La démocratie est un mode de gouvernement répandu mais assez peu compris, comme je l'ai expliqué dans un précédent article. Cela n'a rien de surprenant puisqu'elle n'est rien d'autre qu'un mécanisme collectif de prise de décision. Qui a le droit d'y prendre part, quelle est l'autonomie des représentants du peuple et quelles sont les décisions qu'ils peuvent prendre dans le respect de leurs prérogatives sont autant de sources inépuisables de débat.
Chacun conviendra pourtant que la démocratie ne saurait être sans limite, pas plus que pour n'importe quelle autre organisation de l'Etat. On a donc coutume d'y associer l'Etat de droit comme une façon de la tempérer et de restreindre son pouvoir. Mais cette notion est elle-même source d'encore plus de malentendus, à côté desquels les erreurs de jugement sur la démocratie font figure d'aimable plaisanterie.
A la base, on peut considérer comme Etat de droit un régime dans lequel les autorités doivent se soumettre d'elles-mêmes à la règle de droit, ce qui n'est pas le cas de la France par exemple.
En ramenant les différentes opinions à leur essence, il existe deux écoles de pensée diamétralement opposées quant à la source de l'Etat de droit et par là même le sens à lui donner.
La première, héritage du libéralisme classique, fait dériver l'Etat de droit du droit naturel auquel peut prétendre n'importe quel individu au nom de sa qualité d'être humain. Ainsi, les droits naturels (qui sont l'antithèse même du droit du plus fort ou droit de la jungle, c'est-à-dire le règne de la force) accordent à tout être humain un socle de droits inviolables par sa nature même, comme le droit de disposer de son corps, le droit de penser, le droit de posséder quelque chose, le droit de se défendre contre l'agression.
S'ils n'ont été formellement définis que tardivement, les droits naturels sont quasiment aussi vieux que l'humanité. Il n'existe aucune organisation humaine, même parmi les peuplades les plus anciennes ou les plus reculées, dans lesquelles on peut violer et assassiner impunément un autre membre de la tribu ou s'emparer de ses biens sur la base d'un simple désir.
Bien qu’enorgueillis de l'idée de vivre dans les sociétés modernes du monde occidental, nous vivons dans un environnement où l'application de certains aspects du droit naturel manque toujours à l'appel, au moins en pratique. Pensons à égalité devant la loi par exemple. L'absence d'arrestations arbitraires, le droit de propriété ou la protection de la sphère privée sont autant de thèmes fragiles sur lesquels l'opinion publique semble prête à transiger selon les circonstances.
L'application d'un Etat de droit issu du droit naturel impose immédiatement une limite au pouvoir de l'Etat - démocratique ou non - sur la base du respect des individus, les minorités ultimes.
A cette interprétation "venue de la base" s'oppose une autre vision, "venue du sommet", où l'Etat de droit représenterait l'obéissance aux traités diplomatiques internationaux.
Les limites au pouvoir d'un Etat seraient donc liées à sa bonne réputation et au respect des engagements pris par un pays auprès de ses pairs dans le concert des nations.
Il est possible de plaider - et les défenseurs de cette interprétation ne s'en privent pas - que le respect du droit international soit une façon de faire respecter les droits imprescriptibles de chaque être humain, en adhérant à un traité interdisant la torture par exemple, ou en "civilisant la guerre" en renonçant aux mines antipersonnelles.
Malheureusement, il n'est guère besoin de chercher bien loin pour voir avec quelle facilité des accords internationaux peuvent être détournés de leurs buts pour fouler les droits naturels authentiques, devenant l'exact contraire de ce qu'ils prétendent défendre. Pensons par exemple à la façon dont la CIA exporte des prisonniers dans des prisons étrangères pour mieux les torturer quand pareil traitement est interdit sur le sol américain, le tout au nom d'accords d'entraide internationaux.
La représentativité du concert des nations est elle-même douteuse quand certains "sont plus égaux que d'autres" et disposent d'un poids prépondérant dans des institutions internationales, comme les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU et leur droit de veto. La plupart des pays du monde ne sont pas libres mais dirigés par des cliques corrompues peu soucieuses du bien-être de leur population ; se soumettre à cette communauté revient à faire surveiller sa conduite par une bande de brigands. On voit mal comment pareille équipe pourrait tirer quiconque vers le haut.
De plus, bien des organisations internationales comme la Cour Européenne des Droits de l'Homme poursuivent des buts politiques et se servent de leur pouvoir pour façonner la justice de leurs membres, au mépris des nobles desseins que leur intitulé implique, et se contentent opportunément de botter en touche les sujets gênants. Dans un monde multipolaire égoïste, le droit international est bien plus instrumentalisé pour servir des objectifs nationaux ponctuels que pour avancer la cause des droits de l'homme.
Cette interprétation de l'Etat de droit est beaucoup plus récente puisque le respect des engagements internationaux est une nouveauté toute relative dans l'histoire. Malgré ses contradictions grossières, elle a rapidement fait son chemin au sein des élites occidentales pour devenir la norme, puisque bien plus compatible avec un accroissement continu du pouvoir de l'Etat. On comprendra que des individus attirés par le pouvoir choisissent cyniquement l'interprétation la plus favorable à leurs objectifs.
Ces discussions n'ont rien de théorique et dans les pays où la démocratie a encore quelque sens, comme en Suisse, pareilles notions se retrouvent sur le devant de la scène de plus en plus fréquemment.
Ainsi, la bataille contre le renvoi des criminels étrangers, perdue dans les urnes, retrouve un second souffle auprès de la CEDH, qui jugea fort opportunément que pareille disposition est incompatible lorsqu'un condamné se prétend en danger dans son pays d'origine - et ce, quels que soient les risques encourus par la population locale. La disposition constitutionnelle approuvée par le peuple est ainsi vidée de sa substance.
Ainsi, la bataille autour de l'immigration de masse où la restriction de l'immigration deviendrait une entorse aux "droit international". A noter qu'il n'y a pas une seule mention de l'immigration dans la Convention Européenne des Droits de l'Homme ; ici, de simples accords de libre-circulation signés avec des pays tiers sont érigés en droits fondamentaux par la magie du verbe. Les remettre en cause bafouerait donc "l'Etat de droit"!
Ainsi, la bataille autour de l'initiative de la Marche Blanche pour interdire aux pédophile de travailler avec des enfants, où les adversaires du texte clament sans honte que pareille disposition serait contraire aux Droits de l'Homme - alors même que les interdictions professionnelles sont de la plus grande banalité dans de multiples domaines. Mais ici, nous prévient-on, la CEDH veille et cassera ces interdictions...
On le voit, l'interprétation du droit international comme source de l'Etat de droit a de beaux jours devant elle. Elle n'a aucune base historique et ne résiste pas au moindre examen critique mais elle est utile à la caste en place ; cela suffit à la justifier.
Aussi, la prochaine fois que vous entendrez quelqu'un clamer qu'une disposition démocratique empiète sur l'Etat de droit, commencez par vous demander ce qu'il entend par cette notion. Vous verrez assez vite s'il penche pour une limite réelle venue d'en bas ou une limite illusoire venue d'en haut. La première protège l'individu contre les excès du pouvoir de l'Etat ; la seconde prive la démocratie de ses prérogatives légitimes et, en fin de compte, la détruit.
Stéphane Montabert - sur le Web
L’article de monsieur Montabert est intéressant, notamment parce qu’il met en évidence les dérives institutionnelles de l’Etat de Droit. Quelles sont ces dérives : ce sont celles liées au corporatisme, le corporatisme en tant qu’athrophie des corps constitués. On entendra par là le gonflement auto-géré de la fonction publique et sa capacité à s’auto-alimenter: Prenons exemple sur le problème des réfugiés. Convenons que c’est un drame pour chaque être humain que de devoir trouver refuge ailleurs, sauf pour les fonctionnaires suisses.
Ainsi, plus les réfugiés débarquent en Suisse, et cela par exemple contrairement à la convention de Dublin, ils sont acceuillis, enregistrés, placés…je vous passe les détails. Se crée ainsi un groupe de fonctionnaires – tous, sans doutes, munis de sentiments d’empathie – qui voient leurs effectifs communaux, cantonaux et fédéraux croître dans une telle ampleur qu’il n’est plus possible d’arrêter la machine, ni même de la freiner. Ainsi la pompe s’alimente, et la “matière première” que sont les réfugiés, sont appelés, la nature n’aime pas le vide… Dans dix ans, les fonctionnaires en charge de l’asile seront dix fois plus nombreux qu’aujourd’hui, quand bien même la source se tarirait, en effet il conviendrait alors de faire de l’anthropologie clinique pour vérifier l’insertion des secundos, des tertios….
Idem avec les prisonniers, dont vous aurez remarqué qu’ensuite d’une récente décision de la cour européenne – laquelle vient pervetir une décision populaire qui devrait être considérée comme inviolable – en effet la cour européenne considère que les détenus en Suisse ont une situation si confortable, qu’il serait inhumain de les renvoyer dans leurs pays. En effet, nul autre pays, ni le Canada, ni la Suède n’offre à ses criminels des conditions de détention cinq étoiles, tels choix de différents menus, hallal, indien, indonésion, cuisine française, pratique de différents sports, tel l’équitation en galante compagnie (dans le milieu carcéral :hippothérapie), des menus plaisirs variés, telles que virées accompagnées dans les bordels des environs (avec ticket d’allocation), choix de suivre des séances de psychanalyse, psychothérapie, ergothérapie, yoga, tantrisme, etc. Des cohortes de conseillers psychgologiques vouent leurs existences au support de dangereux criminels, dont certains, par manque de place continuent tranquillement de dealer en attendant que leur parviennent un bristol d’invitation les priant d’accepter de se rendre dans tel Relais & Château.
Là encore, il sera impossible de faire machine arrière, et ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui sont concernés – allant de simple mâton, à secrétaires administratifs, psychiatres, accompagnateurs, maîtres de sports etc – il paraît même qu’un pâtissier renommé – meilleur ouvrier de France – vient d’être nommé à la prison de Bochuz où il côtoyera le pâtissier chargé de confectionner les lukums, et tel autre spécialiste des Baklavas.
Ultime exemple contre productif :la FINMA, un organisme sans but, juste une machine à casser la place bancaire hélvétique, inutile, la dite Finma n’a jamais vu venir le moindre problème à l’époque où il manquait une centaine de milliards à l’UBS, qui n’a jamais été alertée de l’état calamiteux de certaines assurances ou de certains fonds de pension. La dite Finma dispose de plus de 500 fonctionnaires et a généré l’emploi de milliers d'”officiers de compliance” dans les banques, ce qui plombe le résultat de chaque banque et leur casse un peu plus les reins ! Le nouveau chef de la Finma qui vient d’Angleterre, car nous étions incapables de mettre à la tête d’une organisation inutile un chômeur, a déjà déclaré qu’il lui faudrait le double de personnel :
coût d’une organisation inutile : 1 milliard .
Et là où cala fait très mal à notre démocratie directe et participative,c’est que par confort, et par intérêt, TOUS les fonctionnaires votent désormais socialiste, ou plus précisément, car il faut appeler un chat un chat :BOLCHEVISME.
Cette caste qui représente quelque 20 % de l’électorat ne demande qu’à croître, non pas comme on pourrait étroitement le penser par “droitdel’hommisme” mais par intérêt de caste = plus de fonctionnaires, soit plus de bolchéviques, soit montée de l’indescence salariale…
Sont-ils blâmables, non ils défendent leur caste, et l’on voit bien qu’en Suisse romande, ils auront bientôt partie gagnée………………….