Qu’est-ce qu’une Eglise sans fondamentaux ? «La vie en Christ n’est pas à bien plaire, et l’éthique spécifique de l’Eglise n’a pas à s’adapter à l’éthique majoritaire de la société. Elle est liée à l’Evangile, à la vie et à la prédication du Christ,» écrivent les pasteurs Fuchs et Glardon, qui préconisent un retour à l’essentiel. Ils posent un diagnostic radical sur les abandons de l’Eglise à l’égard du mariage, une institution dont le naufrage menace la vie en société.
Les politiciens disent volontiers que la famille est la cellule de base de la société. Ils n’ont pas tort, comme on le voit aujourd’hui a contrario: les jeunes grandissent dans un univers de moins en moins normatif, autrement dit, dans une absence de règles, de balises et de limites qui, loin de les «libérer», les empêchent de se structurer, et donc de devenir des adultes complets.
Si tant de jeunes et de jeunes adultes demeurent immatures, centrés sur eux-mêmes et insensibles aux besoins des autres, c’est bien parce qu’ils ont grandi sans repères, ces indispensables repères que devraient donner, en tout premier lieu, le cercle familial, mais aussi l’école, les Eglises, la société toute entière même, lorsque des adultes osent rappeler à l’ordre des gamins qui font de grosses bêtises. Faut-il rappeler que pour se construire, un enfant a besoin d’apprendre à gérer ses frustrations, et donc d’être confronté à des limites? L’absence de limites ne conduit pas à la liberté, mais à l’exclusion et à la violence.
Un mariage sans engagement
Pour Eric Fuchs et Pierre Glardon*, c’est dans le domaine du mariage que l’Eglise affronte la contestation la plus rude de son enseignement moral. Or on voit qu’elle a davantage tendance à se défausser, à s’adapter dans le mauvais sens du terme, c’est-à-dire dans le sens de la facilité et de l’abandon de ses valeurs fondamentales, en acceptant les conditions posées par des couples qui veulent se marier à l'église, sans l'Eglise car, disent-ils, la Bible pourrait choquer les invités...
L’engagement conjugal a perdu de sa gravité: l’épanouissement individuel, même dans le cadre du mariage, est devenu une exigence centrale. Pourtant, elle contient en elle-même les germes de la rupture, puisque si ce but n’est pas atteint, le divorce acquiert une sorte de légitimité naturelle. A défaut d’aller jusque là, parce qu’un divorce est un traumatisme majeur, l’infidélité apparaît comme une solution acceptable, puisqu’elle vise justement à réaliser cet indispensable épanouissement personnel.
55% de divorces
On est évidemment loin de l’engagement social et familial du mariage traditionnel, loin aussi de l’enseignement biblique qui consacre le caractère sacré du mariage: «Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni.» «Pour les chrétiens, écrivent Fuchs et Glardon, le mariage n’est pas qu’un contrat engageant les partenaires aussi longtemps qu’ils le désirent, un tiers – Dieu – est témoin et engagé dans cette forme d’alliance que constitue le couple.»
En Suisse, 55% des mariages finissent par un divorce. Ce chiffre interpelle directement les Eglises. S’inspirant de la radicalité du Christ lui-même, pour qui il n’y a point de ruptures conjugales qui seraient permises et d’autres pas (il n’y en a point, c’est tout), les auteurs proposent trois mesures radicales elles-aussi:
- Renoncer à marier un couple dont les conjoints ne sont pas disposés à entrer dans une réflexion partagée sur le sens de la vie à deux, sur les plans psychoaffectifs et spirituel, et sur leur engagement chrétien. Ceci impliquerait que l’Eglise rappelle de manière forte ce que représente l’engagement du mariage.
- Envisager de refuser de célébrer un second mariage à l’église après divorce; on ne pourrait donc se marier à l’Eglise qu’une fois et une seule dans sa vie, par fidélité à l’enseignement de Jésus, «manière de marquer l’étendue et la gravité de l’engagement pris devant les hommes et devant Dieu.» Ceci n’interdirait évidemment pas un remariage civil, ni la participation à la vie de la communauté chrétienne.
- Différencier éventuellement les cérémonies proposées, en fonction de l’engagement spirituel des conjoints, pour ne pas les exposer à la réalité d’un parjure.
Pour les pasteurs Fuchs et Glardon, ces propositions méritent mieux qu’un haussement d’épaules, «tant l’approche réformée, souvent trop laxiste, contribue à la déconsidération de l’Eglise, et tant la situation des catholiques divorcés privés du sacrement eucharistique (s’ils recréent un couple) est dramatiquement absurde et anti-évangélique.»
Homosexualité: ministère problématique
Dans un long chapitre consacré à l’homosexualité, bien document et nuancé, les auteurs reconnaissent comme légitime le souci des homosexuels de revendiquer le respect pour ce qu’ils sont. Et de rappeler que devant Dieu, l’homosexuel n’est pas défini par son homosexualité, mais par sa foi. Baptisé, il appartient de plein droit à la communauté chrétienne, les différences ne sont pas abolies, mais elles ne sont pas prioritaires. Les pasteurs Fuchs et Glardon sont en revanche plus réticents lorsqu’on passe à des revendications de toute autre nature, comme le droit à l’adoption et à la procréation, ou encore au ministère.
Les Protestants à cet égard sont plutôt libéraux au Nord, et restrictifs au Sud. «On admettra, écrivent-ils, que l’éventuelle vie publique d’un couple homosexuel logeant dans une cure (avec ou sans enfants) remet en question une anthropologie biblique judéo-chrétienne, selon laquelle le couple créé par Dieu est différencié (composé d’un homme et d’une femme).»
Pour un retour aux sources
L’ouvrage des pasteurs Eric Fuchs et Pierre Glardon a ceci de salutaire qu’il dirige le projecteur sur des fondamentaux que l’Eglise a progressivement négligés – et qu’est-ce qu’une Eglise sans fondamentaux, ceci valant aussi bien pour les Protestants que pour les Catholiques? «La vie en Christ n’est pas à bien plaire, et l’éthique spécifique de l’Eglise n’a pas à s’adapter à l’éthique majoritaire de la société. Elle est liée à l’Evangile, à la vie et à la prédication du Christ.» Cette phrase est fondamentale, elle est ce qu’il faut opposer aux soi-disant modernistes qui voudraient précisément que l’Eglise s’adapte à l’air du temps, que Rome se donne un Pape cool qui bazarderait deux mille ans d’héritage trop lourd…
Parce que les besoins spirituels sont partout, même dans nos sociétés prospères, les Eglises devraient renoncer à cantonner leurs actions au seul terrain caritatif: «Elles devront oser des positionnements incluant la mise en question de l’oppresseur, quel qu’il soit. Il est des pauvretés autres que financières, des morts autres que physiques, des inconsciences autres que spirituelles, face auxquelles la Communauté chrétienne doit réapprendre à assumer pleinement – au sein du peuple – sa responsabilité prophétique et éthique, pour le bien de tous.»
* Turbulences. Editions Ouverture, 2011.
Dans l’Eglise catholique, on ne peut se marier qu’une fois à l’Eglise. Mais, ce qui est paradoxale, dans le diocèse de Sion les curés peuvent aller chez les divorcés remariés pour bénir la maison et faire des prières.
La religion, opium des peuples, n’a strictement rien à s’immiscer dans le comportement sexuel des gens. La culpabilisation n’a que trop duré, trop perturbé, trop traumatisé des générations. Pour ne parler que du catholicisme, la pédophilie confirme le refoulement morbide de prêtres confinés par un voeu dans le seul espace de l’attouchement d’autrui et/ou la masturbation personnelle. Mais, en toute équité, le même phénomène existe aussi dans les lamaseries du Tibet, dans les écoles coraniques …
Concrètement, sur le plan biologique, l’homosexualité est une déviance allant à l’encontre des lois naturelles qui assurent la descendance des espèces. Il ne s’agit pas de stigmatiser l’homosexuel(le) en tant que tel(le), mais bel et bien l’élévation de la pratique à un niveau égal à celui de l’hétérosexualité.
L’acte physique homosexuel est une aberration, niant l’équilibre des forces et des différences entre homme et femme.
Cher Désiré, la rue de Genève à Lausanne et celle de Lausanne à Genève (hauts lieux de la prostitution hétéro en Suisse Romande) , le nombre invraisemblable de salons de massages et de boîtes à filles ne confirment pas que les homosexuels doivent porter à la place de la société toute entière le grand prix de la sexualité à risque et de l’infidélité. Le pire c’est que le politiquement correct exalte depuis des siècles cette vision lamentable de la virilité hétérosexuelle. Les mauvais sentiments sont encore moins une bonne réponse. Ne vivez pas dans l’irénisme à propos de l’hétérosexualité.
Les auteurs de Turbulences font des critiques, ou posent des questions qui ne sont pas dépourvues de pertinence. Ils sont dans le vrai, quand ils constatent un décalage plus ou moins marqué selon les lieux entre la bonne volonté de certains acteurs (ou décideurs) ecclésiastiques, et les attentes ou les besoins de la base.
Toutefois, quand ils abordent la question de la bénédiction des couples homosexuels, qui est parfaitement légitime, ils pèchent du point de vue de la logique. Ils pèchent non seulement parce que le mot hébreux qu’on a traduit par péché veut dire à l’origine « rater la cible », mais parce qu’ils blessent aussi la logique.
1) Le premier péché logique est un raisonnement in absentia :
La Bible en général et Jésus en particulier mentionnent sans état d’âme la réalité de l’esclavage L’absence d’un discours sur l’abolition devrait par conséquent justifier son maintien.
L’absence d’une mention de la bénédiction entre deux êtres du même sexe impliquerait-elle par conséquent qu’on ne peut pas invoquer la bénédiction de Dieu dans le même cadre qu’on le fait pour un couple hétérosexuel ? Pour ne prendre que le premier chapitre de la Genèse : Dieu bénit l’union de l’homme et la femme en tant qu’ils vont réaliser le plan créateur qui est de peupler la terre. Quid de la bénédiction du mariage entre un homme et une femme dont on sait déjà que l’un des deux est stérile ?
2) Une autre atteinte à la logique commise par Messieurs Fuchs et Glardon est l’établissement d’un lien de causalité improbable entre des faits qui n’ont a priori rien à voir l’un avec l’autre.
Quel lien de causalité peut-on établir en effet entre la reconnaissance civile, puis liturgique, d’un couple homosexuel partenarié et l’augmentation du nombre de divorce. Les gens seront-ils plus encouragés à divorcer dès lors que l’Eglise proposerait une liturgie de bénédiction aux couples de même sexe qui ont enregistré leur union sur le plan civil ?
Est-ce une circonstance atténuante de dire que de hauts représentants de la doctrine catholique romaine commettent le même péché logique quand ils disent que la reconnaissance, déjà sur le plan civil, des couples de même sexe met en danger l‘existence de la famille traditionnelle. Comment des hommes et des femmes hétérosexuels seraient-ils moins motivés à tenir leurs engagements réciproques en voyant que deux hommes ou deux femmes qui souhaitent justement que cet engagement soit non seulement reconnu et protégé par la loi, mais accompagné par une communauté qui croit en un Dieu qui est amour, qui s’engage pour ses créatures et qui bénit et accompagne l’engagement que prennent deux êtres l’un envers l’autre?
* * *
Sur un autre plan, celui de l’eschatologie (le discours sur la fin des temps), il faudrait aussi prendre au sérieux les changements de perspectives radicaux par rapport au mariage et à la procréation qui apparaissent dans les discours de Jésus puis de Paul. A leurs yeux, il y a bien plus urgent que le souci de se marier et de se prolonger à travers une descendance terrestre, comme si, dans leur perspective, tout s’arrêtait avec la mort. Ce discours repose d’ailleurs sur la même argumentation que celle qui prévaut à l’égard du souci de thésauriser les biens matériels.
* * *
Ce qui ne change rien au fait que le lien qui unit deux êtres, en l’occurrence l’homme et la femme, est une magnifique illustration de l’alliance que Dieu établit dans le Christ entre l’humanité et Lui. Mais ce n’est pas la seule. Pensons à l’image du berger ou du père, pour ne prendre que ces exemples très connus, mais qui sont loin d’être les seuls.
Par ailleurs, il est aussi dit que le projet de Dieu est de nous rendre semblables à lui, et que dans le Christ, il n’y a plus ni l’homme ni la femme – ce qui est déjà le cas des anges. J’ai comme l’idée que malgré toute leur patience d’anges, l’obsession de la différences des sexes, n’est pas sans les rendre quelque peu perplexes, face aux merveilles de la diversité qui remplit l’univers qui ne se limite pas à notre planète.
Pour Roger Peytrignet. Aïe, la femme tirée de l’homme (ce qui devrait constituer une excuse!), instigatrice du péché, coupable de nos morts. Notez bien que cette acception présupose des galipettes entre Adam et Eve. Que cette vision se poursuit jusqu’à l’immaculée conception en passant par quelques naissances surnaturelles, dont celle d’Isaac. Notez aussi qu’Océane, intervenant dans ces colonnes, a fait remarquer que Paul a semé la pagaille. Il est un poufendeur de la femme, à laquelle il est interdit de parler dans l’église. Je dis de mémoire! Et si toute cette lecture était faussée! Si le mythe realatait autre chose! Fabre d’Olivet ouvre une piste quand il évoque, en Eve, la faculté intellectuelle et réflexive de l’Homme. Les “sages” que j’ai rencontré le toisent avec condescendance, sinon ironie. A propos de cette histoire de côte, des auteurs en ont une interprétation toute différente. J’aimeri signaler, ue fois de plus, Marie Balmary. Dont la démarche a commencé dans un parc parisien, ou elle a rencontré des femmes qui, cemme elle, accompagnaient leur jeunes enfants. Chrétienne, Musulmane et Orthodoxes elles ont parlé. Echangé, dialogué puis cherché. Apprenant l’hébreu et le grec! Ce qui a fini par donner le jour a des livres éclairants et roboratifs. On y sort du religeux pour entrer dans le concret. J’en cite un: La divine origine, Dieu n’a pas crée l’homme! Mais ce sera tout. Je veux finir de vous lire.
Ainsi pour certains, le Dieu des chrétiens – tiers valorisant – devrait retrouver sa mission de haute élévation et réhabiliter le mariage. C’est oublier un peu vite la misogynie de l’enseignement biblique. Car la bible attribue à la femme le premier péché: voilà qui rend suspectes toutes les filles d’Eve et les voue dès leur naissance à la flétrissure.
L’assujettissement de la femme est déduite dès son origine: née de la côte d’Adam, Eve n’existe que par lui: elle n’est pas honorée d’une création personnelle. On prit longtemps au sens littéral ce récit de la Genèse: “Les femmes n’ont qu’à se souvenir de leur origine”, dit Bossuet, “et songer qu’elle viennent d’un os surnuméraire”. Désabusée par la science, Rome admit enfin que cette côte est symbolique mais le fidèle est tenu de croire que “la première femme est formée du premier homme”. L’Eglise n’omet jamais de rappeler en toute gentillesse qu’Eve a introduit le péché dans le monde et c’est à cause d’elle que nous mourons tous” (Eccl.25,24).
L’Eglise romaine, pour conférer à la femme un rôle mineur et freiner sa libération, s’inspire de l’Ancien Testament, espérant retrouver le souffle des prophètes. Sa doctrine est simple: “L’homme et la femme sont égaux dans l’ordre surnaturel, mais l’homme est supérieur à la femme au plan naturel”.
Unique héritière de l’empire romain, l’Eglise a gardé le sens autoritaire et juridique. Conservatrice par sa théologie et ses traditions, elle veut un monde agencé à son goût dans lequel Dieu sème et où chacun fleurit. De nos jours encore, la hiérarchie ecclésiastique est un modèle de minutie: interminable decrescendo de grades et d’honneurs depuis le Souverain Pontife jusqu’au bas-fond du clergé de la Suisse primitive ou du bas Limousin. Les rares femmes admises au concile de Vatican II devaient se taire et écouter: leur attribution officielle d’auditrices définissait parfaitement leur rôle.
Or, la femme a un incontestable génie pour fiche en l’air tout ce bel ordre. Dès le paradis terrestre elle essaie ses forces. Par la faute d’Eve, Adam se rebelle contre Dieu et la création entière contre Adam. La femme voue même le ciel au remue-ménage où les neufs choeurs chantaient sagement les louanges du Seigneur.
N’insistons pas mais formulons un voeu pieux: L’Homme, ayant sans doute créé Dieu à son image, serait bien inspiré d’inciter son divin artefact à ordonner une réelle émancipation féminine. Sans donner à la femme une grandeur surhumaine de Lys du Ciel ou de Rose d’Enfer, le sacre du mariage et l’amour en profiteront.
Pourront alors retentir les accents solennels et joyeux de la marche nuptiale de Mendelssohn !
Encore pour Océane. Dont le propos me rappelle une lettre de lectrice à propos de “la crise du protestantisme”. Elle y signale l’enseignement du fameux Paul comme s’écartant de celui de Jésus et de Moïse. Je le signale car, au fil des années, je suis parvenu à la même conclusion. Je suis fondé de croire que cet homme est le prototype de l’église que nous connaissons. A bientôt.
Cher Julien, votre commentaire me rappelle une anecdote. Une des perles de la traduition juive. Je l’ai lue dans un bouquin de Ouaknin ou de Halévi, je ne sais plus, mais je les remercie tous deux. Voici donc: un sage de la kabbale est entouré de ses quatre disciples. Il leur demande quel est, à leur avis, le plus grand malheur d’Israël. L’esclavage en Egypte? Non! Le veau d’or? Non! L’exil à Babylone? Non! La destruction du temple? NON! Les mecs trépignant d’impatience, qu’à t-on vécu de pire? demandent “quoi alors”?
Le sage répond: c’est quand on a fait de la Thora une religion! Bang! Veuillez croire, Julien, que j’ai ri aux éclats! Car j’étais parvenu à la même conclusion, en y englobant le christianisme. Nous y reviendrons.
Océane, en vous lisant, vous et les autres commentateurs, je jubile! Quel étonnement! Une gazette à peine éclose suscite une foule d’écrits bien ficelés. Il me faudrait beaucoup de temps pour donner écho à vos lignes. Alors seulement quelques propos. J’ai une traduction de l’histoire de la tour de Babel quasi chirurgicale. En la lisant on ne voit rien de moins qu’aujourd’hui! L’homme réduit à l’état de brique interchangeable en faveur d’un projet mirifique. Un projet si logique et si bon que l’on ne peut qu’adhérer. Mais, Océane (avez vous deux chiens?), il ne faut pas supprimer la sociéte de consommation. Elle changera toute seule, en son temps. Souvenez- vous de la Cène. Le pain et le vin. Ceci est mon corps, et mon sang. Encore le sang, que je viens de mentioner. Or un prof d’hébreu m’a enseigné que le pain et le vin proviennent d’éléments naturels qui nécessitent le plus de transformations par l’homme. Ce qui implique des relations, et une qualité de relation.
Vos lignes m’inspirent une réflexion sur “aimer”. Je ne publierai pas ce commentaire autrement que de bouche à oreille. Merci de votre intervention. Elle mérite plus d’écho, mais ce sera pour une autre fois.
Petit signe à Amélie Oscar, dont je salue la pertinence des propos. Le temps me manque pour lire tous les autres. Mais je dirais pourtant quelques mots à propos de l’homosexualité. Un prêtre a affirmé que le 95% des hommosexuels sont pervers, ce qui lui a valu une volée de bois vert. Il exagérait, mais la n’est pas la question! Ce qui m’a frappé dans cette remarque c’est son contre-point! Le fait qu’elle implique que l’hétérosexuel ne l’est pas! Or qui peut défendre cette affirmation? Alors, c’était il y a quelques années, je me suis demandé si nous n’étions pas formatés par des siècles de lecture induite. Lecture de la bible donc. Interprétée par une caste à part. L’interdit de l’homosexualité y est, dans le Lévitique si je ne me trompe pas, formulée ainsi: un homme ne couchera pas avec un homme. Notez que ce qu’implique l’expression “coucher avec”, telle qu’on l’entends généralement, n’a peut-être surement pas la même portée en hébreu! D’autant plus qu’en hébreu on lit “un ISH ne couchera pas avec un BEN ADAM (ou un truc de ce genre, je vérifierai à l’occasion). Donc ça met la puce à l’oreille! Y aurait-il une relation qui n’entre pas dans notre cadre? Je suis fondé de le croire. De plus, une sanction me revient en mémoire. Une sanction non appliquée par les hommes: leurs sang retombera sur eux, ou sur leur têtes! Ce qui renvoie à un épisode de l’évangile. C’était devant Pilate, Matt. 27:25 “Et tout le peuple répondit: que son sang retombe sur nous et sur nos enfants”. Vous rendez-vous compte de l’énormité? Le peuple réclame la conséquence qui frappe ceux qui couchent…. Alors l’intelligence sussure: cherche! Mais ce n’est pas tout. Le passage cité vient d’une version Segond de 1979! Je vous offre la version édulcorée (par la bien pensance?) : que les conséquences de sa mort retombent sur nous et sur nos enfants! Il fallait oser. Notez que je ne cautionne nullement la version de 1979, pas davantages que celle des siècles précédents. Car Marie Balmary, dans un de ces livres, décortique quelques textes néotesamentaires. La parabole des talents, par exemple, dément totalement ce qui a servi à oppresser des foules d’enfants. Au point que Marie se demande si les traducteurs ont menti délibérément. Ce qui jette un voile sur les fondamentaux de l’église. Bon, je vous laisse car j’ai du travail.Mais Eric Fuchs peut s’y mettre aussi. Au revoir Amélie.
« La chronique du contestataire »
Si on se contentait de se questionner en bons théologiens sur les dogmes et doxèmes fondamentaux de l’Eglise, nous pourrions approuver sans ambages la position épistémologique, du moins la tentative à définir “de lege feranda” les canons de l’Eglise. Mais la question ne porte pas tant sur les fondamentaux de l’Eglise tels qu’ils devraient être, que sur les fondamentaux de la société civile tels qu’ils sont honnis, entendue que la morale de l’Eglise devrait s’y faire davantage entendre et ressentir. A défaut, la société serait en déliquescence, avec des adultes devenus “immatures” (lit-on dans l’article). Du moins, raccourci intellectuel oblige, on suppose que la situation actuelle soit due à la diminution de l’emprise des règles morales de l’Eglise sur la société, les individus étant dès lors “livrés” à eux-mêmes sans morale.
Et que trouve-t-on pour arguments afin de défendre ce retour à la morale religieuse? Là, on s’improvise psychologue en prétendant savoir ce qui permet le développement cognitif et moral des enfants. Piaget ou Kohlberg? Connaît pas! Ici on s’improvise philosophes de la morale comme si il était facile de dire quel principe de morale est absolu et lequel. Et si l’on vient à citer Kant, “Qui ça?” nous répondra-t-on.
De tout temps, depuis les débuts des athées virulents comme D’Holbach contestant l’absurdité des croyances religieuses, on a rétorqué en dernier rempart -faute de preuve tangible sur le contenu-, que sans religion le vice envahirait le monde. Ceci, comme si il ne pouvait y avoir de morale sans religion et que la morale issue des préceptes de l’Eglise était nécessairement bénéfique à la société. Je découvre ici avec amusement un avatar déguisé de cet argument.
Mais peut-on tester le bien fondé de cette affirmation ? Galilée disait mesurons tout ce qui est mesurable, et rendons mesurable tout ce qui ne l’est pas. Ce qui est formidable c’est que moins de place est nécessaire pour réfuter les fausses vérités des religieux, qu’il ne leur en faut à eux pour les asséner. Que disent donc les mesures empiriques ? Paul (prophétique comme nom n’est-ce pas?), a mesuré* en 2005 le degré de religiosité dans de nombreux pays occidentaux démocratiques et toutes sortes d’indicateurs de bien être social, comme les homicides, les taux de suicide chez les jeunes, d’avortement, de grossesses chez les adolescentes, la diffusion de la syphilis ou de la gonorrhée, ou encore la mortalité enfantine. Devinez ce qu’il trouve? Plus les pays sont religieux, et plus ils scorent mal sur tous ces indicateurs. En d’autres termes, plus la religion est présente dans les différents pays, et plus il y a d’homicides d’avortements, de grossesses chez les jeunes, de diffusions de maladies vénériennes, etc., c’est-à-dire plus il y a de comportement que les religieux eux-mêmes qualifieraient de hautement immoraux. Comme on dit chez eux, à l’heure ou le déterminant du savoir et de la vérité est passé de la grande Eglise à la petite science, la messe est dite.
Ref. citée: Paul, G.S. (2005). Cross-national correlations of quantifiable societal health with popular religiosity and secularism in the prosperous democracies. Journal of Religion & Society, 7, 1-17.
Très intéressant ce que vous écrivez sur la norme. J’aimerais ici parler de ce que je ressens par rapport à cela, cette “norme” (comme quoi il FAUT se marier, il FAUT avoir des enfants… repères de la société, etc.) et tenter une explication du “mariage sans engagement”.
En observant ce qui se passe autour de moi, je vois en effet de plus en plus de couples, installés, “officiels”, qui se sont généralement rencontrés très tôt, bien avant 20 ans. Ils se disputent sans arrêt de façon totalement irrespectueuse, n’ont pas les mêmes visions de la vie en général, ni les mêmes aspirations sur le plan purement privé. Pour moi, un engagement avec une personne diamétralement opposée, c’est un non sens, et je n’arrivais pas à comprendre leurs motivations à rester ensemble. A creuser un peu, je me suis aperçu que, en fait, ces gens sont ensemble pour des raisons précises (qui leur sont propres), avec des buts très précis et qui n’ont rien de romantique, contrairement à ce qu’ils veulent bien afficher (par ex. en se mariant en grande pompe et à l’église) et se laisser croire à eux-mêmes : fonder une famille… (avec villa, monospace, labrador…les clichés ont la vie dure).
Ce que je veux dire, c’est que, en quelque sorte, entrer dans cette “norme”, prouve aux yeux du monde et de leurs familles, qu’ils sont “normaux”, fréquentables. Dignes de confiance, d’avoir un bon job. Se marier, c’est d’abord s’acheter une honorabilité.
Et après ? Quand les enfants grandissent et que le quotidien plus ou moins “subi” depuis tant d’années devient trop pesant ? La séparation semble alors la seule solution. Ce qui est toujours préférable à se prendre une volée d’assiettes à la figure tous les jours.
Il y a aussi, nombreux, ceux qui s’affichent en couple (et le crient sur les toits) mais ne s’engagent pas.
Ceux qui n’ont pas besoin de cette “légitimité” (homos ou hétéros), ne ressentent pas cet impérieux besoin de s’engager à tout prix et VIVENT, tout simplement, loin des diktats d’une société normative.
Merci de m’avoir lue.
J’en pense que pour ce journaliste surement pro UDC, l’Eglise ne les soutient pas donc ca leur pose problème… AHAH C’est pas très chrétien d’être UDC ca c’est pour sur. 🙂
Océane, il ne faut pas vivre dans l’irénisme au sujet de l’homosexualité. D’après le 36.9° du 11 janvier 2001 http://www.tsr.ch/emissions/36-9/3615906-malades-de-plaisir.html , le niveau de fidélité des couples homosexuels est très basse et ils pratiquent de leur propre aveu du sexe à haut risque. Je trouve que cette émission ouvre les yeux sur des réalités que le politiquement correct cherche à éluder.
C’est une question complexe, à laquelle les bons sentiments n’apportent aucune réponse concrète.