Interview exclusive. Perquisition à 5h du matin, les élus UDC, qui avaient dénoncé les transferts d’argent du président de la commune d’Hérémence, traités en bandits de grand chemin. Une opération de communication du PDC à quelques semaines des élections ?
En avril de cette année, Grégory Logean, conseiller communal UDC, révélait l'achat, en catimini, de 2,8 millions de francs d'obligations hongroises par le président de la commune d'Hérémence, le PDC Régis Bovier. Ce dernier avait agi sur les conseils du responsable en placements de la banque Raffeisen de Sion, qui n'était autre que son propre frère.
Le placement ayant été, selon toute vraisemblance, effectué sans l'aval des conseillers communaux, la section UDC du cru déposait une plainte administrative. Plainte classée sans suite, la justice valaisanne refusant d'entendre les plaignants.
Dans la foulée, Régis Bovier déposait plainte, à son tour, à l'encontre de trois membres de l'UDC hérémensarde.
Hasard du calendrier, c'est à quelques semaines des élections communales, à 5h20 du matin, que les agents de la police financière perquisitionnaient le domicile de Grégory Logean, sans doute à la recherche de la source qui avait permis de dévoiler toute l'affaire.
Pas besoin d'avoir fait la Sorbonne
Pour Grégory Logean, interrogé par lesobservateurs.ch, ce genre de procédés n'a rien de surprenant: «On est bien dans la politicaillerie valaisanne, avec, probablement aussi, un peu de copinage. Et donc on a tapé un peu du poing sur la table, parce qu'on refuse d'être des pots de fleurs en tant qu'élus. On n'est pas simplement là pour décider du nombre d'achats de fromages pour la Fête-Dieu ou de mettre 500 francs au club de basket local ».
« Que la justice, plutôt que de répondre aux vraies questions de fond - à savoir: Est-ce normal que des personnes aient pu agir ainsi et placer ainsi l'argent des contribuables ? - préfère faire de l'intimidation, de la figuration politique, avec des perquisitions, avec des interrogatoires, et cela à quelques semaines des élections communales, on voit bien que ça a des visées extrêmement politiques », affirme l'UDC sans se démonter.
« On les sent extrêmement nerveux, on sent aussi que, plutôt que de parler du fond, parce que ça, ça les embête, ils préfèrent essayer de nous déstabiliser ». « Alors que la plainte du président a été déposée au mois d'avril, comme par hasard, on nous fait une perquisition à quelques jours de la réception du matériel de vote, à quelques jours de la réception de Christophe Blocher à Hérémence, pour la fête cantonale de l'UDC Valais que nous organisons le 11 septembre. Je crois qu'il n'y a pas besoin d'avoir fait la Sorbonne pour comprendre les visées politiques de ces manoeuvres ».
Un juge PDC
« On sent bien qu'il y a une volonté ferme de nous éliminer de la scène politique locale, et même au-delà », continue Grégory Logean. « C'est une affaire politique qui est instruite par un juge qui a été nommé par le PDC (Nicolas Dubuis)... C'est assez amusant ».
Aussi curieux que cela puisse paraître, Nicolas Dubuis, rendu célèbre depuis sa décision de classement de l'affaire Luca, est bien le candidat, élu, du PDC du Valais romand au poste de procureur général adjoint.
Ce genre de situations crée certainement des liens: alors que les UDC n'étaient pas même entendus lors du dépôt de leur plainte, ce ne sont pas moins, selon nos informations, de onze agents de la brigade financière qui vinrent chercher ces mêmes UDC, à 5h du matin, au saut du lit, pour faire force à la plainte de Régis Bovier.
Attitude de la presse
Autre surprise dans cette affaire, une presse romande qui semble avoir pris fait et cause contre les destinataires de la plainte de l'élu PDC, qu'elle traite avec légèreté de « comparses », et qui semble avoir opté pour la facilité en prenant la dictée de l'avocat même de Régis Bovier. En effet, les accusations de vol et violation du secret bancaire ne figurent aucunement dans les documents officiels, mais seulement dans le réquisitoire du sulfureux avocat du président de la commune d'Hérémence, Me Sébastien Fanti.
De toute évidence, le PDC valaisan ne semble pas avoir ses entrées qu'au Ministère public...
Interview de Grégory Logean
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Très choquant mais typique et classique des moeurs valaisannes à Parti (quasi)-unique.
Cette affaire aurait effectivement mérité d’être dénoncée dans tous les medias de Suisse mais elle a dû passer pour aussi banale que de trouver du pain dans une boulangerie:-)
Juste honteux pour le Valais… les vieux démons sont toujours là et la politique valaisanne n’en sort pas grandie