisation ou à la nationalisation ou quoi que ce soit d’autre de ce genre. Au lieu de cela, les gens s’organisaient contre la dictature - pour la faire tomber. C’est aussi simple que cela. Et cette simple poussée a attiré beaucoup de gens. Aujourd’hui, la frustration à l’égard de Loukachenko est plus grande que jamais. Actuellement, aucun groupe, organisation ou parti politique n’a réussi à gagner en popularité grâce à ces manifestations.
Donc, pour l’instant, le soulèvement populaire contre Loukachenko peut toujours aller dans n’importe quelle direction selon les personnes présentes dans les rues.
Dans le même temps, il convient de mentionner que des appels à la démocratie directe sont lancés sur certaines grandes plateformes médiatiques. Au moins certaines personnes en Biélorussie comprennent que Loukachenko est un dictateur, mais la dictature est une machine compliquée. Si nous remettons cette machine entre les mains d’un autre président, le scénario peut simplement se répéter. Anonyme : La vie politique en Biélorussie a été dévastée par les années de pouvoir autoritaire. Les partis existants n’existent que pour le plaisir d’exister - les gens les connaissent à peine et ne leur font pas confiance.
D’où la blague classique : si jamais vous vous sentez inutile, rappelez-vous qu’il y a un Premier ministre en Biélorussie. Les partis politiques ne jouent aucun rôle ici. Les modèles politiques habituels de prise de décision ne fonctionnent pas.
L’une des choses qui a probablement uni les gens et les a aidés à créer un mouvement puissant est le caractère presque apolitique de cette lutte pendant les élections. Les gens ont vu quelque chose de différent des bouffonneries habituelles. Tikhonovskaya, le principal rival de Loukachenko dans cette élection, est apparu de nulle part comme une femme au foyer qui a pris la relève de son mari emprisonné et dont le seul programme politique était d’organiser des élections équitables six mois après son accession à la présidence. Après 26 ans de survie dans un "État social", les gens ne croient pas au socialisme. Après la longue histoire soviétique et la rhétorique pro-communiste continue à la télévision et dans la vie quotidienne, les gens sont sceptiques à l’égard du communisme. Ce que les gens veulent, c’est mettre un terme aux années d’oppression - tant idéologique qu’économique, mais avant tout économique. Ils et elles ne sont pas du tout engagé.es politiquement. Il y a quelques acteurs politiques à l’arrière-plan de ces événements, mais ils sont presque invisibles.
Malheureusement, nous pouvons dire presque la même chose des anarchistes - en raison du petit nombre d’anarchistes et de l’accent mis sur l’intérieur du mouvement, les anarchistes ne peuvent pas vraiment prendre le relais et diriger cette manifestation. Bien que je ne veuille en aucun cas sous-estimer la contribution des anarchistes - malgré leur petit nombre, les anarchistes ont réussi à influencer les manifestations en apportant de nouvelles approches et techniques.
Nous avons entendu dire que, du moins selon un journaliste de la télévision Belsat, les anarchistes ont joué un rôle important dans les manifestations du 9 août à Minsk. Est-ce vrai ?
Pramen : Les anarchistes jouent un rôle important dans ces manifestations. Nous voyons des groupes affinitaires organisés qui construisent des barricades, qui essaient d’amener des groupes de personnes plus importants à se déplacer dans la ville et à combattre la police là où c’est nécessaire.
Mais même cela est éclipsé par la créativité dont fait preuve la population dans les rues. Ce que nous appelons les groupes affinitaires dans le mouvement anarchiste est quelque chose qui existe naturellement dans la société - les ami.es vont ensemble à la manifestation et, bien souvent, ils et elles discutent de quoi y faire à l’avance. On peut donc voir beaucoup de jeunes gens non affilié.es à un courant politique sur les barricades qui se battent contre les flics.
Quant à la stratégie... L’objectif principal est très simple : faire tomber le dictateur. En participant aux manifestations, diffuser les idées d’organisation horizontale et de décentralisation. Même pendant les affrontements, les gens continuent à distribuer des tracts aux manifestant.es au fond de la foule. On pense que si les gens parviennent à faire tomber Loukachenko sans les hommes politiques et les grands dirigeants, cela portera un coup puissant aux tendances autoritaires du pays. Cela donnera également un énorme coup de pouce à l’auto-organisation et à la solidarité dans cette société.
Tout le monde comprend que cette révolution ne sera pas libertaire. Nous ne serons pas capables de faire tomber l’État. Cependant, en tant qu’anarchistes, nous pouvons essayer de pousser nos idées aussi loin que possible pour sortir de l’autre côté avec plus d’élan vers la liberté.
Quels sont les différents scénarios possibles pour cette confrontation entre Loukachenko et les manifestant.es ?
Pramen : Nous n’espérons qu’un seul scénario : que Loukachenko soit fini. Selon le niveau de violence, il pourrait être tué, ou les gens pourraient simplement lui raser la moustache. Il pourrait aussi s’enfuir, ce qui est arrivé à la plupart de ses amis du bloc de l’Est qui ont été renversés. C’est le scénario pour lequel nous nous battons toutes.
Il y a un autre scénario : Loukachenko reste. Dans ce cas, il y aura une répression massive après la fin des manifestations. Des centaines de personnes seront poursuivies et condamnées à de nombreuses années de prison. La liste des prisonnier.es politiques va s’allonger très rapidement. Les anarchistes y figureront à coup sûr.
La répression détruira toute vie politique dans le pays. Tout ce qui peut constituer une menace pour le gouvernement sera détruit. Il n’est pas certain que le mouvement anarchiste survivra à cette répression, car la plupart des groupes y sont en fait complètement intégrés.
L’effondrement du mouvement entraînera le déclin de la société biélorusse. Il est certain que de nombreuses personnes vont fuir le pays. En l’absence de pression politique et sociale, la crise économique fera baisser les revenus des gens et créera davantage de problèmes pour la population active.
Mais nous ne voulons pas penser au pire scénario, car nous nous battons pour le meilleur scénario - et nous savons tou.tes qu’il n’y a pas de retour possible.
Comment le départ de Tikhanouskaya affectera-t-il le mouvement ?
Anonyme : Les gens se battent surtout pour eux-mêmes, pour leur liberté et leur vie. Certaines personnes la considèrent encore comme une présidente en exil. Certain.es ne s’en sont jamais vraiment soucié. Ce dont tout le monde se soucie le plus en ce moment, c’est le sort de celles et ceux qui sont emprisonné.es et la responsabilité de poursuivre la lutte pour celles et ceux qui ont sacrifié leur vie ou leur santé. Tout dépend donc de l’esprit des gens, je crois, de leur volonté de poursuivre la lutte malgré toute la violence et la cruauté subies actuellement.
Nous avons vu que la Russie n’a pas soutenu de tout cœur Loukachenko dans cette situation. Comment voyez-vous la stratégie de Poutine dans ce domaine ? Quelles seraient les implications pour la Russie et pour les autres pays de la région si les manifestant.es forçaient Loukachenko à quitter le pouvoir ?
Pramen : Ce qui se passe dans la tête de Poutine n’est pas clair. Il se pourrait qu’il attende simplement que Loukachenko s’affaiblisse pour conclure un accord qui réduirait la Biélorussie à une sorte d’état vassal. Dans le même temps, Poutine est vraiment déçu par ce qui se passe en Ukraine et en Syrie - les plans de ses analystes politiques ne fonctionnent pas comme il l’avait prévu. En fin de compte, rien ne l’empêche de faire entrer l’armée russe en Biélorussie et de proclamer qu’elle fait partie de la Russie.
Poutine joue depuis longtemps avec Loukachenko dans le but de réintégrer la Biélorussie dans l’État russe. Cela n’a jamais fonctionné, il se peut donc qu’il y ait une décision politique de ne pas soutenir Loukachenko, pour essayer de naviguer les événements de manière intelligente. À l’heure actuelle, si Poutine soutient Loukachenko avec tout ce qu’il a et que Loukachenko perd toujours, la société biélorusse se retournera complètement contre Moscou. Donc pour Poutine, ce pourrait être une bonne tactique de garder ses distances jusqu’à ce que les choses soient plus claires.
Anonyme : Poutine a été l’un des premiers à féliciter Loukachenko pour sa victoire et à confirmer les résultats des élections. Dans son message, il a appelé à renforcer la collaboration entre les deux pays. La position de Loukachenko est très faible en ce moment. Avec la brutalité dont il a fait preuve pendant les élections, il a perdu tout soutien et toute influence diplomatique auprès de l’Union européenne. Il a maintenant besoin du soutien de son grand frère oriental. C’est une situation très favorable pour la Russie. Sans dépenses supplémentaires, la Russie peut étendre son influence sur la Biélorussie. Il semble possible que Poutine fasse tout son possible pour maintenir Loukachenko au pouvoir, y compris en envoyant des forces militaires pour réprimer les protestations.
En même temps, si les manifestations forcent Loukachenko à quitter le pouvoir, il y a trop de facteurs à prendre en considération pour faire des prévisions. Le scénario varie d’une intervention militaire et d’une invasion à la reconnaissance par la Russie de la nouvelle situation en Biélorussie sans intervention.
Avez-vous quelque chose à dire aux "anti-impérialistes" autoproclamés de l’Ouest qui soutiennent Loukachenko ?
Pramen : Eh bien... il pourrait y avoir une longue réponse. Par exemple, nous pourrions expliquer que Loukachenko fait partie du projet impérialiste russe dans cette région. Il est soutenu par Moscou pour sa loyauté envers le Kremlin et il n’y a rien d’"anti-impérialiste" dans un président qui est au pouvoir par la volonté de l’empire qui détient le pouvoir dans la région. Je crois que le genre de critiques que vous décrivez aiment aussi les avantages sociaux que l’Etat offrirait en Biélorussie. Cependant, si vous faites vos recherches, vous découvrirez que Loukachenko est en fait celui qui détruit les programmes sociaux dans ce pays depuis des années tout en empêchant les gens de s’engager dans une quelconque forme d’auto-organisation. Nous pourrions continuer à expliquer les choses pendant des heures et des heures.
Mais vous savez quoi ? Les gauchistes autoritaires n’entendent pas d’arguments. Ce sont des croyant.es. Ils croient en leur "vérité" de la même manière que certaines personnes croient en une religion. Peu importe le nombre de bons arguments que vous pouvez apporter, ils maintiendront leur position initiale.
Nous pouvons donc passer à la réponse courte : "Va te faire foutre". Mais vous pouvez toujours lire des choses plus constructives sur notre site web 🙂 Anonyme : Si Loukachenko avait de la chance, il construirait son propre empire. Si vous pouviez comprendre ses discours, vous réaliseriez qu’il souffre d’illusions de grandeur - ou "souffre" n’est probablement pas le bon mot, car il les apprécie. Il n’y a rien d’anti-impérialiste dans cette figure politique, de quelque façon que ce soit.
Nous avons vu certains "anti-impérialistes" prétendre que le mouvement en Biélorussie est composé de fascistes. Il y a des allégations selon lesquelles le drapeau que de nombreux manifestant.es brandissent est associé à l’occupation nazie du pays, par exemple.
Anonyme : La première utilisation documentée du drapeau blanc-rouge-blanc (WRW) remonte au quatorzième siècle. Il est aujourd’hui utilisé comme symbole de l’autodétermination du Belarus, en opposition au drapeau de l’État moderne et à la Biélorussie de Loukachenko, puisque c’est lui qui a ordonné la création de ce qui est actuellement le drapeau officiel du pays.
Je comprends d’où vient l’argument associant le drapeau aux nazis. La situation était très compliquée lors de l’occupation de la Biélorussie par les fascistes allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. La Biélorussie était alors fortement opprimée par le gouvernement soviétique, qui tentait de détruire l’identité nationale biélorusse. Par exemple, en 1933, le gouvernement soviétique a imposé une réforme brutale et injustifiée de la langue biélorusse, dans laquelle l’alphabet est passé du latin (un alphabet très similaire à la langue polonaise) au cyrillique. Beaucoup de gens ont connu la répression. Dans ces conditions, alors que l’armée allemande approchait et que le gouvernement soviétique évacuait dans la panique, certain.s ont tenté de créer un soi-disant Conseil central biélorusse. C’étaient des collaborateurs, bien que leurs motivations ne soient pas de soutenir et d’accueillir les nazis allemands, mais de saisir une chance de créer une entité nationale souveraine. Le conseil a existé pendant moins de deux ans. Les personnes qui utilisent le drapeau de la WRW aujourd’hui ne sont souvent même pas au courant de ces événements historiques. Le drapeau de la WRW est un drapeau national qui a été utilisé tout au long de l’histoire pendant les différentes périodes d’oppression par de nombreux révolutionnaires et n’a rien à voir avec les nazis allemands dans l’esprit du peuple biélorusse.
Je ferais un parallèle avec le Kurdistan. Il y a le drapeau d’État de la Syrie et du régime syrien - et il y a le drapeau du Kurdistan. De la même manière, nous avons le drapeau étatique de Loukachenko - qui n’a été utilisé que pendant sa présidence, donc les gens évitent de l’utiliser, surtout dans cette lutte où tout est question de le déposer - et le drapeau national et historique, qui est blanc-rouge-blanc.
Il est certain qu’il y a dans les manifestations des gens aux opinions politiques très diverses. La plupart d’entre eux ne se définissent pas du tout politiquement. Lorsque les mineurs se mettent en grève parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement corrompu de l’État et l’exploitation dans laquelle leurs patrons sont engagés, essayons-nous de déterminer leur identité politique exacte en tant que communistes, anarchistes ou libéraux ? Essayer de définir cette immense foule de centaines de milliers de personnes qui ont souffert d’humiliation, d’exploitation et d’oppression pendant le dernier quart de siècle me semble ridicule. Pour moi, il y a un fasciste évident : Loukachenko. Que peuvent faire les anarchistes d’autres régions du monde pour soutenir les camarades de Biélorussie ? Existe-t-il des structures concrètes pour soutenir ceux qui font face à la répression maintenant ? Y a-t-il des points de pression sur lesquels la solidarité internationale pourrait se concentrer ?
Pramen : Faites des actions de solidarité. Beaucoup d’actions de solidarité. Envoyez-nous des photos de vos actions de solidarité. Le soutien de l’extérieur inspire non seulement les cœurs des anarchistes, mais aussi ceux de tous celles et ceux qui vivent dans la rue. Les gens voient qu’ils ne sont pas seuls. Après avoir lu ce texte, allez peindre une banderole très simple, rassemblez vos camarades et prenez une photo. Cela prendra deux heures maximum.
Si vous avez plus de temps et d’énergie, soyez créatif.ves. La Biélorussie est un État capitaliste. Il y a beaucoup d’ambassades et d’autres points qui représentent l’Etat biélorusse. En 2010 en Russie, des anarchistes audacieux ont occupé l’ambassade. Cela peut être une des idées sur la table. Soyez créatif.ves - et grâce à votre créativité, nous saurons que vous êtes honnêtes dans votre solidarité !
Et si vous êtes doué.es pour la technologie, commencez à nous aider à résoudre les problèmes liés à l’internet. En Biélorussie, de nos jours, les gens qui ont de l’argent peuvent accéder à Internet plus facilement que les militant.es de base. Les VPN gratuits et d’autres solutions ne fonctionnent pas et nous avons besoin de beaucoup d’aide à cet égard car le manque d’internet empêche beaucoup d’efforts d’organisation.
Anonyme : Bien que peu réaliste, le meilleur soutien serait de venir et de soutenir en participant directement aux manifestations. Nous avons besoin de personnes courageuses et décisives à nos côtés. Un autre moyen est de partager des expériences et des idées avec nos manifestant.es - nous avons besoin de votre imagination et de votre créativité !
Nous avons également besoin d’un soutien informationnel - beaucoup de gens ne savent pas grand chose sur la Biélorussie et la situation réelle ici. La réalité, la mentalité et la façon de penser sont différentes dans le contexte post-soviétique qui façonne la lutte ici. Très souvent, les gens ne comprennent pas les différences entre la vie politique ici et à l’Ouest.
Enfin et surtout, vous pourriez organiser des manifestations de masse dans vos propres pays. Nous sommes tou.tes connecté.es. Ce dont nous avons besoin avant tout, à tout moment, c’est de la lutte mondiale.
Veuillez énumérer les sites web et les comptes-rendus de médias sociaux que les gens devraient suivre pour obtenir des nouvelles fiables sur les événements au Biélorussie, en particulier dans une perspective anti-autoritaire.
Les deux incluent l’écriture en anglais ; d’autres collectifs n’écrivent qu’en russe dans les réseaux sociaux. Sur ces sites web, vous trouverez des liens vers les mises à jour des réseaux sociaux. Nous faisons de notre mieux pour tenir les gens au courant !
Quant aux particuliers, vous pouvez suivre @bad_immigrant sur twitter ou chaos.social mastodonte instance. Il tweet en anglais sur la situation en ce moment.
Suivez le hashtag #belarus dans vos réseaux sociaux. Copiez les textes en russe sur https://www.deepl.com/translator et vous obtiendrez également des résultats lisibles.
Faites un don à ABC-Belarus, car plus de 5000 personnes ont déjà été détenues et personne ne sait combien d’autres le seront bientôt.
Et espérons que dans quelques jours, Loukachenko tombera et qu’il y aura une grande fête au cours de laquelle nous nous souviendrons de nos mort.es et célébrerons les vivant.es !
Rendez-vous sur les barricades, camarades !
Anonyme : En ce moment, il y a aussi beaucoup de channels Telegram où les gens postent des vidéos et des photos en temps réel du lieu des manifestations quotidiennes. Ce ne sont pas des espaces anarchistes, mais ils peuvent aider à donner une image générale de ce qui se passe dans les rues en ce moment :
"Mes amis, les derniers jours ont été extrêmement difficiles pour nous tous.Nous avons rassemblé des vidéos positives sur Internet, ajouté de la musique et espérons qu'elles pourront vous remonter le moral!Rendez-vous aux barricades!"
Cenator: La vidéo de l’interview de Loukachenko (ci-dessous) montre le point de vue de son gouvernement, qui est systématiquement tu dans les médias de la bien-pensance.
Aucun des «spécialistes» que la RTS a interviewés pour faire le bilan de la situation en Biélorussie n’a voulu tenir compte de cette version de réalité, bien au contraire.
Bien que les européistes le nient, c’est l’agenda des révolutions de couleur qui est appliqué actuellement à la Biélorussie, au profit d’intérêts obscurs, via des manipulateurs de masse agissant dans l’ombre pour mettre en place un nouveau Maïdan.
A qui profite le crime ? Au nom de quel principe supérieur à la paix et à la stabilité d’une nation les dirigeants de l’UE, vendus à Soros et aux Démocrates américains, ont-ils organisé ce putsch?
Ce qui frappe d’emblée depuis la campagne électorale biélorusse, c’est le parti-pris inconditionnel de nos médias en faveur des opposants au régime.
Les opposants «pacifiques» de la société civile biélorusse sont très entraînés aux techniques de subversion. On reconnaît la « patte » de Srdja Popovic dans ces méthodes, quoiqu’en plus sophistiqué, dès qu’on observe un peu ces manifestations «spontanées» ou qu’on étudie le comportement de l’égérie de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, désignée par les forces de l’ombre pour diriger la pays.
Mardi, par exemple, un «manifestant pacifique» qui avait mal assimilé sa formation accélérée a trouvé la mort en voulant lancer un engin explosif sur les policiers.
Quant à la nouvelle Greta de la révolution, Svetlana Tikhanovskaïa, elle était un nom totalement inconnu de nos médias il y a encore quelques semaines et le régime autoritaire de la Biélorussie était un non-sujet.
De toute évidence, des préparatifs étaient en cours en coulisses pour introniser la féministe et pro-UE Tikhanovskaïa, l’espoir imposé aux Biélorusses comme la seule personne apte à diriger le pays.
Dès avant les élections, nous apprenions par la RTS et la presse romande que Svetlana Tikhanovskaïa n’accepterait jamais le résultat des élections et qu’elle se considérait comme la seule présidente légitime pour diriger le pays.
Bien entendu, si elle conteste les résultats des votes (80% pour Loukachenko et 10% pour elle, alors que le premier est au pouvoir depuis 26 ans et qu’elle est totalement novice en politique), c’est que c’est elle que le peuple aurait élue si la votation n’était pas falsifiée !
Svetlana Tikhanovskaïa, la rivale sortie du néant après de rudes entraînements par la bande à Soros, s’autoproclame vainqueur de ces élections. Et des foules excitées vont crier son nom, réclamer le départ de Loukachenko et exiger l’intronisation de la nouvelle égérie.
Quant à Loukachenko, il a promis de changer la Constitution et d’organiser par la suite de nouvelles élections. Mais en ce qui concerne la soi-disant «révolution», il reste ferme: «Nous allons nous occuper de chaque personne qui provoque, qui pousse les jeunes aux débordements. Je pense qu’on va leur remettre le cerveau à l’endroit.»
Loukachenko, qui s’est battu durant ses années de présidence pour ne pas être sous la domination russe, a maintenant dû s’adresser à Poutine pour recevoir de l’aide.
En effet, seul Poutine a un service de contre-espionnage suffisamment évolué pour faire face à «Cambridge analytica», hormis la Chine qui s’est également empressée d’exprimer sa «sympathie» pour Loukachenko.
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Avant de «remettre le cerveau à l’endroit» aux manifestants, il faudrait d’abord comprendre comment il est possible de faire adhérer des foules à des causes dont elles n’ont même pas saisi l’enjeu (ici, les forces de la gauche occidentale veulent gagner de l’influence) et d’amener les masses à revendiquer par centaines de milliers comme si elles étaient hypnotisées.
Aux États-Unis, une enquête extrêmement intéressante a été menée par une journaliste très populaire, Millie Weaver, qui a mis en ligne son documentaire, The Shadowgate. Rapidement, la vidéo a été supprimée sur YouTube, puis la journaliste et son mari ont été incarcérés.
Selon ce documentaire, des personnes qui ont travaillé pour le Deep State en vue de la destitution de Trump ont témoigné des méthodes utilisées. Cette réalité dépasse encore largement les révélations de Snowden.
Actuellement, il existe grâce à internet une collecte de données si massive qu’elle donne à ceux qui y ont accès une forme de toute-puissance. Ceux qui détiennent ces données connaissent parfaitement les sensibilités et les points vulnérables des populations, et il leur est possible, par l’intermédiaire d’influenceurs initiés, d’inciter des populations à manifester, de faire se soulever des foules contre leurs dirigeants, de déclencher des émeutes, d’organiser des coups d’État ou de manipuler les résultats des votations.
Rappelons-nous que Cambridge Analytica, firme d’analyse de données impliquée dans la campagne de Trump, a récolté les données de 50 millions de profils Facebook via une app présentée comme un outil de recherche.
Références concernant le documentaire Shadowgate :
En Suisse romande, les manifestations féministes, climatistes ou BLM sont des exemples illustrant parfaitement ces dérives, qui n’ont eu aucune peine à s’implanter puisque la totalité des médias officiels ont le même biais politique.
Lorsque Svetlana Tikhanovskaïa déclare avant même les votations, puis après n’avoir obtenu que 10% des voix, que c’est elle la présidente légitime en Biélorussie, nous nous retrouvons face à un logique également constatable dans notre pays.
Lors des élection fédérales d’octobre 2019, les Verts ont progressé d’environ 8%, mais avec l’aide de nos médias, ils ont réussi à faire croire que désormais, ce sont eux la majorité et que les thématiques liées au climat sont la principale préoccupation de la population et doivent primer sur tous les autres problèmes.
Et la RTS dispose toujours d’un(e) Vert(e) de service qui sera prêt(e) à expliquer qu’absolument tout est lié au réchauffement climatique, que c’est le seul angle d’attaque possible pour tous les problèmes de la Terre. Démographie, Covid-19, chômage, ceux-là ramènent tout à leurs croyances. Les migrants envahissent l’Europe? Préparons-nous à en recevoir bien plus, car dans leurs pays ils vont manquer d’eau, de nourriture, de places de travail... à cause du réchauffement climatique et nous devons prendre nos responsabilités.
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Biélorussie : auprès de dirigeants européens, Poutine juge «inacceptable» toute ingérence extérieure
Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu avec Emmanuel Macron, Angela Merkel et Charles Michel lors d'échanges téléphoniques concernant la crise politique en Biélorussie. Il a notamment mis en garde contre les ingérences extérieures.
En amont du sommet européen consacré à la situation biélorusse qui se tiendra le 19 août et réunira les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, le président russe, Vladimir Poutine, s'est entretenu avec plusieurs dirigeants européens.
Après son entretien avec le chef d'Etat français, Emmanuel Macron, le Kremlin a fait savoir dans un communiqué que Vladimir Poutine avait souligné que «l'ingérence dans les affaires intérieures de la Biélorussie» et la «pression extérieure sur les dirigeants biélorusses» étaient «inacceptables» avant d'ajouter : «Les deux parties ont exprimé le souhait d'une solution rapide aux problèmes qui sont survenus.»
Emmanuel Macron a de son côté mis en exergue durant la discussion le «rôle constructif» que souhaite jouer l'Union européenne «pour que les violences à l'égard de la population cessent immédiatement et qu'une solution politique puisse se dégager au plus vite, dans le respect des aspirations exprimées pacifiquement et massivement depuis plusieurs jours», selon une communication de la présidence française. Au cours d'un entretien téléphonique avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le président russe a réitéré sa mise en garde [...]
Alexandre Loukachenko a fustigé les heurts ayant suivi l'annonce de sa réélection, dénonçant des «appels depuis l'étranger» visant à «téléguider» la population. Dans le même temps, certains pays ont émis des doutes sur le déroulement du scrutin.
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Biélorussie: l’Union Européenne ne reconnaît pas le résultat des élections
19.08.2020
L’Union européenne ne reconnaît pas les résultats des élections présidentielles du 9 août dernier au Bélarus, qui n’ont été « ni libres ni régulières », a affirmé mercredi le président du Conseil européen, Charles Michel, à l’issue d’un sommet extraordinaire des Vingt-sept.
Crise nationale
L’UE en appelle aussi à un « dialogue national inclusif » pour une issue pacifique, notamment sur base de la proposition de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
« Il ne s’agit pas ici de géopolitique, mais avant tout d’une crise nationale impliquant le droit des citoyens à choisir librement leurs dirigeants, à déterminer leur destin », selon M. Michel.
Réclamant d’éviter « toute interférence extérieure qui pourrait être négative », le président du Conseil a relevé les déclarations du Kremlin assurant que la Russie n’avait pas l’intention d’intervenir militairement au Bélarus.
Pour la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, l’UE est prête à « accompagner une transition pacifique et démocratique au Bélarus ».
L’exécutif européen va réorienter des subsides initialement destinés aux autorités bélarusses vers « les personnes les plus vulnérables et la société civile », et y ajouter 53 millions d’euros pour la population bélarusse. Trois millions d’euros iront aux victimes de la répression et au soutien à la société civile et aux médias*, tandis que les 50 millions restants iront à l’aide d’urgence contre le coronavirus, a-t-elle détaillé.
*ndlr: Le soutien aux médias est limité aux médias qui s’opposent au gouvernement en place!
Tikhanovskaïa se dit prête à devenir la «dirigeante nationale»
Réfugiée en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaïa, candidate d’opposition à l’élection présidentielle au Bélarus, a déclaré vouloir occuper la plus haute fonction de l’État.
[…] La candidate d’opposition à l’élection présidentielle au Bélarus, Svetlana Tikhanovskaïa, s’est dite prête lundi à diriger le pays. Celui-ci est en proie à une vague de manifestations contre le président Alexandre Loukachenko.
«Je suis prête à assumer mes responsabilités et à agir en tant que dirigeante nationale», a déclaré dans une vidéo l’opposante, réfugiée en Lituanie. Elle a rappelé qu’elle n’avait pas «voulu devenir une politicienne», mais que «le destin a décrété que je me trouverais en première ligne face à l’arbitraire et l’injustice».
«Vous qui avez cru en moi, qui m’avez donné la force, j’admire aujourd’hui chaque minute votre courage, votre auto-organisation et combien vous êtes forts et brillants», a-t-elle ajouté, disant vouloir «sortir de ce cercle sans fin dans lequel nous nous sommes retrouvés il y a 26 ans», lors de l’accession au pouvoir d’Alexandre Loukachenko.
Les indices s’accumulent : Poutine envoie des troupes en Biélorussie
Le Kremlin envoie des troupes en Biélorussie pour soutenir le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko. Des articles de médias confirment plusieurs sources officielles selon les informations du BILD. Poutine utilise à la fois des avions de transport de l'armée de l'air russe et des camions du ministère de l'intérieur. […]
L’appel d’Emmanuel Macron adressé aux Européens pour «se mobiliser aux côtés des Biélorusses qui manifestent pacifiquement» a fait réagir la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Maria Zakharova a ainsi voulu savoir quand le Président français allait exhorter l’UE à soutenir les Gilets jaunes...
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a qualifié d’«hypocrisie» l'appel d’Emmanuel Macron adressé à l'Union européenne pour soutenir les participants aux manifestations pacifiques en Biélorussie.
«Quand demandera-t-il à l'Union européenne de continuer à se mobiliser pour les centaines de milliers de Gilets jaunes qui, lors de manifestations pacifiques, cherchent à faire respecter leurs droits, leurs libertés et leur souveraineté? Quand l'Union européenne cessera-t-elle d'attendre les requêtes des Présidents des États membres et commencera-t-elle à se mobiliser de manière proactive pour soutenir les actions de protestation dans son espace?», a écrit Mme Zakharova sur sa page Facebook.
Il s’agit d’«hypocrisie telle qu'elle est», a déclaré la diplomate.
Macron appelle à soutenir les Biélorusses qui manifestent pacifiquement
Afin de soutenir les «centaines de milliers de Biélorusses» qui «manifestent pacifiquement pour le respect de leurs droits» dans plusieurs villes du pays contre les résultats de la présidentielle, Macron a appelé sur son compte Twitter dimanche 16 août les Européens à se mobiliser.
L'Union européenne doit continuer de se mobiliser aux côtés des centaines de milliers de Biélorusses qui manifestent pacifiquement pour le respect de leurs droits, de leur liberté et de leur souveraineté.
Au Bélarus (Biélorussie en France), Lukashenko bénéficie d’un indéniable soutien populaire, mais de là à ce qu’il soit élu avec 80 %, faut pas pousser ! Pourtant la question d’un éventuel trucage de la réélection de Lukashenko à la présidence du Bélarus n’est pas la vraie question. Celle-ci est “Le Bélarus souhaite-t-il une révolution orange à l’ukrainienne ?”.
Le “Maydan” ukrainien, on en connaît parfaitement les conséquences directes en Russie où quasiment chaque famille a au moins un parent en Ukraine : pays exsangue, en proie à la violence de milices affichant clairement leur idéologie néo-nazie, économie en faillite, salaires impayés, etc. etc. Les pays occidentaux qui ont financé et organisé cette révolution à Kiev se sont bien vite désintéressés de l’Ukraine, voyant que leur but initial – utiliser l’Ukraine pour affaiblir voire attaquer la Russie – ne pouvait être atteint.
Aujourd’hui il est évident que ces mêmes pays occidentaux, à l’exclusion toutefois semble-t-il des États-Unis, a choisi le Bélarus pour créer un nouvel angle d’attaque contre la Russie. Et puis ces pays occidentaux n’aiment vraiment pas Lukashenko qu’ils appellent “le dernier dictateur d’Europe”. L’occasion est donc belle, d’une part d’y mettre en place une “démocratie” (!), d’autre part de tirer une balle dans la Russie dont le Bélarus est, malgré les jérémiades de son Président, un “allié privilégié” sur le plan économique et une place stratégique, zone tampon avec l’Europe.
On applique donc les vieilles recettes en suscitant des vocations de révolutionnaires chez les jeunes Bélarussiens nourris au MacDo et à Facebook qui, reconnaissons-le quand même, ont des craintes justifiées quant à l’avenir de leur pays où tout est loin d’être rose. Svetlana Tikhanovskaya, épouse d’un opposant politique en prison, se déclare candidate en s’associant à deux autres jeunes femmes, c’est idéal pour les manipulateurs occidentaux : candidate femme donc, c’est moderne, c’est féministe, ça change d’un ancien directeur de kolkhoze ! Que celle-ci n’ait aucun programme n’a aucune importance, on vire le dictateur et on verra ensuite, on pourra toujours envoyer les gros bras de Soros et du FMI remettre le pays à flots (!).
On a donc d’un côté l’ancien directeur de kolkhoze, usé par des décennies de pouvoir, mais ayant tout de même un bilan positif (système de santé, éducation, sécurité en particulier), de l’autre une inconnue sans programme mais soutenue par les pays occidentaux. Comme en Ukraine.
D’ailleurs cette Tikhanovskaya semble être le parfait “idiot utile” des manipulateurs occidentaux puisqu’on apprend ce soir (source privée, information non encore publique à l’heure où j’écris cet article) que les services secrets du Bélarus (le KGB) l’ont mise sous protection après avoir intercepté des messages parlant de son élimination dans un but évident de provocation ! Eh oui, le KGB de Lukashenko protège l’opposante ! À Kiev il y eut les snipers qui tiraient dans la foule, à Minsk l’assassinat de la candidate de l’opposition, dans les deux cas le but est de montrer ensuite du doigt le pouvoir en place, de générer des émeutes pour finalement arriver à la chute du régime sous les applaudissements des démocraties occidentales (!).
Et à Moscou ?
Il est bien entendu hors de question pour la Russie de laisser le Bélarus devenir une “seconde Ukraine” aux portes de la Fédération. Et soyons clairs, l’intérêt des Bélarussiens n’est bien évidement pas que leur pays se retrouve dans la situation de l’Ukraine !
À Moscou, on savait il y a déjà quelques temps que cette élection ne serait pas comme les autres. Des informations faisaient état d’interventions discrètes de certaines ambassades (République tchèque par exemple) pour provoquer un mouvement de protestation lors de l’élection. Par ailleurs les états d’âme de Lukashenko au sujet de l’union du Bélarus et de la Russie agacent le Kremlin, alors que gaz et pétrole sont vendus au Bélarus à des prix défiants toute concurrence et que des “prêts” (des dons ?) sont accordés régulièrement. Le Kremlin a-t-il décidé de donner un avertissement à Lukashenko en lui envoyant une équipe de mercenaires en sachant qu’ils seraient interceptés ? Une manière de dire “On en a marre de vos conneries, après votre réélection, on passe aux choses sérieuses” ?
Ceci pourrait expliquer la reconnaissance immédiate de la victoire de Lukashenko par Moscou, on verra dans les semaines à venir si les négociations sur l’union entre les deux pays se concrétisent enfin.
Alors bien sûr, tout ceci n’est guère démocratique ! Mais la “démocratie”, on la voit chaque jour en Europe par exemple. On la voit en Ukraine encore plus près de chez nous. Il est regrettable que certains crétins se laissent manipuler et servent de chair à canon aux pays occidentaux, mais si les Ukrainiens pouvaient revenir en arrière, il n’y a aucun doute que le “Maydan” n’aurait pas lieu. Agissons donc au Bélarus pour éviter une chute totale du pays, avec les conséquences que cela aurait vis-à-vis de la Russie : Les forces de l’OTAN ne seraient plus en Pologne, mais à Brest, aux frontières directes de la Russie.
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